Incinération, crémation, inhumation : que dit vraiment l’Eglise sur la sépulture des corps ?
Par une instruction du 15 août 2016, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi est revenue sur la question de l’incinération ou de la crémation des corps après la mort, déjà traitée en 1963 par le Saint-Office dans son instruction “Piam et Constantem”.
La discipline de l’Eglise tient l’équilibre entre deux extrêmes :
- l’Eglise ne refuse pas absolument l’incinération : elle affirmait en 1963 que la pratique n’est pas “contraire en soi à la religion chrétienne” ; cette position est répétée en 2016, où la Congrégation constate que l’usage se répand en de nombreuses nations.
- toutefois l’Eglise demeure fermement attachée au dogme de la résurrection des corps, à la fin des temps, c’est pourquoi elle continue de recommander de “maintenir fidèlement la coutume d’ensevelir les corps des fidèles.”
- enfin, la crémation du corps ne peut en aucun cas être un moyen de refuser publiquement d’adhérer à la doctrine de l’Eglise ou de manifester sa haine de la religion.
L’Eglise rappelle ainsi la centralité du mystère de la résurrection dans la religion chrétienne, autour de la figure du Christ, dont la résurrection nous ouvre l’accès au ciel et suscite l’espérance de ressusciter un jour à sa suite. Il est en effet, dit saint Paul “ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis” (1Co 15, 20).
L’inhumation ou ensevelissement des corps dans la terre est un témoignage de la foi de l’Eglise dans la résurrection de la chair et de son grand respect pour le corps humain, composant inaliénable de la personne. La sépulture dans les cimetières, lieux sacrés et bénits, correspond très adéquatement à la piété et à la dévotion due aux défunts, aide les vivants à faire leur deuil et à demeurer en communion avec eux par-delà la mort.
Enfin la question des cendres est traitée par l’instruction de 2016, qui rappelle que leur conservation en un lieu sacré (un cimetière) peut contribuer à réduire le risque – inhérent à l’incinération – de soustraire les défunts à la prière de leurs familles et de la communauté. La conservation des cendres dans l’habitation domestique n’est pas autorisée, encore moins leur dispersion, pour éviter tout malentendu de type panthéiste (le défunt rejoindrait ainsi le “grand tout” de la nature) ou nihiliste (la dispersion des cendres signifiant l’absurdité supposée de la vie humaine).