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Comment transmettre la foi à nos enfants ? (3/3)

Le rôle des parents dans la transmission de la foi est primordial, nous disait l’abbé Vernier dans ses deux premiers entretiens. Comment faire en pratique ? Les trois derniers des six piliers et conseils concrets d’un jeune prêtre.
Retrouvez ici la première partie de l’entretien avec l’abbé Vernier
Retrouvez ici la seconde partie de l’entretien avec l’abbé Vernier

claves.org : Monsieur l’abbé, nous avions identifié six piliers de la transmission de la foi : prière familiale, vie sacramentelle et catéchisme étaient les trois premiers, dont nous avons déjà discuté. Quels sont les trois autres ?

Abbé Hilaire Vernier : les trois autres fondamentaux dont je voulais parler sont l’initiation à l’oraison, l’éducation au sacrifice par l’exemple, et à la vertu par la prise de bonnes habitudes.

claves.org : Le quatrième pilier est donc l’initiation à l’oraison… N’est-ce pas un peu ambitieux ? Qui est concerné ?

Abbé Hilaire Vernier : Rappelons d’abord que le contexte des deux premiers piliers : prière familiale et vie sacramentelle, doit être présupposé – mais il ne suffit pas ! Il est primordial d’initier peu à peu les enfants, de 12 à 16 ans, à une véritable prière du cœur, à l’oraison. La vie d’intimité avec le Christ, par la prière personnelle silencieuse, n’est pas réservée aux religieux ou aux prêtres, c’est un appel pressant fait à tous les chrétiens, c’est le moyen privilégié après celui de la réception fructueuse et régulière des sacrements de grandir en sainteté tout au long de sa vie.

claves.org : Comment y initier un enfant ?

Abbé Hilaire Vernier : Premièrement, en lui parlant de cette relation personnelle que le Seigneur veut nouer avec chacun d’entre nous.

Ensuite, en lui montrant l’importance d’un petit temps quotidien, fixe et régulier, de prière personnelle. On peut passer progressivement de cinq (à 12 ans) à quinze minutes (à 16 ans) d’oraison.

Troisièmement en l’initiant à un schéma simple de prière méditée : mise en présence de Dieu, adoration et action de grâces, contemplation d’une vérité révélée, demande de pardon, d’une grâce particulière et résolution. On retrouve en fait la simplicité du schéma ARDOR (Adorer-Remercier-Demander Pardon-Offrir-Résolution) dont nous avons parlé la dernière fois.

Enfin, il faut mettre en place les bonnes conditions pour l’oraison : coin prière silencieux, discret et visible, images élevant l’âme, livres pouvant servir de support à la méditation…

claves.org : Beaucoup risquent cependant d’être effrayés par votre objectif…

Abbé Hilaire Vernier : Ne nous voilons pas la face… La clé d’une vraie initiation à la prière se trouve dans la prière des parents. Si les parents prient, s’ils font oraison eux-mêmes, ils sauront y introduire leurs enfants. L’idéal serait ainsi qu’ils puissent de temps à autre accomplir avec eux cet exercice de piété silencieux avec eux, en consacrant ensemble ce temps à Dieu. Alors leurs enfants seront élevés et portés à faire eux aussi oraison.

claves.org : Le cinquième pilier que vous avez mentionné est l’éducation au sacrifice. Pourquoi est-ce si important ?

Abbé Hilaire Vernier : Le sacrifice, le renoncement à sa volonté propre par amour pour Dieu, est au cœur de la vie chrétienne. À l’image du Christ, l’obéissance et le dévouement sont incontournables dans la vie chrétienne. Cela passe par une éducation du cœur, qui inclura parfois une certaine fermeté : abdiquer systématiquement devant les caprices des enfants n’est certainement pas leur rendre service, au contraire, car on contribue à laisser croître en eux l’égoïsme, véritable ivraie que le péché originel a introduit dans notre nature. 

L’éducation au sacrifice est au cœur de la vie familiale, car elle est fondée sur le mariage qui est une image de l’union du Christ et de l’Église. Or, où cette union a-t-elle été consommée, sinon sur la croix ? La vie conjugale sanctifiée par le sacrement de mariage implique d’une certaine façon d’être un acte cultuel, et ainsi toute la vie familiale doit inclure cette dimension d’offrande : les époux doivent offrir de manière renouvelée, chaque jour, toutes les dimensions de la vie de leur foyer.

 

claves.org : Concrètement, quel est selon vous le principal biais de l’éducation au sacrifice ?

Abbé Hilaire Vernier : L’éducation au sacrifice repose avant tout sur l’exemple, donné quotidiennement, de la justice et de la charité. Il importe de ne pas transiger sur ce qui est prioritaire : le devoir d’état, les engagements pris (à discerner raisonnablement), le respect de la parole donnée à l’enfant (concernant une réponse, une sanction, une récompense…).

Parallèlement il importe de transmettre le sens du pardon : savoir tourner la page (ne pas sanctionner l’enfant alors qu’il a déjà oublié le fait, ne pas lui coller d’étiquette ou lui rappeler des bêtises sur lesquelles on a déjà réagi), savoir reconnaître ses torts auprès de son époux ou épouse, de ses enfants mêmes (à discerner selon les circonstances).

claves.org : Vous parliez enfin de l’éducation à la vertu, par les bonnes habitudes… Peut-on vraiment éduquer à la vertu ?

Abbé Hilaire Vernier : Qu’est-ce qu’une vertu ? C’est une qualité stable de la personne la disposant à agir moralement de façon quasi-spontanée : être généreux, juste, prudent, tempérant… Elle n’est pas innée, bien que certaines natures y soient plus ou moins disposées par leur tempérament. La vertu se développe par la répétition d’actes bons, qui induit une habitude. Il faut donc conduire et encourager les enfants à pratiquer les vertus, à « s’entraîner » comme des sportifs, afin d’acquérir ces qualités qui viennent rendre le bien plus facile à faire, le mal plus facile à éviter.

 

claves.org : Dans quels domaines en particulier ?

Abbé Hilaire Vernier : Puisque nous parlons ici de la transmission de la foi, il est une vertu que les parents doivent aider les enfants à développer : la vertu de religion – celle qui nous conduit à rendre à Dieu ce qui lui est dû, les devoirs de notre dépendance à l’égard de sa transcendante majesté.

 

claves.org : Quels actes concrets doit-on encourager pour aider les enfants à développer la vertu de religion ?

Abbé Hilaire Vernier : Mentionnons, par ordre d’importance : l’assistance à la messe dominicale, la confession familiale mensuelle, la visite au Saint-Sacrement, la célébration des saints patrons, la préparation aux sacrements. En la matière : l’exemple compte au moins autant que l’incitation directe – c’est notre attitude à la messe, notre régularité à la confession, si possible en famille… qui imprègneront nos enfants, au moins autant que tous les discours que nous pourrons leur tenir.

 

claves.org : Une difficulté se pose souvent pour les familles au sujet de la messe dominicale… Faut-il y emmener tous les enfants, comment les y intéresser ?

Abbé Hilaire Vernier : La vertu s’acquiert par la répétition des actes bons, par la prise de bonnes habitudes. Un enfant ne comprendrait pas qu’on lui présente comme primordial un devoir (l’assistance à la messe les dimanches et fêtes d’obligation, premier commandement de l’Église) avec lequel on transigerait en pratique. Il faut donc emmener les enfants à la messe tous les dimanches, sans exception, depuis leur plus jeune âge, et en maintenant l’obligation jusqu’à leur émancipation. Notre manière de nous rendre et d’assister à la messe sera encore un exemple très marquant : il faut se préparer soigneusement, se vêtir pour l’occasion, arriver en avance, ne pas hésiter à se mettre devant, le plus près possible du chœur. La liturgie traditionnelle parle particulièrement aux plus jeunes, car elle n’est pas tant cérébrale que visuelle, sollicitant les sens autant que l’intelligence : profitons de cette richesse pour élever les âmes de nos enfants. Profitons aussi des instruments qui nous sont donnés par les bons missels récemment édités ou réédités  : petit Tarcisius et grand Tarcisius, Les petits à la messe, Les grands à la messe

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