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Comment transmettre la foi à nos enfants ? (1/3)

Le temps pascal nous invite à méditer sur la vertu de foi, sa présence en nos vies et sa transmission aux générations futures. Claves est allé à la rencontre d’un jeune prêtre pour recueillir son expérience des pédagogies de la foi.
Retrouvez ici la seconde partie de l’entretien avec l’abbé Vernier
Retrouvez ici la troisième partie de l’entretien avec l’abbé Vernier

 

claves.org : Monsieur l’abbé, à quel moment le prêtre peut-il parler à des parents de transmission de la foi ?

Abbé Hilaire Vernier : À mon sens, c’est dès la préparation au mariage que la question doit être abordée, et en profondeur. En effet, la fin première du mariage est la procréation, son premier bien est l’enfant ; or cette collaboration à l’œuvre divine ne s’arrête pas une fois l’enfant mis au monde.

Paradoxalement, on peut dire que c’est à la naissance que tout commence, avec la lourde responsabilité des procréateurs d’être éducateurs, et ce dès le début de la vie terrestre de leurs enfants.

Le mariage, ordonné naturellement et en premier lieu à la transmission de la vie, est comme sacrement, le moyen privilégié par Dieu pour que cette vie humaine soit aussitôt « surnaturalisée » par le baptême et l’éducation catholique qui suivra.

En effet, les finalités du sacrement de mariage ne se limitent pas au plan de la nature, mais elles sont surélevées à l’ordre de la grâce, c’est ce qui explique que le Seigneur en ait fait un sacrement, sans parler aussi de sa dimension rédemptrice, son institution faisant suite au péché originel.

claves.org : Parmi les nombreux biens que les parents doivent transmettre à leurs enfants, vous placez donc la foi ; mais qu’est-ce que la foi ?

Abbé Hilaire Vernier : La foi est une vertu théologale reçue au baptême avec la grâce : il s’agit d’une vertu infuse, qui ne peut s’acquérir par nos propres forces, à force de répéter des actes bons. En effet, son objet est Dieu lui-même, en tant que Vérité première qui se révèle à nous : il dépasse ainsi toutes nos capacités, il est totalement hors de notre atteinte.

claves.org : Voilà qui est bien théologique…

Abbé Hilaire Vernier : Certes, mais ce n’est pas sans conséquences pratiques. D’abord parce que la foi permet la connaissance d’une personne vivante – Jésus-Christ, par l’adhésion à un contenu objectif – sa Révélation transmise par l’Église. La foi concerne donc notre intelligence puisqu’elle y a son siège, l’élevant et la faisant adhérer inconditionnellement à la vérité révélée, et elle concerne également notre volonté, son impulsion étant à chaque fois nécessaire pour croire.

 

claves.org : La foi suffit-elle ?

Abbé Hilaire Vernier : La foi sans les œuvres n’est rien, nous dit saint Jacques, et n’en déplaise à Luther. Sans la charité, la foi est morte, elle est cette idéologie que saint Jacques appelle la foi des démons. De même que sans la foi, la charité devient quant à elle une pale philanthropie.

 

claves.org : Si la foi est essentiellement surnaturelle, pouvons-nous seulement la transmettre à nos enfants, et comment ?

Abbé Hilaire Vernier : Il est vrai que la foi, comme vertu théologale, est reçue seulement par le baptême (d’eau, de sang ou de désir), et donc directement de Dieu. C’est pourquoi il incombe à tous les parents chrétiens (et cette obligation grave est assortie par l’Église de peines canoniques) de faire baptiser leurs enfants « dans les premières semaines. » Il serait toutefois absurde de transmettre la foi – par le baptême – sans pourvoir ensuite à son exercice, sans donner ensuite de quoi la nourrir. C’est pourquoi l’Église demande que les enfants ne soient pas seulement baptisés mais dûment formés, catéchisés. Et c’est là que le rôle des parents est primordial.

 

claves.org : Primordial ? Les parents sont-ils les seuls acteurs de la transmission de la foi ?

Abbé Hilaire Vernier : Les parents ne sont certes pas les seuls impliqués dans la pédagogie de la foi, mais ils le sont au premier chef, car ils sont « premiers et principaux éducateurs de leurs enfants[1]Jean-Paul II, Familiaris consortio, 22 novembre 1981, n°40. » S’il est nécessaire que les parents s’appuient sur d’autres institutions pour les seconder dans leur tâche éducative : l’école dans le domaine de l’instruction ; l’Église pour l’enseignement du catéchisme et la mise en pratique de celui-ci au quotidien, ils ne peuvent se délester de leur responsabilité en la déléguant totalement à l’un ou l’autre de ces acteurs. C’est ainsi me semble-t-il que toute la génération de l’après-guerre a pensé pour une part que la foi serait transmise spontanément à ses enfants, et s’est réveillée un jour en réalisant qu’il n’en était rien. Comme prêtre j’ai souvent l’occasion de recueillir leurs doléances et leurs regrets, en fin de vie : ils pensaient que l’Église transmettrait la foi à leurs enfants, qui semble malheureusement avoir totalement disparu.

 

claves.org : Alors tout repose ultimement sur les parents ; est-ce de manière indifférenciée, interchangeable ?

Abbé Hilaire Vernier : Les parents tous deux jouent un rôle complémentaire et indispensable dans l’éducation, et en particulier dans l’éducation à la prière. J’aimerais toutefois insister sur la place de la mère. À l’image de Marie, mère de l’Église, qui nous apprend à prier comme elle l’apprit aux Apôtres et même en un certain sens à Jésus, c’est sur les genoux de nos mamans que nous découvrons la prière.

 

claves.org : Quels sont les piliers de la transmission de la foi ?

Abbé Hilaire Vernier : Je compte au moins six piliers auxquels les parents doivent être particulièrement attentifs, qui me semble primordiaux dans la transmission de la foi :

1) la prière familiale ;

2) la vie sacramentelle ;

3) Le catéchisme traditionnel ;

4) l’initiation à l’oraison ;

5) le rôle premier de l’exemple, pour éduquer au sens du sacrifice ;

6) la prise et l’enracinement de bonnes habitudes (on pourrait dire : de vertus).

 

claves.org : Des piliers éprouvés ?

Abbé Hilaire Vernier : Assurément. On observe leurs fruits dans l’éducation chrétienne des foyers catholiques. On se rend compte par ailleurs qu’ils correspondent même aux aspirations profondes des enfants, qui pressentent confusément l’existence de ce Dieu tout-puissant et bon, infiniment aimant, et cherchent à entrer en relation avec lui. Ce désir doit être orienté, éduqué et soutenu par les parents, pour fructifier en une véritable vertu – celle de l’homme qui rend à Dieu ce qui lui est dû : la religion. On constate surtout dans la vie des saints que leur propre itinéraire a souvent été marqué par le rôle de leurs parents, articulé autour de ces mêmes piliers. Que l’on pense ainsi à la famille Martin, à la maman de saint Jean Bosco, aux parents de sainte Jeanne d’Arc…

 

Nous poursuivrons cet entretien dans deux articles à paraître prochainement, pour détailler avec l’abbé Vernier ces six vecteurs de transmission de la foi aux enfants.

Références

Références
1 Jean-Paul II, Familiaris consortio, 22 novembre 1981, n°40
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