Dans la famille des Archanges, on demande le guérisseur ! Qui ? Saint Raphaël, dont le nom et la mission signifient « Dieu guérit », Dieu soigne les blessures des hommes et restaure ce qui est blessé. Comment le savons-nous ? Grâce à ce livre de l’Ancien Testament dont saint Raphaël est le personnage clef : le petit livre de Tobie. Alors, bonne pioche ?
Quelques précisions sur les anges
Les anges sont à l’œuvre dans toute l’Écriture sainte, pourtant ils agissent rarement au premier plan, en pleine lumière. Et il est bien rare que soit mentionné leur nom propre, qui les désigne totalement, pleinement, personnellement : qui manifeste l’amour divin pour eux. Si nous savons qu’il y a neuf chœurs angéliques, neuf catégories d’anges aux missions différentes ; en revanche parmi les myriades d’anges du Ciel nous ne connaissons le prénom que de trois d’entre eux. C’est le cas pour celui fêté aujourd’hui : « je suis l’ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons en présence du Seigneur »[1]Tb 11, 15. C’est ainsi que le mystérieux guide révèle sa véritable identité à l’issue du voyage qu’il fit en compagnie de Tobie. Je suis un ange, l’un des sept anges qui constituent la garde rapprochée du Dieu tout-puissant, un ange qui manifeste par ce qu’il est un aspect des perfections de son Maître et créateur !
Saint Raphaël est moins connu que saint Michel, chef de la milice angélique, dont le nom demande « Qui est comme Dieu ? » ; moins présent à nos esprits que saint Gabriel, l’ange de l’apparition à Zacharie et de l’Annonciation à Marie, dont le nom signifie « Force de Dieu ». Toutefois il est comme eux, l’un des sept qui se tiennent devant le Seigneur, l’un des chefs des anges, l’un des archanges choisis par Dieu pour des missions majeures qui manifestent ce que Dieu est. Et puisque dans la Bible, les noms donnés par Dieu sont extrêmement significatifs, arrêtons-nous un instant sur ces trois noms d’anges connus !
Qui est comme Dieu (Mi-ka-El) ? Personne n’est comme Dieu, il n’a rien de commun avec les créatures, même la plus grande qui soit : saint Michel rappelle sans cesse par son nom la transcendance absolue du Bon Dieu, que nous devons servir par amour.
Force de Dieu (Gavar-El) : Dieu est tout-puissant, il est la force même, rien ne pourrait lui être opposé ; pourtant cette force n’est pas tyrannique, mais aimante, Dieu fort respecte la liberté des faibles créatures qui peuvent l’aimer ou se révolter contre le tout-puissant… C’est ce que rappelle saint Gabriel, Force de Dieu, dont la mission est d’annoncer les grandes nouvelles de l’irruption de la force divine dans l’histoire humaine par la pauvreté et la faiblesse de l’Incarnation !
Quid de saint Raphaël (Rafa-El), le médecin de Dieu ? Penchons-nous sur son action pour comprendre mieux qui il est et ce qu’il nous apprend du Dieu qui l’envoie agir sur terre !
La mission du médecin de Dieu : guérir Tobit et Sarra.
Cette fois-ci leur prière, à l’un et l’autre, furent agréées devant la Gloire de Dieu, et Raphaël fut envoyé pour les guérir tous les deux. Il devait enlever les taches blanches des yeux de Tobit, pour qu’il voie de ses yeux la lumière de Dieu ; et il devait donner Sarra, fille de Ragouël, en épouse à Tobie, fils de Tobit, et la dégager d’Asmodée, le pire des démons[2]Tb 3,16-17.
Voilà l’introduction de l’archange Raphaël, il est envoyé pour résoudre deux problèmes. D’une part, il lui faut guérir la cécité de Tobit, un homme juste qui a toujours respecté la loi de Dieu, mais que le malheur a frappé et qui a perdu la vue. C’est donc une guérison physique qui est attendue de l’ange. D’autre part, il doit délivrer Sarra, fille de Ragouël, nièce de Tobit, sous la coupe du démon Asmodée qui, jaloux de cette âme et voulant la faire désespérer, a tué tour à tour les sept maris qui ont été donnés à la jeune fille maudite. Il faudra donc lutter contre un démon par un exorcisme, cette fois la guérison demandée avec larmes par Sarra n’est pas physique, mais spirituelle : il faut bien un ange bon pour terrasser un ange déchu.
Dieu écouta les prières de Sarra comme celles de Tobit le juste, et envoya du haut du Ciel l’archange Raphaël pour rétablir la situation, restaurer toute justice.
Le mode opératoire : les bonnes influences !
Comment saint Raphaël s’y prit-il pour réaliser sa mission ? Il aurait sans doute pu faire un miracle extraordinaire, s’appuyer sur sa force d’ange pour tout résoudre en un instant. Ç’aurait été extraordinaire : mais ç’aurait aussi été unique, non reproductible, limité aux interventions miraculeuses ou paranormales… Or ce n’est pas ainsi qu’il a agi, au contraire ! Et cela tombe bien : si nous ne voyons pas leurs actions, les bons anges ne cessent, jour après jour, heure après heure, d’agir de cette manière feutrée et efficace qui est ici clairement dévoilée.
Que fit-il donc ? Il ne cessa d’inspirer de bonnes idées aux personnes en question, il vient guider un homme et lui prodiguer de bon conseils pour lui permettre de résoudre les problèmes, tout en demandant la foi en Dieu et la confiance des hommes qu’il vient aider ! C’est cette confiance qu’il enjoint à Tobit l’aveugle quand il le rencontre : « aies confiance, Dieu ne tardera pas à te guérir, aies confiance ! »[3]Tb 5,10 ; confiance encore qu’il demande lorsqu’il accepte de guider le fils de l’aveugle, nommé Tobie (noter le subtil changement de terminaison pour distinguer le fils et le père !) : « je ferai le voyage avec lui. Ne crains rien. Notre départ se passera bien, et notre retour aussi, parce que la route est sûre ». Et c’est parce que Tobit l’ancien accorde sa confiance à l’étranger, qu’il n’accuse pas Dieu mais se confie toujours à lui, malgré les plaintes et critiques de son épouse, que sa guérison pourra avoir lieu : voilà ce que dit Tobit à son épouse craintive : « n’aies pas d’inquiétude pour eux : un bon ange l’accompagnera, il fera bon voyage, et il reviendra en bonne santé ! »[4]Tb 5, 21-22.
Une fois la confiance obtenue, saint Raphaël dirige l’action : il guide le jeune Tobie sur les routes, et lui donne les conseils qui lui permettront de soigner Sarra et Tobit. Mais notons-le bien, l’archange n’agit pas directement, il laisse l’action visible aux hommes et agit invisiblement pour produire un effet que la confiance a mérité ! Par exemple, alors qu’ils passent près du fleuve du Tigre, un énorme poisson attaque Tobie : l’archange ordonne alors « attrape le poisson, et ne le lâche pas ! », puis quelques instants plus tard : « ouvre-le, enlève le fiel, le cœur et le foie, mets-les à part, et jette les entrailles, parce que le fiel, le cœur et le foie font des remèdes utiles », et Tobie d’obtempérer.
Avant d’arriver dans la maison de Ragouël, où vit Sarra, saint Raphaël explique comment chasser le démon : il y a une action matérielle, brûler le foie pour que l’odeur du poisson le repousse, et surtout une démarche spirituelle : prier Dieu ; « au moment de vous unir, levez-vous d’abord tous les deux pour prier. Demandez au Seigneur du Ciel de vous accorder sa grâce et sa protection »[5]Tb 6,18. Et c’est ce que firent à la lettre Tobie et Sarra, coopérant à l’œuvre de l’archange qui chassa par la force divine le démon importun.
Enfin, lors du retour de Tobie chez son père, l’archange sollicita encore l’agir de son compagnon : « je te garantis que les yeux de ton père vont s’ouvrir. Tu lui appliqueras sur l’œil le fiel de poisson, ; la drogue mordra, et lui tirera des yeux une petite peau blanche. Et ton père cessera d’être aveugle et verra la lumière »[6]Tb 11,7-8. Une nouvelle fois, Tobie écoute et exécute : il coopère à ces bonnes influences, à ces bonnes pensées que l’ange ne cesse de lui souffler ; et ainsi Tobit l’ancien recouvra la vue par ce moyen alors que tous les remèdes testés avaient échoué jusqu’alors.
Son action principale ? Louer Dieu et le faire adorer !
Nous l’avons vu, l’action de l’archange Raphael manifeste l’amour du Bon Dieu, qui se penche sur la misère tant matérielle que spirituelle des enfants que nous sommes : pourtant cette action n’est pas la principale tâche du saint ange : celle-ci consiste d’abord et avant tout à aimer Dieu et à s’en laisser aimer, et à aider les hommes à connaître et adorer leur Créateur et Seigneur ! C’est ce que l’on peut tirer du discours final de saint Raphaël à la famille de Tobit.
Bénissez le Dieu du ciel et rendez-lui gloire devant tout être qui a vie, parce qu’il a exercé envers vous sa miséricorde. […] Lorsque tu priais avec larmes et que tu donnais la sépulture aux morts ; lorsque, quittant ton repas, tu cachais les morts dans ta maison pendant le jour, et que tu les mettais en terre pendant la nuit, je présentais ta prière au Seigneur. Et parce que tu étais agréable à Dieu, il a fallu que la tentation t’éprouvât. Maintenant, le Seigneur m’a envoyé pour te guérir, et pour délivrer du démon Sara, la femme de ton fils. Je suis l’ange Raphaël, un de sept qui nous tenons en présence du Seigneur.
En entendant ces paroles, ils furent hors d’eux-mêmes, et, tout tremblant, ils tombèrent la face contre terre.
Et l’ange leur dit : ” Que la paix soit avec vous ! Ne craignez point. Car, lorsque j’étais avec vous, j’y étais par la volonté de Dieu ; bénissez-le donc et chantez ses louanges. Il vous a paru que je mangeais et buvais avec vous ; mais je me nourrissais d’un aliment invisible et d’une boisson que l’œil de l’homme ne peut atteindre. Il est donc temps que je retourne vers celui qui m’a envoyé ; mais vous, bénissez Dieu et publiez toutes ses merveilles. “Après avoir ainsi parlé, il fut dérobé à leurs regards, et ils ne purent plus le voir[7]Tb 12 ; 6.12-21.
Recourir aux anges pour marquer notre confiance en Dieu
En conclusion, ce n’est pas parce que nous ne voyons pas les anges qu’ils ne sont pas à l’œuvre dans notre vie ! Pour Sarra et Tobie, l’archange Raphaël a-t-il fait (visiblement) quelque chose d’extraordinaire ? Non, et il en est de même dans la majorité des cas, par exemple pour toutes les défenses ou suggestions de bonnes actions que nos anges gardiens ne cessent de nous prodiguer au quotidien. Alors n’hésitons pas à nous tourner vers les anges : ils sont certes toujours près du Bon Dieu pour l’adorer, mais ils sont aussi près de nous de par la volonté de Dieu ! Qu’ils nous apprennent à faire confiance à la Sainte Trinité dans toutes les occasions.
