Des sources falsifiées ?
Un des principaux arguments « complotiste » est la falsification supposée de certaines sources païennes anciennes, auxquelles les chrétiens auraient ajouté artificiellement une mention relative à Jésus : Michel Onfray refuse ainsi toute authenticité au célèbre Testimonium Flavianum, le passage des Antiquités Juives ou Flavius Josèphe mentionne le Christ.
En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme, car ; c’était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Judéens et aussi beaucoup de Grecs ; Celui-là était le Christ. Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l’avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet. Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens ainsi nommé après lui n’a pas disparu.
Trois opinions sont possibles quant à l’authenticité de ce passage :
- Soit il est pleinement authentique, et Josèphe – tout juif qu’il était – y manifeste un singulier respect pour le Christ.
- Soit il est totalement inauthentique, ajouté par un copiste médiéval en vue d’inventer une preuve de Jésus ; mais n’est-ce pas prêter à ce faussaire hypothétique une intention anachronique, à une époque où personne ne doute de son existence ?
- Soit il s’agit d’un passage authentique de Josèphe, auquel un copiste zélé aurait pu ajouter certaines gloses, par respect pour le Seigneur, dans un esprit religieux qui consonne bien avec la mentalité médiévale (ces passages litigieux sont en italique dans notre citation).
Cette dernière hypothèse est accréditée par des sources en langue arabe, transmises indépendamment de la tradition latine. Notons par ailleurs que Josèphe cite une deuxième fois – en passant et plus sobrement encore – Jésus, lorsqu’il mentionne l’exécution de son « frère » Jacques.
Que certaines sources transmises par la tradition et les copistes latins aient pu être modifiées au cours de leur transmission paraît envisageable, mais que dire des mentions de Jésus dans les textes de ceux qui s’en déclaraient les ennemis absolus ?
Le Talmud, recueil de traditions orales du judaïsme, rédigé au IVe siècle, parle en plusieurs lieux de Jésus, présenté comme un séducteur et sorcier, né d’un adultère, se prenant pour Dieu. Il confirme son existence, la réputation de ses prodiges, sa prétention à la divinité, et rapporte sa crucifixion à la veille de la Pâque.
La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Jésus. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant : « il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. » Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. » (Deutéronome 13, 9) (Traité Sanhédrin 43a).
Jésus n’est pas un faux !
Jésus n’est pas un mythe, à l’instar d’Osiris ou Apollon : la figure que présentent les Évangiles ne laisse aucun doute. Si l’existence historique du Christ doit être remise en cause, c’est qu’il est un faux…
Un complot nommé Jésus ?
En désespoir de cause, certains « mythistes » soutiennent que la non-existence de Jésus serait cachée aux yeux du monde depuis deux millénaires par un vaste complot, terriblement efficace, supprimant impitoyablement tout élément susceptible de remettre en cause l’existence historique du Christ. Que penser d’une telle falsification ?
Des sources falsifiées ?
Un des principaux arguments « complotiste » est la falsification supposée de certaines sources païennes anciennes, auxquelles les chrétiens auraient ajouté artificiellement une mention relative à Jésus : Michel Onfray refuse ainsi toute authenticité au célèbre Testimonium Flavianum, le passage des Antiquités Juives ou Flavius Josèphe mentionne le Christ.
En ce temps-là paraît Jésus, un homme sage, si toutefois il faut l’appeler un homme, car ; c’était un faiseur de prodiges, un maître des gens qui recevaient avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Judéens et aussi beaucoup de Grecs ; Celui-là était le Christ. Et quand Pilate, sur la dénonciation des premiers parmi nous le condamna à la croix, ceux qui l’avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau ; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet. Jusqu’à maintenant encore, le groupe des chrétiens ainsi nommé après lui n’a pas disparu[1]Flavius Josèphe, Antiquités juives, XVIII, 63-64, écrit vers 93-94 après J.-C..
Trois opinions sont possibles quant à l’authenticité de ce passage :
Cette dernière hypothèse est accréditée par des sources en langue arabe, transmises indépendamment de la tradition latine. Notons par ailleurs que Josèphe cite une deuxième fois – en passant et plus sobrement encore – Jésus, lorsqu’il mentionne l’exécution de son « frère[2]Sur la question des frères de Jésus, voir notre article sur la virginité de Notre-Dame. » Jacques[3]Antiquités Juives, XX, 8..
Que certaines sources transmises par la tradition et les copistes latins aient pu être modifiées au cours de leur transmission paraît envisageable, mais que dire des mentions de Jésus dans les textes de ceux qui s’en déclaraient les ennemis absolus ?
Le Talmud, recueil de traditions orales du judaïsme, rédigé au IVe siècle, parle en plusieurs lieux de Jésus, présenté comme un séducteur et sorcier, né d’un adultère, se prenant pour Dieu. Il confirme son existence, la réputation de ses prodiges, sa prétention à la divinité, et rapporte sa crucifixion à la veille de la Pâque.
Pourquoi si peu de preuves ?
Mais continuons à envisager l’hypothèse du complot : si les chrétiens avaient eu pour projet de falsifier les textes des historiens païens, afin d’inventer des preuves de l’existence du Christ, pourquoi y en a-t-il si peu, et souvent si ténues ? Michel Onfray lui-même souligne que ces passages de Tacite, Suétone, Pline… ne concernent le Christ qu’à travers ses disciples : les premiers chrétiens.
Pourquoi ne trouve-t-on rien dans Pline l’Ancien, Plutarque, Philon d’Alexandrie, Juste de Tibériade… autant d’auteurs contemporains de l’époque du Christ (Ier siècle de notre ère) et dont les écrits nous ont également été transmis par la tradition latine et les moines copistes, qui auraient eu beau jeu – si l’on reprend l’hypothèse du faux – d’y insérer çà et là des mentions concernant Jésus.
Pourquoi ne choisir – dans l’hypothèse du complot – que des historiens relativement tardifs par rapport aux événements, pourquoi se contenter de formulations plates et imprécises ?
En réalité, il n’est pas étonnant qu’un agitateur palestinien, dont la courte carrière se termina en queue de poisson par une exécution honteuse, n’ait pas laissé de traces chez les historiens immédiatement contemporains. En cette époque d’effervescence messianique, les faux messies n’étaient pas rares dans le chaudron palestinien : un préfet comme Pilate en croisait – et en exécutait – plusieurs dizaines par an.
Pourquoi falsifier les textes ?
Remarquons surtout que les copistes du Moyen-Âge n’avaient aucune raison d’inventer des preuves, à une période où personne ne doutait de l’existence du Christ.
Les interpolations médiévales reconnues et identifiées par les philologues et historiens, telle que celle mentionnée ci-dessus, sont d’une nature différente : il ne s’agit pas d’inventer des preuves mais de corriger des expressions que le sens religieux des clercs copistes jugeait trop blasphématoires. On relève en outre que ces interpolations ne se retrouvent pas dans toutes les variantes qui nous sont parvenues aujourd’hui, ce qui a permis de parvenir à en restaurer une version initiale probable : c’est qu’en effet une falsification généralisée des sources historiques païennes, malgré leur petit nombre, aurait représenté une manipulation considérable, étant donné la dispersion des manuscrits, l’absence de recensement généralisé, les lenteurs des communications…
Une telle conspiration littéraire, à l’échelle de toute l’Europe et même de l’Orient, est absolument improbable : tout ça pour aboutir à quelques misérables lignes chez Flavius Josèphe, Tacite, Suétone…
Références[+]