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Noël, qu’est-ce que ça veut dire ?

Prise de Jérusalem par les croisés. Émile Signol / Wikimedia Commons

Un mot qui apparaît au Moyen-Âge

Les premières attestations du mot « Noël » en langue française sont recensées au début du XIIe siècle (il est vrai que les documents plus anciens rédigés en langue française sont rares).

Au XVIe siècle, Jean Nicot (le fameux importateur du tabac, mais aussi – à ses heures perdues – auteur d’un Trésor de la langue françoise) pensait y trouver une abréviation du nom « Emmanuel » attribué au messie par le prophète Isaïe.

L’étymologie scientifiquement correcte serait toutefois celle, commune aux langues romanes, de l’adjectif latin natalis : « relatif à la naissance. » On parlait à l’origine pour le 25 décembre – comme pour tout anniversaire – du dies natalis.

Le mot se serait progressivement altéré quant à sa prononciation en passant dans la langue occitane, devenant Nadal puis Naal ou Nael et enfin en Langue d’Oil Noël. L’orthographe définitive apparaît vers le XVIIIe siècle.

Pour certains cependant une origine celtique ou germanique – contestée – pourrait être évoquée, rejoignant le thème des festivités païennes du solstice d’hiver. Noël serait alors dérivé des termes Noio (« nouveau ») et Hel (« soleil ») : « nouveau soleil. »

Un cri de joie qui devient chant

Quoi qu’il en soit, « Noël » est devenu au Moyen-Âge un cri de joie pour le peuple français, plein du désir d’un renouveau analogue à celui de la nativité du sauveur. En 1414, quand le roi Charles VI le fol signe avec Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, la paix d’Arras, la foule en liesse, voyant la familiarité des princes, s’écrie : « Noël, Noël.[1]Antoine de La Taverne, Journal de la paix d’Arras, 1435. » Même cri six ans plus tard lorsque Charles VI entre solennellement dans Paris, alors aux mains des Anglais[2]Jean Jouvenel des Ursins, Chroniques. En 1458 François Villon peut conclure chaque strophe de sa Ballade des proverbes par cet adage alors fort usité : « Tant crie-t-on Noël qu’il vient. »

De cri, le Noël devient un chant, souvent composé en premier lieu pour accompagner les « mystères, » saynètes rejouant la naissance du Sauveur, puis développés pour eux-mêmes dans le cadre liturgique et populaire, donnant naissance au très riche répertoire de « Noëls » de toutes les provinces de France.

La joie qui déborde

Si nos anciens avaient pris l’habitude de crier « Noël » à tout bout de champ, n’y voyons pas une marque d’indifférence ou d’impiété, encore moins une pratique blasphématoire : comme les hommes, en raison de la limitation de leur connaissance et de leur langage, ont l’habitude de nommer Dieu à partir des créatures, bien qu’il transcende toute créature – c’est l’art chrétien de l’analogie, ils emploient parfois des mots désignant les réalités sacrées pour exprimer une émotion qui déborde les mots usuels. Noël est ce cri d’une joie qui déborde, qui excède tout ce que les termes humains peuvent exprimer : « Noël ! », car que dire d’autre, sinon rester bouche bée, face au mystère si grand et si touchant de l’Incarnation.

« Noël, Noël, » criaient nos anciens lors de réjouissances profanes… « Joyeuses fêtes » disons-nous tristement et platement aujourd’hui, à l’instant de revivre l’avènement du Sauveur.

Références

Références
1 Antoine de La Taverne, Journal de la paix d’Arras, 1435
2 Jean Jouvenel des Ursins, Chroniques.
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