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Comment ça se passe quand Dieu se fait homme ?

L’Incarnation, mystère central de notre foi : un grand mot pour une réalité simple, mais difficile à expliquer en langage humain – Dieu se fait homme. Comment ça se passe ?

Préambule : définition et présupposés      

Le mot « Incarnation » (de in : « dans » et carne : « chair ») désigne l’action par laquelle la deuxième personne de la Sainte Trinité – le Fils ou le Verbe de Dieu – « s’est fait chair », a pris une nature humaine dans le sein de la Vierge Marie.

Le mystère de l’Incarnation présuppose bien sûr l’existence et la toute-puissance de Dieu, ainsi que le mystère de la Sainte Trinité – la foi dans l’ineffable ternarité des personnes dans l’unique substance divine.

La Révélation chrétienne contient des vérités accessibles de soi à la raison (existence de Dieu, loi morale naturelle…); et aussi des vérités cachées en Dieu mais accessibles à la raison après révélation (le futur qui peut être connu par les prophéties) et des vérités cachées en Dieu et absolument inatteignables par l’intelligence crée : les mystères. Incarnation et Trinité sont des mystères absolument surnaturels, inconnaissables par la raison et demeurant obscurs même après la Révélation : on ne peut pas « démontrer » ni « comprendre » l’Incarnation ou la Trinité.

Ces mystères sont donc incompréhensibles, indémontrables, mais pas inintelligibles, absurdes ni contradictoires en eux-mêmes : il revient à la théologie d’en éclairer autant que possible, sous la lumière de la foi, la convenance, la beauté et la cohérence réciproque.

Trinité, Incarnation et Rédemption sont les mystères surnaturels intimement connectés, au cœur et au centre de tout le christianisme. Sans Trinité, pas d’Incarnation ; sans Incarnation, pas de Rédemption.

Le dogme de l’Incarnation

Obscurs et inatteignables pour notre intelligence limitée, les mystères sont analogiquement intelligibles, car Dieu se révèle en langage humain, en utilisant des notions acquises par l’expérience, qui expriment directement quelque chose de créé et s’appliquent analogiquement à l’incréé (au divin).

La théologie exprime ainsi le dogme de l’Incarnation : le fait que Jésus, Verbe incarné, personne divine du Fils, assume une nature humaine.

L’union en Jésus des natures humaine et divine est dite union « hypostatique » (union dans la personne), car les deux natures s’unissent dans la même personne, sans se confondre, se mêler ou perdre aucune de leurs propriétés respectives.

Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, l’unique engendré, reconnu en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division et sans séparation, la différence des natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, la propriété de l’une et l’autre nature étant bien plutôt gardée et concourant à une seule personne et une seule hypostase, un Christ ne se fractionnant ni se divisant en deux personnes, mais un seul et même Fils, unique engendré, Dieu Verbe, Seigneur Jésus Christ, selon que depuis longtemps les prophètes l’ont enseigné de lui, que Jésus Christ lui-même nous l’a enseigné, et que le Symbole des pères nous l’a transmis[1]Concile de Chalcédoine, 5e Session, 22 octobre 451, (DS302).

En quelques mots l’Incarnation c’est le Dieu qui se fait homme en Jésus, le Fils qui assume une nature humaine complète sans se départir de sa nature divine : une personne mais deux natures.

bien qu’il fût dans la condition de Dieu, il n’a pas retenu avidement son égalité avec ; mais il s’est anéanti lui-même, en prenant la condition d’esclave, en se rendant semblable aux hommes, et reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui[2]Ph 2, 6-7..

Les adversaires du dogme de l’Incarnation

La précision du dogme de l’Incarnation est intervenue, au cours de l’histoire de l’Église, face à ceux qui tentèrent d’en imposer une compréhension faussée, insistant trop sur l’humanité du Christ d’une part ou sur sa divinité d’autre part.

En cartographiant quelques erreurs notables sur la doctrine de l’Incarnation, nous pourrons préciser notre éclairage du mystère.

– Pour les Ebionites (Ier siècle) et surtout les Ariens (IVe siècle et ensuite), le Christ n’est pas Dieu : il est une créature très parfaite, engendrée par Dieu, de substance semblable mais non point identique. Pour les Ariens (condamnés à Nicée en 325) le Fils n’est pas consubstantiel au Père ; ils nient ainsi également la Trinité. On retrouve cette erreur aujourd’hui dans plusieurs opinions, notamment celle des Témoins de Jéhovah.

– Pour les gnostiques en tout genre qui pullulèrent dans les premiers siècles, il était impensable que la divinité infinie se fut abaissée jusqu’à s’incarner dans une matière (considérée comme mauvaise) : le corps du Christ n’était donc qu’apparent (Phantasiastes, Docètes).

– L’erreur de Nestorius et des Nestoriens portait sur le mode de l’union des natures : pour eux les deux natures ne pouvaient être attribuées qu’à deux personnes distinctes quoiqu’étroitement unies. La Vierge n’était ainsi mère que de la personne humaine, celle qui est née dans la crèche et a souffert sur la croix. Cette hérésie fut combattue par saint Cyrille d’Alexandrie et condamnée en 431 à Éphèse (où fut proclamé le dogme de la maternité divine de Marie).

– En réaction, les disciples d’Eutychès affirmèrent à l’inverse qu’il n’y avait en Jésus qu’une seule nature, l’humanité ayant été absorbée par la divinité, comme une goutte d’eau dans l’océan. Leur erreur, appelée « monophysisme » (« une seule nature ») fut condamnée à Chalcédoine (451).

Références

Références
1 Concile de Chalcédoine, 5e Session, 22 octobre 451, (DS302).
2 Ph 2, 6-7.
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