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L’offertoire et la préface. Le sacrifice eucharistique 4 sur 7

Le sacrifice proprement dit commence par l’offertoire, ou oblation du pain et du vin, matière du sacrifice.

Ces articles sont extraits d’une série plus large publiée par le père Emmanuel-Marie André, du Mesnil-Saint-Loup, dans le Bulletin de Notre-Dame de la Sainte Espérance (numéros de mars 1880 à février 1881).

Retrouvez ici tous les articles de la série (sept commentaires de la liturgie de la messe).

L’oblation du pain et du vin

Autrefois, les fidèles faisaient eux-mêmes l’offrande du pain et du vin ; une partie était mise sur l’autel par les ministres sacrés, et bénie par le prêtre pour la célébration des saints mystères, l’autre partie était réservée pour les besoins de l’Église et des pauvres.

L’oblation du pain et du vin est proprement l’oblation non sanglante, le sacrifice non sanglant, sacrificium incruentum. Nous avons déjà mentionné cette distinction des sacrifices.

Depuis le péché, il y eut toujours des sacrifices sanglants. L’Écriture, en mentionnant les sacrifices d’Abel, de Noé, d’Abraham, nous le fait voir clairement. Le péché amène à sa suite la mort et comme châtiment et comme réparation.

Toutefois, dans le lointain des âges, nous apercevons l’oblation non sanglante de Melchisédech, qui porte dans ses mains sacerdotales le pain et le vin. L’étude plus approfondie de l’Antiquité est venue commenter ce passage mystérieux de la Genèse, en nous apprenant que ce genre d’oblation était le plus en usage chez les peuples primitifs. Adonnés à la vie pastorale, ils offraient de préférence à Dieu des gâteaux de fleur de farine, avec du lait, de l’huile et du vin. Les sacrifices sanglants étaient relativement plus rares. Il y avait là, comme dit Bossuet, quelques vestiges de la première innocence et de la douceur à laquelle nous étions formés.

Par la suite des temps, les sacrifices sanglants prirent le dessus. Ils composent presque toute l’économie de la loi cérémonielle des Juifs. Toutefois, comme nous l’avons observé, ils étaient presque toujours accompagnés d’une oblation de fleur de farine et de vin. L’agneau pascal lui-même, qui était sacrifié en mémoire de la délivrance d’Égypte, était mangé avec des pains azymes. En un mot, le pain et le vin accompagnaient la victime, quelle qu’elle fût.

Il y avait là une figure du sacrifice de la loi nouvelle, qui devait être offert par Notre Seigneur suivant le rite de Melchisédech. En effet, nous avons une victime, Notre Seigneur lui-même ; nous avons aussi le pain et le vin. Seulement le Saint-Esprit vient fondre, pour ainsi dire, ensemble ces deux éléments du sacrifice, en mettant l’adorable victime, par un changement de substance, sous les apparences du pain et du vin.

Ainsi le pain et le vin ne sont-ils plus simplement, comme autrefois, juxtaposés à la victime ; ils sont changés en la victime, qu’ils recouvrent de leurs apparences. En la recouvrant ainsi, ils la font apparaître vraiment victime, en ce qu’ils marquent la séparation du corps et du sang. Et toutefois, ils lui donnent le caractère d’oblation non sanglante, pour accomplir les figures et les prophéties.

Les prières et les cérémonies de l’oblation

L’oblation ouvre le sacrifice proprement dit. C’est pourquoi le prêtre baise l’autel et salue le peuple en disant : Dominus vobiscum ; double signe de communion avec Notre Seigneur et le peuple qu’il réunit en lui-même. Puis il chante : prions : oremus. Et l’assemblée chante l’offertoire, afin de puiser dans l’harmonie une ferveur nouvelle, et de montrer la part qu’elle prend à l’offrande du pain et du vin.

Alors, le prêtre élève l’hostie sur la patène. Il la considère déjà comme changée au corps de Notre Seigneur ; il l’appelle une hostie immaculée. Il la présente à Dieu en cette qualité par le rite de l’élévation : Suscipe, sancte Pater, hanc immaculatam hostiam. En terminant la prière, il trace une croix avec la patène qui soutient l’hostie : c’est le rite antique de l’agitation, qui consistait à agiter l’oblation successivement du côté des quatre points cardinaux.

Le prêtre prend ensuite le calice, et y verse successivement du vin et quelques gouttes d’eau. En mêlant l’eau au vin, il témoigne dans une belle prière qu’il le fait pour honorer en Notre Seigneur l’union de la nature humaine à la nature divine, et pour obtenir que nous soyons rendus participants de cette même divinité. Le concile de Trente veut que ce mélange ait un double but : représenter le sang et l’eau qui coulèrent du côté de Notre Seigneur, figurer l’union des fidèles à leur Chef dans l’acte du sacrifice. Il est d’ailleurs presque certain que Notre Seigneur, en instituant l’eucharistie, avait, suivant la coutume juive, mis un peu d’eau dans le vin.

Suit l’oblation du calice, que le prêtre, envisageant comme déjà plein du précieux sang, appelle le calice du salut. Comme il a fait pour l’hostie, il l’élève, puis il trace une croix avec lui. Mais, tandis qu’en offrant l’hostie il disait au singulier : j’offre, offero ; en offrant le calice il dit : nous offrons, offerimus. Il n’est plus seul : toute l’assemblée, représentée aux messes solennelles par le diacre, offre avec lui. Cette différence provient sans doute de ce que le mélange de l’eau et du vin symbolise l’union du peuple fidèle avec Notre Seigneur dans l’acte du sacrifice.

L’offrande complète repose sur l’autel. Le prêtre fait alors un retour sur le sacrifice intérieur, qui doit accompagner le sacrifice extérieur pour que celui-ci soit agréable à Dieu, et il dit au nom de tous : « Puissions-nous être reçus de vous, ô Seigneur, en esprit d’humilité, et par la contrition du cœur, afin que notre sacrifice soit agréable à vos yeux, ô Seigneur notre Dieu. » Il s’adresse ensuite au Saint-Esprit, qu’il nomme le sanctificateur tout-puissant, Dieu éternel, auquel il demande de bénir le sacrifice préparé en l’honneur de son saint nom. Il le bénira d’une double manière : en changeant les dons offerts au corps et au sang de Notre Seigneur, en unissant les âmes dans la vérité du sacrifice intérieur.

En ce moment, dans les messes solennelles, a lieu l’encensement des oblations et de l’autel. Il est juste que les oblations soient encensées, parce qu’elles représentent par avance la sainte victime, et que les prières des fidèles doivent les accompagner. Le lavement des mains qui suit n’est plus aujourd’hui qu’un symbole de la grande pureté avec laquelle doit être offert le sacrifice immaculé.

L’offertoire proprement dit se termine par une prière adressée à la sainte Trinité, pour la supplier de recevoir l’oblation du pain et du vin en souvenir de la passion, de la résurrection et de l’ascension de Notre Seigneur, conjointement à la mémoire de la bienheureuse Vierge Marie, des saints apôtres Pierre et Paul et de tous les saints. Le prêtre y parle au pluriel, offerimus. Il y marque une double fin du sacrifice : célébrer la mémoire de Notre Seigneur reparaissant sur l’autel avec la grâce de tous ses mystères ; rapporter à Dieu, comme à l’auteur de toute sainteté, par Notre Seigneur, la louange qui lui revient pour les grâces qu’il a départies à la sainte Vierge et aux saints. En même temps, nous prions les saints d’intercéder pour nous, afin de nous aider à obtenir les mêmes grâces par la vertu du même sacrifice.

La secrète et la préface

L’offertoire terminé, le prêtre baise l’autel, se tourne une dernière fois vers l’assemblée des fidèles, et dit : « Priez, mes frères, pour que ce sacrifice, qui est à la fois mien et vôtre, meum ac vestrum, soit agréable au Père tout-puissant. » Les fidèles répondent en souhaitant que Dieu reçoive le sacrifice des mains du prêtre, à l’honneur de son nom, pour leur utilité et celle de toute la sainte Église.

Le prêtre prononce alors à voix basse, au nom de tous, sur les offrandes, une prière dite secrète, qui varie suivant les fêtes, mais a toujours pour but de demander à Dieu qu’il daigne agréer le sacrifice.

Ensuite, comme rempli et échauffé par l’esprit de prière, comme ravi par la contemplation du mystère qui va s’opérer, il commence la préface ; il engage un dialogue d’une beauté sublime avec l’assemblée des fidèles ; il convie tous les chœurs angéliques à entourer l’autel ; il propose Notre Seigneur comme le grand adorateur de Dieu, comme la victime de propitiation universelle : le peuple répond par le chant du sanctus, qui est un hymne à la divinité et à l’humanité de Notre Seigneur.

Retrouvez en un grand détail les gestes et paroles de cette partie de la messe avec la vidéo produite par la Fraternité Saint-Pierre pour l’apprentissage du rit traditionnel.

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