Intro : Un adage très connu dit : « lex orandi, lex credendi » ; la loi de la prière est la loi de la foi. La manière dont on prie manifeste la croyance. C’est pourquoi la foi de l’Église dans la Sainte Trinité s’exprime de diverses manières dans la liturgie romaine traditionnelle[1]Dans le cadre de cet article, nous nous limiterons à la messe, laissant de côté les autres livres (Bréviaire, Rituel, etc.)..
Le signe de croix
Notons d’abord que la messe commence par le signe de la croix, affirmation par excellence du mystère trinitaire ; ainsi toute la messe est célébrée au nom des trois personnes de la Trinité. Le signe de croix (avec ou sans l’invocation des personnes divines) se retrouve à de très nombreuses reprises au cours de la messe, nous rappelant sans cesse le mystère trinitaire. Il prend diverses formes : tracé souvent sur le corps, avec la patène en main après le Pater, mais aussi sur la poitrine, la bouche et le cœur avant l’évangile, bénissant les oblats à l’offertoire ou au début du canon, désignant les espèces saintes à partir de la consécration, tracé sur la foule par le prêtre à la bénédiction. Le signe de croix est une expression aussi simple mais profonde que possible du mystère : au nom (singulier) du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Trois personnes qui portent le même nom – le siège par essence de l’identité au sens biblique – sont trois personnes partageant la même substance, dans l’unité de l’essence divine.
Les doxologies
Ensuite, le psaume 42 (Introibo ad altare Dei) se conclut par une doxologie, c’est-à-dire une « parole de gloire », qui glorifie les trois personnes divines (Gloria Patri …). On retrouve également la doxologie à la fin de l’Introït et du Lavabo (c’est-à-dire le psaume 25)[2]Hors du temps de la Passion et des messes de Requiem, où la doxologie est omise.. L’évocation du mystère de la Trinité se retrouve dans le Gloria in excelsis, qui est une prière adressée au Dieu un et trine[3]Cf. Fiedrowicz Michael, The Traditional Mass. History, Form and Theology of the Classical Roman Rite, Angelico Press, Brooklyn, 2020, p. 85-86.. Vient ensuite la prière dite « Collecte », dont la conclusion (Per Dominum nostrum …) mentionne toujours les trois personnes divines[4]Il faut également observer que certaines prières sont adressées directement au Fils, ce qui témoigne de la foi en son égalité avec le Père.. Il en est de même pour les autres oraisons de la messe (Secrète et Postcommunion). À la fin de la messe des catéchumènes, le Credo proclame la foi de l’Église dans le mystère trinitaire : « Je crois en un seul Dieu … le Père tout-puissant … et en son Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ … et en le Saint-Esprit, qui est Seigneur … ».
Les prières trinitaires
Passons à la messe des fidèles. À l’offertoire, apparaît la belle prière Suscipe sancta Trinitas (« Recevez, Trinité sainte »), qui exprime clairement que le Saint-Sacrifice de la messe est offert à Dieu tel qu’il est, c’est-à-dire un et trine. À partir du dimanche de la Trinité, et jusqu’au dernier dimanche après la Pentecôte, c’est la Préface de la Trinité qui est lue ou chantée à la messe dominicale. C’est donc environ 28 fois[5]Le nombre peut varier selon le nombre de dimanches entre la Pentecôte et le premier dimanche de l’Avent. que nous entendons cette Préface, qui est « essentiellement un résumé du Credo de Saint Athanase, « Quicumque vult »[6]NDA : les premiers mots du Credo en question, qui disent : « Quiconque veut [être sauvé] (…) »., qui est lui-même une des plus grandes confessions trinitaires de toute la tradition latine »[7]“(…) essentially a summary of the Athanasian Creed, “Quicumque vult,” which is itself one of the greatest Trinitarian confessions in the entire Latin tradition” – Kwasniewski Peter, … Continue reading. Le Canon de la messe se conclut sur la « petite élévation », à laquelle est jointe une prière de caractère trinitaire, qui proclame que par, avec et dans le Christ, sont au Père tout honneur et toute gloire, dans l’unité du Saint-Esprit.
Juste avant la bénédiction finale, qui invoque les trois Personnes divines, se trouve une autre belle prière adressée directement à la Trinité : Placeat tibi, sancta Trinitas, lui demandant d’agréer le sacrifice qui lui a été offert, et qu’il soit profitable au prêtre et à ceux pour qui il l’a offert.
Et encore…
La messe est remplie de symboles trinitaires. La Trinité est présente à tout moment durant l’offrande du saint sacrifice. Les nombreuses répétitions ternaires (Kyrie, Sanctus, Agnus…) en témoignent encore. Le Dernier évangile, s’il n’évoque pas le Saint-Esprit, affirme néanmoins et jusqu’au dernier moment l’unité et la distinction entre le Père et le Verbe, allusion au mystère de la Trinité.
Références[+]
↑1 | Dans le cadre de cet article, nous nous limiterons à la messe, laissant de côté les autres livres (Bréviaire, Rituel, etc.). |
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↑2 | Hors du temps de la Passion et des messes de Requiem, où la doxologie est omise. |
↑3 | Cf. Fiedrowicz Michael, The Traditional Mass. History, Form and Theology of the Classical Roman Rite, Angelico Press, Brooklyn, 2020, p. 85-86. |
↑4 | Il faut également observer que certaines prières sont adressées directement au Fils, ce qui témoigne de la foi en son égalité avec le Père. |
↑5 | Le nombre peut varier selon le nombre de dimanches entre la Pentecôte et le premier dimanche de l’Avent. |
↑6 | NDA : les premiers mots du Credo en question, qui disent : « Quiconque veut [être sauvé] (…) ». |
↑7 | “(…) essentially a summary of the Athanasian Creed, “Quicumque vult,” which is itself one of the greatest Trinitarian confessions in the entire Latin tradition” – Kwasniewski Peter, Offspring of Arius in the Holy of Holies: Recent False Claims about the Roman Rite, en ligne sur New Liturgical Movement (28 novembre 2022). |