Après les premières supplications et louanges divines, le prêtre rassemble la prière du peuple et la présente à Dieu, avant de proclamer la parole divine qui instruit les fidèles.
Ces articles sont extraits d’une série plus large publiée par le père Emmanuel-Marie André, du Mesnil-Saint-Loup, dans le Bulletin de Notre-Dame de la Sainte Espérance (numéros de mars 1880 à février 1881).
Retrouvez ici tous les articles de la série (sept commentaires de la liturgie de la messe).
La prière du prêtre
À ces chants préparatoires succède la prière du prêtre, prière solennelle prononcée au nom de toute l’assemblée. Les chants ont fait naître dans les âmes un élan vers Dieu qui se traduit par des prières ; le prêtre, représentant du peuple auprès de Dieu, recueille, résume toutes ces prières sous une même formule, pour les offrir à Dieu.
Il commence par entrer en communion avec Notre Seigneur, en baisant l’autel ; il entre ensuite en communion avec l’assemblée par le Dominus vobiscum ; et c’est alors seulement qu’il prie.
Cette prière a généralement pour objet de demander à Dieu une abondante effusion de ses grâces, afin que tous les cœurs soient convenablement disposés pour l’action du sacrifice.
L’enseignement du peuple
Ensuite, a lieu l’instruction du peuple qui commence à l’autel par le chant de l’épître et de l’évangile, et qui s’achève dans la chaire par l’allocution du prêtre.
La coexistence de l’autel et de la chaire de vérité au milieu de nos églises est digne de fixer notre attention. Mille fois heureux, suivant saint Paul, de posséder un autel, nous ne le sommes pas moins de posséder une chaire de vérité qui en soit inséparable.
On voyait, dans le sanctuaire du temple de Jérusalem, le chandelier d’or à sept branches, à côté de la table des pains de proposition. Ce chandelier était le symbole de la doctrine évangélique, la table des pains représentait la table eucharistique ; leur rapprochement figurait la réunion dans un même lieu de l’enseignement doctrinal et du sacrifice public. Mais, chose étrange ! les Juifs, qui réunissaient symboliquement les deux choses, les séparaient en réalité. Ils célébraient leurs sacrifices dans l’unique temple de Jérusalem, et ils donnaient l’enseignement doctrinal dans les synagogues répandues en divers lieux : de manière que, chez eux, l’instruction du peuple se faisait en dehors de la célébration des mystères.
Il était réservé à l’Église catholique de rapprocher ces deux fonctions : elle commence par enseigner, puis elle célèbre le sacrifice. Ce sacrifice est le mystère de la foi, mysterium fidei : il demande à être enseigné, avant que d’être célébré ; et il n’est bien goûté que s’il a été bien compris.
En vain chercherait-on en dehors de l’Église une pareille harmonie : un coup d’œil sur l’état du monde nous en convainc. Il y a d’un côté les sociétés religieuses qui sont en opposition directe avec la foi, comme le judaïsme, le mahométisme, le protestantisme : ces sociétés ont un enseignement quelconque, et c’est tout ensemble une contrefaçon et une contradiction de la vérité catholique ; mais, comme nous l’avons déjà dit, elles n’ont ni autel, ni sacrifice. Il y a, d’un autre côté, les peuples idolâtres qui ont grandi en dehors de tout contact avec la foi : ils ont leurs sacrifices, mais vous ne trouverez chez eux aucun enseignement religieux, c’est la nuit complète, c’est la superstition abrutissante. C’est donc un privilège inaliénable de l’Église catholique de nous offrir en même temps et dans le même lieu un enseignement et un sacrifice, l’enseignement de la vérité et le sacrifice de la charité ; à ce trait, nous reconnaissons aisément qu’elle est divine.
Nous ne sommes plus au temps où les prêtres païens, formés en caste, gardaient par-devers eux le secret des mystères qu’ils célébraient, et, s’ils possédaient quelque vérité, la retenaient injustement captive. Notre Seigneur a déclaré qu’il n’avait jamais parlé en cachette, in occulto locutus sum nihil. Sa doctrine est une doctrine publique. Et les apôtres ont reçu l’ordre de la tenir publique. Si même Notre Seigneur leur a dit quelque chose à l’oreille, il faut qu’ils le prêchent sur les toits. Ainsi, du côté des prêtres, y a-t-il un ordre formel de prêcher les mystères de la foi qu’ils célèbrent à l’autel ; et, du côté des fidèles, il y a obligation de s’instruire des mêmes mystères.
N’est-ce pas le cas de s’écrier comme saint Léon : reconnais, ô chrétien, ta dignité ! tu es fait pour comprendre ce que tu adores ; et c’est en cela que consiste ta liberté !
L’enseignement de l’Église est d’ailleurs admirablement gradué. Tout d’abord dans l’épître, c’est la voix d’un prophète ou d’un apôtre qui retentit ; puis, dans l’évangile, c’est la voix même de Notre Seigneur. Ceci constitue l’enseignement écrit de l’Église. Mais à côté de l’enseignement écrit, il y a l’enseignement parlé. La voix du prêtre s’élève, organe de la tradition de l’Église ; il est chargé d’expliquer au peuple la lettre des Écritures, d’en fixer le sens avec autorité, d’en proportionner les lumières à la capacité de ses auditeurs. Par lui, la lettre morte devient une lettre vivante ; il fait pénétrer la vérité peu à peu dans les esprits, et les anime à désirer de connaître toute vérité.
Cet enseignement est couronné, aux jours plus solennels, par le chant du Credo, qui est la grande affirmation de la foi du peuple chrétien ; et le prêtre l’entonne, parce que la foi est annoncée au monde par ses lèvres.
Retrouvez en un grand détail les gestes et paroles de cette partie de la messe avec la vidéo produite par la Fraternité Saint-Pierre pour l’apprentissage du rit traditionnel.