« La fête de l’Épiphanie est la suite du mystère de Noël ; mais elle se présente, sur le Cycle [de l’année liturgique], avec une grandeur qui lui est propre. Son nom, qui signifie Manifestation, indique assez qu’elle est destinée à honorer l’apparition d’un Dieu au milieu des hommes »[1]Dom Guéranger, Année liturgique. Temps de Noël (t. 2), Tours, Mame, 1920, p. 85..
En particulier, la fête met sous nos yeux la manifestation du Christ aux païens, représentés par les mages. Mais que sait-on de ceux-ci ? Nous souhaitons brièvement indiquer ici quelles sont les données scripturaires.
Qui étaient les mages ?
« (…) des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem » (Mt 2, 1). Le terme grec « magos » désigne dans la littérature antique une caste sacerdotale qui s’occupait d’astrologie. Mais ce mot n’a pas bonne presse dans la Sainte Écriture. Il désigne les devins de la cour de Nabuchodonosor, incapables d’interpréter le songe du roi (Dn 2, 2 et suivants) ; le terme est également employé dans le Nouveau Testament pour désigner des sorciers peu recommandables (Simon, Ac 8, 9 ; Elymas, Ac 13, 6.8). Mais chez saint Matthieu, le terme est honorifique, désignant des astronomes étrangers respectés[2]Pour ce paragraphe, cf. L. Pirot et A. Clamer (dir.), La Sainte Bible, t. 9 : Évangiles de S. Matthieu et de S. Marc, Paris, Letouzey et Ané, 1946, p. 12..
Ces mages étaient-ils des rois ? D’après saint Matthieu, il semble que non. Car l’évangéliste est prompt à montrer la réalisation des prophéties de l’Ancien Testament. Si les mages avaient été des rois, l’Apôtre aurait certainement rappelé la prophétie du Psaume 71, 10[3]« Les rois de Tharsis et des îles paieront des tributs ; les rois de Saba et de Méroé offriront des présents »..
D’où venaient les mages ? Certains Pères ont pensé qu’ils venaient de Perse ou de Chaldée ; Justin, Origène et Épiphane quant à eux parlent de l’Arabie. Cette hypothèse est confortée d’abord par le fait que le terme « Orient », dans la géographie palestinienne, désigne l’Arabie ; ensuite, par les cadeaux apportés par les mages, qui sont des présents des régions d’Arabie[4]Cf. Pirot-Clamer [cf. note 2], p. 13..
Combien y avait-il de mages ? L’Évangile indique seulement qu’il y en avait plusieurs, par l’emploi du pluriel « magoi ». La tradition de l’Église latine tient qu’ils étaient trois, à cause du nombre de présents offerts. Quant à leurs noms communément attribués (Gaspar, Melchior et Balthazar), on les retrouve certes dans des œuvres attribuées à Bède le Vénérable[5]Idem, mais en tout cas pas dans le texte évangélique.
Où les mena l’étoile ?
Où ont-ils trouvé l’enfant et sa mère ? L’Évangile indique qu’ils sont « entrés dans la maison » (Mt 2, 11). S’agit-il d’un euphémisme pour désigner l’étable de la Nativité ? Mais le mot employé par l’évangéliste désigne bien une maison. « N’est-il pas naturel aussi, que saint Joseph se soit mis tout de suite en quête d’une demeure moins indigne des précieux dépôts dont il avait la garde ? (…) Puisque la mère devait séjourner à Bethléem au moins quarante jours, avant la purification légale, on ne pouvait rester dans cette situation précaire », c’est-à-dire, dans l’étable.
Quelle était leur vie intérieure ?
Que peut-on dire de la vie intérieure des mages ? D’abord, qu’ils étaient attentifs aux signes de Dieu, car à peine ont-ils vu l’étoile se lever en Orient, qu’ils y reconnaissent le signe du Messie nouveau-né. Ensuite, nous pouvons dire qu’ils avaient du zèle à venir honorer ce nouveau Roi, puisqu’ils entreprennent leur long voyage pour venir adorer le Roi nouveau-né, sans se laisser arrêter par les difficultés et les périls de l’entreprise. On pourrait dire également qu’ils semblaient « confiants à l’extrême, et naïfs à souhait, puisqu’ils disent au premier venu l’objet de leur visite ». Avec Saint Jean Chrysostome, nous pourrions plutôt dire qu’ils étaient plein de courage, ne craignant « ni la colère du peuple ni la tyrannie du roi ». Il semble qu’on puisse dire que les mages étaient bienveillants, puisqu’ils ne semblent pas soupçonner de mauvaise intention de la part d’Hérode. On peut également dire qu’ils avaient une grande foi, puisque, voyant un enfant, ils l’adorent comme Dieu. Enfin, nous pouvons observer que les mages étaient attentifs à réaliser la volonté de Dieu, car ils obéissent à l’avertissement divin reçu pendant leur sommeil, de ne pas retourner auprès d’Hérode, et de rentrer par un autre chemin.
Références[+]
↑1 | Dom Guéranger, Année liturgique. Temps de Noël (t. 2), Tours, Mame, 1920, p. 85. |
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↑2 | Pour ce paragraphe, cf. L. Pirot et A. Clamer (dir.), La Sainte Bible, t. 9 : Évangiles de S. Matthieu et de S. Marc, Paris, Letouzey et Ané, 1946, p. 12. |
↑3 | « Les rois de Tharsis et des îles paieront des tributs ; les rois de Saba et de Méroé offriront des présents ». |
↑4 | Cf. Pirot-Clamer [cf. note 2], p. 13. |
↑5 | Idem |