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Action de grâces et renvoi. Le sacrifice eucharistique 7 sur 7

Après la sainte communion s’élèvent des chants de juste action de grâces pour les bienfaits reçus dans le sacrifice, prélude au renvoi des fidèles, qui s’en vont en mission, emplis de la joie du salut.

Ces articles sont extraits d’une série plus large publiée par le père Emmanuel-Marie André, du Mesnil-Saint-Loup, dans le Bulletin de Notre-Dame de la Sainte Espérance (numéros de mars 1880 à février 1881).

Retrouvez ici tous les articles de la série (sept commentaires de la liturgie de la messe).

L’action de grâces

Après la communion, retentissent les chants de l’action de grâces. C’est justice. Ceux qui seraient ingrats, dit saint Denis, sont indignes de participer aux mystères célestes.

Ces chants sont le plus souvent composés d’admirables traits des psaumes concernant la nourriture divine qui a été distribuée. « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux : Bienheureux l’homme qui espère en lui. » – « La terre est rassasiée, Seigneur, par les effets de votre puissance ; vous faites sortir le pain de la terre, et le vin réjouit le cœur de l’homme. » D’autres fois, c’est un passage des Évangiles ou des livres sapientiaux qui jette une lumière sur le mystère, et qui s’adapte à la joie des âmes.

Les chants amènent la prière. Le prêtre se fait l’écho des joies et des désirs de toute l’assemblée dans l’oraison nommée la postcommunion. Elle a toujours pour objet de demander à Dieu que la sainte eucharistie produise pleinement ses fruits dans l’âme des fidèles. C’est dans ces admirables prières que se révèle la pensée de l’Église sur les effets d’une bonne communion.

Nous y apprenons que la sainte eucharistie est la réparation de l’âme et du corps, qu’elle fait avancer journellement l’ouvrage de notre salut ; qu’elle nous purifie de nos secrètes souillures, et nous délivre des embûches de nos ennemis ; que, par une grâce médicinale, elle nous guérit de nos instincts dépravés, et imprime à notre volonté un mouvement de rectitude ; qu’après nous avoir appliqué une vertu purifiante, elle fait en nous une œuvre d’unité ; qu’elle insère en nous un principe de vie nouvelle et toute céleste, qui doit prévenir par son action les mouvements de la vie naturelle ; que du présent elle s’étend à l’avenir, en ce qu’elle dépose dans l’homme tout entier les germes précieux d’une heureuse immortalité ; qu’elle opère même, sous le voile sacramentel, des effets analogues à ceux qu’opèrera la vision divine. Toute cette belle doctrine, si riche des trésors de l’amour divin, se trouve contenue dans les postcommunions des dimanches après la Pentecôte : nous y renvoyons nos lecteurs.

Ajoutons que ces grands biens se produisent infailliblement dans l’âme qui communie dignement, mais non pas toutefois tout d’un coup, parce qu’un seul acte ne crée pas une habitude ou un état. Il faut donc communier souvent, mais surtout communier bien.

Le renvoi de l’assemblée

La messe se termine par le renvoi de l’assemblée, et la bénédiction du célébrant.

Ce renvoi solennel formulé par l’Ite missa est[1]Les mots Ite missa est ne doivent pas se traduire : Allez, la messe est dite, mais : Allez, c’est le renvoi. Missa est le même mot que missio., convient à la dignité des sacrés mystères. L’Église a convoqué ses enfants ; ils restent pieusement réunis sous ses yeux, jusqu’à ce qu’elle les congédie.

Le renvoi du peuple fidèle fait entendre qu’il n’est pas permis de sortir sans le congé de l’Église, qui ne renvoie ses enfants qu’après les avoir remplis de vénération pour la majesté des mystères, et des grâces qui en accompagnent la réception, de sorte qu’ils s’en retournent à leurs occupations ordinaires, se souvenant que l’Église, qui les y a envoyés, les avertit par ce moyen de les faire avec la religion que mérite leur vocation, et l’esprit dont ils sont pleins. (Bossuet)

Il n’y a donc rien de plus vénérable que cette parole de l’Église, chantée par le prêtre : Allez, je vous congédie ! Les païens prononçaient le renvoi dans des termes équivalents : Vous pouvez sortir du temple, criait à haute voix un sacrificateur, Ire licet ex templo. Le renvoi solennel est une mesure de bon ordre qui a été employée de tout temps.

Il est même probable que c’est le renvoi (missio, missa) qui a donné son nom à la messe. « C’est le peuple, dit Bossuet, qui donne les noms, et il les donne par ce qui frappe davantage. » Or, avant l’offertoire, il y avait un triple renvoi intimé hautement par un diacre aux catéchumènes, aux énergumènes, et aux pénitents[2]Dans la discipline de la primitive Église, ceux qui se préparaient au baptême (les catéchumènes – pour éviter de profaner le mystère), ceux qui étaient possédés du démon (les … Continue reading : enfin le sacrifice s’est toujours conclu par un renvoi général. On comprend que ces renvois multipliés aient assez frappé les oreilles et les yeux du peuple, pour qu’il ait étendu au sacrifice lui-même le nom de messe qui signifie renvoi.

La bénédiction et le dernier évangile

Toutefois, le renvoi étant prononcé, les assistants ne sortent qu’après avoir reçu la bénédiction du prêtre qui officie. Cérémonie vraiment touchante, et qui est bien intimement dans l’esprit de l’Église !

Ne rendez pas la malédiction pour la malédiction, mais plutôt bénissez : car vous êtes appelés à recevoir en héritage la bénédiction. (1 P 3, 9)

Comment l’Église pourrait-elle donc renvoyer ses enfants sans les bénir, alors qu’ils sont tout pleins de Jésus-Christ ? Cette bénédiction d’une mère est comme le sceau placé sur les trésors de grâce, que l’âme fidèle remporte du saint sacrifice.

Autrefois la messe était absolument terminée par cette bénédiction. Maintenant le prêtre lit l’Évangile de saint Jean, qui a été amené là par la dévotion du peuple. Comme cet Évangile se dit tout bas, la bénédiction solennelle n’en reste pas moins la conclusion définitive de l’acte liturgique par excellence qu’on nomme la sainte messe.

Retrouvez en un grand détail les gestes et paroles de cette partie de la messe avec la vidéo produite par la Fraternité Saint-Pierre pour l’apprentissage du rit traditionnel.

Références

Références
1 Les mots Ite missa est ne doivent pas se traduire : Allez, la messe est dite, mais : Allez, c’est le renvoi. Missa est le même mot que missio.
2 Dans la discipline de la primitive Église, ceux qui se préparaient au baptême (les catéchumènes – pour éviter de profaner le mystère), ceux qui étaient possédés du démon (les énergumènes – pour éviter qu’ils ne troublent la cérémonie) et ceux qui étaient sous l’effet d’une pénitence publique (les pénitents – pour leur faire faire pénitence) ne devaient pas assister au saint sacrifice de la messe après l’offertoire. Ils assistaient seulement à la première partie de la messe, qu’on appelle à cause de cela la messe des catéchumènes.
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