Chemin de carême avec Claves.org : mercredi saint
En ce mercredi saint, nous lisons le troisième récit de la Passion, aujourd’hui celui de saint Luc. Mais auparavant l’Église nous donne à méditer deux passages du prophète Isaïe. Pas d’épître donc, comme habituellement, mais deux lectures tirées de l’Ancien Testament. Arrêtons-nous sur la deuxième lecture, Isaïe chapitre 53 versets 1 et suivants :
“En ces jours-là, Isaïe dit : Qui a cru ce que nous avons entendu, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Il s’est élevé devant lui comme un frêle arbrisseau ; comme un rejeton gui sort d’une terre desséchée ; il n’avait ni forme ni beauté pour attirer nos regards, ni apparence pour exciter notre amour. Il était méprisé et abandonné des hommes, homme de douleurs et familier de la souffrance, comme un objet devant lequel on se voile la face ; en butte au mépris, nous n’en faisions aucun cas. Vraiment c’était nos maladies qu’il portait, et nos douleurs dont il s’était chargé ; et nous, nous le regardions comme un puni, frappé de Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos péchés, broyé à cause de nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun de nous suivait sa propre voie ; et le Seigneur a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous. On le maltraite, et lui se soumet et n’ouvre pas la bouche, semblable à l’agneau qu’on mène à la tuerie, et à la brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n’ouvre point la bouche.” (Is 53, 1-12)
Voici une des prophéties dite du serviteur souffrant, dans laquelle l’Église a toujours vu l’annonce du Messie, celui qui prendra sur lui les péchés du monde ployant sous poids de la souffrance. Comment ne pas reconnaître celui qui nous a rachetés en prenant sur lui la dette que nous avions contractée à l’égard de Dieu ? Il fallait qu’il fût vrai homme et vrai Dieu pour que justice soit rendue. En effet, c’est l’homme qui avait péché, c’était donc à l’homme de réparer. Mais l’offense étant faite à Dieu, seul Dieu pouvait, en toute justice, réparer.
Ce qui frappe dans ce récit, c’est que la victime se laisse faire et garde le silence. Alors même qu’elle est parfaitement innocente. Comment peut-elle garder le silence alors qu’elle est maltraitée injustement ? C’est en raison de son obéissance et que cette obéissance vient de son humilité. En effet, rappelons-nous, la faute originelle de nos premiers parents est une désobéissance à Dieu conséquence de leur orgueil. Jésus vient réparer cette désobéissance par son obéissance parfaite à la volonté de son Père et répond à l’orgueil de l’homme par sa parfaite humilité. Et l’humilité a pour conséquence le silence…
Ce silence sera celui de Jésus devant ses accusateurs en particulier devant Hérode. Devant le Sanhédrin ou Pilate il ne dira que quelques mots, non pour se justifier ou se défendre mais pour témoigner de la vérité et en particulier sur sa divinité (Sanhédrin) ou sur sa royauté (Pilate).
Mais comment Jésus a-t-il pu garder le silence devant tant d’accusations injustes ? Cela n’était possible que parce qu’il était parfaitement uni à son Père dans un dialogue intérieur ininterrompu et une obéissance parfaite.
Quelle leçon pour nous ! Comme il nous est difficile de garder le silence devant des accusations même vraies ! Alors quand elles sont fausses… on pousse des cris d’orfraie ! Comme nous cherchons toujours à nous justifier, même de notre péché ! Oh comme nous sommes loin de l’exemple que nous donne Jésus dans son procès inique !
À partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche, je vais garder le silence quand on me fera un reproche même s’il est injuste ! Enfin, comprenons que le silence avec les autres n’est possible que dans le dialogue intérieur avec Dieu, donc dans une vie intérieure riche, une vie d’oraison.