Chemin de carême avec Claves.org : mardi saint
Aujourd’hui l’Église nous fait lire le récit de la Passion selon saint Marc. Celui-ci est le disciple de saint Pierre et a donc écrit son Évangile à partir de la narration qu’il lui en a faite. Ainsi, lorsque saint Marc raconte ce reniement de Pierre, on peut imaginer combien ce récit devait être émouvant pour celui qui en fut l’auteur…
Saint Marc relate avec précision la trahison de Judas et le reniement de saint Pierre. Réfléchissons à ce qui s’est passé et prenons la mesure de ces événements ! Judas et Pierre ont été aimés d’un amour de prédilection par Jésus puisqu’il les a appelés à devenir apôtres, c’est-à-dire à partager sa vie, écouter son enseignement, être témoins de sa résurrection, et plus tard à l’annoncer par toute la terre. Ils sont pêcheurs (en tout cas Pierre) mais aussi pécheurs… Et ils vont nous le montrer…
Judas a le goût de l’argent et pour 30 deniers est prêt à vendre le Christ. Quelle bassesse, n’est-ce pas ? Voilà comment Judas répond à l’amour de son maître ! De plus il pervertit un signe : celui de l’amour, à savoir, le baiser. Le baiser, signe d’amour, devient le signe de la trahison. L’amour de l’argent pervertit le cœur en l’endurcissant, et une fois perverti tout devient possible : le démon a désormais un boulevard devant lui ! Saint Ignace de Loyola dit que l’amour des richesses est la première tentation, puis celle des honneurs, et le reste suit !
Saint Pierre quant à lui, dans sa fougue et son amour vrai et entier, assure Jésus qu’il ne l’abandonnera jamais, mais quand la situation tourne au vinaigre, la peur le saisit et il renie son maître ! Et pas une fois, mais trois !
Suis-je bien conscient que je ne vaux pas mieux que Judas et Pierre ? Que moi aussi je suis capable de toutes les trahisons et de tous les reniements ? De combien de petites trahisons et de petits reniements ai-je déjà été coupable devant Dieu ? S’il n’y a pas eu de trahison ou de reniement plus grands n’est-ce pas parce que la situation ne s’est pas présentée ? Ai-je bien en tête cette phrase de saint Paul aux Corinthiens : « ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » (1Co 10, 12), qui s’applique à moi en premier ?
Pourquoi me scandaliser de la chute des uns ou des autres ? Ne sont-ils pas pécheurs aussi, comme moi, et fragiles ? Ai-je un amour de la fidélité à mes engagements ? La fidélité aux petites choses est-elle importante pour moi car je sais qu’elle me permettra d’être fidèle aux grandes ? Est-ce que je demande à Dieu dans la prière la fidélité à Dieu, à mes engagements en particulier dans mon état de vie, célibat, consacré ou pas, vie sacerdotale ou religieuse, mariage ? De combien de petites ou peut-être grandes infidélités me suis-je rendu coupable ? Suis-je fidèle en amitié, au travail, à ma patrie ? Est-ce que je prie pour la fidélité de mes proches et en particulier de mes enfants en leur donnant le goût de la fidélité aux engagements en commençant par les petits ? Comme par exemple faire son lit le matin ?
Pour terminer, interrogeons-nous : quelle différence y-a-t-il entre Judas et Pierre ? Au début, il n’y a pas de différence : tous les deux ont été choisis par Jésus, et tous les deux ont gravement péché. Mais la différence vient ici : après le péché l’un est allé se pendre, l’autre a croisé le regard de Jésus. Le premier a gardé pour lui son péché et s’est condamné lui-même, l’autre s’est ouvert à la Miséricorde et a été sauvé ! Et moi, qui suis pécheur, que fais-je de mon péché ? Je le garde pour moi depuis des années car j’ai déserté le confessionnal ou n’y suis jamais allé, ou alors je vais jeter mon péché dans le brasier de la miséricorde au confessionnal ? Me suis-je confessé pendant ce carême ou ai-je fixé le jour et l’heure de ma confession ? N’oublions pas : la vraie victoire du démon n’est pas notre péché, c’est de ne pas profiter de la miséricorde ! Nous n’avons que deux choix possibles dans notre vie : celui de Judas ou celui de Pierre…