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Le petit caté pour les grands (épisodes 01 à 14)

Tous les épisodes en un clin d'oeil :

Ecouter : Episode 01 – Le petit caté pour les grands

Episode 01 : Introduction

Bienvenue dans le premier épisode du petit caté pour les grands. Ce parcours se déploiera sur un an, soit 40 séances, à raison d’un cours par semaine. Nous avons choisi un format bref (5 à 7 minutes) et adapté à tous, puisque notre petit caté s’adresse aux débutants et recommençants de la foi, mais pourra aussi aider les autres à revenir aux fondamentaux. Nous suivrons le plan très classique des grands catéchismes, depuis le Concile de Trente : ce qu’il faut croire (les douze articles du Credo), ce que Dieu nous donne pour revenir vers lui (les sept sacrements), ce que nous devons faire pour répondre à son appel (les dix commandements), comment nous nous unissons à lui (les sept demandes du Notre-Père). Puisque le format est court, chaque séance est prolongée par des propositions de lectures et de formation, qui puisent principalement dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique et celui du Concile de Trente, ainsi que dans la collection des Trois Blancheurs, éditée par la Fraternité Saint-Pierre. Toutes les références sont indiquées sur le site et l’application Claves, à la suite du texte écrit. Nous vous encourageons, semaine après semaine, à creuser ces différents thèmes auquel l’enseignement de base aura été une introduction. 

Qu’est-ce que la foi ? 

Puisque nous avons promis d’être brefs, commençons sans plus attendre. Avant d’entamer l’étude du “Je crois en Dieu” (Credo), demandons-nous ce qu’est la foi. 

Il peut y avoir une foi humaine : lorsque l’on croit quelque chose ou quelqu’un, sur la base d’un témoignage, au sujet de quelque chose dont nous n’avons pas l’évidence. C’est un acte de l’intelligence, qui adhère à la vérité d’une proposition, mais sous la motion de la volonté. Une qualité supérieure intervient cependant lorsqu’on en vient à la foi divine : “croire en Dieu” nous met en relation avec un objet qui dépasse totalement les possibilités de notre intelligence. La lumière de la raison naturelle ne suffit plus, il faut qu’elle soit surélevée de l’intérieur par Dieu pour voir ce que lui seul connaît, comme s’il nous munissait de lunettes rendant capable de voir dans une nouvelle dimension. 

C’est ainsi que l’on peut définir la foi comme “acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce”[1]Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIaIIae, q. 2, a. 9 ; Concile Vatican I : DS3010 ; Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°155.. Expliquons encore un instant cette définition de saint Thomas d’Aquin : c’est 1) l’intelligence qui adhère à la vérité de Dieu, mais 2) elle ne le fait pas d’elle-même, car l’objet n’est pas évident, elle est commandée par la volonté, qui 3) est mue de l’intérieur par Dieu, au moyen de la grâce.

Vous l’avez compris, la foi divine est absolument au-dessus de nos forces : elle ne peut s’acquérir à force de réflexion mais demeure une grâce, un don entièrement gratuit de Dieu, que vous avez reçu ou que vous recevrez au baptême, et qu’il vous appartient de protéger, de nourrir et de faire grandir. 

Le contenu et les motifs de la foi

Encore un regard sur la foi. La foi, disait magnifiquement le pape Benoît XVI est “la rencontre non pas avec une idée ou avec un projet de vie, mais avec une Personne vivante qui nous transforme en profondeur, en nous révélant notre véritable identité de fils de Dieu”[2]Benoît XVI, Audience du 17 octobre 2012.. “À l’origine du fait d’être chrétien, écrivait-il encore, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive”[3]Benoît XVI, Deus caritas est, 25 décembre 2005.. Et cependant cette rencontre s’accomplit par le biais d’un contenu, de vérités révélées par Dieu, enseignées et transmises par l’Eglise, qui nous aide à les comprendre. Dans la foi notre intelligence adhère à quelque chose, un contenu, ensemble de propositions appelées parfois des dogmes, qui mettent en langage humain les insondables vérités que Dieu même a voulu nous faire connaître de lui. 

Pourquoi croyons-nous ? Le vrai motif de la foi est encore Dieu : la foi c’est croire en Dieu, mais c’est aussi croire Dieu, croire ce que Dieu nous a révélé, parce qu’il nous l’a révélé et que si Dieu existe, alors il ne peut être qu’infiniment vrai et infiniment bon, et ne peut donc ni se tromper, ni nous tromper. 

Ajoutons cependant que l’adhésion de la foi est soutenue, du côté de la raison naturelle, par un certain nombre de motifs de crédibilité, des raisons de croire qui viennent soutenir – sans la remplacer – la certitude intellectuelle fondée sur la révélation divine. Nous y reviendrons, ce sont par exemple les démonstrations philosophiques de l’existence de Dieu et de ses attributs, les miracles et prophéties, les motifs tirés de l’histoire de l’Eglise et de la vie des saints, etc…

Les sources de la Révélation

Terminons en expliquant la notion de Révélation, à laquelle nous venons de faire référence. Révéler, c’est enlever le voile, montrer ce qui est caché : Dieu se révèle à nous en nous faisant connaître, par pure bonté gratuite, les secrets de son coeur et de sa vie, auxquels il veut nous faire participer. Pour se révéler, Dieu va jusqu’à adopter notre langage : il se rend accessible. Son message nous parvient par deux biais, que la théologie appelle la ou les sources de la Révélation. Il s’agit 1) de l’Ecriture Sainte, la Bible : tout ce qui a été mis par écrit, au long de l’histoire sainte (l’Ancien Testament) ou dans les années qui ont suivi la vie terrestre du Christ, et 2) de la Tradition : tout ce qui a été enseigné par Dieu, principalement à travers Jésus, Dieu fait homme, mais qui n’a pas été écrit, tout ce qui a été transmis oralement ou dans les pratiques de l’Eglise, par exemple dans sa prière liturgique. 

Conclusion

C’est donc à travers ces deux sources que nous avons accès à Dieu, moyennant la foi, vertu absolument surnaturelle, pur don de Dieu, par lequel nous adhérons à lui et pouvons dès ici-bas le connaître. Cette connaissance qui ne va pas sur terre sans une certaine obscurité s’épanouira au Ciel dans le face à face béatifiant, la vision directe de Dieu, qui nous donnera de le voir tel que lui-même se voit, et ainsi de participer à sa vie éternelle et incessante d’amour. 

Nous espérons que ce petit caté qui commence aujourd’hui sera une étape sur ce chemin de sanctification et de charité, et vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. 

Pour aller plus loin

Dans la Bible : 



Ecouter : Episode 02 – Le petit caté pour les grands

Episode 02 : “Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre”

Le Credo

Nous nous retrouvons aujourd’hui autour du premier article du Credo, cette grande formule qui résume la foi depuis l’époque apostolique. Il en existe au moins deux versions. Le Credo de Nicée-Constantinople, la forme développée que nous récitons à la messe les dimanches et jours de grande fête, contient de nombreuses précisions ajoutées au IVème siècle dans les conciles de Nicée et de Constantinople, notamment contre des hérétiques – les Ariens – qui rejetaient la divinité du Christ. La forme plus courte, dont nous partons ici, est appelée “symbole des apôtres” : “symbole” du grec  symbolon, terme qui désignait un mot de passe ou un objet utilisé comme signe de reconnaissance. Le Credo est ce mot de passe ou ce signe de reconnaissance des Chrétiens, que nous découvrons ensemble. 

“Je crois en Dieu”

Premier article : “je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre”. 

Pour être sauvé, nous dit l’épitre aux Hébreux, il faut croire que Dieu est, et qu’il est rémunérateur. Croire que Dieu est, croire en l’existence de Dieu, c’est un préambule de la foi, un présupposé dont saint Thomas d’Aquin, le Concile de Vatican I et le Catéchisme nous disent qu’il peut être atteint par tout homme, au moyen de sa raison. 

“Ils sont inconsistants, tous ces gens qui restent dans l’ignorance de Dieu : à partir de ce qu’ils voient de bon, ils n’ont pas été capables de connaître Celui qui est ; en examinant ses œuvres, ils n’ont pas reconnu l’Artisan”[4]Sg 13, 1 dit le livre de la Sagesse. Et saint Paul ajoute : “Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité”[5]Rm 1, 20.

Comment la raison humaine peut-elle parvenir à l’existence de Dieu ? Malgré ce qu’espèrent parfois certains, ce n’est pas et ce ne pourra pas être par les sciences expérimentales (mathématiques, physiques, astrophysique, chimie, biologie), car elles ne connaissent que la matière, et Dieu est pur esprit. En fait, ces sciences ne peuvent ni prouver ni exclure l’existence de Dieu : il n’entre simplement pas dans leur champ. 

La démonstration de saint Thomas d’Aquin

En revanche, et c’est là qu’intervient saint Thomas d’Aquin, qui continue le travail du grec Aristote, la reine des sciences, la philosophie, peut nous mener jusqu’au seuil de la théologie, à la certitude de l’existence de Dieu. Il en fait la preuve en proposant cinq chemins différents pour y parvenir, les fameuses cinq voies, comme une introduction de sa Somme Théologique. Sans entrer dans le détail, on peut retenir qu’il y montre que l’on peut remonter, à partir du constat du mouvement qui anime les éléments du monde, à l’existence nécessaire d’un moteur qui leur donne ce dynamisme, et ultimement d’un moteur qui ne soit pas lui-même en mouvement, sans quoi on postulerait une chaîne infinie, une impossibilité rationnelle. Ce premier moteur immobile de l’univers, qu’Aristote avait déjà envisagé, saint Thomas l’appelle Dieu. Dans la cinquième voie, il part du constat de la finalité qui dirige les divers éléments de l’univers vers leur but, bien que ceux-ci, sans intelligence, soient incapables de se donner à eux-mêmes cette orientation. Il faut nécessairement qu’ils y aient été dirigés, conclut-il, par une intelligence supérieure, suprême, que l’on peut appeler Dieu. Ce dernier argument n’est pas sans rappeler les descriptions de Dieu comme un “grand horloger” chez Voltaire ou les arguments dits téléologiques, de ceux pour qui l’extrême complexité de l’organisation de l’univers ne peut être attribuée au hasard, et dénonce donc nécessairement son Créateur. Le raisonnement de saint Thomas va plus loin cependant, il reste au plan philosophique et n’est pas tributaire des sciences expérimentales.

À ces chemins menant à l’existence de Dieu, saint Thomas ajoute ce que la philosophie peut en faire connaître : quelques attributs que l’homme peut déduire par le biais de raisonnements analogues. Il démontre ainsi la perfection de Dieu, sa simplicité, son éternité, mais aussi – retenons cette caractéristique importante – son unicité : si Dieu est l’Être absolument parfait, dit-il, il ne peut être qu’unique, car deux divinités hypothétiques ne pourraient se distinguer sans abandonner une part de leur perfection. 

“Créateur du Ciel et de la Terre”

Terminons cet épisode en parlant de la Création. La Bible se singularise, au milieu de tous les récits antiques et mythologiques, en décrivant un Dieu unique (en fait un Dieu au vrai sens du terme), créant absolument – à partir de rien – le tout de l’univers. Les magnifiques chapitres de la Genèse, qui racontent les origines de l’univers, de la terre et de l’homme, sont un trésor de théologie : ils sont bien sûr à lire en tant que tels, pour ce qu’ils sont, et sans y chercher ce qu’ils ne peuvent nous apporter. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas pour Dieu, il ne s’agissait pas pour les auteurs sacrés qui ont composé ces récits, de délivrer un exposé scientifique, de toute façon hors de portée de son auteur comme de ses destinataires, car qui – aujourd’hui même – pourrait comprendre les modalités de l’apparition de notre univers ? Non, les premiers chapitres de la Genèse racontent comment à commencé l’histoire d’amour de Dieu avec l’humanité. Tout ce qui y est raconté est vrai, bien sûr, puisque toute l’Ecriture est inspirée de Dieu et donc absolument indemne d’erreur, mais sous l’angle de la théologie et de l’histoire du salut. Retenons-en que Dieu seul a créé le monde, à partir de rien, par pure bonté, sans besoin, et qu’il a placé au sommet de l’univers visible un être singulier dans la formation duquel il est personnellement intervenu, car ce drôle d’animal, “bipède sans plumes” disait Platon, est le seul être corporel animé par une âme spirituelle, insufflée directement par le Créateur et à son image. Voilà l’essentiel ce qu’enseigne la Bible au sujet de la Création – essentiellement le “pourquoi” des choses – laissant ensuite aux scientifiques le soin de creuser le “comment” et de formuler des hypothèses et des théories, jusqu’à celles qui envisagent une évolution à l’intérieur ou même à l’extérieur des espèces végétales et animales. 

Concluons pour aujourd’hui en relevant que Dieu est Créateur de la Terre et du Ciel, de l’univers visible et invisible : il a voulu s’entourer aussi de créatures purement spirituelles, dont l’existence ne peut être purement prouvée par la raison humaine mais est révélée par l’Ecriture. Ce sont les anges, créés pour louer Dieu et contribuer au gouvernement du monde, dont certains ont malheureusement refusé cette magnifique mission de service. Mais ceci est une autre histoire, que nous aborderons au prochain épisode. 

Pour aller plus loin : 

Dans la Bible : 

Ecouter : Episode 03 – Le petit caté pour les grands

Episode 03 : “Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur”

L’entrée du mal dans la création : le péché

Nous avons vu le premier article du Credo qui affirme que Dieu a tout créé. Il faut garder à l’esprit que tout ce que Dieu a fait est forcément bon. Pourtant, aux être libres qui ont une volonté pour aimer et choisir, comme les anges ou les hommes, Dieu laisse un terrible pouvoir : celui de pouvoir utiliser cette liberté pour faire le bien ou le mal.
Et c’est ainsi que le mal est entré dans l’univers. Non pas par la volonté ou l’action de Dieu, ce qui est impossible, mais bien par la déviance de certaines de ses créatures.
Les premiers a avoir chuté, c’est-à-dire à s’être détournés de Dieu vers le mal par le péché, sont les anges. Le plus beau des anges s’appelait Lucifer. Par orgueil, il se rebella contre Dieu, préférant, de manière consciente, son propre malheur plutôt que de dépendre de Dieu.
Lucifer, désormais appelé Satan ou diable, se détourna de Dieu et entraina à sa suite un certain nombre d’anges, qui péchèrent eux aussi : ce sont les mauvais anges que nous appelons démons.
Ils haïssent Dieu et ce que Dieu à fait. Ils voudraient abîmer sa création, notamment ce que Dieu chérit le plus : l’homme.
Les hommes aussi ont été créés par Dieu. Dieu créa d’abord un homme, appelé Adam, et une femme, appelée Eve. Dieu les créa bons, comme tout ce qu’il fait. Bien plus même, il leur donna la grâce, c’est-à-dire une certaine amitié divine implantée dans leur âme, fondant ce que l’on appelle l’état d’innocence. En plus d’un certain nombre de dons, Dieu les plaça dans un jardin merveilleux, appelé paradis terrestre ou bien jardin d’Éden. Là, rien ne leur manquait, et ils ne connaissaient ni la mort, ni la maladie, ni même la peine ou la souffrance.
Pourtant, ils avaient eux aussi l’épreuve de la liberté : ils devaient choisir librement l’amour de Dieu. Trompés par le démon, ils perdirent confiance en Dieu, et par orgueil voulurent devenir comme lui : être semblables à Dieu, par le pouvoir de leur propre volonté.
Cette rébellion les séparait de facto de Dieu pour toujours : c’est ce qu’on appelle le péché originel, cette offense faite à Dieu à l’origine.
Leur péché eut des conséquences terribles : en effet Adam, en tant que père de tous les homme agissait comme chef de toute l’humanité. C’est-à-dire que ses décisions engageaient toute sa descendance. Concrètement, depuis, tous les hommes sont impactés par ce péché originel et se le transmettent de génération en génération.
Adam et le reste des hommes avaient perdu l’amitié de Dieu, la possibilité de se convertir, le ciel avait été fermé et les hommes ne pouvaient plus y aller. Même la nature était détraquée, abimée dirons-nous, et chaque homme nait avec une « tâche » dans son âme qui qui l’incline au mal.  Inclination parfois appelée “concupiscence”. De plus, les hommes recevaient comme peine du péché : la mort et la souffrance, dont ils avaient été préservés par cadeau.

Dieu sauve

Mais Dieu, dans sa grande bonté, ne voulait pas en rester là. Loin de se faire vaincre par le mal, il ne permet un mal que parce qu’il va en tirer un plus grand bien. Ce plus grand bien, c’est la venue de son Fils, Jésus, notre Seigneur. Jésus, dont le nom veut dire : Dieu sauve.
Bien qu’il n’y soit pas obligé, Dieu décide de sauver les hommes. C’est le salut que nous apporte Jésus. Ce salut, il va le mériter lui-même.
Dieu sauve et rachète les homme par la venue de son Fils sur la terre, et sa mort sur la croix. Cette venue sur la terre, nous l’appelons l’Incarnation, ce qui veut littéralement dire “le fait de prendre un corps de chair”.
Avant de préciser plus le sens de l’Incarnation, cherchons à comprendre ce que veut dire que Jésus est le Fils de Dieu.
Nous entrons ainsi dans le mystère de la sainte Trinité.
Il n’y a, et il n’y aura, qu’un seul Dieu, qui ne peut ni se diviser, ni se multiplier. Mais au sein de cet unique Dieu, plusieurs personnes existent dans l’unique être de Dieu : le Père, le Fils, et le Saint-Esprit.
Le Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint Esprit est Dieu. Et Dieu est à la fois le Père, le Fils et le Saint Esprit. Ces personnes ont tout en commun exceptées les relations qu’elles ont entre elles, comme la relation du Père au Fils par exemple.
Il n’y a pas trois Dieu, mais un seul Dieu en trois personnes.
Jésus est le Fils, il est Dieu. Saint Jean l’appelle aussi le “Verbe” (la Parole). Il existe depuis toujours, avant la création, il est l’égal du Père, tout comme le Saint Esprit. Il ne faudrait pas s’imaginer qu’il y ait une hiérarchie dans la Trinité, ou qu’une personne, le Fils par exemple, commencerait à exister par sa venue sur la terre. Il existait avant les siècles. Il est Dieu, totalement et dans l’éternité.
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu » disait saint Jean[6]Jn 1, 1.. Et il ajoute : « et le Verbe s’est fait chair »[7]Jn 1, 14.. C’est le mystère de l’Incarnation. La seconde personne de la Trinité, le Fils, et lui seul, a revêtu notre humanité : il est devenu homme, c’est Jésus. Il ne cesse pas d’être Dieu, mais en plus de sa nature divine, il reçoit la nature humaine, avec un corps humain, une âme humaine. Et tout ceci, divinité, âme humaine et corps humain existe en même temps dans la personne du Fils de Dieu, Jésus.
Pourquoi donc le fils de Dieu s’est-il fait homme ? Pour nous sauver. Il vient sur la terre, à la fois comme Dieu et comme homme, pour racheter nos fautes par le sacrifice de sa vie, et pour nous donner la vie éternelle.
Comment est-il devenu homme ? nous le verrons au prochain épisode.

Dans la Bible : 

Ecouter : Episode 04 – Le petit caté pour les grands

Episode 04 : “Qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie”

Nous allons voir aujourd’hui le troisième article du Symbole qui traite plus particulièrement du mystère de l’Incarnation. Ce troisième article s’énonce ainsi : qui (Notre-Seigneur) a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie.

Père, Fils et Saint-Esprit : vie trinitaire ad intra et ad extra

Nous avons vu dans les deux premiers articles, le Père, première personne de la Sainte Trinité, créateur du Ciel et de la Terre, puis le Fils, deuxième Personne de la Sainte Trinité, engendré de toute éternité par le Père, nous voyons maintenant le Saint-Esprit, troisième et dernière Personne de la Sainte Trinité, à qui est attribuée l’Incarnation.

Ce mot d’« attribution » est très important car dans les œuvres de la Sainte Trinité, nous distinguons celles dites ad intra, qui sont intérieures à la Sainte Trinité, et celles ad extra qui lui sont extérieures. Les premières concernent les relations des différentes Personnes entre elles au sein de la Saint Trinité : Le Père engendre le Fils, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils et le Fils dit le Père. Ces relations trinitaires sont comme la vie intime de la Sainte Trinité, elles sont considérées en elles-mêmes, indépendamment de toute relation extérieure. Les œuvres ad extra, quant à elles, concernent les relations de la Sainte Trinité, avec tout ce qui lui est extérieur, c’est-à-dire la Création. Sans rentrer dans les détails du mystère de la Sainte Trinité que nous verrons plus tard, dans les œuvres ad extra (entre la Sainte Trinité et la création), toutes les Personnes divines sont concernées ; rien n’est fait, en dehors de la sainte Trinité, sans que les trois Personnes divines n’y prennent part. La Création, œuvre extérieure à la Sainte Trinité, a été réalisée par les trois Personnes de la Sainte Trinité, le maintient dans l’être de chaque vivant est l’œuvre des trois Personnes de la Sainte Trinité, l’Incarnation, qui comporte une réalisation (formation d’un corps et création d’une âme) est l’œuvre des trois Personnes de la Sainte Trinité, à ce détail près que seule la deuxième Personne de la Sainte Trinité s’est incarnée. En effet, dans l’Incarnation il faut distinguer l’œuvre et l’union. L’œuvre « créatrice » est commune aux Trois, l’union des hypostases, c’est-à-dire des deux natures, humaine et divine, dans la Personne du Fils, est propre à la deuxième Personne de la Sainte Trinité.

Les attributions des œuvres ad extra de la Sainte Trinité

Le mot « attribution », comme je le disais plus haut a donc son importance. En effet, même si les œuvres ad extra sont communes aux trois Personnes, on les attribue à l’une ou l’autre des Personnes par manière de parler. C’est un usage qui s’est établi depuis longtemps et que l’on retrouve dans la Sainte Écriture. Au Père ont toujours été attribuées les œuvres de puissance – comme la Création – car c’est l’image que nous renvoie le mot père, au Fils ont été attribuées les œuvres de sagesse car il est la Parole, le Verbe Incarné, au Saint-Esprit les œuvres d’amour car il est l’Amour réciproque du Père et du Fils. Ces façons d’attribuer aident l’homme à faire sien un mystère qui le dépasse, à s’en approcher davantage par des concepts mieux connus de lui. Cependant, ce mystère de la Sainte Trinité reste profond et nous ne pourrons jamais le découvrir parfaitement ici-bas, même avec les lumières de la Foi.

“Conçu du Saint-Esprit”

 L’Incarnation, bien que commune aux Trois Personnes, a donc été attribuée, dans sa mise en œuvre, au Saint-Esprit car, comme toute conception, elle est le fruit d’un amour, ici de l’Amour de la Sainte Trinité pour les hommes.

Cette conception divine, si elle a donné naissance à une personne possédant la nature humaine, n’a rien de commun avec le mode humain de concevoir.

Tout d’abord, la conception de Notre-Seigneur s’est faite au moment exact où la sainte Vierge a consenti à la paroles de l’Ange Gabriel : « qu’il me soit fait selon votre Parole » (Lc 1, 38) . A ce moment-là, l’âme humaine du Christ fut immédiatement créée et unie à son corps, à la cellule embryonnaire, en même temps que la divinité s’unissait à l’âme et au corps. Son âme humaine, rationnelle reçut ainsi, dès le premier instant de sa conception, toute la plénitude de la divinité, avec l’abondance de ses dons.

Semblable à nous en tout, hormis le péché, né de la Vierge Marie

Il faut ajouter, même si cela va de soi, que la nature humaine du Christ ne fut pas souillée par le péché originel. Son corps venant de sa mère et sa mère en ayant été préservée (conception immaculée de Marie), Jésus fut préservé du Péché originel. Il ne connut (contrairement à ce que prétend Maria Valtorta[8]Voir les différents “récits” des tentations du Christ et les affirmations conjointes dans “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” et l’analyse de … Continue reading) aucune concupiscence, c’est-à-dire aucune inclination mauvaise au plaisir des sens, de l’argent ou du pouvoir. Son corps était parfaitement soumis à son âme et son âme à sa divinité. Une harmonie parfaite régnait entre son âme et son corps et entre sa nature humaine et sa nature divine.

De plus, Marie est restée vierge, avant, pendant et après la conception et la naissance. Aucun être humain n’est intervenu en dehors de la Sainte Trinité, de telle manière que Jésus avait bien une mère selon la chair puisque c’est de Marie, et de son patrimoine génétique, que son corps a été formé, mais n’a pas eu de père selon la chair puisque c’est Dieu seul qui a conçu. C’est pourquoi, lorsque l’on parle de saint Joseph, on dit qu’il est le père nourricier de Jésus et non son père biologique. En revanche, on pourra dire – et on devra dire – que Marie est vraiment “mère de Dieu” car elle est mère de Jésus qui possède la nature divine. C’est ce qu’on appelle la “communication des idiomes”. Un idiome est ce qui est propre à une nature (une caractéristique qui la désigne). La communication des idiomes est la possibilité d’attribuer à la personne du Christ ce qui est propre soit à la nature de Dieu, soit à la nature humaine. Marie étant mère de Jésus, Jésus étant vraiment Dieu, Marie est mère de Dieu.

Enfin, la virginité morale et physique de Marie est restée intacte aussi bien au moment de l’Incarnation, création du corps et de l’âme de Jésus, uni à la divinité, dans le sein de Marie, que lors de sa naissance. Les Pères de l’Eglise ont souvent utilisé l’image de la lumière qui traverse le verre sans le briser pour illustrer cette entrée dans le monde miraculeuse.

Le Sauveur donné par Marie

Ce mystère de l’incarnation est donc grand et est le fondement de notre Salut. Tel un nouvel Adam, Notre Seigneur est venu dans le monde pour libérer les hommes de la servitude du péché. Alors que le premier Adam avait entraîné dans sa chute l’ensemble de l’humanité, Jésus-Christ par sa naissance appelle tous les êtres humains à la vie de la grâce, lui l’auteur de la grâce. Marie est pour nous une nouvelle Eve qui, en devenant la mère du Sauveur, est devenu la mère de tous les hommes. Nous honorons et vénérons cet évènement historique de notre salut à chaque fois que nous récitons la salutation angélique : l’Ave Maria (“Je vous salue Marie”). Mais nous ne faisons pas qu’honorer la mère du Sauveur, nous demandons aussi son intercession, c’est-à-dire sa médiation entre nous et Dieu, médiation que Dieu lui-même n’a pas dédaigné en la choisissant comme mère du Sauveur.

Ayez donc une piété filiale envers Marie, notamment par la récitation du chapelet, car qui honore la mère honore le Fils et qui déshonore la mère déshonore le Fils.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 2. 

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 4. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 10

Charles Journet, Entretiens sur la Trinité

Saint Thomas d’Aquin : Somme théologique, IIIa Pars, qq. 1-35

Dans la Bible

Evangile selon saint Matthieu, chapitres 1 et 2.

Evangile selon Saint Luc, chapitres 1 et 2. 

Epître aux Galates, chapitre 4, versets 4-7.

Ecouter : Episode 05 – Le petit caté pour les grands

Épisode 05 : “Qui a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli”

Quatrième article du Credo : “A souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli”. 

De Pilate à Jésus : Évangiles et sources historiques

Certains sceptiques se sont longtemps gaussés de cette formule, car, disaient-ils, il n’existe nulle preuve historique de l’existence de Ponce Pilate. Tout ça jusqu’au jour où… l’on a retrouvé une, puis deux traces indéniables, dans une inscription antique d’une ville de Palestine, sur une coupe retrouvée près de Jérusalem, ou encore dans les œuvres de l’historien Tacite. Pilate a bien existé, mais surtout Jésus a bel et bien existé : les soi-disant “mythistes” qui remettent en cause l’historicité du Christ ne sont pris au sérieux par personne dans la communauté scientifique. Les traces historiques de Jésus – quoique relativement peu nombreuses, ce qui est bien normal pour un rabbi juif du fin fond de l’Empire Romain – se retrouvent chez les historiens Tacite, Suétone, chez Pline le Jeune, fonctionnaire de l’empereur Trajan ou encore chez Flavius Josèphe, grand chroniste juif du Ier siècle. Ce ne sont pas seulement les chrétiens qui témoignent de l’existence de Jésus, dont personne n’a raisonnablement douté jusqu’à certaines élucubrations nées de la philosophie des Lumières. Les sources les plus complètes sont naturellement les Évangiles, dont la haute fiabilité est attestée par le très grand nombre de manuscrits qui nous sont parvenus, transmettant avec une haute fidélité le texte des origines, dont tout indique qu’il a été rédigé par des témoins oculaires des événements, cherchant à faire un récit fidèle et historique de la vie du Christ. 

La vie publique du Christ

La vie publique de Jésus, commencée vers sa trentième année par le baptême reçu de son cousin Jean, dit le Baptiste, dans le Jourdain, dura près de trois ans. Menant une existence d’enseignant et de prédicateur itinérant, Jésus traversa plusieurs fois la Palestine, de Galilée en Judée, et les territoires voisins, annonçant la venue du Royaume de Dieu, appelant à la conversion, expulsant les démons et guérissant les malades. Les quatre Évangiles rapportent les événements de cette période : trois d’entre eux, appelés synoptiques, suivent grosso modo le même plan (saint Matthieu, saint Marc, saint Luc), tandis que le dernier présente d’autres événements avec un approfondissement théologique (saint Jean). Leurs récits sont une suite de faits et de discours de Jésus, qui s’exprime souvent par des images, les paraboles, destinées à rendre intelligibles aux plus simples les mystères insondables du Royaume. 

Les tensions avec le judaïsme établi

La prédication de Jésus, et surtout ses nombreux miracles, ne tardèrent pas à attirer l’attention, dans un petit pays comme la Palestine, et les autorités religieuses s’inquiétèrent rapidement de l’aura de ce jeune et original rabbi. Parmi les affirmations du Christ qu’ils ne pouvaient pas accepter, on trouve celles, de plus en plus insistantes, de sa divinité. “Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme, dit Jésus au paralytique, a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l’ordonne, prends ton brancard, et rentre chez toi”. Le “Fils de l’homme” : cette expression mystérieuse renvoie clairement à une prophétie de l’Ancien Testament (Dn 7, 14), très présente à l’esprit des Juifs, dans laquelle le prophète Daniel annonce le retour du Messie, le Sauveur envoyé par Dieu. Et en effet, Jésus se présente comme celui qui vient accomplir les annonces de l’Écriture Sainte, “Fils de l’homme”, “Fils de David”, “Messie”, “Saint de Dieu”. Au fur et à mesure qu’il enseigne et accomplit des miracles, il devient de plus en plus évident qu’il est lui-même Dieu fait homme, fils de Dieu : “en vérité, en vérité je vous le dis, avant qu’Abraham fut, dit-il aux Juifs, je suis” (Jn 8, 44). “Je suis”, en hébreu “Yahwé”, c’était s’attribuer tout simplement le nom divin, absolument sacré et imprononçable. Les autorités religieuses arguèrent de ces prétendus blasphèmes pour décider de condamner à mort ce charismatique rabbi, dont l’influence sur le peuple leur faisait une concurrence de plus en plus inquiétante. 

Jésus n’ignorait pas ce qui se tramait, au contraire il n’hésita pas à croiser le fer avec les représentant des Pharisiens, qui plaçaient la loi de Moïse au-dessus de tout, ou des Saducéens, qui profitaient du business du Temple. Il annonça même à plusieurs reprises à ses disciples ce qui l’attendait, reprenant les termes de l’Ancien Testament pour montrer comment s’accomplirait en lui la poignante prophétie du serviteur souffrant (Isaïe, chapitre 53). 

La Passion

Après avoir déjoué un à un les pièges tendus par ses adversaires, Jésus s’offrit lui-même en acceptant une passion et une mort dont il maîtrisa toutes les étapes, de la trahison de Judas jusqu’à l’horrible croix. “Ma vie, nul de la prend, c’est moi qui la donne”[9]Jn 10, 18. L’évangile de saint Jean nous montre Jésus régnant même au moment le plus dramatique, trônant et jugeant le monde depuis le gibet. 

Pourquoi Jésus est-il mort ? Sa passion librement acceptée et offerte au Père est un vrai sacrifice, accompli en tant qu’homme, pour le rachat de nos péchés, mais revêtu d’une valeur infinie, car offrande de la vie d’un Dieu. Elle remplit toutes les fonctions du sacrifice : acte d’adoration, d’action de grâces, de communion, d’expiation, de réparation. 

Saint Thomas d’Aquin s’est demandé si la passion et la mort de Jésus étaient nécessaires, si une autre voie de salut aurait été possible. Naturellement, dans l’absolu, Dieu aurait pu nous sauver autrement, dit-il, mais force est de constater et d’admirer dans la passion une convenance sublime : la preuve d’un amour infini et inimaginable, l’exemple parfait de cette obéissance que l’homme avait refusé par le péché, le motif pour lui d’une pureté toujours plus grande – “vous avez été rachetés à grand prix, dit saint Paul, glorifiez-donc Dieu dans votre corps”[10]1Co 6, 20.

Enfin concluons sur la véracité de la passion : puisqu’elle est le moyen admirable choisi par Dieu, la mort sacrificielle de Jésus sur la croix est un événement vrai et historique, le plus important de l’histoire du monde, parfaitement attesté par les sources citées tout à l’heure. Il est donc impensable et totalement irrationnel de prétendre que le Christ ne serait pas vraiment mort, où qu’on lui aurait substitué un sosie, comme le fait la tradition islamique, dont ce n’est pas la seule confusion, nous y reviendrons. 

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 2, article 4. 

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 5. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 13-18 et 21-23.

Charles Journet, Entretiens sur la Rédemption

Notre dossier : L’historicité de Jésus.

Notre dossier : éléments de dialogue islamo-chrétien

Une passion, quatre récits (notre article)

Dans la Bible

Evangile selon saint Matthieu, chapitres 26-27.

Evangile selon saint Marc, chapitres 14-15.

Evangile selon saint Luc, chapitres 22-23. 

Evangile selon saint Jean, chapitres 18-19.

Epître aux Philippiens, chapitre 2, versets 2-10.



Ecouter : Episode 06 – Le petit caté pour les grands

Episode 06 : “Est descendu aux Enfers, le troisième jour est ressuscité des morts”

Cinquième article du Credo : « Jésus est descendu aux enfers, et le troisième jour est ressuscité des morts. »

Après sa mort sur la croix le vendredi saint et sa mise au tombeau, qu’a fait Jésus ? Certes, son corps reposait dans le sépulcre, et la personne du Fils de Dieu gardait encore un lien avec ce corps.

Mais pour son âme ? Saint Paul nous le dit : « il était descendu [d’abord] dans les régions inférieures de la terre ?” (Ep 4, 9). Nous disons dans le Credo qu’il est descendu aux Enfers. Notez bien le pluriel. Qu’est-ce à dire ? Que Jésus est-il allé rejoindre le diable en enfer ? Pas du tout.

Expliquons. Dans la vie après la mort, nous distinguons deux destinations finales, et sans retour possible.

  • L’Enfer, avec les mauvais, les pécheurs non repentis, cet enfer où sont donc le diable, les démons et toutes les âmes damnées.
  • Puis, seconde destination : le Ciel, où Dieu est, parfaitement heureux, et où il partage ce même bonheur avec les bons anges, et les âmes des hommes qui ont reçu le salut.

Après la mort, nous irons forcement dans une de ces deux alternatives.

Mais, avant d’arriver au Ciel, nous pouvons aussi passer par une étape supplémentaire : les Enfers, au pluriel, et le Purgatoire.

Le Purgatoire concerne les âmes de tout ceux qui sont morts en “état de grâce”, c’est-à-dire avec dans leur âme la charité de Dieu, et donc sans aucun péché grave non pardonné, mais âmes qui gardaient malgré cette grâce quelques imperfections : par exemples des attaches aux péchés véniels, ou des peines dues à ces péchés. Au Purgatoire, elles finissent de se préparer, et de purger leur peine, afin d’être parfaites et sans tache en entrant dans le Ciel. Si le Purgatoire est dur, car nous pouvons y souffrir des peines pour nos péchés, il est cependant plein d’amour et d’espérance, car les âmes qui y sont aiment Dieu, et savent que le Ciel arrive. Leur attente ne fait que purifier ce désir de Dieu qu’elles vont recevoir.

Mais vous vous rappelez surement que le Ciel était fermé à cause du péché. Où donc étaient – avant la mort et la résurrection de Jésus – les âmes qui n’avaient plus besoin d’attendre au Purgatoire et qui devaient aller au Ciel, ces âmes des justes qui attendaient le Messie promis ? Elles étaient dans un endroit spécial, appelé parfois “Limbes des patriarches” ou encore “les Enfers”.

C’était un lieu d’attente du Messie, comme devant les portes closes du Ciel, où l’on attendait avec impatience que Jésus vienne les rouvrir.

Pendant le temps de sa mise au tombeau jusqu’à sa résurrection, l’âme de Jésus devait bien aller quelque part, et non pas errer sur la Terre. Et c’est dans ce lieu, appelé les Enfers que Jésus a attendu sa propre  résurrection, y apportant la joie par sa venue[11]C’est l’interprétation du Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°632..

Ainsi, on peut vraiment dire que Jésus est allé au “séjour des morts”, qu’il est descendu parmi les morts, mais en tant que Sauveur, y apportant la bonne nouvelle de sa victoire aux âmes qui y étaient détenues  et qui l’attendaient.

Puis, dans la nuit pascale, cette nuit du samedi saint au dimanche de Pâques, cette nuit où les juifs commémoraient leur libération de l’esclavage d’Egypte  et le salut par le passage de la Mer Rouge, Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité.

Ressuscité, littéralement cela veut dire : “il s’est relevé”. Son âme et son corps ont été réunis et la vie a repris son cours.

Une vie nouvelle cependant : une vie supérieure. Ce n’était pas comme les autres résurrections que Jésus avait déjà opérées, comme celle de Lazare par exemple. Lazare est ressuscité, mais une vie normale a repris jusqu’à sa mort. La vie de Jésus dans son corps de chair, après sa résurrection, est une vie du Ciel. 

On parle de corps glorieux : un corps qui n’est plus soumis à la mort et aux souffrances, un corps qui n’est plus soumis à la matière et au temps.

Mais un corps qui est réel cependant. Ce corps glorieux les apôtres ont pu le toucher, corps avec lequel Jésus a pu manger et boire. Ce n’était pas un pur esprit. C’est son vrai corps, même s’il est glorieux, ce n’est pas une réincarnation dans un autre corps, mais c’est le même corps avec lequel Jésus avait vécu. Et c’était le même corps avec lequel Jésus avait souffert sa Passion : il porte encore les traces du vendredi saint : la trace des clous et son coté transpercé, ces cinq plaies visibles.

Mais Jésus, dans son corps glorieux, ne  s’est pas montré à tous, mais a laissé la place à la foi.

Il s’est d’abord montré à sainte Marie Madeleine et aux saintes femmes, puis à Pierre et à Jean, puis aux onze apôtres. Au début, les apôtres, encore sous le choc de la mort de leur maître, peinent à croire. Ils parlent même de radotage pour le témoignage des sainte femmes. Jésus, leur fera le reproche de ne pas croire les premiers témoins qu’il s’est choisi ; car l’annonce de la résurrection, jusqu’à aujourd’hui, passe par la foi au témoignage de ceux qui ont vu le ressuscité. “Bienheureux ceux qui ont cru sans avoir vu” dira Jésus à saint Thomas l’incrédule.

Pour terminer, quel sens donner à la résurrection ?

 La résurrection de Jésus marque sa victoire définitive sur le péché et sur la mort.

Si le christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi [12]1Co 15, 14.

La résurrection est la clé dans laquelle doit se comprendre tout la vie de Jésus, sa Passion et son sacrifice, ainsi qui la promesse de la vie à venir. Elle est aussi l’accomplissement des promesses faites par Dieu dans l’Ancien Testament. Elle prouve aussi la vérité sur la divinité de Jésus, qui annonce cette résurrection, et qui se ressuscite lui-même.

 Elle montre encore que le vendredi saint c’est un sacrifice accepté par Dieu, sacrifice qui rend la vie de celui qui la donne, à commencer par Jésus lui-même donc.

Pour nous c’est surtout l’accès à la vie nouvelle, où nous sommes justifiés de nos péchés et admis comme enfants adoptifs de Dieu. Enfin, la résurrection de Jésus est la promesse de notre propre résurrection à la fin des temps, comme nous le proclamons à la fin du Credo. 

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 2, article 5 (nn°631-658). 

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 6. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 23.

Charles Journet, Entretiens sur les Fins dernières.

Louis-Marie de Blignières, Les fins dernières.

Dans la Bible

2è livre des Machabées, chapitre 12 (versets 38-46).

1ère Epitre aux Corinthiens, chapitre 1.

Epître aux Colossiens, chapitre 1.

1ère Epître de saint Pierre, chapitre 3.



Ecouter : Episode 07 – Le petit caté pour les grands

Episode 07 : “Est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout  puissant”

Sixième article du Credo : la montée au Ciel du Christ et sa session à la droite de son Père.

Le dogme de l’Ascension de Notre Seigneur au Ciel est l’un des plus attaqués par l’exégèse moderne. Le docteur Bart Ehrman, professeur d’études religieuses à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, et écrivain à succès outre Atlantique, le range parmi les mythes, le comparant à l’« ascension » de Romulus qui, selon la légende, serait monté au Ciel lors d’une revue de troupes près du marais de la Chèvre dans la région de Rome. Cette montée au ciel serait un effet d’art oratoire post évènement en vue de diviniser une personne après sa mort.

Réalité de l’Ascension du Seigneur

Notre foi n’est pas un mythe et l’épisode de la montée au Ciel du Christ est historique. Notre Seigneur n’avait pas besoin d’être divinisé par ses disciples après sa mort puisqu’il avait déjà prouvé sa divinité par ses nombreux miracles et la pureté de sa doctrine, toute divine. Le sens de l’Ascension n’est donc pas une divinisation du Christ, mais bien l’achèvement de sa mission terrestre et le début de sa mission céleste.

La session à la droite du Père

La session d’un prince sur un trône signifie le début de son règne, soit suite à une succession héréditaire, soit suite à une victoire miliaire. Le Christ siège sur son trône sous ces deux aspects, il règne par « droit de naissance » puisqu’il est le Fils de Dieu et par droit de conquête puisque par sa Résurrection il a vaincu la mort et le prince de la mort : Satan. Loin d’être une retraite céleste après un dur labeur terrestre, le Christ continue son œuvre de salut jusqu’à la fin des temps.

L’Ascension : point de départ d’un nouveau temps pour l’Église

Si Dieu, la Sainte Trinité, chacune des Personnes divines, n’ont cessé de gouverner le monde depuis sa Création, l’Incarnation, la Passion et la Résurrection ouvrent une nouvelle ère dans l’économie du Salut. à présent l’humanité du Christ participe à part entière aux prérogatives de Dieu dans la gouvernance du monde, mais avec ce nouveau prisme : la direction et l’achèvement de son Eglise. Toute la gouvernance du monde se fait à présent pour, par et dans l’Eglise. Il y a comme un changement de paradigme dans le cours de l’histoire et l’Ascension de Notre Seigneur en marque le point de départ. C’est bien l’Eglise qui est maintenant l’objet spécifié de l’œuvre du salut, le point de mire de toute l’histoire de l’humanité, et le Christ qui en est le fondateur en devient le gouvernant.

La fin de la mission terrestre du Christ n’est donc pas une perte mais un gain car il fait passer son Eglise dans une nouvelle dimension, moins sensible mais plus spirituelle. En effet, tant que Jésus demeurait parmi ses apôtres, son corps physique était comme un obstacle à la pleine adhésion à sa divinité. Les sentiments qu’éprouvaient les apôtres à son égard étaient encore trop humains. Il fallait que cet amour imparfait se perfectionne, se surnaturalise, qu’il passe non plus par la certitude des sens mais par la certitude de la foi. A présent, ses disciples devront croire dans sa divinité non pas en raison des miracles constatés par leurs sens, mais par la vertu de leur foi : « heureux ceux qui croient sans avoir vu ».

Préparation d’une nouvelle “mission”

Ce départ physique du Christ ne signe cependant pas la fin d’une présence divine auprès de la communauté chrétienne, il est plutôt une succession de Personnes divines. Si la deuxième Personne, dans son humanité, part, la troisième arrive de telle manière que l’Eglise ici-bas n’est jamais sans la présence « physique » d’une Personne divine. Après la Pentecôte, on peut presque dire, par mode de langage, qu’il existe une présence physique du Saint-Esprit dans l’Eglise, tellement son action est manifeste. C’est le sens de la Parole de Notre-Seigneur : « il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai »[13]Jn 16, 7.. On retrouve ici l’œuvre commune ad extra des Trois Personnes de la Sainte Trinité et leurs différentes appropriations (voir Episode 04) : le Christ est venu planter les graines du salut, c’est l’objet de son séjour terrestre, le Saint-Esprit en est comme l’engrais qui vivifie la croissance, et le Père la pluie de grâce nécessaire à toute forme de vie surnaturelle.

Notre avocat auprès du Père

Dans cette œuvre du salut, l’Ascension marque aussi la pleine intercession du Christ auprès de son Père pour les hommes. Les mérites du Christ étant achevés par sa mort et sa Résurrection, c’est auréolé d’une gloire sans égale et d’un prestige infini que le Christ rejoint son Père. Au ciel, il devient notre avocat, notre meilleur et unique intercesseur (les saints et saintes du Ciel intercèdent auprès du Christ qui intercède auprès du Père) : « Petits enfants, nous dit saint Jean, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste »[14]1Jn 2, 1.. L’avocat, c’est celui qui est chargé de suivre, d’instruire, discuter et plaider des affaires portées ou susceptibles d’être portées devant un juge. Or ici notre avocat est le Fils bien aimé du Père qui a toutes ses complaisances et le juge est notre Père adoptif, depuis notre baptême. Nulle plaidoirie eut jamais meilleure condition avant jugement.

Présence (sacramentelle) qui demeure

Enfin, si Notre Seigneur n’est plus présent physiquement parmi nous il demeure présent substantiellement par l’eucharistie sous les apparences du pain et du vin. Son corps, son âme et sa divinité sont réellement présent dans l’eucharistie, mais depuis l’Ascension c’est un régime de foi qui s’est ouvert et nous jouissons de sa présence non pas avec nos sens, mais avec notre âme.

L’Ascension dans notre vie 

L’Ascension est donc un évènement fondamental dans l’histoire du salut car elle marque la spiritualisation de notre amour, le purifiant de ce qu’il a de trop humain, elle nous assure une défense plus que favorable auprès de Notre Père du Ciel, elle nous assure aussi l’envoi de l’Esprit Saint consolateur dans notre éprouvante vie terrestre

Et enfin et surtout elle est notre plus grand motif d’Espérance car en tant que membre du corps du Christ, elle nous assure l’entrée au Ciel par coaptation des membres par la tête : « Mon Père, dit Jésus, Je veux que là ou Je suis, ceux que vous m’avez donnés soient avec moi »[15]Jn 17, 24..

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 2, article 6 (nn°659-667). 

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 7. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 25.

Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIIa Pars, q. 57.

Dans la Bible

Genèse, chapitre 5 (Ascension d’Enoch). 

2ème Livre des Rois, chapitre 2 (Ascension d’Elie)

Evangile selon saint Matthieu, chapitre 26. 

Evangile selon saint Marc, chapitre 16. 

Actes des Apôtres, chapitre 1. 

Epître aux Hébreux, chapitre 7 (24-28) et 9 (23-28).

Ecouter : Episode 08 – Le petit caté pour les grands

Episode 08 : “D’où il viendra juger les vivants et les morts”

Septième article du Credo : D’où il viendra juger les vivants et les morts

Par son Incarnation, Jésus s’est fait notre avocat, est devenu l’un des nôtres pour vivre avec nous et intercéder pour nous. Par sa passion il s’est fait notre Rédempteur, rachetant par son sacrifice infini l’immensité de nos péchés. Au dernier jour il reviendra dans la gloire pour être notre juge. Ce septième article du Credo nous permet de revenir aujourd’hui sur le thème des fins dernières, c’est à dire de ce qui se passe après la mort. 

Le catéchisme parle de deux jugements : d’abord le “jugement particulier”, individuel, concerne chaque homme au moment de sa mort, ensuite le “jugement général” rassemble toute la Création au dernier jour. Le jugement particulier a lieu au moment même où l’âme est séparée du corps dans la mort. Ce dernier va rester sur la terre et subir la loi matérielle de décomposition : il est cependant entouré par l’Eglise d’un grand respect, manifesté dans les rites des funérailles. Quant à l’âme, puisque c’était son union au corps qui lui permettait de connaître, de vouloir et d’agir – c’est le propre de l’âme humaine, qui est faite pour être unie à un corps -, elle perd dans la mort cette capacité d’exercer sa liberté, et se retrouve comme figée dans l’état atteint au terme de son existence terrestre. Dans la mort, l’âme ne peut donc plus choisir de faire le bien ou le mal, de faire quoi que ce soit en fait, elle n’est plus en état d’agir mais de recevoir. 

Et donc en revanche elle reçoit de Dieu – c’est le jugement particulier – la connaissance de sa vie, évaluée à l’aune de sa charité, et comprend qu’elle s’est orientée, par ses actions sur la terre, vers l’une ou l’autre destinée éternelle.Trois possibilités immédiates s’ouvrent à elle (nous y reviendrons à l’épisode 13) : 

  • Ceux qui ont vécu dans la charité tout au long de leur vie et l’ont laissé grandir en eux jusqu’à son plein épanouissement, qui se sont efforcé de faire le bien et éviter le mal, qui ont réparé autant que possible les conséquences de leurs fautes ; en bref ceux qui se sont efforcés en tout de vivre et de croître dans l’amitié de Dieu, entreront sans attendre en Paradis, le lieu d’un bonheur sans ennui et sans fin, puisqu’il est hors du temps, avec Marie, les anges et les saints, là où tous les désirs de nos coeurs seront comblés par la vision face à face de celui qui est le bien absolu et souverain : Dieu lui-même. 
  • En fait tous ceux qui ont conservé l’amitié divine malgré les difficultés, qui ne se sont pas laissés séparer de Dieu ou qui sont toujours revenus vers lui, entreront au Paradis. Mais ceux qui n’auraient pas réparé sur la terre toutes les conséquences de leurs fautes devront passer par un temps de purification, à la fois douloureux et empreint d’une certaine joie, puisqu’il ouvre directement sur le Ciel, qu’on appelle le Purgatoire. 
  • Enfin malheureusement, puisque Dieu qui nous a créés libres respecte trop notre liberté pour la forcer ou la contraindre, ceux qui ont choisi librement durant leur vie terrestre de refuser les appels divins, de se mettre au centre de tout en rejetant la foi et la charité, de suivre les désirs de la chair au mépris de la voix de l’Esprit, ceux-là ne seront pas contraints d’être dans l’éternité ce qu’ils n’ont pas voulu être ici-bas, des amis de Dieu. C’est le mauvais usage du trésor de leur liberté qui les orientera loin de Dieu, vers la damnation, l’Enfer. 

Cet état transitoire (pour le Purgatoire) ou éternel (pour le Ciel et l’Enfer), ne concernera d’abord que les âmes, séparées de leurs corps, demeurés quant à eux sur la terre ou l’Eglise continuera de rassembler les enfants de Dieu. Elle y connaît et y connaîtra de grandes épreuves, qui la feront ressembler de plus en plus à celui qui voulut être son époux, le Christ Jésus crucifié. L’épreuve finale qui ébranlera ou affermira définitivement la foi des croyants, face au dévoilement du mystère d’iniquité à l’oeuvre dans le monde par le péché, est décrite mystiquement par l’Apocalypse de saint Jean comme par certaines prophéties de l’Ancien Testament[16]Dn 7, 10 ; Jl 3-4 ; Ml 3, 19 et dans plusieurs discours de Jésus rapportés par les Evangiles[17]Lc 18, 8 ; Mt 24, 12.. À travers cette ultime “Pâque”, suivant le Christ dans la mort et la résurrection, l’Eglise entrera dans la gloire, à la fin des temps, lorsque le Seigneur Jésus reviendra pour le jugement général ou dernier. Il s’agira alors de faire connaître les actions de tous (hommes et anges) et leurs conséquences, de manifester ainsi la grandeur insondable et la magnificence du plan divin, déployé à travers toute notre histoire. Alors se révélera par exemple la mystérieuse bonté exercée par Dieu à travers la permission du mal, la sainteté paradoxale de son Eglise, signe de Dieu infaillible sur la terre malgré la présence en son sein de tant de pécheurs. Cette “parousie”, présence finale du Christ, ouvrira l’ère finale et éternelle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, où les âmes retrouveront leurs corps ressuscités, pour une éternité de joie dans le face-à-face avec Dieu ou malheureusement de désespoir librement choisi. 

Quand tout cela arrivera-t-il et quels seront les signes ? Cette question sur laquelle il a été largement spéculé au long des siècles se trouve déjà dans la bouche des Apôtres[18]Mt 24, 3.. Le Christ y répond de manière mystérieuse en annonçant de manière prophétique et en les entremêlant des événements de l’histoire proche (la chute de Jérusalem, détruite 40 ans plus tard par les Romains) et les signes annonciateurs de l’Apocalypse. En fait la réponse première est une invitation à la vigilance, car nous ne connaissons “ni le jour, ni l’heure”[19]Mt 25, 13., que “personne connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul”[20]Mt 24, 36.. Quant à la modalité du jugement, on entend parfois des descriptions très précises, affirmant que l’âme verrait le film de sa vie, ou qu’elle se sentirait appelée par une lumière, en présence de ses proches… Rien de tout cela n’est révélé ni enseigné par l’Eglise, mais il demeure comme le dit saint Jean de la Croix qu’“au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour”[21]Saint Jean de la Croix, Avis, n°57.

Plutôt que de nous laisser troubler par les faux prophètes et les bonimenteurs, méditons l’exemple des saints, qui ne craignaient pas la venue du dernier jour et l’avènement final du Christ. L’Apocalypse, c’est à dire le dévoilement final du plan de Dieu, ne doit pas être un objet de crainte mais de joie. Comme les saints nous devons vivre avec le regard déjà fixé en Dieu, animé par une charité brûlante qui commence dans notre coeur l’union de la vie éternelle. Demandons à leur image un grand désir du ciel, qui manque tant aux chrétiens de notre temps. 

Après avoir parlé de la vertu théologale de foi, disons donc un mot pour finir de sa petite soeur, l’espérance. L’espérance est cette vertu qui malgré la distance infinie qui nous en sépare, place notre confiance en Dieu, seul capable de nous donner le bonheur infini auquel nous aspirons, seul capable de combler le désir d’absolu qui est en nous. L’espérance purifie nos espoirs trop humains et les oriente vers Dieu, elle soutient dans les épreuves, préserve de l’égoïsme et conduit au bonheur de la charit​é. L’espérance chrétienne se manifeste en nous par une confiance inébranlable en Dieu et un vrai désir du Ciel. 

“Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin”[22]Jn 14, 1-4.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, nn°668-682 (parousie et jugement dernier), 1020-1065 (fins dernières) 1817-1821 (espérance)

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 8. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 20.

RP. Louis-Marie de Blignières, Les fins dernières, DMM.

Dans la Bible

Deuxième Livre des Machabées, chapitre 12.

Évangile selon saint Matthieu, chapitre 25. 

Ecouter : Episode 09 – Le petit caté pour les grands

Episode 09 : “Je crois au Saint-Esprit”

Il est bien difficile de saisir ce que nous disons lorsque nous parlons du Saint-Esprit. Revenons donc brièvement sur la Sainte Trinité.

Rappels trinitaires

Il faut le rappeler avec force, nous ne croyons qu’en un seul Dieu. Un seul Dieu en trois personnes. Il faut toujours garder en tête cette unité de Dieu. Il n’y a pas plusieurs dieux, ou même plusieurs choses en Dieu. Dieu n’a qu’une seule substance, qu’une seule nature, qu’une seule essence. Les trois personnes ont ces choses en commun, sans les multiplier. On dit ainsi qu’elles sont consubstantielles : elles n’ont qu’une substance.

Et il ne peut y avoir non plus de division en Dieu, de multiplication, cela irait contre son unicité.
Quelle place pour les trois personnes alors dans cette unité ? Sans ajouter de division en Dieu, de partie si vous voulez, les trois personnes se distinguent entre elles. On parle vraiment de distinction sans division. La seule chose qui distingue les personnes entre elles, sans ajouter de multiplicité en Dieu ou de séparation, cette seule chose consiste dans les relations que les personnes ont entre elles.

Expliquons : habituellement, on parle de relation pour désigner un rapport réciproque que deux êtres ont entre eux : par exemple la relation patron-employé, mère-fille, époux-épouse, ami-ami. Ce rapport ne change pas la personne en elle-même, ne change pas sa substance. Je ne change pas d’être parce que je me marie, ou que je suis employé.

C’est, analogiquement, la même chose en Dieu. Sans que cela change la substance de Dieu, il y des relations entre les personnes, qui permettent de les distinguer.

Par exemple la relation Père-Fils. Dieu le Père engendre Dieu le Fils. On le comprend entre les hommes, et c’est encore plus vrai en Dieu. Cet engendrement en Dieu se fait dans la même substance, à la différence des hommes, où l’engendrement amène à un nouvel être. Ici c’est une seconde personne dans la même substance. Et cette seconde personne est éternelle aussi. Engendrement dans la même substance, et de toute éternité : les trois personnes sont égales entre elle.

La relation Père-Fils permet en Dieu de distinguer deux personnes réellement et vraiment distinctes mais qui ont la même substance de Dieu. Et c’est la même chose pour le Saint-Esprit. Quelle relation a-t-il avec les deux autres Personnes ? Eh bien le lien entre Dieu le Père et Dieu le Fils est tellement fort qu’il constitue une relation à une troisième Personne, le Saint-Esprit.

“Il procède du Père et du Fils”

Et c’est la que s’introduit la douloureuse querelle avec les Orientaux au sujet du « filioque »[23]Qui ex Patre Filioque procedit” : “qui procède du père et du Fils” dans le Credo de Nicée-Constantinople chanté à la messe dominicale. que nous chantons dans le Credo de la messe. Le Saint-Esprit, proclamons-nous, procède du Père et du Fils. On dit que le Saint-Esprit procède du Père. C’est-à-dire qu’il reçoit sa substance divine de lui. Mais est-ce vraiment la même chose que pour le Fils ? Non, car sinon il n’y aurait rien qui distinguerait les entre eux. La procession du Saint-Esprit, comme amour qui unit le Père et le Fils, s’origine dans le Père et le Fils. L’Eglise a donc rajouté dans le Credo ce petit mot “Filioque” : le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Il est ainsi le trait d’union de la relation que Dieu le Père et le Fils ont entre eux. On parle alors de communion, et on peut approcher le Saint-Esprit comme la personnification de l’amour du Père et Fils.

Tout cela est bien compliqué : c’est un mystère immense ! Si vous êtes perdus, retenez simplement que dans l’unique substance de Dieu, les personnes se distinguent par leur rapports, qui constituent une Trinité : Père et Fils, et  Saint Esprit.
Un seul Dieu en trois personnes qui sont consubstantielles, c’est-à-dire dans le même être, égales entre elles et éternelles.

La Révélation de la Trinité et du Saint-Esprit

Le Saint-Esprit nous est révélé en images dans l’Ancien Testament, et en personne dans le Nouveau. Les images du Saint-Esprit dans l’Ancien Testament commencent dès le premier livre, dans la Genèse, lors de la création, où il est dit que l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Cette image sera reprise par la colombe de Noé qui plane sur les eaux du déluge et cette image s’achèvera par la manifestation en personne du Saint Esprit survolant les eaux du baptême de Jésus jusqu’à se poser sur lui sous la forme d’une colombe. Et saint Jean-Baptiste précisera « j’ai vu l’esprit descendre du ciel comme une colombe et se poser sur lui »[24]Jn 1, 32.. Jean-Baptiste d’ailleurs annonce un nouveau baptême après lui, un baptême dans l’esprit[25]Lc 3, 16..

On peut relever aussi des textes du prophète Isaïe par exemple, parlant du Messie[26]Is 11. : « Sur lui repose l’Esprit du Seigneur, Esprit de sagesse et d’intelligence, etc. » C’est de ce texte que seront d’ailleurs repris les sept dons du Saint-Esprit. Isaïe dit aussi[27]Is 61. : « l’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a oint ». Oindre cela veut dire consacrer par une onction d’huile.

Dans le Nouveau Testament, outre la manifestation claire au baptême de Jésus où les trois Personnes se manifestent, on peut relever l’Annonciation, quand l’ange du Seigneur dit à Marie : « l’Esprit Saint viendra sur vous et la puissance du très haut vous couvrira de son ombre »[28]Lc 1, 35..

Enfin, Jésus lui-même parle du Saint Esprit à de nombreuses reprises, notamment, en promettant l’Esprit-Saint “Paraclet”[29]Jn 14, 25-26. , c’est-à-dire “avocat”, ce qui signifie celui qui est appelé auprès de nous. Et puis Jésus en parle aussi clairement avant son Ascension, où il promet la venue de cet Esprit et demande à ses apôtres de ne pas partir de Jérusalem avant de l’avoir reçu. Et effectivement, à la Pentecôte, les douze Apôtres et la Sainte Vierge reçoivent le Saint Esprit qui se manifeste sous la forme de langues de feu. Ils sont alors remplis de force, de courage et de sagesse et commencent leur mission de prêcher l’évangile du Christ.

Le Saint-Esprit : vivificateur et sanctificateur

Depuis, le Saint-Esprit à un rôle spécial auprès de l’Église et de chaque âme. Nous sommes baptisés dans l’eau et dans l’Esprit, salon l’expression de Jésus lui-même[30]Jn 3, 5.. Saint Paul confirme que nous sommes baptisés dans un seul Esprit[31]1Co 12, 13.. L’eau du baptême devient ainsi le symbole de la naissance et de la fécondité du saint Esprit qui nous donne la vie ; on dit donc dans le Credo qu’il est esprit “vivifiant”[32]vivificantem“. : celui qui donne la vie – spirituelle bien sûr. Le Saint-Esprit par ce baptême, nous oint, c’est-à-dire nous consacre, comme le Christ lui-même. On peut dire qu’il est le sceau de Dieu qui est mis dans notre âme.

Concrètement, la mission du Saint-Esprit et donc de consacrer et de sanctifier, par la grâce. Il fortifie et dirige aussi : par ses sept dons, en éclairant les esprits et en fortifiant les volontés. Sagesse, intelligence, science, piété, conseil, force, crainte de Dieu : les théologiens les ont comparés à sept voiles par lesquelles la barque notre âme peut capter le souffle divin et se laisser diriger par lui.  Dans chaque âme l’Esprit-Saint opère et poursuit son action sanctificatrice, par les sept dons.

D’une certaine manière, on peut dire que c’est l’Esprit-Saint qui convertit. Le Christ est visiblement envoyé dans l’Incarnation, mais c’est l’Esprit-Saint qui donne la foi et permet de croire en Jésus en changeant les cœurs et les intelligences. « Nul ne peut dire Jésus est seigneur, si ce n’est par l’Esprit-Saint » écrit saint Paul[33]1 Co 12, 4. ou encore : « la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père »[34]Ga 4, 6..

L’Esprit-Saint bâtit, anime et sanctifie l’Église, il lui permet de garder infailliblement le dépôt complet de la foi et de le proclamer.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, nn°689-747.

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 9. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 5 (La Sainte Trinité) et 26 (La Pentecôte).

Les Trois Blancheurs, Année VII, “La Foi”, Leçon 13 (Le Saint-Esprit)

Charles Journet, Entretiens sur le Saint-Esprit.

RP. Louis-Marie de Blignières, Le Saint-Esprit dans ma vie, DMM, 2017.

Dans la Bible

Genèse, chapitre 1 (Création), 8 (Noé), 18 (Abraham au Chêne de Mambré).

Exode, chapitre 13 (Colonne de nuée). 

Evangile selon saint Matthieu, chapitres 3 (Baptême), 17 (Transfiguration) et 28 (Ascension).

Evangile selon saint Luc, chapitres 1 (Annonciation) et 3 (Baptême).

Evangile selon saint Jean, chapitres 1 (Baptême), 14-16 (Promesses d’envoi de l’Esprit) et 20 (Premier envoi sur les Apôtres au soir de la Résurrection).

Ecouter : Episode 10 – Le petit caté pour les grands

Episode 10 : “Je crois à la sainte Église catholique, à la communion des saints”

Bienvenue dans le petit caté pour les grands, épisode 10. Nous voyons aujourd’hui le neuvième article du Credo, l’adhésion à la sainte Église catholique et à la communion des saints.

Pour comprendre : l’Eglise est un corps

Croire en la sainteté de l’Église catholique peut sembler une gageure. Après tous les scandales survenus et encore actuels, peut-on encore croire que l’Église catholique soit sainte ? Pour comprendre cet article, il faut revenir à la notion de corps mystique et, plus largement, aux trois différentes acceptions du mot « corps » : le corps physique, le corps moral et le corps mystique. Le principe commun à ces trois notions de corps est celui d’une unité composée de membres liés entre eux par un principe unificateur.

  • Le corps physique est composé de membres anatomiques, unis par un principe unificateur,  qui est l’âme.
  • Le corps moral est un composé d’individus, unis par une fin commune. Par exemple, le corps des médecins de France est un corps moral, composé de médecins ayant pour fin commune la santé des Français. Les anciennes corporations, comme leur nom l’indique, rassemblaient des artisans d’une même profession défendant des intérêts communs ; elles formaient un corps moral.
  • Le concept de corps mystique suit les mêmes principes : il y a des membres et un principe unificateur.

Ici, les membres sont les individus unis entre eux et au Christ par le moyen de la grâce. Toute personne en état de grâce est un membre vivant du corps mystique du Christ.
Ces trois notions, rapportées à l’Église, nous permettent de dire 1° que celle-ci est composée de corps physiques (ceci a son importance, car la sanctification des hommes passera par ce corps), et 2° que ces personnes physiques forment un corps moral par la fin commune qu’elles partagent : la glorification de Dieu et le salut des âmes, une fin qui se distingue diamétralement des autres corps moraux par son caractère surnaturel. Mais parce qu’il ne suffit pas de se revendiquer de Notre Seigneur pour lui être uni : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, dit le Christ, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7, 21), il existe 3° un troisième corps, distinct du corps moral, qu’on appelle corps mystique et qui est formé des individus possédant la grâce sanctifiante.

L’appartenance à l’Eglise

La perfection chrétienne consiste donc à participer à ces trois corps : corps physique, corps moral et corps mystique. Or, ce n’est pas toujours ce qui arrive, et plusieurs cas de figures sont possibles : vous pouvez posséder un corps physique, faire partie du corps moral de l’Église catholique, mais être en état de péché mortel et donc ne pas faire partie du corps mystique. Vous pouvez, à l’inverse, être membre du corps mystique par la grâce sanctifiante qui vous anime, sans pour autant faire partie du corps moral, comme c’est le cas des personnes ignorant, sans faute de leur part, l’Église catholique, mais qui, par une grâce extraordinaire de Dieu, ont été justifiées. On peut aussi être membre du corps moral et mystique, mais ne plus jouir de son corps physique ; c’est le cas des âmes justes, décédées en état de grâce, mais attendant la résurrection des corps pour user à nouveau de leur corps physique. Leur état reste imparfait. Seules deux personnes possèdent la perfection des trois corps : Notre Seigneur et la Très Sainte Vierge Marie.

L’Eglise, sainte mais pas sans pécheurs

Cette notion des trois corps permet de mieux comprendre l’existence, au moins transitoire, au sein de l’Église, du saint et du moins saint.

L’Église est sainte en tant que corps moral, car la fin qu’elle se propose est sainte : la gloire de Dieu et la sanctification des hommes. Elle est sainte parce qu’elle sanctifie efficacement ses membres par sa doctrine pure et ses sacrements divins. Elle est sainte dans son corps mystique, puisque ce qui l’anime est la grâce, qui n’est rien d’autre que la vie divine participée. Elle est aussi sainte parce que son fondateur et chef est le Christ, Fils de Dieu, deuxième personne de la sainte Trinité. Elle est encore sainte parce qu’elle est soutenue et guidée par le Saint-Esprit, troisième personne de la Sainte Trinité.

Mais l’Église, en tant que corps moral, peut avoir en son sein de mauvais membres, car le principe unificateur ici n’est pas la grâce, mais la fin commune, qui ne présume pas de la sainteté de la personne.

De même, tant que nous sommes sur terre et que le Christ n’est pas revenu en gloire, notre corps physique n’est pas parfaitement saint, car non encore glorifié.

Cependant, l’Église catholique, même considérée en son seul corps moral, est la seule société qui peut être dite sainte, car elle est le seul corps moral qui possède et possédera toujours l’unique mandat de sanctification donné par Dieu et les moyens efficaces de réaliser cette fin. L’Église ne peut, n’a jamais, et ne pourra jamais faillir à sa mission de sanctifier, et ce, malgré ses membres défectueux, même les plus hauts placés.

Les trois fonctions (tria munera) de l’Eglise

À cette fonction de sanctifier ses membres, le Christ a adjoint à l’Église deux autres fonctions qui la complètent et la réalisent : la fonction d’enseigner et de diriger.

La première concerne l’enseignement de la foi, la proclamation de l’Évangile et l’instruction des croyants. L’Église, à travers ses ministres, a la responsabilité de transmettre fidèlement tout ce que le Christ a enseigné.

La seconde est d’ordre régalien et correspond aux trois pouvoirs nécessaires au gouvernement d’une société parfaite : le pouvoir judiciaire, législatif et exécutif. L’Église peut donc émettre des lois, juger ses membres et s’assurer de l’exécution de ses directives. Tout membre de la société morale qu’est l’Église est soumis à ces pouvoirs et peut être exclu de ce corps s’il ne les respecte pas de manière grave : c’est ce qu’on appelle l’excommunication.

L’organisation hiérarchique de l’Église catholique est aussi d’origine divine et voulue par le Christ. Le chef universel de l’Église est le pape, aidé dans son gouvernement par les évêques qui dirigent des Églises particulières, eux-mêmes aidés dans leur diocèse par des prêtres. Les laïcs peuvent conseiller mais ne gouvernent pas ; ces trois munera (fonctions) sont liées au sacerdoce et ne peuvent en être séparées.

Eglise militante, Eglise souffrante et Eglise triomphante

Ces trois pouvoirs servent à l’enseignement, à la sanctification et à la direction des membres de l’Église terrestre, qu’on appelle aussi l’Église militante. Mais l’Église est plus large que ses seuls membres terrestres. On distingue encore l’Église souffrante et l’Église triomphante. Cette distinction se fait cette fois-ci par rapport à la lutte contre le mal et le péché. L’Église militante est composée des membres de l’Église vivant encore sur terre et dont le dénouement dans cette lutte contre le mal n’est pas encore achevé. L’Église souffrante est composée des âmes ayant vaincu le mal, mais devant encore achever d’expier au Purgatoire les peines non encore expiées sur terre. L’Église triomphante, comme son nom l’indique, désigne les âmes des justes jouissant de la béatitude éternelle au Ciel, ayant définitivement triomphé du mal et des peines consécutives au péché.

La communion des saints

Comme dans tout groupe, toute famille, il existe une solidarité, une entraide mutuelle entre les différents membres de l’Église ; c’est ce qu’on appelle la communion des saints. Ceux ayant achevé le combat intercèdent pour ceux qui le mènent ; ceux qui sont en état de voie et qui peuvent encore mériter soulagent de leurs prières les âmes qui souffrent au purgatoire, et tous, d’un même cœur, honorent et glorifient Dieu.

L’Église est une

Malgré les nombreuses distinctions que nous avons faites, l’Église reste une. Il n’y a pas plusieurs Églises du Christ. Les églises protestantes ne sont pas l’Église du Christ, ni les Églises schismatiques d’Orient. Dès que vous ne reconnaissez plus l’autorité de l’Église et ses trois pouvoirs, vous ne faites plus partie de l’unique Église du Christ, avec toutes les conséquences que cela entraîne, comme l’enseigne le pape Eugène IV au concile de Florence dans la bulle Cantate Domino de 1441 : « La très sainte Église romaine croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui se trouvent en dehors de l’Église catholique, non seulement les païens, mais aussi les juifs, les hérétiques et les schismatiques, ne peuvent obtenir la vie éternelle ; mais qu’ils iront dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges, à moins qu’avant la fin de leur vie, ils ne soient reçus en elle. »

Même si cette doctrine a été explicitée par des documents magistériels postérieurs, prenant en compte l’ignorance invincible et l’appartenance  au corps mystique, plus large que l’appartenance au seul corps moral, elle dit quelque chose de la gravité pour le salut des âmes d’être en dehors de l’Eglise catholique, corps moral, visible.

L’Eglise est catholique et apostolique

Enfin, deux autres critères montrent que l’Eglise catholique est l’unique Eglise du Christ, et je vais finir avec cela, son origine et sa continuité apostolique (tous les évêques descendent sacramentellement d’un apôtre), et son universalisme (elle n’est pas attachée à un pays, une culture ou un peuple en particulier).
Ainsi, nous pouvons dire, avec foi et reconnaissance, que nous croyons dans l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Partie I, article 9, nn°748-975.

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 10. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 27, 29, 30.

Les Trois Blancheurs, Année VII, “La Foi”, Leçon 14 (L’Eglise)

Charles Journet, Entretiens sur l’Eglise et les sacrements, 

Charles Journet, Théologie de l’Eglise

Charles Journet, L’Eglise du Verbe Incarné,

RP. Louis-Marie de Blignières, L’Eglise catholique est crédible, DMM, 2023.

Dans la Bible

Evangile selon saint Matthieu, chapitre 16 (primauté de Pierre et pouvoir des clés).

Evangile selon saint Luc, chapitre 22 (infaillibilité).

Evangile selon saint Jean, chapitres 17 (unité de l’Eglise) et 20 (pouvoir des clés).

Ecouter : Episode 11 – Le petit caté pour les grands

Episode 11 : “… à la rémission des péchés”

Dixième article du Credo : “je crois à la rémission des péchés”. 

Dès avant le début de la vie publique du Christ, la rémission des péchés avait été annoncée par le baptême de Jean, qui partait au désert pour appeler à la conversion. 

Ce pardon annoncé est réalisé par le Christ, qui remet les péchés du paralytique avant de lui redonner l’usage de ses jambes, qui pardonne à la femme adultère comme peut-être aussi à Marie-Madeleine, et jusque sur la croix au Bon Larron et à ses bourreaux.

Le dogme de la rémission des péchés : deux certitudes

Alors première certitude : comme Jésus le dit au moment de la guérison du paralytique, “le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés[35]Mc 2, 10 ; Mt 9, 6.. Ce pouvoir n’appartient qu’à Dieu, puisque le péché – désobéissance volontaire à la loi de Dieu –  est une offense envers ce maître tout puissant et bienveillant dont nous refusons de suivre la volonté d’amour. Offense envers Dieu, le péché ne peut être remis que par Dieu, comme une dette ne peut être remise que par le créancier. Or Jésus est Dieu né de Dieu, Verbe éternel incarné, et il a obtenu par son sacrifice – nous y reviendrons dans un instant – le rachat total de nos fautes. Donc il a ce pouvoir de remettre les péchés. 

Seconde certitude : ce pouvoir, il l’a transmis à l’Eglise : il dit à Pierre “tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux[36]Mt 16, 19. puis au soir de la résurrection, soufflant sur les apôtres réunis, “ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leurs seront remis, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus[37]Jn 20, 23.

Le pardon obtenu par Jésus

Ce pardon est obtenu par Jésus, lui seul avait le pouvoir de le donner, puisque c’est lui qui a offert le sacrifice infini de l’amour divin en rémission de nos péchés. Expliquons cela encore une fois : la mort d’amour de Jésus sur la croix est un vrai sacrifice, puisqu’il choisit volontairement de donner sa vie. Elle est un sacrifice offert au Père en notre nom, mais qui revêt une valeur infinie, puisque comme chacune des actions de Jésus, elle a une dimension théandrique, à la fois divine et humaine, puisqu’il est Dieu et homme – 100% Dieu et 100% homme. Dieu a choisi cette modalité pour nous sauver en manifestant la folie de son amour, en nous arrachant à la mort par sa mort, en nous délivrant de la désobéissance par son obéissance, en nous guérissant de l’orgueil par l’abaissement du Fils. C’est bien le sacrifice de Jésus qui obtient la rémission de tous les péchés du monde. Pascal disait que Jésus a versé telle et telle goutte de sang pour tel et tel d’entre nous[38]“Je pensais à toi dans mon agonie ; j’ai versé telles gouttes de sang pour toi.” (Blaise Pascal, Pensées, Fragments hors copies, Lafuma 919). ; en fait c’est tout son sang, sa vie à la fois divine et humaine, qu’il a donnée pour chacun de nous en particulier, individuellement. 

Ajoutons encore que la rémission des péchés est totale et vraie : nous ne croyons pas comme les protestants que le Christ viendrait couvrir ou voiler nos fautes sans nous en délivrer réellement. Jetons un regard plus appuyé : que se passe-t-il à l’intérieur de notre âm​e au moment du baptême ? Ce que l’on verrait, si l’on pouvait à ce moment-là se soumettre à un “scanner spirituel”​, c’est la grâce divine, vie de Dieu lui-même, partagée aux hommes pour qu’ils deviennent ses enfants, faisant irruption dans l’âme et l’inondant de sa lumière, chassant toute obscurité. L’âme vit alors en état de grâce

La rémission des péchés, obtenue par Jésus, nous est communiquée par l’Eglise et par elle seule, unique instrument du salut. Le canal principal de la grâce​ et du pardon est constitué par les sept sacrements, dont deux en particulier sont institués pour la rémission des péchés. ​

Les sacrements de la rémission

Le premier est le baptême, porte d’entrée dans l’Eglise et dans la vie de la grâce. Nous reparlerons du baptême dans quelques temp​s : son premier effet est l’effacement de tous les péchés, incluant la tache originelle et toutes les fautes actuelles commises éventuellement jusque là.​ Le baptême est donc l​e sacrement premier et fondamental de la rémission des péchés, il met pour la première fois l’âme en état de grâce. 

Le baptême lave la tache originelle mais ne délivre cependant pas des infirmités de nature, et donc des séquelles du péché. Le combat avec l’inclination au mal continue donc après le baptême : la chute demeure possible et la lutte se poursuit au quotidien. Cependant tout change, car le baptême apporte l’aide de la grâce, sans laquelle il est absolument impossible de demeurer dans le bien[39]Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IaIIae Pars, q. 109, a. 8.

Dans les difficultés de ce combat, si la chute demeure possible – et même quotidienne, car “même le juste pèche sept fois le jour”[40]Proverbes 24, 16 ; Jésus y fait référence en Lc 17, 4. – ​nous pouvons toujours nous relever, comme Jésus sur le chemin de la croix. “La sainteté ce n’est pas de ne jamais tomber, disait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus mais de toujours se relever”. L’Eglise a ainsi reçu un second sacrement pour remettre les péchés : la confession, dans laquelle nous recevons, par l’intermédiaire du prêtre, l​’absolution des péchés véniels et mortels commis après le baptême. Nous en reparlerons aussi bientôt.​

La source divine inépuisable où est puisée la grâce qui nous régénère totalement et obtient la rémission de nos péchés, dans le baptême comme dans la confession, est le sacrifice de Jésus, dont les mérites infinis nous ont obtenu le pardon total, lui dont une seule goutte de sang, chantait saint Thomas d’Aquin[41]Saint Thomas d’Aquin, Hymne Adoro te devote., pouvait sauver le monde entier de toutes ses fautes. 

Cette source s’accomplit et se renouvelle dans le sacrement où tous les autres viennent puiser leur vertu purifiante et sanctifiante : la sainte eucharistie, réalisée par cette parole du Christ : “ceci est le calice de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, versé pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés”[42]Mt 26, 28.. Le corps de Jésus reçu dans la communion est la source et le but qui oriente tous les sacrements, saint Thomas d’Aquin le montre très clairement[43]Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 3.. C’est notamment le cas de la confession, dont la raison d’être est de nous garder ou de nous remettre en état de recevoir dignement et avec fruit l’eucharistie. C’est également le sens du Credo, qui lie ici la rémission des péchés au pouvoir de l’Esprit-Saint, qui continue d’agir dans l’Eglise. 

Cette mission de guérison et de rémission que l’Eglise continue de l’exercer dans les sacrements du baptême et de pénitence est appelée le “pouvoir des clés”. Ce pouvoir est divin en son origine comme en son extension, car il n’y a pas de péché que l’Eglise ne puisse remettre. On raconte que rencontrant un prêtre au chevet d’un malade, un médecin constatait qu’il pouvait s’efforcer de guérir contre la maladie, prolongeant et adoucissant ainsi la vie, mais que son pouvoir était limité puisqu’il ne pouvait rien contre la mort. Le prêtre, lui, avec le pouvoir reçu du Christ, dont il est l’instrument, peut tout guérir : il peut aller jusqu’à ressusciter une âme qui aurait perdu la vie de la grâce. Ce pouvoir instrumental, l’Eglise l’a reçu pour être exercé selon une certaine manière, qu’elle ne peut modifier : bien sûr, la toute puissance divine n’est pas liée par ses oeuvres, mais quant à l’Eglise, c’est dans les sacrements, administrés selon la forme requise, qu’elle a reçu la faculté de lier et de délier, de remettre les péchés ou de les retenir. Nous verrons plus loin quelles sont ces conditions d’administration des sacrements.

Demandons pour aujourd’hui à Dieu la grâce de prendre plus conscience de l’injustice de nos péchés et de la gratuité de leur rémission, que nous ne méritons en rien : le pardon des péchés est une injustice en creux, positive, car rien ne peut nous l’obtenir en justice. La rémission des péchés est donc un signe supplémentaire de la puissance infinie et de la miséricorde inépuisable de Dieu. Rendons grâce pour cette bonté du Seigneur, et demandons une vraie contrition du coeur, un regret profond et sincère de nos péchés, qui nous pousse à une conversion résolue. Sans cesse Dieu nous pardonne et nous relève, prenons aujourd’hui la décision et les moyens pour ne pas nous laisser enfermer dans le cycle inverse et infernal du démon. 

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 3, Article 10 (nn°976-987).

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 11. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 21.

Les Trois Blancheurs, Année VII, “La Foi”, Leçon 10 (La Rédemption).

Les Trois Blancheurs, Année VIII, “L’Espérance”, Leçons 11 et 12 (La Pénitence).

Charles Journet, Entretiens sur l’Eglise et les sacrements, 

Dans la Bible

Evangile selon saint Matthieu, chapitre 9 (guérison du paralytique), 16 (pouvoir des clés).

Evangile selon saint Marc, chapitre 2 (guérison du paralytique) et 16 (baptême et salut).

Evangile selon saint Luc, chapitre 7 (pécheresse pardonnée) et 15 (fils prodigue).

Evangile selon saint Jean, chapitres 8 (femme adultère) et 20 (pouvoir des clés).

Epître de saint Paul aux Romains, chapitres 5 et 6 (la justification du péché par la foi en Jésus).

Deuxième épître de saint Paul aux Corinthiens, chapitre 5 (la réconciliation dans le Christ).

Epître aux Colossiens, chapitre 1 (rémission des péchés en Jésus).

Ecouter : Episode 12 – Le petit caté pour les grands

Episode 12 : “… à la résurrection de la chair”

Onzième article du Credo : “je crois à la résurrection de la chair”. 

L’apôtre saint Paul affirme clairement :

Si l’on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi[44]1Co 15, 12-14..

La résurrection, non seulement du Christ, mais aussi la nôtre, a une place importante dans notre foi. Expliquons-en les tenants et les aboutissants.

Car c’est finalement le centre de notre espérance de chrétien, puisque nous parlons ici de la vie après la mort, de ce qui fait que nous ne sommes pas dans la tristesse d’une vie terrestre très courte qui s’achèverait sans rien après ; alors que nous vivons bien dans l’espérance avec la promesse d’une vie de Dieu, vie pleinement humaine mais transformée par la grâce.

Le corps tient une place importante dans notre religion de l’Incarnation, jusqu’à être le ce à travers quoi la grâce atteint l’âme, qui ne fait qu’un avec lui. Il est honoré à sa juste place.

La Parousie et résurrection des corps

Bien que le Christ ait pu redonner la vie à des personnes de son époque mais qui ont continué leur vie terrestre normale et mortelle (par ex : saint Lazare, ou le fils de la veuve de Naïm), nous parlons ici de quelque chose d’autre, qui concerne tous les hommes qui sont passés par cette terre, et qui arrivera à la fin des temps : la résurrection des morts. Elle se fera à la fin du monde, comme le dit Jésus.

Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour[45]Jn 6 40.

Quand le dernier jour du monde, c’est-à-dire quand le temps marqué par Dieu arrivera, le Christ reviendra dans une gloire magnifique sur terre pour « juger les vivant et les morts ». C’est ce qu’on appelle la « Parousie » : le retour glorieux du Christ sur notre terre. Il marquera la fin des temps.

Que se passera-t-il alors ? 

Il y aura un jugement de chacun devant tous. Nous verrons à l’épisode suivant en quoi consiste ce jugement, qu’on appelle jugement général, qui se différencie d’un premier jugement appelé particulier, qui a lieu, nous l’avons vu, à l’instant même de la mort. Pour l’instant concentrons nous sur ce qui précédera immédiatement ce jugement dernier : la résurrection de tous les hommes. 

Rappelons, en premier, ce qu’est la mort : à la fin de notre vie, le corps et l’âme, qui formaient l’ensemble de notre personne, se séparent. L’âme quitte son corps sans vie et quitte cette terre. Le corps lui, tombe dans la corruption, retourne à la poussière, disparait. C’est la mort. N’oublions pas que, bien que la mort et le changement marquent toute la création terrestre, la mort pour les hommes est une conséquence du péché : originel mais aussi personnel.

Mais n’oublions pas non plus que le Christ lui-même est mort avant de ressusciter. Cela implique deux choses : le Christ par sa résurrection vainc la mort, pour lui, mais aussi pour tous les hommes ; et cette victoire sur la mort, change aussi le sens de notre mort. Elle devient une étape, un passage, vers le ciel meilleur et aussi, un moyen de salut pour nous et pour les autres[46]Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1010..

Pourquoi une telle résurrection ?

Mais pourquoi, pour nous hommes, une telle résurrection ? 

Nous pouvons donner un certain nombre de raisons :

  • Car le Christ a vaincu la mort : il faut donc que toute mort cesse.
  • Car le Christ vainc le péché, et cette victoire totale efface les conséquences du péché.  La mort étant, avant le Christ, une punition, il faut qu’elle cesse grâce à la Rédemption.
  • Du côté des élus, de ceux qui sont au ciel donc, il ne saurait y avoir de joie parfaite s’il leur manquait encore quelque chose. Or il manque quelque chose à une âme humaine sans son corps. En effet, comme nous l’avons dit, un être humain est composé d’un corps, matériel, que nous pouvons voire sentir, et aussi d’une âme, immatérielle, invisible. Mais il ne faudrait pas s’imaginer ces deux éléments comme deux choses indépendantes. L’âme est faite pour un corps particulier, et le corps vit grâce à une âme individuelle. les deux sont non seulement fait l’un pour l’autre, mais sur terre existent ensemble et ne forment qu’un seul être : l’homme. En clair, l’âme est faite pour vivre dans un corps (le sien), et le corps est fait pour être animé par son âme qui le fait vivre. Sans âme le corps est mort et se corrompt, sans corps, l’âme reste immortelle, mais il lui manque comme sa moitié. Il existe une fausse conception de l’âme, conception dite dualiste, où l’âme serait comme un esprit indépendant qui utiliserait le corps pour un moment donné, comme un instrument. C’est faux : le corps et l’âme ne forment qu’un être unique. Bref, un homme c’est un corps habité par une âme et une âme animant un corps. La séparation corps/âme (la mort) est une violence à laquelle la résurrection finale vient mettre un terme.

Cela nous permet aussi de préciser : nous ressusciterons avec notre propre corps, qui correspond à notre âme. On retrouvera notre être plein et entier. On ne se réincarnera pas dans un autre corps. Par cette vision globalisante de l’homme comme corps et âme unis, on comprend la fausseté des théories de la réincarnation selon lesquelles une âme revivrait dans un corps différent chaque fois. Cela nie le lien intrinsèque entre le corps et l’âme, qui sous-entend que l’âme utilise le corps alors que la personne est un corps animé.

Bref : Notre âme n’a qu’un corps. On ne meurt qu’une fois, nous n’avons qu’une vie. Nous ne nous réincarnerons pas dans un corps qui n’est pas le nôtre. Nous ressusciterons dans notre propre corps, une seule fois, à la fin des temps.

Ressusciter cela veut donc dire que l’âme retrouvera son propre corps et lui redonnera vie. Cette vie sera cependant un peu différente de cette terre. Voyons cela.

Comment seront nos corps ?

Tout d’abord distinguons deux cas : les bons et les méchants : c’est notre seigneur Jésus qui l’enseigne.

N’en soyez pas étonnés, car elle vient, l’heure où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et sortiront : ceux qui auront fait le bien, pour une résurrection de vie, ceux qui auront fait le mal, pour une résurrection de jugement[47]Jn 5, 28-29..

  • Les bons ressusciteront dans un corps de gloire, un peu comparable à celui de Notre Seigneur à la transfiguration ou après la résurrection.
  • Les méchants ressusciteront avec un corps pour leur condamnation.

Car le corps , qui aura mérité le ciel ou fait le mal, participe à la gloire du Ciel ou à la punition de l’enfer. Pour tous, ce corps  sera désormais immortel : son état ne changera plus.

Comment seront plus précisément nos corps ?

Le catéchisme de Trente, pour les saints, leur donne quatre propriétés essentielles : 

  • L’impassibilité : nous n’aurons plus de souffrance ni de peine;
  • La clarté, qui sera le rayonnement de la gloire de Dieu en nous : la grâce divine le rendra resplendissant de Dieu.
  • L’agilité : par exemple, nous ne serons plus soumis aux contraintes de déplacement dans le temps et l’espace. 
  • Et la subtilité : tout sera parfaitement accordé et harmonisé en nous, nos différentes puissances et facultés, l’aspect physique du corps lui-même perdra toute imperfection.

En conclusion, la méditation du mystère de la résurrection des corps nous fait entrer plus avant dans l’espérance selon la promesse de Jésus « Je suis la résurrection et la vie »[48]Jn 11, 25.. Par lui, nous sommes appelés à Dieu, qui n’est pas un Dieu des morts mais un Dieu des vivants[49]Mc 12, 26-27 :  Quant au fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du Buisson, comment Dieu lui a dit : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu … Continue reading
, lui qui est la vie : à la fin des temps, nous vivrons pleinement homme, corps et âme. 

Reste à voir, avec le prochain épisode en quoi consistera cette vie éternelle du ciel.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 3, Article 11 (nn°988-1014).

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 12. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçon 21.

Les Trois Blancheurs, Année VII, “La Foi”, Leçon 20 (Le jugement général).

Dans la Bible

Livre d’Ezéchiel, chapitre 37.

Evangile selon saint Jean, chapitres 6 (discours du Pain de vie), 11 (résurrection de Lazare).

Actes des Apôtres, chapitre 23.

Epitre de saint Paul aux Romains, chapitre 8. 

Première épître de saint Paul aux Corinthiens, chapitre 15.

Epître aux Philippiens, chapitre 3.

Première épître aux Thessaloniciens, chapitre 4.

Apocalypse de saint Jean, chapitre 20.

Ecouter : Episode 13 – Le petit caté pour les grands

Episode 13 : “… à la vie éternelle”

Nous voyons aujourd’hui le 12e et dernier article du Credo : la foi dans la vie éternelle.
Cet article va nous amener à traiter des fins dernières, c’est-à-dire de ce qui se passe après la mort. Nous savons que l’âme est immortelle et que le corps ressuscitera, mais entre le moment où notre âme quitte notre corps et le moment où elle lui sera à nouveau unie, que se passera-t-il ? Et même après, qu’adviendra-t-il ?

Retour sur la théologie des fins dernières

Commençons par le commencement : qu’entendons-nous par “fins dernières” ?
Dans la théologie catholique, le terme “fin” désigne deux choses : le but vers lequel on tend, c’est-à-dire la fin qu’on se propose, ou encore l’achèvement de ce but avec la possession de la fin visée. Quand on parle de fins dernières, on désigne à la fois les buts ultimes vers lesquels les hommes sur terre tendent et leur réalisation définitive dans l’éternité. Le mot est au pluriel car les fins vers lesquelles nous tendons sont doubles : nous pouvons tendre vers Dieu ou vers autre chose, mais cet autre chose sera toujours une créature, un bien autre que Dieu, de telle manière que ces autres fins peuvent être réduites à une fin unique, une fin sans Dieu. La mort ne fera que nous fixer dans cette fin que nous nous sommes proposés sur terre. Il est faux de s’imaginer qu’après la mort nous pourrons encore choisir et changer de fin, la mort nous fixe pour l’éternité.

Le paradis et l’enfer

Si nous avons eu Dieu comme fin sur terre, que nous avons vécu unis à Lui par la grâce, nous continuerons à vivre unis à Lui après la mort, c’est ce qu’on appelle le paradis. Au contraire, si nous avons vécu sur terre loin de Dieu, loin de ses commandements, étrangers à sa grâce, nous continuerons une vie sans Dieu après la mort : c’est ce qu’on appelle l’enfer. Avant d’être des lieux, le paradis et l’enfer renvoient à des états, uni, ou séparé de Dieu.
Les conséquences de ces états ontologiques, quasi physiques, de séparation ou d’union avec Dieu sont le bonheur ou le malheur temporel sur terre et le bonheur ou le malheur éternel au ciel. J’ajoute “malheur et bonheur temporel” car il n’y a pas de vrai bonheur, même sur terre, en dehors de Dieu.

Le fossé de la vie éternelle (la parabole de Lazare)

Une différence tout de même entre la vie avant et après la mort est que sur terre, il n’y a pas de séparation entre ceux qui sont unis à Dieu et ceux qui ne le sont pas. En effet, par l’usage du libre arbitre, l’homme peut changer de fin de son vivant, vouloir ou rejeter Dieu. Ce n’est qu’à la mort que se crée une séparation ontologique entre les bons et les mauvais, les amis et les ennemis de Dieu. Cette séparation définitive et l’écart impossible à réduire entre une âme damnée et une âme sauvée est bien décrite dans les Saintes Écritures par saint Luc au chapitre 16, versets 19 à 31. Dans cette parabole, Jésus raconte comment un homme riche qui vécut dans le luxe durant toute sa vie terrestre, et qui méprisa un pauvre nommé Lazare, un mendiant couvert de plaies, qui se tenait à sa porte souffrant de la faim, se retrouva à sa mort dans l’Hadès, c’est-à-dire l’enfer, tandis que le pauvre Lazare fut emporté par les anges auprès d’Abraham, c’est-à-dire au paradis. Dans cet état infernal, désespéré, le riche demanda à Abraham d’envoyer Lazare lui porter de l’eau pour soulager sa soif, mais celui-ci lui répliqua que cela était impossible car un abîme les séparait. Il demanda ensuite la faveur d’envoyer ce même Lazare auprès de ses frères, qui étaient encore en vie, pour les prévenir du sort qui les attendait s’ils ne changeaient pas de comportement, mais encore une fois, cela lui fut refusé. La réponse d’Abraham est sentencielle : « Qu’ils écoutent Moïse et les prophètes, c’est-à-dire le Christ et son Église, s’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, poursuit Abraham, ils ne se laisseront pas persuader, quand bien même quelqu’un des morts ressusciterait. »

On meurt comme on a vécu

La mort ne fait que révéler l’état dans lequel nous avons vécu sur terre ; elle n’est finalement qu’une prise de conscience par l’âme de son état. Cette mise à nu de notre âme s’appelle le jugement particulier. Tout de suite après la mort, c’est-à-dire après la séparation de l’âme et du corps, celle-ci est jugée par Dieu, tandis que celui-là retourne à l’état de poussière. Les fins premières, prochaines et dernières de notre vie sont alors révélées, c’est-à-dire tous les buts qui ont mû nos actions libres de notre vivant sont mises à jour. C’est toute la vie morale de la personne qui est révélée avec ses bonnes et ses mauvaises actions, ses choix moraux, son observation ou non des commandements de Dieu.
L’âme en état de péché mortel à sa mort va en enfer où elle y souffre deux types de peines : la peine du dam et la peine des sens.

La peine du dam est la souffrance d’être privé éternellement de Dieu par sa faute, c’est la privation coupable et plein de remord de la vision béatifique. Elle est la peine la plus douloureuse, car elle correspond à la perte définitive de ce pour quoi l’âme humaine est faite : connaître et aimer Dieu. L’âme du damné a conscience qu’elle a été créée pour vivre en communion avec Dieu, mais qu’elle a rejeté cette fin pour la remplacer par d’autres fins qui lui sont fatales. Cette peine est commune à tous les damnés. La peine des sens, quant à elle, est une peine personnelle due à nos fautes personnelles. Dieu nous punira par là où nous avons péché. Ces peines sont liées aux types de péchés que nous avons commis et à leur gravité. Les peintures médiévales sont très expressives à ce sujet, le glouton sera notamment puni par le ventre !

Si la personne meurt en état de grâce, son âme va soit directement au paradis, si elle est parfaitement pure de tout péché et de toutes peines dues aux péchés, soit au purgatoire s’il lui reste des fautes à expier. Ce temps au purgatoire est plus ou moins long en fonction des fautes commises et est, d’après les apparitions privées qui ont eu lieu au cours de l’histoire de l’Eglise, très douloureux. C’est qu’il ne convient pas, en effet, de prendre part aux noces de l’Agneau sans un vêtement immaculé.

Au ciel, il y a différents types de récompenses. La récompense commune à tous les sauvés est la vision béatifique. C’est le bonheur de voir Dieu face à face et de contempler ses perfections. Il y a aussi des récompenses particulières à chacun en fonction des mérites qu’il aura acquis sur terre. Il y a des degrés de béatitude au Ciel. Certains saints brillent plus que d’autres grâce aux vertus qu’ils ont acquises sur terre. La sainte Vierge, évidemment, par ses mérites est la plus heureuse, mais l’Église reconnaît aussi une gloire particulière aux martyrs, vierges, confesseurs et docteurs, c’est-à-dire aux hérauts privilégiés de l’Évangile.

Éternité, immédiateté… et deuxième avènement

Les peines et les joies sont éternelles et immédiates, elles commencent dès le jugement particulier, mais un deuxième avènement aura lieu qui en modifiera les modalités : c’est le jugement dernier. À la fin du monde, lorsque Notre Seigneur reviendra en gloire, tous les hommes seront à nouveau jugés, mais cette fois-ci avec leur corps et devant l’humanité entière. Les bons et les méchants ressusciteront et subiront un second jugement.

Ce jugement a pour but non plus de juger la qualité des actes personnels, mais les conséquences de ces actes dans le temps. En effet, nous ne pouvons connaître la gravité d’un acte qu’en considérant toutes les conséquences que celui-ci a eues, et pour cela, il faut attendre la fin du monde.

Ce jugement général révèlera aussi toute la sagesse de Dieu depuis la Création du monde jusqu’à sa fin, et comment tout ce qui est arrivé était parfaitement juste et bon. Nous comprendrons enfin le mystère de notre création et de notre Rédemption.

Ce jugement rétablira l’honneur et la sagesse de Dieu, mise en cause par les impies durant les siècles et les millénaires précédents. Toute vérité sera rétablie. C’est le triomphe final de Dieu et le début d’une nouvelle création, parfaite, sans maux et sans souffrance pour les sauvés, et la prolongation de la réprobation éternelle pour ceux qui sont damnés. Le corps étant à nouveau uni à l’âme par la résurrection, celui-ci jouira ou souffrira comme l’âme, en fonction du bien ou du mal auquel il aura participé. Tout sera alors achevé dans l’ordre de la justice, mais la vie continuera auprès de Dieu pour les uns, auprès des démons pour les autres. D’où l’importance grave, chers fidèles, de bien choisir sa fin ici-bas.

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Section 2, Chapitre 3, Article 12 (nn°1021-1065).

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 13. 

Les Trois Blancheurs, Année IV, “Le Credo”, Leçons 19 et 20.

Les Trois Blancheurs, Année VII, “La Foi”, Leçon 20 (Le jugement général).

RP. Louis-Marie de Blignières, Les fins dernières, DMM, 2019. 

Charles Journet, Entretiens sur les fins dernières, Parole et Silence. 

Dans la Bible

Evangile selon saint Luc, chapitre 16. 

Apocalypse de saint Jean.

Ecouter : Episode 14 – Le petit caté pour les grands

Episode 14 : Les sacrements en général

Un sacrement (c’est la définition classique) est un signe sensible et efficace institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour produire ou augmenter la grâce en nos âmes. Mais qu’est-ce que la grâce ? 

Qu’est-ce que la grâce ?

La nature humaine avait été créée par Dieu dans un état qui ne lui était absolument pas dû​, un état surnaturel : l’innocence originelle, dans laquelle la grâce leur était octroyée absolument gratuitement par Dieu, accompagnée par les dons préternaturels​ d’immortalité, exemption de la souffrance, domination de l’esprit sur les passions et harmonie avec la nature. La grâc​e, qui avait alors été accordée à la nature, que nos premiers parents ont malheureusement refusée en cédant à l’illusion démoniaque de l’autonomie, nous est rendue sous une forme nouvelle par les mérites infinis du sacrifice de Jésus. La grâce, c’est une participation créée à la vie divine, la joie d’amour trinitaire que Dieu partage aux esprits créés (les hommes et les anges). Pour saint Thomas d’Aquin, la grâce un élément divin qui vient se greffer sur notre âme pour la guérir et la surélever, la rendant capable d’actes qui atteignent directement l’essence divine, par les vertus de foi, espérance et charité. Lorsque Jésus parle de la grâce, il utilise la comparaison de la vigne. Il est le tronc, le cep, nous sommes les branches, les sarments. Du cep aux sarments, la vie se transmet par la sève, qui est la grâce : c’est elle qui leur permet finalement de porter du fruit. Si les branches ne demeurent pas fixées au tronc, elles ne reçoivent plus la sève, elles sont mortes et ne sont plus bonnes à rien qu’à être jetées au feu[50]Jn 15, 4-6.

La grâce est christiqu​e

Pour mieux comprendre encore ce qu’est la grâc​e​, revenons sur ce que nous avons dit en introduction : la grâce qui avait été donnée dir​​ectement et gratuitement à la nature humaine au premier instant ayant été perdue, nous a été rendue par le Christ. Dans l’économie actuelle de la Rédemption, l’unique source du salut est le Christ, par qui nous est méritée et communiquée la grâce. La grâce que Jésus nous a obtenue par son sacrifice et qui nous parvient par l’Eglise est donc une grâce véritablement christique, christoconformante, c’est à dire que c’est en nous faisant ressembler au Christ que nous pouvons désormais devenir les enfants du Père : notre vocation surnaturelle est aujourd’hui de devenir fils comme le Fils et par le Fils. 

La grâce est communiquée par l’Eglise dans les sacrement​​s

La grâce qui avait été perdue et que le Christ nous a méritée nous est aujourd’hui transmise par l’Eglise, par le biais des sacrements. C’est en effet librement que Dieu nous sauve : lui qui nous a créés avec intelligence et liberté ne nous sauvera pas sans respecter cette liberté. Il faut donc que chacun puisse accepter volontairement d’accueillir la grâce dont Dieu veut le combler. 

Le premier canal par lequel elle nous est communiquée est septiforme : ce sont les sept sacrements institués par Notre Seigneur et confiés à l’Eglise. 

Qu’est-ce qu’un sacrement ?

Qu’est-ce qu’un sacrement ? Reprenons la définition classique que nous avons donnée en introduction, celle du catéchisme des enfants : un sacrement est un signe sensible et efficace, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ pour produire ou augmenter la grâce dans nos âmes. Signe sensible et efficace, institué par le Christ pour produire ou augmenter la grâce dans nos âmes. Reprenons les termes de cette définition. 

Un sacrement est un signe sensible : un élément visible, tangible, concret, qui désigne quelque chose d’autre, une réalité invisible (la grâce). Un signe sensible, c’est un panneau indicateur, qui oriente vers quelque chose d’autre que lui-même : le don invisible de Dieu par la grâce. Le signe sensible des sacrements est composé de deux éléments que les théologiens appellent matière et forme, autrement dit un geste et une parole qui vient le préciser. Nous les détaillerons pour chacun des sacrements : ce sont par exemple l’eau et l’invocation trinitaire du prêtre pour le baptême ou encore l’hostie et les paroles consécratoires de la messe pour l’eucharistie.

Un sacrement est un signe sensible et efficace : ce n’est pas le cas de tous les signes, qui orientent habituellement vers ce qu’ils ne sont pas, sans pour autant le réaliser. Lorsque je suis à Pau, il ne me suffit pas de voir le panneau indiquant Toulouse pour me trouver à Toulouse, j’ai encore 2 heures de route. Un signe efficace réalise par lui-même ce qu’il signifie : comme si le feu tricolore, en passant au vert, faisait lui-même démarrer ma voiture, ou comme si le panneau indicateur m’envoyait par lui-même immédiatement à Toulouse. Lorsque le geste du sacrement est posé, la réalité invisible de grâce vient directement – ex opere operato dira-t-on en bonne théologie – remplir celui qui en est le sujet. 

Mais d’où vient cette puissance du sacrement ? Elle est proprement surnaturelle, puisqu’elle réalise en nous quelque chose de surnaturel : effectivement, elle vient de Dieu, puisqu’elle est accomplie par l’Eglise selon l’institution du Christ. C’est Jésus lui-même qui a mis son pouvoir divin dans les sacrements, que l’Eglise n’a ni inventés ni modifiés, et qu’elle ne peut changer quant à ce qui fait leur substance profonde. On peut ainsi retrouver, dans les évangiles principalement, les moments d’institution des sept sacrements. Leur efficacité, dont nous venons de parler, vient donc directement du Christ Jésus. 

Enfin pourquoi ces sacrements ont-ils été institués ? Pour produire ou augmenter la grâce en nos-âmes : c’est à dire pour faire naître, grandir ou ressusciter en nous le don de la vie divine participée, l’habitation des trois Personnes et leur circulation d’amour, qui commence au baptême et augmente en prenant des virtualités nouvelles à chaque réception d’un sacrement. “Produire” car le baptême nous fait naître à la vie de l’âme, la confession peut la ressusciter si elle a été perdue. “Augmenter” car les autres sacrements (confirmation, eucharistie, onction des malades, ordre, mariage) – sacrements des vivants – ne peuvent être reçus avec fruit que dans une âme en état de grâce : dont ils augmentent, soutiennent et orientent la charité. 

Sept sacrements

Pourquoi y a-t-il sept sacrements ? La question mérite d’être posée et saint Thomas d’Aquin[51]Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 1. n’y manque pas. Il répond en dressant un beau parallèle entre la vie naturelle – vie du corps – et la vie surnaturelle – de l’âme. Toutes deux sont marquées par la naissance, la croissance et la nutrition qui entretient les forces vitales, mais connaissent aussi la maladie et la mort, et sont vécues dans un contexte social. C’est ainsi que le Christ vient nous rejoindre dans ces différentes dimensions de notre existence : à la naissance spirituelle correspond le baptême, à la croissance la confirmation, à la nutrition l’eucharistie, à la maladie le remède de la confession, à l’approche de la mort la consolation de l’onction des malades, à la nécessité de gouverner le corps social répond l’institution de l’ordre, à celle de le perpétuer le sacrement du mariage. 

Nous avons déjà établi la distinction entre les sacrements des vivants : confirmation, eucharistie, onction des malades, ordre et mariage, et ceux qui peuvent être reçus sans être en état de grâce. Ajoutons que saint Thomas range souvent les sacrements selon un ordre qui lui semble naturel[52]Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 2., mettant en premier le baptême, puisqu’il est l’indispensable porte d’entrée de la vie spirituelle, mais qu’il donne cependant la première place par ordre d’importance à l’eucharistie[53]Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 3.. En effet, dit-il, chacun des sacrements est un don de Dieu, comme un instrument de la puissance du Christ, tandis que l’eucharistie c’est Dieu lui-même qui se donne sans intermédiaire, le Christ Jésus reçu en nourriture. En outre, il montre que tous les sacrements sont orientés vers l’eucharistie, qui est leur finalité, puisqu’en elle commence d’une manière mystérieuse sur terre la consommation bienheureuse des noces célestes. 

Contemplons donc la grandeur que Dieu a mise dans la simplicité des sacrements, et aimons les rites liturgiques que l’Eglise a peu à peu déployés pour nous en faire comprendre la magnificence ! Aiguisons notre désir de recevoir Dieu dans le saint sacrement de l’autel, et usons avec ferveur et contrition de la confession, instituée par Jésus pour nous préparer à recevoir son corps sacré dignement et avec fruit. 

À partir de la semaine prochaine, nous étudierons chacun des sept sacrements en particulier. 

Pour aller plus loin

Catéchisme de l’Eglise Catholique, Deuxième partie, Première Section, Article 2 (nn°1113-1199).

Catéchisme du Concile de Trente, chapitre 14. 

Les Trois Blancheurs, Année V, “Les sacrements”, Leçons 6 et 7.

Les Trois Blancheurs, Année VIII, “L’Espérance”, Leçons 5 et 6.

Charles Journet, Entretiens sur l’Eglise et les sacrements, Parole et Silence. 

Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIIa Pars, qq. 60-65. 

Références

Références
1 Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IIaIIae, q. 2, a. 9 ; Concile Vatican I : DS3010 ; Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°155.
2 Benoît XVI, Audience du 17 octobre 2012.
3 Benoît XVI, Deus caritas est, 25 décembre 2005.
4 Sg 13, 1
5 Rm 1, 20
6 Jn 1, 1.
7 Jn 1, 14.
8 Voir les différents “récits” des tentations du Christ et les affirmations conjointes dans “L’évangile tel qu’il m’a été révélé” et l’analyse de don Guillaume Chevallier dans Charitas n°15.
9 Jn 10, 18.
10 1Co 6, 20.
11 C’est l’interprétation du Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°632.
12 1Co 15, 14.
13 Jn 16, 7.
14 1Jn 2, 1.
15 Jn 17, 24.
16 Dn 7, 10 ; Jl 3-4 ; Ml 3, 19
17 Lc 18, 8 ; Mt 24, 12.
18 Mt 24, 3.
19 Mt 25, 13.
20 Mt 24, 36.
21 Saint Jean de la Croix, Avis, n°57.
22 Jn 14, 1-4.
23 Qui ex Patre Filioque procedit” : “qui procède du père et du Fils” dans le Credo de Nicée-Constantinople chanté à la messe dominicale.
24 Jn 1, 32.
25 Lc 3, 16.
26 Is 11.
27 Is 61.
28 Lc 1, 35.
29 Jn 14, 25-26.
30 Jn 3, 5.
31 1Co 12, 13.
32 vivificantem“.
33 1 Co 12, 4.
34 Ga 4, 6.
35 Mc 2, 10 ; Mt 9, 6.
36 Mt 16, 19.
37 Jn 20, 23.
38 “Je pensais à toi dans mon agonie ; j’ai versé telles gouttes de sang pour toi.” (Blaise Pascal, Pensées, Fragments hors copies, Lafuma 919).
39 Saint Thomas d’Aquin, Somme Théologique, IaIIae Pars, q. 109, a. 8.
40 Proverbes 24, 16 ; Jésus y fait référence en Lc 17, 4.
41 Saint Thomas d’Aquin, Hymne Adoro te devote.
42 Mt 26, 28.
43, 53 Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 3.
44 1Co 15, 12-14.
45 Jn 6 40.
46 Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1010.
47 Jn 5, 28-29.
48 Jn 11, 25.
49 Mc 12, 26-27 :  Quant au fait que les morts ressuscitent, n’avez-vous pas lu dans le Livre de Moïse, au passage du Buisson, comment Dieu lui a dit : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ?
 Il n’est pas un Dieu de morts, mais de vivants. Vous êtes grandement dans l’erreur ! “
50 Jn 15, 4-6.
51 Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 1.
52 Somme Théologique, IIIa Pars, q. 65, a. 2.
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