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Le Christ n’est-il qu’un homme ?

Jésus et Mahomet dans un manuscrit timouride
Dans les articles précédents, nous avons montré que la Bible, loin d’être falsifiée ou corrompue, est intacte et reste une autorité pour les Musulmans eux-mêmes (sourate 10, 94), puis que Chrétiens et Musulmans n’ont pas le même Dieu, et enfin que la crucifixion – malgré les affirmations du Coran et de la Sunna, n’a pu être qu’une illusion. Nous répondons aujourd’hui à la thèse musulmane qui ne fait du Christ qu’un simple homme, et non Dieu.

 

Le Coran contre la divinité de Jésus

Il est vrai que le Coran contient des affirmations qui sont des reproches à l’encontre de ceux qui considèrent Jésus (ou plutôt, sa version coranique « Issa »[1]S’il y a des similitudes entre Notre-Seigneur Jésus-Christ et le « Issa » du Coran, il y a également des différences qui font qu’on ne peut purement et simplement identifier les deux … Continue reading) comme Dieu. Par exemple, en sourate 5, verset 116 : « Allah dira : Ô Issa, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux hommes : Prenez-moi, ainsi que ma mère, comme deux divinités autres quAllah ?” »[2]Traduction musulmane Montada, accessible en ligne sur https://quranenc.com/en/browse/french_montada/ (consulté le 14/06/2024). Notons en passant que ce verset reflète une vision erronée de la … Continue reading. On peut se référer aussi à 5, 17 ; 5, 72 et 9, 30.

 

Jésus n’est-il qu’un homme ? Les paradoxes du Coran

Mais paradoxalement, le Coran contient également des affirmations qui semblent difficiles à concilier avec l’idée que « Jésus » ne serait qu’un simple homme (notons en passant que Mahomet ne bénéficie d’aucun des privilèges qui sont attribués à « Jésus » …).

Pourquoi « Jésus » est-il appelé le Messie (3, 45) ? Ce titre n’est d’ailleurs jamais expliqué dans le Coran, supposé être un « exposé détaillé de toutes choses » (12, 111).

Pourquoi est-il conçu d’une vierge, sans l’intervention d’un homme ? (21, 91 : « Et celle qui sut garder sa chasteté. Nous insufflâmes en elle de Notre Esprit et fîmes delle et de son fils un Signe pour tout lUnivers » ; 66, 12)

Pourquoi est-il « la Parole d’Allah » (3, 45 ; 4, 171), sachant que la Parole d’Allah est supposée être éternelle comme lui ?

Pourquoi « Jésus » fait-il des miracles que Dieu seul peut faire (5, 110) ? Par exemple :

Je suis venu vous apporter un Signe de votre Seigneur. Je façonne pour vous de largile en forme doiseau, je souffle dedans et, par la permission dAllah, loiseau devient réel. Je guéris laveugle-né et le lépreux et, toujours par la permission dAllah, je fais revivre les morts. Je peux vous dire ce que vous mangez et quelles sont les provisions que vous conservez dans vos maisons[3]Les miracles cités ici (sourate 3, 49) sont un mélange de récits des évangiles apocryphes (Proto-évangile de Jacques) et des évangiles canoniques.

Pourquoi « Jésus » est-il vivant auprès d’Allah ? (cf. 4, 158 : « Allah la [Issa] élevé à Lui »).

Pourquoi Mahomet dans un hadith[4]Sahih al-Bukhari, hadith n°2476, en ligne : https://sunnah.com/bukhari:2476 (consulté le 14/06/2024). Un hadith est une parole, un fait ou geste « attribués à Mahomet et censés être … Continue reading dit-il qu’au dernier jour, « Jésus » descendra du ciel comme un « juste juge », alors que seul Dieu peut être un juste juge, puisque les hommes sont faillibles ?

Enfin, le Coran lui-même place « Jésus » au même niveau qu’Allah : « Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines (comme) seigneurs en dehors d’Allah et du Messie, fils (de) Maryam » (9, 31)[5]Nous suivons ici une traduction anglaise « mot à mot » (visible sur : https://www.islamawakened.com/quran/9/31/default.htm ; consulté le 14/06/2024), car la majorité des traductions que nous … Continue reading. Pourquoi le Messie est-il mis au même niveau qu’Allah ?

 

La divinité du Christ : le Coran face à la Bible

Pour la deuxième partie de cet article, voyons ce qu’il en est de la divinité du Christ dans la Bible[6]Cf. Abbé Pagès, op. cit. p. 89-110..

Des musulmans disent que nulle part dans le Nouveau Testament, le Christ ne dit : « Je suis Dieu, adorez-moi ». On peut d’abord faire observer que nulle part dans le Coran, Issa ne dit : « Je suis le Messie » ; il est dit de lui qu’il est le Messie, mais jamais il ne l’affirme lui-même. Si cela suffit cependant à pouvoir le définir comme Messie, alors pourquoi être plus exigeant vis-à-vis de la Bible ?

Il faut savoir que, dans le Nouveau Testament, si Notre-Seigneur n’emploie pas strictement les mots « je suis Dieu, adorez-moi », il affirme cependant sa divinité avec d’autres termes (ou encore par ses actions[7]Par exemple, quand il lit dans les cœurs ou quand il pardonne les péchés (cf. Mt 9, 1-7)., en particulier ses miracles[8]Le plus spectaculaire étant la résurrection de Lazare (cf. Jn 11, 1-44).). Les exemples sont nombreux ; nous n’en donnerons que quelques-uns :

1° Mt 11, 27 : « Toutes choses m’ont été remises par mon Père ; et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils aura bien voulu le révéler ». Le Père de Blignières fait l’observation suivante : « non seulement Jésus déclare ici quil est le seul à détenir et à pouvoir transmettre les secrets de la divinité, mais encore il affirme que personne ne peut le connaître, lui, Jésus, si ce nest Dieu (…) »[9]Père Louis-Marie de Blignières, fsvf, Le christianisme est crédible, Poitiers, DMM, 2019, p. 184..

2° Jn 8, 58 : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fut, Je suis » (allusion au nom divin dans Ex 3, 14 où Dieu se révèle comme « Je suis celui qui est »). La preuve que le Christ s’est attribué le nom divin, c’est que les juifs, nous dit l’Évangile, prirent des pierres pour le lapider (Jn 8, 59).

3° Jn 10, 36 : « comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Vous blasphémez, parce que j’ai dit : Je suis le Fils de Dieu ? ».

Enfin, nombreuses sont les affirmations, dans le Nouveau Testament, venant d’autres personnes que le Christ, et qui proclament sa divinité. Nous en présentons trois :

1° Mt 16, 16 : « Simon Pierre, prenant la parole, dit : “Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant” ».

2° Jn 20, 28 : « Thomas lui répondit : “Mon Seigneur, et mon Dieu !” ».

3° Ac 20, 28 : « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel l’Esprit-Saint vous a établis évêques, pour paître l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang ». Il s’agit évidemment ici du Christ.

 Concluons cet article par un dernier exemple : « le Christ (…) est au-dessus de toutes choses, Dieu, béni éternellement. Amen ! » (Rm 9, 5).

Références

Références
1 S’il y a des similitudes entre Notre-Seigneur Jésus-Christ et le « Issa » du Coran, il y a également des différences qui font qu’on ne peut purement et simplement identifier les deux figures. C’est la raison pour laquelle, dans la suite de cet article, nous écrivons « Jésus » (entre guillemets) quand il s’agit d’Issa. Nous renvoyons aux chapitres « G », « N » et « O » du livre de l’Abbé Guy Pagès, Interroger l’islam. Mille et une questions à poser aux musulmans (4e éd.), Poitiers, DMM, 2018.
2 Traduction musulmane Montada, accessible en ligne sur https://quranenc.com/en/browse/french_montada/ (consulté le 14/06/2024). Notons en passant que ce verset reflète une vision erronée de la Trinité, comme nous l’avons évoqué dans l’article précédent.
3 Les miracles cités ici (sourate 3, 49) sont un mélange de récits des évangiles apocryphes (Proto-évangile de Jacques) et des évangiles canoniques
4 Sahih al-Bukhari, hadith n°2476, en ligne : https://sunnah.com/bukhari:2476 (consulté le 14/06/2024). Un hadith est une parole, un fait ou geste « attribués à Mahomet et censés être rapportés par des chaînes de transmetteurs (…) » ; cf. Abbé Pagès, op. cit., p. 447.
5 Nous suivons ici une traduction anglaise « mot à mot » (visible sur : https://www.islamawakened.com/quran/9/31/default.htm ; consulté le 14/06/2024), car la majorité des traductions que nous avons consultées ne respectent pas l’ordre des mots en arabe, en plaçant le Messie avec les rabbins et les moines.
6 Cf. Abbé Pagès, op. cit. p. 89-110.
7 Par exemple, quand il lit dans les cœurs ou quand il pardonne les péchés (cf. Mt 9, 1-7).
8 Le plus spectaculaire étant la résurrection de Lazare (cf. Jn 11, 1-44).
9 Père Louis-Marie de Blignières, fsvf, Le christianisme est crédible, Poitiers, DMM, 2019, p. 184.
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