Notre confiance envers les membres de l’Église est parfois mise à rude épreuve, notre foi pourrait en être affaiblie. Penserions-nous comme le monde que l’Église touche à sa fin ? Tout ça pour ça ?
Lire aussi dans notre dossier d’introduction à l’apologétique :
– Peut-on prouver l’existence de Dieu ? (Introduction à l’apologétique 1/7)
– Si Dieu existe pourquoi le mal ? (Introduction à l’apologétique 2/7)
– La Trinité, mystère ou absurdité (Introduction à l’apologétique 3/7)
– Jésus-Christ, une légende ? (Introduction à l’apologétique 4/7)
– Jésus, vrai Dieu et vrai homme ? (Introduction à l’apologétique 5/7)
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Nous faisons face depuis plus de 50 ans à une profonde crise de l’Église : vocations, mœurs, scandales en tous genres, incompréhension du monde face à la doctrine chrétienne, relativisation apparente de certains points. Tout cela peut faire naître en nous des doutes sur cette institution et son origine divine, jusqu’à nous enlever la paix.
Benoit XVI résume la situation : pour lui, c’est une crise profonde de la foi.
Nous sommes ainsi amenés à nous poser ou à nous voir poser de nombreuses questions : l’Église est-elle vraiment d’institution divine ? A-t-elle les promesses de la vie éternelle ? Est-elle sainte, quoique composée de pécheurs ? Comment peut-on savoir qu’elle possède la vérité, elle seule ? Que veut dire « croire en la sainte Église catholique » ?
Face à ces difficultés, revenons à l’évangile.
L’Église est la société visible de tous les fidèles, elle est « Jésus-Christ répandu et communiqué » (Bossuet). Comme répondit encore Jehanne d’Arc à ses accusateurs : « il me semble de Jésus-Christ et l’Église que c’est tout un. »
La méditation du mystère de l’Église doit renforcer notre lien filial : nous sommes ses membres par le baptême, elle est notre mère, notre maîtresse, l’arche d’alliance qui nous conduira au ciel, car « hors de l’Église, point de salut » (saint Cyprien de Carthage, au IIIème siècle déjà).
Cette dimension collective est primordiale dans notre contexte individualiste, sans oublier que l’Église est non seulement militante (sur terre) mais souffrance (en purgatoire) et triomphante (au ciel).
Avant de démontrer sa divinité par les « notes » (une, sainte, catholique et apostolique), on étudiera la nécessité de l’Église, d’une telle autorité hiérarchique, d’une société visible, des sacrements… et le fait qu’elle a bien été voulue par Jésus. Si c’est le cas, alors nous sommes au bon endroit.
“Nous n’avons pas besoin de l’Eglise, l’Ecriture seule suffit”
Cette idée séduisante a cours chez les protestants, mais prend de plus en plus de place aussi chez certains catholiques qui ne comprennent pas la nécessité d’une institution visible et d’une autorité autre que la Bible (mais est-elle vraiment autre?), des sacrements… Ils rejoignent ainsi le « sola scriptura » des protestants – l’Ecriture seule. En pratique, beaucoup de catholiques estiment pouvoir se passer des sacrements et de l’obéissance à l’autorité ecclésiastique, s’affranchissant d’une autorité qui s’interposerait entre Dieu, sa parole, et eux.
Or la révélation divine se compose de deux éléments : la sainte Ecriture et la Tradition (liturgie, architecture, pratique sacramentelle, Magistère)… Nous ne sommes pas une « religion du livre ».
L’Ecriture Sainte vient de l’Eglise
La transmission orale
Avant d’être mise par écrit, l’Ecriture fut transmise oralement. La preuve ? Le Christ n’a jamais écrit, sinon sur le sable, et les apôtres et la communauté chrétienne on d’abord retenu et transmis par oral son enseignement.
– l’Ecriture sainte, avant d’être écrite, était transmise à l’oral. Nous sommes donc d’abord une religion de la parole. Les mots du Christ, leur signification et leur interprétation, ont été transmis en premier par oral, par les apôtres, avant d’être mis par écrit. L’Église existe donc avant l’Ecriture Sainte.
Le Christ n’a rien écrit à cause de la supériorité de sa doctrine, qui ne pouvait pas s’enfermer dans un texte ; comme il est dit en saint Jean (21, 25) : Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; si on les rapportait en détail, je ne crois pas que le monde entier pourrait contenir les livres qu’il faudrait écrire. (…) Si le Christ avait consigné par écrit sa doctrine, on penserait qu’on n’y trouve rien de plus profond que ce qui est dans la formulation écrite. » (Saint Thomas d’Aquin)
L’Ecriture a besoin d’être expliquée
L’Ecriture a besoin d’être transmise : le texte ne tombe pas du ciel, mais elle doit aussi être comprise, et interprétée selon l’esprit de son auteur. Les protestants eux-mêmes le reconnaissent, puisqu’ils acceptent les déclarations des premiers conciles.
Un bon exemple d’élément de tradition : le texte du Credo, qui n’est pas explicitement dans l’Evangile mais représente un énorme effort de synthèse de la doctrine qui y est contenue. Cette doctrine doit être lue, comprise, avec les yeux du Christ, qui expliquait lui-même les paraboles aux disciples : « Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Ecritures. » (Lc 24, 25).
L’Ecriture a besoin d’un défenseur, d’un protecteur, comme dans toute commmunauté (scientifique par exemple : les savants ont pour mission d’expliquer et de défendre les textes de référence) ; comme le dit Socrate : « Méprisé ou attaqué injustement, un discours écrit a toujours besoin que son père vienne à son secours ; car il ne peut ni résister ni se secourir lui-même. »
Jésus a voulu que sa parole soit défendue par une autorité vivante après son départ : il a confié à ses douze apôtres d’enseigner les nations « jusqu’à la fin du monde ». La Bible ne peut donc vivre et se soutenir par elle-même, il faut une institution : l’Église.
Cette mission (enseigner les nations) suppose un groupe capable de conserver le texte intact, de l’interpréter et de trancher les litiges : c’est le groupe des apôtres, choisi pour continuer la mission du Christ sur terre, qui initie cette institution nécessaire à la transmission et conservation du texte. Ajoutons la nécessité d’une autorité interprétative, stable et vivante, pour réaliser le promesse d’unité et d’universalité faite par le Christ.
Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons. (Mc 3, 14)
Juste avant l’ascension, Jésus envoie les apôtres et mission, mission qui se poursuit pour des générations et implique une transmission par les douze du pouvoir reçu du Christ.
Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. (Mt 28, 19-20)
A leur tête, le Christ a placé un chef, revêtu d’une autorité de gouvernement :
Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. (Mt 16, 18-19)
Dans ce passage si riche de la « confession de Pierre » on retrouve : 1) sa primauté, 2) la promesse de la vie éternelle, 3) la tradition du pouvoir des clefs (l’Église reçoit les clés du ciel, on y entre par elle). Or Jésus est venu sauver des hommes, non des anges : il faut donc que cette société soit visible et hiérarchisée. Telle est déjà l’Église primitive, institution dont les fondateurs ont reçu une triple charge, qu’ils vont transmettre : enseigner, sanctifier, gouverner.
Le chef des apôtres est en outre assisté d’une manière particulière pour ne pas défaillir en sa foi :
Pierre, (…) j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. (Lc 22, 31)
Ainsi, écouter les apôtres, c’est écouter le Christ :
Qui vous écoute m’écoute, qui vous accueille m’accueille. (Mt 10, 40)
Ne pas obéir à l’Église peut avoir des conséquences :
Si ton frère a péché contre toi, va reprends-le entre toi et lui seul; s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux (personnes), afin que toute chose se décide sur la parole de deux ou trois témoins. S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Eglise; et s’il n’écoute pas même l’Eglise, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain. (Mt 18, 15)
Jésus a voulu cette institution, qui n’est pas une invention des premiers chrétiens, déçus de ne pas voir arriver la fin du monde ; l’Église est fondée par Jésus, qui continue à la maintenir, elle est son corps mystique.
Pourquoi alors ces misères, ces scandales ? Il y a un contraste entre le fondateur de l’Église (Jésus) et ses membres.
Pour y répondre, il faudra revenir au but premier de l’Église : transmettre le Christ a long de l’histoire, conserver et délivrer le dépôt de la foi au long des siècles. L’Église n’a jamais failli à sa mission. Son incarnation entraîne les misères de la condition humaine, d’autant plus visibles et scandaleuses chez ceux qui collaborent à restaurer cette nature blessée.
Notre-Seigneur a souffert sur terre par la présence de Judas, le reniement de Pierre, la lenteur des apôtres à croire : ainsi apparaissait déjà le contraste entre la faiblesse humaine des hommes d’Eglise et la transmission indéfectible du dépôt, signe de l’assistance divine.
Quand on regarde l’Eglise, on se dit : qu’un tel navire, qui a eu si souvent toutes les raisons humaines et matérielles de sombrer corps et âmes, n’ait jamais péri mais continue de transmettre la foi des apôtres, voilà un indice de sa constitution surnaturelle ! (Frédéric Guillaud, Catholix Reloaded)
Comme membres de l’Église, nous avons la certitude d’être dans la vérité et de suivre le Christ lorsque nous obéissons à l’Église : c’est la vertu de foi qui nous fait adhérer à Dieu et à tout ce qu’il fait. Il ne faut pas oublier que l’Église aussi est un mystère : elle sollicite notre foi, elle ne se comprend que de l’intérieur (comme les vitraux de l’église-bâtiment).
Pourquoi est-ce l’Église catholique seule qui transmet la vérité sur Dieu, comment la reconnaître parmi tant de fausse religions et groupes qui se disent chrétiens ? Il faut chercher des signes d’authenticité de la véritable Église. Elle sera celle qui est conforme en tout aux intentions du Christ, qui lui reste fidèle dans le temps.
Les signes de cette authenticité sont les « notes » de l’Église.
Qu’est-ce qu’une « note » de l’Eglise ?
Une note est un signe extérieur, un indice visible permettant de discerner la véritable Église. Elles viennent des évangiles et de la volonté du Christ, mais ont été développées peu à peu par les théologiens. La vraie Église se reconnaît en ce qu’elle possède ces signes extérieurs, qui doivent être visibles, identifiables par ceux du dehors. La société spirituelle qui les possède toutes sera la vraie Église de Dieu et du Christ.
Les quatre « notes » de l’Eglise
Ce sont les quatre propriétés essentielles énumérées à la fin du Credo : unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam.
La sainteté
La sainteté est la transcendance de la vertu morale, l’exigence de vie chrétienne qui n’a jamais abandonné l’Église du Christ, au nom des principes qu’elle professe.
Il faut ainsi distinguer 1) la sainteté des principes de l’Église, enseignés depuis toujours (dogmes, morale, précepte de la charité) ; 2) la sainteté de ses membres, qui se sanctifient par la vie chrétienne conformément à son enseignement.
Un regard extérieur honnête constate la pratique de vertus supérieures par un grand nombre de chrétiens, la victoire du les passions mauvaises, le zèle généreux pour le bien. La vie des chrétiens témoigne ainsi d’une moralité plus haute. On y voit même des vertus héroïques chez quelques-uns, au-delà des forces morales purement humaine (la sainteté, le martyre, la charité oublieuse de soi). Ces éléments manifestent une intervention de Dieu, qui élève la nature humaine au-dessus de ses faiblesse. Ils témoignent avec continuité dans la société chrétienne, à travers les époques même les plus critiques. Aujourd’hui encore l’Église est peuplée de saints inconnus, qui font du bien sans faire de bruit. Cette vie exemplaire de nombreux chrétiens vient de l’enseignement constant de l’Église, qui conduit à suivre en tout l’exemple du Christ.
Or l’Église a pour mission de continuer sur terre la mission de Jésus, donc de procurer aux âmes la sanctification, en vue du ciel. L’évangile du Christ est saint, conforme à ce qu’est Dieu, la sainteté est l’élément spécifique, distinctif de l’évangile, elle doit donc se retrouver dans l’Église qui continue son œuvre, et dans ses membres. Elle y dépasse parfois totalement les forces humaines : constance dans les persécutions, charité héroïque…
Vous êtes la lumière du monde. On ne peut cacher une ville située au sommet de la montagne. On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Mt 5, 14)
L’apostolicité
C’est la succession continue dans le gouvernement de l’Église, depuis les apôtres : critère visible de la hiérarchie permanente instituée par le Christ, transmise pour guider l’Église. La vraie société des chrétiens ne peut exister sans cette soumission aux successeurs des apôtres, à travers la hiérarchie voulue par Jésus. Cette succession sans interruption (François est le 266ème pape) est un phénomène historique certain ; on distingue toutefois la succession matérielle (de titulaire en titulaire) de la succession légitime, qui a lieu conformément aux règles de transmission (et est par conséquent empêchée par le schisme ou l’hérésie, qui détachent du Christ). Les cas du schisme et de l’hérésie sont les plus délicats, discernés par les deux dernières notes : catholicité et unité.
L’unité
L’unité est la subordination de tous les fidèles à une même juridiction spirituelle (droits et devoirs de tous) et à un même magistère enseignant (même foi). Cette juridiction spirituelle unique garantit l’unité visible de l’Église, dans le culte et le gouvernement (malgré des différences secondaires légitimes en matière de liturgie et de discipline, selon les lieux et les temps).
Le même magistère enseignant garantit la même doctrine, un seul Credo depuis 2000 ans. L’unité de foi est intérieure et invisible, mais la subordination au magistère enseignant en est le signe visible. Cette unité est voulue par Jésus lui-même. Sans elle c’est la division (protestantisme), or l’unique chemin, vérité et vie est Jésus (Jn 14, 6), par son Église.
Qu’ils soient uns comme nous sommes uns. (Jn 17, 21)
La catholicité
C’est la diffusion de la même société visible dans le monde entier. Il s’agit ici de la catholicité extérieure, l’extension visible de l’Église – on parle de catholicité relative (par opposition à la catholicité ou universalité absolue). C’est l’universalité de la société visible, essentielle à la vraie Église voulue par Jésus.
Dans l’Ancien Testament la loi mosaïque ne concernait que le peuple élu. La loi nouvelle apportée par Jésus concerne tous les hommes sans distinction. Cette universalité reste toutefois relative : tous les hommes n’y entrent pas car ils sont libres d’accueillir l’évangile. La vraie Église ne doit pas forcément être la plus nombreuse sur terre, même si c’est ce que nous devons désirer : la majorité n’est pas un critère de vérité.
Ces quatre notes données et voulues par Jésus permettent de découvrir l’Église qu’il a voulu établir et nous donnent une certitude concernant la vérité de notre religion. Il faut désormais les appliquer à l’Église catholique, comme un test de vérité.
Application des « notes » à l’Eglise catholique
L’Eglise catholique et l’unité
L’unité de l’Église encadre tous ses membres dans une seule doctrine et un seul gouvernement, elle n’est cependant pas une uniformité (diversité de vie religieuse, laïque, de liturgie, de discipline…). Tout demeure cependant soumis à la même hiérarchie, au même droit (dans les grandes lignes). Ce qui s’impose finalement à tous, c’est l’Evangile, transmis sous forme de dogme (ce qu’il faut croire) et de morale (ce qu’il faut faire).
Cette unité est réalisée autour de la pensée du Christ et nous permet ainsi de ne pas nous égarer, de l’imiter en toute chose, grâce à l’enseignement constant et formel de l’Église au sujet de la foi et de la morale. Il faut savoir le recevoir (en particulier actuellement) avec le regard et l’esprit de la tradition, qui en est la vraie règle d’interprétation. Cet enseignement doit toujours être reçu avec un a priori positif et un esprit filial, qui demande parfois une foi crucifiante.
Le magistère de l’Église est l’organe officiel et permanent de l’unité, depuis 2000 ans. Il est exercé par le pape et les évêques réunis autours de lui, avec différents degrés d’autorité. Cette unité est historique (même foi depuis 2000 ans), géographique, doctrinale. Elle a permis à l’Église de traverser les crises (persécutions, schismes, protestantisme, modernisme et rationalisme, crises actuelles) et de continuer à rendre gloire à Dieu et à sauver les âmes.
L’Eglise catholique et la sainteté
Cette note est plus difficile à constater : la morale enseignée par l’Église est loin d’être suivie par tous ses membres, même les plus élevés en hiérarchie, cet argument est souvent utilisé contre l’institution. Il faut quant à nous contempler l’Église dans son ensemble, voir qu’elle accomplit toujours sa mission de sanctification, de prolongation de la présence du Christ, depuis 2000 ans, apportant aux hommes la grâce, la paix, le bonheur surnaturel, la charité, l’ordre et la civilisation.
Aujourd’hui encore l’Église œuvre souvent seule pour le respect de la dignité humaine, la rectitude des mœurs, la liberté de conscience, l’état de droit. On ne saurait mesurer l’oeuvre accomplie par l’Église par la sainteté de sa doctrine, le bien apporté à l’humanité.
Pour nous, retenons le bien reçu par l’Église, les nombreux saints et saintes par lesquelles elle brille. Ces faiblesses et scandales montrent en négatif sa sainteté, qui apparaît d’autant plus miraculeuse.
Si l’Église est sainte, quoique constituée de pécheurs, c’est qu’elle est le corps mystique du Christ. Elle est constituée de pécheurs tout simplement parce qu’elle sert… à sauver !
De notre côté, soyons toujours plus conformes à sa sainteté, plus dignes d’en être membre.
L’Eglise catholique et l’universalité
L’Église est catholique par essence : elle enseigne le règne universel de Dieu, appelé à se propager jusqu’aux extrémités de la terre. Elle s’est toujours adaptée en valorisant les traditions locales, « experte en humanité », elle sait comment conduire tous les peuples à Dieu.
Toute son histoire est marquée par cet esprit d’apostolat universel : des milliers de missionnaires risquant leur vie pour partir au bout du monde. Elle ne peut pas ne pas parler du Christ, comme lui elle a soif des âmes. Il faut se rappeler qu’elle est un corps vivant : non pas un être de mutation mais de croissance.
L’Église compte aujourd’hui 1,345 milliards de fidèles (17,5 % de la population), répartis sur tous les continents : 50% en Amérique du Nord et du Sud, environ 25% en Europe ; le nombre de fidèles ne cesse d’augmenter en Afrique (16%), en Asie (11 %) et en Océanie (moins de 1 %). Côté hiérarchie, on compte plus de 5300 évêques, environ 414000 prêtres, 50000 religieux et plus de 630000 religieuses présents dans des centaines de pays (source : Annuaire Pontifical 2021).
L’Eglise catholique et l’apostolicité
L’Église s’enracine dans les apôtres et se développe organiquement, à l’inverse d’un conservatisme étroit ou d’un esprit archéologisant (vouloir revenir à tout prix aux origines) : elle se développe en gardant le fond et en développant la forme.
La doctrine catholique est en effet un dépôt, reçu par les apôtres pour être gardé et transmis. Elle s’appuie sur l’évangile et l’autorité des Pères. La succession apostolique se déploie selon des règles précises, assurant la légitimité du pouvoir transmis. Si la catholicité assure la diffusion de l’évangile à travers le monde, l’apostolicité l’étend dans l’histoire des hommes.
Cette étude des notes permet de conclure à la divinité de l’Église : nous pouvons lui remettre notre foi. C’est par elle que nous recevons l’évangile dans son intégralité : croire en l’Église, c’est croire au Christ.
Par son unité catholique et son éminente fécondité en toutes sortes de biens, par son admirable propagation et son invincible stabilité, l’Eglise se classe au premier rang des institutions de ce monde. (Concile Vatican I)
Il nous faut demander cette foi filiale en notre mère et maîtresse, chemin de notre sanctification, malgré ses misères. Le navire est dirigé par le Saint-Esprit, âme de l’Église [https://claves.org/lesprit-saint-ame-de-leglise/]. Nous devons avoir une grande confiance en Dieu qui sanctifie les âmes et les sauve non pas malgré la croix mais par la croix. Nous pouvons être fiers de l’Église, de ce qu’elle a fait pour les hommes au long des siècles et continue de faire, souvent dans le silence et la discrétion, des saints qui sont sa grandeur et sa beauté. Elle seule a les promesses de la vie éternelle. Rappelons-nous enfin que l’Église n’est pas seulement militante mais aussi souffrante et militante.
L’Eglise n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. (G. Bernanos, Martin Luther)
1- « Le Christ n’a rien écrit à cause de la supériorité de sa doctrine, qui ne pouvait pas s’enfermer dans un texte ; comme il est dit en saint Jean (21, 25) : Jésus a fait encore beaucoup d’autre chose ; si on les rapportait en détail, je ne crois pas que le monde entier pourrait contenir les livres qu’il faudrait écrire. (…)
Si le Christ avait consigné par écrit sa doctrine, on penserait qu’on n’y trouve rien de plus profond que ce qui est dans la formulation écrite. » (Saint Thomas d’Aquin)
2- « Quand on regarde l’Eglise, on se dit : qu’un tel navire, qui a eu si souvent toutes les raisons humaines et matérielles de sombrer corps et âmes, n’ait jamais péri mais continue de transmettre la foi des apôtres, voilà un indice de sa constitution surnaturelle ! » (F. Guillaud, Catholix Reloaded)
3- « Quand j’entends insulter l’Eglise, j’ai les mouvements d’un fils qui voit frapper sa mère. » (Abbé Berto)
4- « On ne réforme l’Eglise qu’en souffrant pour elle, on ne réforme l’Eglise visible qu’en souffrant pour l’Eglise invisible. On ne réforme les vices de l’Eglise qu’en prodiguant l’exemple de ses vertus les plus héroïques. Il est possible que saint François d’Assise n’ait pas été moins révolté que Luther par la débauche et la simonie des prélats. Il est même certain qu’il en a plus cruellement souffert, car sa nature était bien différente de celle du moine de Weimar. Mais il n’a pas défié l’iniquité, il n’a pas tenté de lui faire front, il s’est jeté dans la pauvreté, il s’y est enfoncé le plus avant qu’il a pu avec les siens, comme dans la source de toute rémission, de toute pureté. Au lieu d’essayer d’arracher à l’Eglise les biens mal acquis, il l’a comblée de trésors invisibles et, sous la douce main de ce mendiant, le tas d’or et de luxure s’est mis à fleurir comme une haie d’avril… L’Eglise n’a pas besoin de réformateurs, mais de saints. (G. Bernanos, Martin Luther)