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La Résurrection – Le tombeau vide

Résurrection du Christ - Charles le Brun
« Il vit, et il crut » : pour saint Jean, c’est la vision du tombeau vide, et des linges pliés, qui est le déclencheur de sa foi en la Résurrection du Christ, avant même toute apparition. Penchons-nous sur le mystère de cette « absence réelle ».
Cliquer ici pour lire la première partie de l’article : Les Évangiles disent vrai !
Cliquer ici pour lire la deuxième partie de l’article : Le témoignage de saint Paul
Cliquer ici pour lire la troisième partie de l’article : Le témoignage des Évangiles

Le fait historique du « tombeau vide » affirmé par les quatre Évangiles[1]Mc 16, 4 ; Jn 20, 7 ; Lc 24, 3 ; Mt 28, 11-13,  est également confirmé par la réaction des juifs, qui donnent aux gardes effrayés une forte somme d’argent, pour dire que les disciples avaient enlevé le corps de Jésus pendant qu’ils dormaient[2]Mt 28, 11-13. Quelle valeur peut-on donner à cet argument pour « prouver » la Résurrection de Jésus ?

Première hypothèse : Le Corps du Christ a-t-il pu être enlevé ?

Nous l’avons dit, il n’est pas du tout sérieux aujourd’hui d’affirmer que les apôtres, le lendemain de la mort du Christ, puissent songer à « faire croire » que Jésus est ressuscité. Après la mort de Jésus, les apôtres, selon leur culture propre et leur attente messianique, sont sûrs d’une chose : Jésus était un faux Messie (en témoigne le récit des pèlerins d’Emmaüs). Ils ont le sentiment d’avoir été trompés, et d’avoir assisté à un échec. Quel intérêt les apôtres pouvaient-ils avoir à inventer la fable de la Résurrection et à faire adorer comme un Dieu, un séducteur dont ils auraient été les premières victimes ?

Par ailleurs, nous l’avons dit, les apôtres sont sincères en annonçant la Résurrection du Christ après les apparitions (leur martyre en est la preuve) : sincérité impossible s’ils avaient eux-mêmes enlevé le corps.

Par ailleurs, on a découvert en 1930, sur une dalle de marbre provenant de Nazareth, une inscription datant de César Auguste, qui interdit sous peine de mort de déplacer un cadavre[3]Lucien, Apologétique, p. 552. S’il y avait le moindre fondement au fait que les apôtres (ou Joseph d’Arimathie par ex.) aient déplacé le corps de Jésus, il y aurait eu des suites. Or jamais, en aucun des procès des apôtres, on ne retrouve mention de ce soi-disant crime : preuve que les pharisiens ont rapidement abandonné cette accusation fantaisiste, n’ayant aucun élément pour le prouver.

Lisons ici simplement la réponse de saint Chrysostome à cette hypothèse farfelue :

Comment des hommes pauvres, sans esprit, et qui n’osaient se montrer, auraient-ils osé enlever le corps de leur maître ? Si, lorsqu’ils vivaient encore, ils se sont tous enfui, comment, après sa mort, n’auraient-ils pas craint cette multitude de gens armés ? Et encore, est-ce qu’ils pouvaient renverser la pierre du sépulcre qui ne pouvait être soulevée que par plusieurs bras ? Est-ce que le sceau public n’y avait pas été apposé ? Pourquoi d’ailleurs ne l’ont-ils pas dérobé la première nuit, lorsqu’il n’y avait aucune garde au tombeau ? car ce n’est que le jour du sabbat qu’ils demandèrent une garde à Pilate. Que signifient encore ces suaires que Pierre vit placés dans le sépulcre ? Si les disciples avaient voulu dérober le corps, ils ne l’eussent pas enlevé dépouillé de son linceul, non-seulement par respect, mais encore pour ne pas être retardés par cette opération et donner aux soldats les moyens de s’emparer d’eux, d’autant plus que la myrrhe était tellement gluante et collée au corps et au linceul qu’il était fort difficile de le détacher du corps. Tout ce qu’on a dit sur ce vol prétendu n’a donc aucune vraisemblance, et tout ce que les Juifs ont amassé pour obscurcir le fait de la résurrection n’a servi qu’à le rendre plus éclatant, car, en publiant que les disciples ont enlevé le corps de Jésus, ils avouent que le corps n’était plus dans le sépulcre. Or, la crainte dont les apôtres étaient remplis, et le soin avec lequel les soldats gardaient le tombeau démontrent l’impossibilité de cet enlèvement[4] Saint Jean Chrysostome, Homélie 90, cité par saint Thomas d’Aquin, Catena Aurea, en commentaire de Mt 28, 11-15..

Si le corps n’a pas été enlevé par les amis du Christ, a-t-il pu être enlevé – comme certains l’avancent aujourd’hui – par les ennemis de Jésus, ou bien par des personnes « neutres », comme le propriétaire du jardin, ou des pilleurs de tombes ? Tout cela semble bien invraisemblable : si les ennemis de jésus avaient enlevé le corps, il se seraient manifestés ensuite, pour contester la Résurrection. Quant aux autres pistes, elles semblent bien invraisemblables : rappelons que le tombeau était lourdement gardé, qu’il ne contenait que le corps d’un supplicié condamné, et que c’était un crime puni de mort. Et surtout, cela n’explique en rien le récit des apparitions.

Reconnaissons cependant que l’argument du tombeau vide est un argument « négatif », ou indirect : il n’est pas absolu, c’est la raison pour laquelle nous ne l’abordons qu’ici. Les autres arguments avancés dans les trois premiers articles (ici, ici et ici) se suffisaient en eux-mêmes. Et celui-ci, associé aux autres, acquiert une force démonstrative importante.

Deuxième hypothèse : le tombeau n’a jamais été vide, d’ailleurs on a retrouvé son corps !

Le Christ est-il toujours dans sa tombe ? Malgré l’évidence (et le fait que les juifs eux-mêmes font courir le bruit que le corps a été enlevé), cette dernière hypothèse refait surface régulièrement, avec grand tapage médiatique, comme en témoigne l’affaire de la tombe de Talpiot[5] Sur la tombe de Talpiot, cf. Lucien, Apologétique, p. 553-554 ; et Guillaud, Catholix Reloaded, p. 134-135..

Talpiot est un quartier de Jérusalem, dans lequel on a découvert, en 1980, un tombeau du 1er siècle, avec des ossements, et l’inscription des défunts suivants : « Jésus fils de Joseph ; Marie ; Matthieu ; Judas fils de Jésus ; Josah ; Maramenou e Mara ».  À cette époque, personne ne s’émeut, car les chercheurs archéologues sont des gens sérieux. Mais l’affaire est reprise en 2007 dans les médias par des hommes de cinéma, avides d’histoires à succès et de grandes découvertes (notamment par James Cameron, réalisateur du film Titanic). Tout y est : on a retrouvé la tombe de Jésus, il a épousé Marie-Madeleine (Maramenou e Mara), et leur fils s’appelle… Judas !

Mais cela ne tient pas.

  • Il s’agit d’un caveau de famille, celui de Jésus aurait dû se trouver à Nazareth.
  • Les noms inscrits sur la tombe sont extrêmement courant en Palestine. D’ailleurs, on avait déjà, avant Talpiot, au moins 2 ossuaires connus avec la mention « Jésus, fils de Joseph ».
  • Mariamenou e Maria ne veut pas dire Marie-Madeleine.
  • Etc… (cf. les références pour plus d’arguments).

Bref :

« Si Jésus était enterré dans ce tombeau, il n’y aurait jamais eu de religion chrétienne. Le tombeau de Talpiot était grand et connu. Tous les habitants de Jérusalem savaient à quelle famille il appartenait. S’il avait appartenu à la famille de Jésus, c’est là que les autorités de Jérusalem se seraient rendues dès le matin de Pâques pour effectuer leurs recherches. Cela ne leur aurait pas pris une heure pour vérifier que le corps de Jésus était bien couché sur un des lits funéraires. Si Talpiot était le tombeau de famille de Jésus, les autorités juives n’ont pas pu ne pas aller vérifier sur place et il n’y aurait jamais eu de religion chrétienne[6]Émile Carp ; Cité par Lucien, Apologétique, p. 554.

La Résurrection comme explication des faits historiques

Au cours de notre enquête partielle (nous renvoyons aux livres cités pour approfondir), nous avons cherché à appliquer la méthode historique :

  • On reconstitue les faits avérés ;
  • On cherche la meilleure explication de ses faits.

L’explication qui explique le plus de faits, qui est la plus plausible, qui est la plus simple, et qui éclairent d’autres faits, est celle que l’historien retiendra[7]Cf. Frédéric Guillaud, Catholix Reloaded, p. 127-133..

Nous avons établi des éléments certains historiquement, sur lesquels tous s’accordent :

  • Jésus est mort, il a été mis au tombeau
  • Des témoins ont dit qu’il était ressuscité
  • Ses disciples passent de l’abattement à l’enthousiasme missionnaire, enflammant le monde et mourant pour témoigner de la Résurrection
  • Saint Paul s’est converti au christianisme

À ces éléments certains, il faut une explication ! Nous avons éliminé les hypothèses naturalistes, qui ne tenaient objectivement pas la route :

  • Hypothèse de la fraude
  • Hypothèse de l’enlèvement du corps
  • Hypothèse de la mort apparente
  • Hypothèse de l’hallucination
  • Etc…

La seule hypothèse qui reste, la seule explication « logique », c’est : tout cela est vrai ; il est vraiment ressuscité. La thèse de la Résurrection explique tous les faits, elle les explique simplement, elle les explique à elle seule. Et même, elle explique d’autres faits, comme le fait que les premiers chrétiens vouent un vrai culte divin à Jésus dès le début du christianisme, et que tous les témoins soient morts martyrs.

Quant à la plausibilité, il faut, certes, une condition : accepter la possibilité du miracle, la possibilité du fait surnaturel. C’est cela qui empêche beaucoup de rationalistes de conclure.

Il est vraiment ressuscité ! La question est : que faire, maintenant, de cette vérité ? Car atteindre cette vérité, ce n’est pas encore avoir la foi. La Résurrection est le signe suprême que Jésus nous a dit la vérité ; mais je reste libre, même devant ce signe, comme les contemporains de Jésus sont restés libres devant tous les miracles de Jésus auxquels ils ont assisté. Car la Foi théologale n’est pas la conclusion d’un raisonnement intellectuel : la Foi théologale est une illumination de l’intelligence par la Vérité se révélant en nous. Si les signes aident cette foi et la préparent, ils ne la créent pas. La Foi nous fait passer à un autre ordre. Thomas l’apôtre voit Jésus ressuscité : il voit le signe. Mais il aurait pu ne pas croire. Il aurait pu résister au signe, il était libre. S’il s’écroule à genoux, s’il dit « Mon Seigneur et mon Dieu », c’est parce qu’il a accepté la Foi qui vient de Dieu. Ainsi, dira saint Thomas d’Aquin, « Thomas (l’apôtre) a vu quelque chose (le miracle), et il a cru en une autre chose (le mystère) »[8]IIa IIae, q. 1, a. 4, ad 1.

 

Références

Références
1 Mc 16, 4 ; Jn 20, 7 ; Lc 24, 3 ; Mt 28, 11-13
2 Mt 28, 11-13
3 Lucien, Apologétique, p. 552
4 Saint Jean Chrysostome, Homélie 90, cité par saint Thomas d’Aquin, Catena Aurea, en commentaire de Mt 28, 11-15.
5 Sur la tombe de Talpiot, cf. Lucien, Apologétique, p. 553-554 ; et Guillaud, Catholix Reloaded, p. 134-135.
6 Émile Carp ; Cité par Lucien, Apologétique, p. 554
7 Cf. Frédéric Guillaud, Catholix Reloaded, p. 127-133.
8 IIa IIae, q. 1, a. 4, ad 1
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