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Portez le scapulaire !

Le 16 juillet 1858, depuis l’autre côté du Gave, car la grotte a été fermée et barricadée par les autorités, la Dame apparaît une dernière fois à Bernadette, qui dira : « jamais je ne l’avais vue aussi belle ». Ce jour était celui de la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. 
Le 13 octobre 1917, jour de la dernière apparition de Fatima et du fameux « miracle du soleil », les trois enfants voient Notre-Dame du Mont-Carmel, apparue en portant le saint scapulaire. 
À l’occasion des 750 ans de la remise du scapulaire, le pape Jean-Paul II écrivit dans une lettre officielle :« Moi aussi, depuis longtemps, je porte sur mon cœur le Scapulaire du Carmel ! En raison de l’amour que j’éprouve envers notre Mère céleste commune, dont je ressens constamment la protection. »

Qu’est-ce que le Carmel, et d’où vient le scapulaire ? 

Le Carmel, montagne de Dieu célébrée et habitée par les prophètes de l’Ancien Testament, se trouve au nord de la Terre Sainte, entre la Galilée et la mer. Son habitant le plus célèbre fut le prophète Élie, qui s’y retira pour prier dans la solitude à une époque où tout Israël avait abandonné le vrai Dieu[1]On s’est servi ici de l’excellent ouvrage édité par les Traditions Monastiques : Le scapulaire du Mont-Carmel, 3e édition, Flavigny-sur-Ozerain, 2001. 

À différentes époques, dès les débuts de l’ère chrétienne et à nouveau lorsque les Latins reprirent possession des lieux saints à l’aube du XIIe siècle, le Carmel fut habité par des ermites vivant de l’esprit du prophète Élie. On y développa et entretint en particulier une grande dévotion à la Mère de Dieu, bientôt priée dans une petite chapelle et invoquée sous le vocable de « Notre-Dame du Mont-Carmel ». Bientôt structuré et organisé, l’ordre du Carmel fut approuvé en 1226 par le pape Honorius IIII, bien que le concile de Latran IV ait demandé (seulement dix ans auparavant) de ne plus créer de nouvelles congrégations. Le nouvel ordre fut cependant bientôt menacé par les incursions et persécutions musulmanes. Les carmes voulurent demeurer fidèle au lieu béni de leur solitude, mais les derniers religieux durent quitter les lieux ou furent massacrés en 1291, année de la prise de Saint-Jean d’Acre. 

Menacé alors dans son existence même, l’ordre du Carmel était placé sous la direction de saint Simon Stock, religieux originaire d’Angleterre et prieur général au milieu du XIIIe siècle. Le 16 juillet 1251, la mère de Dieu lui apparut et lui fit don d’un habit à porter par dessus la bure des carmes : le scapulaire. « Celui qui mourra dans cet habit, déclara Notre-Dame, sera préservé des flammes éternelles. »

À cette première promesse de Marie s’ajouta une seconde quelques décennies plus tard : le privilège sabbatin. Après une vision dont il aurait été favorisé en 1317, le pape Jean XXII a promulgué une bulle aux termes de laquelle Notre-Dame du Mont-Carmel lui aurait promis de délivrer du Purgatoire ceux qui porteraient son scapulaire le samedi (jour de la semaine traditionnellement consacré à Marie) suivant leur mort. Deux conditions étaient ajoutées pour bénéficier de cette promesse : l’observation de la chasteté de son état (complète dans le célibat ou la consécration religieuse, conjugale dans le mariage) et la récitation quotidienne de l’office de la Sainte-Vierge (souvent commuée aujourd’hui dans la prière du chapelet). Il s’agit en fait d’une forme particulière d’indulgence plénière, prenant effet au plus tard le samedi après la mort. Saint Jean de la Croix, qui portait le scapulaire, répétait sa confiance dans la miséricorde divine agissant à travers ce privilège… et mourut un samedi à minuit !

La diffusion du scapulaire

Dès l’époque de saint Simon Stock les miracles se multiplièrent, telle cette conversion d’un noble anglais à la vie publiquement dissolue, obtenue par le prieur du Carmel en imposant son scapulaire au moribond. Le scapulaire se généralisa donc comme habit de l’ordre, mais fut bientôt porté aussi par des laïcs qui désiraient s’agréger aux mérites spirituels du Carmel et profiter de sa protection. Ainsi de saint Louis, qui mourut sous ce vêtement dès 1270. 

On le réduisit donc, pour les laïcs, à une forme plus discrète, susceptible d’être portée sous les vêtements. Il fut porté par nombre de grands hommes et de grands saints : saint Robert Bellarmin, saint Charles Borromée, saint Alphonse de Ligori, saint Jean Bosco, sainte Bernadette Soubirous, saint Jean-Paul II…

Pas un grigri mais un esprit

La dévotion au scapulaire n’est pas une superstition : l’habit de Marie est loin d’être une amulette ou un grigri. Le pape Pie XII montrait en 1950[2]Pie XII, Lettre Neminem profecto, 11 février 1950 qu’il s’agit avant tout de renouveler notre souci des fins dernières et de la vie éternelle, l’affaire la plus importante de toutes, que les chrétiens désirent remettre entre les mains de Marie. 

Les deux aspects spirituels de la dévotion au scapulaire sont récapitulés dans la lettre écrite par Jean-Paul II à l’ordre du Carmel à l’occasion du jubilé des 750 ans[3]Jean-Paul II, 25 mars 2001 :

  • comme habit donné par notre mère du Ciel, le scapulaire évoque d’abord la protection de la sainte Vierge, durant la vie mais en particulier au moment du passage vers la gloire éternelle. On se rappelle du premier geste de Dieu, après le péché, donnant à Adam et Eve en signe de pardon et de protection des vêtements faits de sa propre main.
  • mais surtout en revêtant le scapulaire et en le portant toujours, on prend conscience que la dévotion à Marie ne peut se limiter à des prières et des pratiques pieuses en son honneur : elle doit constituer un « habit », une orientation permanente de la vie, tissée de prière et de vie intérieure, une fréquentation de tous les instants à travers les sacrements, l’oraison, le chapelet, les œuvres de miséricorde. 

Enfin le scapulaire associe et inclut tout chrétien qui le reçoit et le porte fidèlement à la famille religieuse du Carmel, la famille de Marie, et le fait participer à ses richesses spirituelles. 

Porter le scapulaire, c’est porter sur le cœur et sur les épaules l’image du Sacré-Cœur et de Notre-Dame du Mont-Carmel, c’est se rappeler toujours que nous leur appartenons, et que par eux seuls nous serons délivrés, protégés et sauvés. 

Lisez aussi notre article : Le rosaire de la Vierge Marie

Références

Références
1 On s’est servi ici de l’excellent ouvrage édité par les Traditions Monastiques : Le scapulaire du Mont-Carmel, 3e édition, Flavigny-sur-Ozerain, 2001
2 Pie XII, Lettre Neminem profecto, 11 février 1950
3 Jean-Paul II, 25 mars 2001
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