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Lire un texte du magistère (brève réponse à une réponse de l’abbé Gleize)

Suite à une critique[1]dont le texte se trouve ici à l’article du RP. Louis-Marie de Blignières (FSVF) sur le Christ-Roi et la liberté religieuse, le P. Antoine-Marie de Araujo nous avait donné une réponse à l’abbé J-B. Gleize (FSSPX). Le débat se poursuit car le Courrier de Rome a publié une longue réaction[2]que l’on pourra lire ici, à laquelle le P. de Araujo répond aujourd’hui.

Brève réponse à la réponse

Dans le Courrier de Rome, l’abbé Gleize répond à notre réponse. Il a trouvé dans la bouche des papes des appels à la liberté en matière religieuse (comme par hasard, surtout dans des documents de moindre importance, à l’adresse de pays musulmans, où les chrétiens sont minoritaires et persécutés). Le nuage de textes qu’il soulève ne masque pas un vice fondamental de méthode.

Tout ce qu’il parvient à montrer, c’est qu’on peut entendre la déclaration sur la liberté religieuse Dignitatis humanae [DH] en un sens contraire à la doctrine catholique préconciliaire. 

Mais cela, c’est ce que personne ne conteste ! Nous avons toujours dit que le texte de DH était « faible », « équivoque » et même « dangereux[3]Lettre de décembre 1987, supplément à Sedes Sapientiae n° 21. ». 

La véritable question est : est-ce qu’on peut entendre DH en un sens conforme à la doctrine catholique préconciliaire – notamment à la lumière du Catéchisme de l’Église catholique [CEC] et de l’encyclique de Benoît XVI Caritas in veritate, lus de façon littérale ? 

Nous avons montré que oui. 

Or, en cas de doute, nous le répétons (« il n’y a pas de pire sourd… »), c’est le sens vrai et catholique d’un enseignement magistériel qui s’impose. Non le sens faux. Principe traditionnel. Principe qu’appliqua sans doute Mgr Lefebvre lorsqu’il signa DH, dont il voyait bien les défauts.

L’honnêteté commanderait de reconnaître que le CEC et Caritas in veritate apportent un progrès en enseignant que la liberté religieuse n’existe que dans les limites du bien commun. Acculé par l’évidence, l’abbé Gleize essaie de prétendre que le CEC utilise « bien commun » dans un sens différent de son sens naturel[4]Selon l’abbé, le CEC pousserait loin le machiavélisme. Les numéros définissant la liberté religieuse enseigneraient ouvertement une doctrine vraie. Mais, dans un autre numéro, de façon … Continue reading… ! Au moins, les lecteurs qui ont suivi le débat jusqu’ici sauront à quoi s’en tenir. On se demande quelle formulation magistérielle, même orthodoxe, pourrait satisfaire l’abbé Gleize. Il pourra toujours dire que les mots ont changé de sens. 

Un exemple, parmi d’autres, montre combien il est difficile de discuter :

19. Le Père de Blignières et le Père de Araujo nous objectent encore, avec le n° 34 de l’Encyclique Veritatis splendor de Jean-Paul II, le n° 55 de l’Encyclique Caritas in veritate, où Benoît XVI affirme, tout comme son prédécesseur : « La liberté religieuse ne veut pas dire indifférence religieuse et elle n’implique pas que toutes les religions soient équivalentes. Un discernement concernant la contribution que peuvent apporter les cultures et les religions en vue d’édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun s’avère nécessaire, en particulier de la part de ceux qui exercent le pouvoir politique. Un tel discernement devra se fonder sur le critère de la charité et de la vérité ». Encore une fois, de quel indifférentisme s’agit-il ? Jean-Paul II et Benoît XVI réprouvent ici l’indifférentisme religieux de la conscience individuelle, mais ils admettent aussi, dans la dépendance de Dignitatis humanae, l’indifférentisme des pouvoirs publics.

Benoît XVI, cité ci-dessus, dit exactement le contraire. 

Il dit que « ceux qui exercent le pouvoir politique » doivent opérer un discernement entre les religions, et que ce « discernement devra se fonder sur le critère de la charité et de la vérité ». Avec sa retenue coutumière, le feu pontife enseigne que l’autorité civile doit traiter différemment les religions, selon qu’elles « contribuent » ou non à « édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun » ; et qu’elle juge si les religions contribuent à cette édification selon le critère de la « vérité ». En matière religieuse, Benoît XVI invite le pouvoir politique à favoriser socialement la vérité et à défavoriser socialement l’erreur nuisible au bien commun. 

Que va répondre notre contradicteur ? Je pressens, hélas, sa réponse : « Attention ! Le mot vérité chez Benoît XVI, n’a pas le sens qu’il a pour tout catholique ! »

Références

Références
1 dont le texte se trouve ici
2 que l’on pourra lire ici
3 Lettre de décembre 1987, supplément à Sedes Sapientiae n° 21.
4 Selon l’abbé, le CEC pousserait loin le machiavélisme. Les numéros définissant la liberté religieuse enseigneraient ouvertement une doctrine vraie. Mais, dans un autre numéro, de façon cachée, le CEC changerait le sens du mot « bien commun » pour que ladite doctrine vraie soit en réalité fausse. Ces imputations ne tiennent pas. D’abord, le n° 2109, qui délimite la liberté religieuse, renvoie à Quod aliquantum de Pie VI et Quas primas de Pie IX, où ces pontifes enseignent la doctrine traditionnelle. Ensuite, la notion de bien commun donnée par le CEC s’appuie sur des critères classiques, objectifs. Selon le n° 1907, le bien commun inclut la « juste liberté » (donc une liberté conforme à la justice, aux droits de Dieu) et « le droit d’agir selon la droite règle de la conscience » (droite, c’est-à-dire une règle correcte, rectifiée). Selon n° 1912, la vérité fait aussi partie du bien commun : « Le bien commun est toujours orienté vers le progrès des personnes: “L’ordre des choses doit être subordonné à l’ordre des personnes, et non l’inverse” (GS 27). Cet ordre a pour base la vérité, il s’édifie dans la justice, il est vivifié par l’amour. »
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