Nous continuons notre série d’articles sur les quatre parties du sacrement de Pénitence (contrition, confession, absolution, satisfaction), en abordant maintenant l’absolution.
Le mot « absolution » vient du verbe latin « absolvere », qui signifie délier, dénouer. Car, comme le dit Saint Thomas d’Aquin, « les péchés sont une sorte de lien[1]Somme Théologique (ST) 3, q. 84, a. 3 ; cf. Pv 5, 22 (cité par Saint Thomas). », d’entrave, dont la parole du prêtre délie le pénitent.
Matière et forme du sacrement
Tandis que les péchés avoués par le pénitent sont dits être « quasi-matière » du sacrement de Pénitence, « la forme du sacrement de la pénitence, dans laquelle réside principalement sa vertu, est placée dans ces paroles du ministre : “Je t’absous, etc.” »[2]Cf. Concile de Trente, 14e session (25 novembre 1551), Doctrine sur le sacrement de pénitence, chapitre 3 (DS 1673).. La forme du sacrement de pénitence doit donc exprimer l’effet du sacrement, qui est le pardon des péchés (« ego te absolvo a peccatis tuis », je vous absous de vos péchés). Saint Thomas fait judicieusement observer que « (…) comme le prêtre n’est que ministre [ou instrument] de l’absolution, il convient d’ajouter à la formule essentielle quelques paroles qui rappellent l’autorité première de Dieu, et de dire : “Je t’absous au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit” (…) »[3]ST3, q. 84, a. 3, ad 3.
En prononçant l’absolution, le prêtre exerce son autorité de juge au nom de Dieu, et selon « le pouvoir des clés » reçu par l’Église[4]Nous rappelons brièvement que pour donner validement l’absolution (hors des cas de danger de mort), un prêtre doit avoir reçu les facultés d’entendre les confessions de l’autorité … Continue reading : c’est pourquoi la formule d’absolution, comme toute forme d’un sacrement, réalise ce qu’elle exprime ; elle n’est donc pas simplement un souhait, une constatation ou une déclaration que les péchés sont remis par Dieu.
Ce qui nous amène à exposer brièvement les effets de l’absolution, et donc du sacrement de la Pénitence. On peut diviser ces effets en « effets négatifs » et « effets positifs ».
Les effets « négatifs » du sacrement de pénitence
1° le fait d’enlever ou supprimer tous les péchés mortels, avec leur peine éternelle (en pardonnant des péchés mortels, l’absolution délivre par le fait même de leur peine correspondante, à savoir le dam ou la damnation éternelle). Il faut noter que dans l’absolution, Dieu ne met pas simplement les péchés « de côté », de sorte qu’il pourrait nous les réattribuer plus tard ; les péchés sont vraiment et proprement effacés, supprimés. Comme le dit l’Écriture, « de toutes les transgressions [que le pécheur] a commises, on ne se souviendra plus (…) »[5]Ez 18, 22.
2° le fait d’enlever les péchés véniels. Il faut regretter (au moins implicitement) les péchés véniels pour qu’ils soient pardonnés[6]Quelqu’un n’aurait pas la volonté de se détacher d’un péché véniel (et donc qui ne le regretterait pas) n’en obtiendrait pas le pardon..
3° le fait de remettre la peine temporelle due pour les péchés, au moins de manière partielle (selon les dispositions du pénitent). C’est pourquoi, même après le sacrement de Confession, le chrétien doit pratiquer les œuvres de pénitence pour continuer d’offrir réparation pour ses péchés.
Les effets « positifs »
1° la restitution de la grâce sanctifiante et de ce qui l’accompagne : les vertus théologales et les autres vertus surnaturelles, ainsi que les dons du Saint-Esprit. Les grâces liées aux caractères sacramentels ou aux sacrements avec une certaine permanence (mariage, et, dans une certaine mesure, l’extrême-onction[7]Les grâces de ce sacrement durent aussi longtemps que l’état de maladie grave pour lequel il a été administré.) revivent également.
2° les mérites des bonnes œuvres passées « revivent ». Par le péché mortel, l’âme perd ses mérites, le droit à la récompense que lui ont donné les bonnes œuvres faites auparavant en état de grâce. Le sacrement de Pénitence fait « revivre » ces mérites ; l’obstacle qui empêche d’obtenir la récompense est ôté.
3° enfin, il y a un secours spécial du sacrement contre les blessures du péché, une « grâce guérissante », qui donne aussi des forces pour ne pas retomber dans l’avenir. Cet aspect « médicinal » du sacrement explique pourquoi l’Église en encourage la réception fréquente. Dieu ne fait pas que pardonner les péchés : il nous donne également des forces pour progresser dans la sainteté.
Références[+]
↑1 | Somme Théologique (ST) 3, q. 84, a. 3 ; cf. Pv 5, 22 (cité par Saint Thomas). |
---|---|
↑2 | Cf. Concile de Trente, 14e session (25 novembre 1551), Doctrine sur le sacrement de pénitence, chapitre 3 (DS 1673). |
↑3 | ST3, q. 84, a. 3, ad 3 |
↑4 | Nous rappelons brièvement que pour donner validement l’absolution (hors des cas de danger de mort), un prêtre doit avoir reçu les facultés d’entendre les confessions de l’autorité ecclésiastique compétente. Cf. Code de droit canonique, canon 966. |
↑5 | Ez 18, 22 |
↑6 | Quelqu’un n’aurait pas la volonté de se détacher d’un péché véniel (et donc qui ne le regretterait pas) n’en obtiendrait pas le pardon. |
↑7 | Les grâces de ce sacrement durent aussi longtemps que l’état de maladie grave pour lequel il a été administré. |