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Des reliques qui voyagent…

Saint, docteur, et voyageur

Né vers 1224 au château de Rocca Secca, dans le centre de l’Italie, saint Thomas d’Aquin entra, après quelques péripéties familiales, dans le tout jeune ordre des frères prêcheurs, fondé en 1215 par Dominique de Guzman alias saint Dominique. De Naples où il avait rencontré les premiers frères, il partit étudier à Paris, d’où il suivit son maître – saint Albert le Grand – vers Cologne. De retour en Sorbonne, cette fois pour enseigner, Thomas n’eut que le temps de mettre la première main à la grande œuvre de sa vie – la Somme Théologique – avant d’être rappelé en Italie par le pape. En effet, la réputation de science et de pondération du jeune dominicain avait déjà largement traversé les frontières. À Orvieto puis Rome il enseigne, prêche et conseille, et continue surtout d’abonder sa monumentale œuvre d’expositions théologiques et de commentaires scripturaires et philosophiques. De retour à Paris pour une seconde période d’enseignement, les querelles universitaires dans lesquelles il se trouve engagé ne lui font pas perdre la paix intérieure, ni ne l’empêchent de faire avancer encore le projet de la Somme. À nouveau désiré en Italie, cette fois par les supérieurs de son ordre, Thomas revient à Naples, où on lui confie la formation et l’organisation d’un grand institut d’études. Sa vie intérieure profonde ne cesse de l’unir plus intimement au Christ, contemplé dans la théologie mais aussi dans la Sainte Écriture et la prière chrétienne, car notre saint manifeste une immense dévotion à la messe et au Saint-Sacrement, lui fait connaître des extases fréquentes. Celle du 6 décembre 1273 faillit être fatale pour son œuvre de docteur :  mihi videtur sicut palla  – tout cela ne me paraît être que de la paille, déclare-t-il à son bon frère et secrétaire Réginald après avoir entrevu les arcanes du mystère divin ; ce dernier s’empresse horrifié pour l’empêcher de jeter au feu l’intégralité des manuscrits de son précieux travail. Thomas arrête d’écrire et s’abîme dans une prière continuelle. Appelé à Lyon dans les semaines qui suivent pour y participer au grand concile convoqué par le pape Grégoire X, notre frère, déjà malade, prend la route par obéissance. Son état s’aggravant, il doit s’arrêter dans une demeure de sa famille, puis chez les cisterciens de Fossa Nova, où il rend son âme à Dieu le 7 mars 1274, peu après minuit.

Au total, ce sont des milliers de kilomètres que saint Thomas parcourut à pied durant sa vie, par obéissance et vocation de prêcheur, et pour porter la bonne parole et la sainte doctrine dans les grands centres universitaires européens. Les voyages de notre docteur ne s’arrêtent pas pour autant avec sa mort : ses reliques vont traverser, et traverseront encore l’Europe.

La mort n’arrête pas le voyageur

D’abord conservées à Fossa Nova, les restes du religieux font rapidement l’objet d’une vénération populaire. Theodora, sœur de Thomas, obtint d’eux en 1288 de pouvoir emporter une de ses mains, qu’elle fit enchâsser et conserver dans son château de San-Severino. Cette relique fut transmise après sa mort aux Dominicains de Salerne. Quand le docteur fut canonisé par Jean XXII, en 1323, les universités de Paris, Rome, Naples, et bien d’autres, réclamèrent le corps du nouveau saint. Le bienheureux pape Urbain V – alias Guillaume Grimoard – un français des Cévennes, décida de le donner aux Dominicains, à condition que ceux-ci le fassent porter en France, à Paris ou Toulouse, puisque l’Italie avait déjà le corps de saint Dominique. Par une bulle du 16 juin 1368, il décida du transfert des reliques au couvent des Jacobins de Toulouse, région de fondation de l’ordre et université florissante. Le corps de saint Thomas y fut reçu le 28 janvier 1369 avec la plus grande solennité : Louis, duc d’Anjou et frère de Charles V était présent à la cérémonie, présidée par les archevêques de Toulouse et Narbonne, en présence d’un grand nombre d’évêques, abbés et seigneurs. Le corps du saint fut renfermé dans une châsse de vermeil sur laquelle on avait élevé un superbe mausolée à quatre faces. Il fut transféré à la Révolution à la basilique Saint-Sernin, et ne revint à l’église des Jacobins qu’en 1974, à l’issue de sa restauration. Entre temps, saint Thomas avait perdu sa deuxième main, puisque les Dominicains de Paris obtinrent d’Urbain V cette précieuse relique, qui fut confiée en 1792 au duc de Parme afin d’échapper à la tourmente révolutionnaire – le couvent était devenu le siège du club des Jacobins. La fille du duc, entrant chez les Dominicaines de Rome en 1805, y porta la relique, aujourd’hui conservée dans leur église de Sainte-Marie-sur-la-Minerve.

Le chef du saint à l’honneur à Toulouse

Après ses mains, c’est aujourd’hui la tête du saint qui est à l’honneur. À l’occasion du septième centenaire de sa canonisation, qui coïncide avec le huitième centenaire de sa naissance  et les 750 ans de sa mort, les Dominicains de Toulouse ont fait réaliser un magnifique reliquaire par le sculpteur Augustin Frison-Roche, exposé dans la ville rose mais aussi en « tournée » dans plusieurs villes de France. Le pape a accordé pour l’occasion une indulgence plénière à ceux qui vénéreront les reliques du saint docteur. Toutes les célébrations peuvent être suivies et retrouvées sur la page internet du jubilé.

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