Rechercher
Rechercher
Rechercher
Rechercher

L’ensemble de l’Église peut-il se tromper ?

Basilique Saint-Pierre du Vatican
Le Catéchisme de l’Église Catholique enseigne que « l’ensemble des fidèles … ne peut se tromper dans la foi et manifeste cette qualité par le moyen du sens surnaturel de la foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, des évêques jusqu’au dernier des fidèles laïcs, il apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel[1]Cf. n°92-93, reprenant le §12 du document Lumen gentium de Vatican II.. »

Infaillibilité de l’Église dans l’acte de croire

Pris collectivement, l’ensemble des fidèles (pasteurs et laïcs) ne peut se tromper en adhérant à une erreur comme si elle était une vérité de foi. C’est ce qu’on appelle aussi l’infaillibilité in credendo (dans l’acte de croire) : l’ensemble de l’Église ne peut croire à une erreur. Cette infaillibilité « est corrélative à l’infaillibilité dans l’enseignement (infaillibilité in docendo) qui appartient au Magistère suprême[2]Bernard Lucien, Révélation et Tradition. Les lieux médiateurs de la Révélation divine publique, du dépôt de la foi au Magistère vivant de l’Église (Théologie sacrée pour débutants et … Continue reading ». Ce sont deux aspects de l’unique infaillibilité de l’Église[3]Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 889-892..

La préservation de l’adhésion universelle des croyants à une erreur est l’aspect « négatif » du « sens de la foi des fidèles » ; l’aspect positif est que l’adhésion (moralement) universelle des croyants à une vérité est un signe que celle-ci fait partie de la Révélation et du dépôt de la foi. Pour en donner un exemple, la foi dans l’Immaculée Conception et l’Assomption était universelle parmi les fidèles avant la définition de ces dogmes[4]Comme le constatent respectivement Pie IX et Pie XII dans les textes de proclamation des dogmes mentionnés..

Un facteur de développement du dogme

Si le sensus fidei peut être l’occasion de discerner des vérités de foi ou de morale non encore solennellement définies, on ne peut pas prendre des sondages d’opinions comme manifestations du sensus fidei, car celui-ci « ne s’identifie pas purement et simplement à l’opinion de la majorité des baptisés à une époque donnée[5]Commission théologique internationale (CTI), Le sensus fidei dans la vie de l’Église, 2014, n°83 ; accessible en ligne : … Continue reading » (opinion qui pourrait malheureusement être erronée). C’est pourquoi le sensus fidei est réglé d’une part par la saine théologie, qui doit lui donner « une intelligence robuste et sûre de la foi »[6]Idem, n°84., d’autre part par le Magistère de l’Église, à qui il revient de juger « avec autorité si les opinions qui sont présentes dans le peuple de Dieu, et qui peuvent apparaître comme le sensus fidelium, correspondent réellement à la vérité de la Tradition reçue des Apôtres »[7]Idem, n°77..

L’instinct spirituel du croyant

Au niveau individuel, « le sensus fidei fidelis [sens de la foi du fidèle] est une sorte d’instinct spirituel qui permet au croyant de juger de façon spontanée si tel enseignement particulier ou telle pratique particulière est ou n’est pas conforme à l’Évangile et à la foi apostolique[8]Idem., n°49. ». Cela veut dire que si un fidèle connaît et vit sa foi, il sentira « instinctivement » si un enseignement ou une pratique correspond ou non à la foi catholique, même s’il ne pourra pas expliquer pourquoi, et pourra ainsi agir en conséquence[9]Par exemple, « avertis par leur sensus fidei, les individus croyants peuvent aller jusqu’à refuser leur assentiment à un enseignement de leurs pasteurs légitimes s’ils ne reconnaissent … Continue reading. Mais pour qu’il puisse y avoir sensus fidei, il faut, outre la possession de la vertu théologale de foi, qu’une série de dispositions soient présentes[10]Cf. idem, n°88-105, qui les énumère ainsi : la participation à la vie de l’Église, l’écoute de la Parole de Dieu, l’ouverture à la raison, l’adhésion au Magistère, la sainteté (se … Continue reading.

Il faut nourrir notre foi, et la mettre en pratique, pour ne pas nous laisser emporter « à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes », mais pour croître « dans la charité en union avec celui qui est le chef, le Christ[11]cf. Ep 4, 14-15 ».

Références

Références
1 Cf. n°92-93, reprenant le §12 du document Lumen gentium de Vatican II.
2 Bernard Lucien, Révélation et Tradition. Les lieux médiateurs de la Révélation divine publique, du dépôt de la foi au Magistère vivant de l’Église (Théologie sacrée pour débutants et initiés, t. 2), Lourdes, Nuntiavit, 2009, p. 320-321.
3 Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n° 889-892.
4 Comme le constatent respectivement Pie IX et Pie XII dans les textes de proclamation des dogmes mentionnés.
5 Commission théologique internationale (CTI), Le sensus fidei dans la vie de l’Église, 2014, n°83 ; accessible en ligne : https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/cti_documents/rc_cti_20140610_sensus-fidei_fr.html#Chapitre_2 (consulté le 22/06/2023). Voir aussi aux numéros 118 et 119 du même document.
6 Idem, n°84.
7 Idem, n°77.
8 Idem., n°49.
9 Par exemple, « avertis par leur sensus fidei, les individus croyants peuvent aller jusqu’à refuser leur assentiment à un enseignement de leurs pasteurs légitimes s’ils ne reconnaissent pas dans cet enseignement la voix du Christ, le Bon Pasteur », cf. idem, n°63.
10 Cf. idem, n°88-105, qui les énumère ainsi : la participation à la vie de l’Église, l’écoute de la Parole de Dieu, l’ouverture à la raison, l’adhésion au Magistère, la sainteté (se déployant dans l’humilité, la vraie liberté et la joie), ainsi que la recherche de l’édification de l’Église.
11 cf. Ep 4, 14-15
Retour en haut

Abonnez-vous à notre newsletter,
et soyez informés des derniers articles parus.