Quarante jours après la naissance de son enfant, le rituel romain propose à la mère une bénédiction spéciale, appelée « bénédiction des relevailles ».
Cette tradition est étroitement liée à la démarche de la Vierge Marie lors de la présentation de Jésus au Temple, célébrée le 2 février dans l’Église. L’occasion de redécouvrir le sens de ce sacramental quelque peu oublié.
Un rite riche en symboles
La cérémonie des relevailles opère un beau rapprochement entre la démarche de la mère et celle de la Vierge Marie, lors de la Présentation au temple.
Traditionnellement, cette bénédiction est donnée le 40ème jour après la naissance de l’enfant ; la mère porte un cierge allumé qui rappelle la fête de la Chandeleur, et se présente à l’entrée de l’Église, comme autrefois la Vierge Marie à l’entrée du Temple de Jérusalem. La lecture du psaume 23, par laquelle commence le rituel, rappelle l’arrivée du Sauveur, Roi de gloire, aux portes de la Ville Sainte : « Levez vos portes, ô princes ! et vous, portes éternelles, levez-vous, afin de laisser entrer le Roi de gloire ! » Enfin l’oraison qui achève la bénédiction fait un parallèle explicite entre la Vierge Marie et la mère bénie. Dans certains rituels français, on lisait même l’évangile de la fête du 2 février.
Une cérémonie d’action de grâce
L’aspect de la « purification rituelle » de la mère, si présent dans la loi mosaïque, est totalement absent de la cérémonie chrétienne des relevailles.
On pourrait dire qu’en mettant au monde son Fils, et en se conformant à cette cérémonie de la Purification, la Vierge Marie en a transformé le sens : l’oraison finale du rituel confère ainsi une action, une vertu particulière à la maternité de la Vierge Marie, « qui change en joie des douleurs de celles qui deviennent mères ».
Désormais c’est l’action de grâce qui prend toute la place : il s’agit pour la mère de reconnaître le don de Dieu, don d’une nouvelle vie, transfigurée par la grâce du baptême.
Mettre au monde un enfant après la venue du Christ n’a plus le même sens que de mettre au monde un enfant avant cette venue, car le Christ a apporté la joie et le salut aux hommes en se faisant enfant parmi nous. Du sacrifice rituel de l’Ancien Testament, il ne reste que la dimension spirituelle, l’offrande intérieure de la mère qui se reconnaît humble réceptacle des dons de Dieu.
Une bénédiction pour un moment de joie
La mère rend grâce, et en retour elle est bénie de Dieu par l’intermédiaire du prêtre.
La liturgie a toujours accompagné les évènements importants et heureux de la vie familiale par des bénédictions particulières : fiançailles, mariage, attente d’un enfant, noces d’argent, etc…
Par ces bénédictions « rituelles », la liturgie cherche à exprimer que ces évènements humains, terrestres, sont de véritables bénédictions divines. L’âme chrétienne veut ainsi référer à Dieu sa joie humaine, et comprend que les bonheurs quotidiens ont leur source en Dieu.
Par cette bénédiction enfin, la mère confie au Seigneur son avenir et celui de son enfant, puisant dans la grâce divine la force pour bien éduquer son enfant.
Texte de la bénédiction des relevailles[1]Rituel Romain, Titre VII, ch. 3
De benedictione mulieris post partum. | Bénédiction des femmes après qu’elles aient enfanté. |
Si qua puerpera post partum, juxta piam ac laudabilem consuetudinem, ad Ecclesiam venire voluerit, pro incolumitate sua Deo gratias actura, petieritque a Sacerdote benedictionem, ipse superpelleceo et stola alba indutus, cum ministro aspersorium deferente, ad fores ecclesiæ accedat, ubi illam foris ad limina genuflectentem et candelam accensam in manu tenentem, aqua benedicta aspergat, deinde dicat : | Si une mère ayant enfanté souhaite, selon la pieuse et louable coutume, venir à l’Eglise rendre grâce à Dieu de son heureuse délivrance, et demande la bénédiction du prêtre, celui-ci, revêtu d’un surplis et d’une étole blanche, accompagné d’un ministre qui porte l’aspersoir, va aux portes de l’église où elle l’attend à genoux, ayant en main un cierge allumé, il l’asperge d’eau bénite et dit ensuite : |
℣. Adjutórium nostrum in nómine Dómini. ℟. Qui fecit cælum et terram. | ℣. Notre secours est dans le Nom du Seigneur. ℟. Lui qui fit ciel et terre. |
Antiphona. Hæc accípiet benedictiónem a Dómino. | Antienne. C’est celle-là qui recevra du Seigneur la bénédiction. |
Psalmus XXIII. | Psaume XXIII. |
Dómini est terra, et plenitúdo ejus ; * orbis terrárum, et univérsi, qui hábitant in eo. Quia ipse super mária fundávit eum : * et super flúmina præparávit eum. Quis ascéndet in montem Dómini, * aut quis stabit in loco sancto ejus ? Innocens mánibus, et mundo corde, * qui non accépit in vano ánimam suam, nec jurávit in dolo próximo suo. Hic accípiet benedictiónem a Dómino : * et misericórdiam a Deo salutári suo. Hæc est generátio quæréntium eum, * quæréntium fáciem Dei Jacob. Attóllite portas, príncipes, vestras, et elevámini portæ æternáles : * et introíbit Rex glóriæ. Quis est iste Rex glóriæ ? * Dóminus fortis, et potens ; Dóminus potens in prœlio. Attóllite portas, príncipes, vestras, et elevámini portæ æternáles : * et introíbit Rex glóriæ. Quis est iste Rex gloriæ ? * Dóminus virtútum, ipse est Rex gloriæ. Glória Patri, et Fílio, * et Spirítui Sancto. Sicut erat in princípio, et nunc, et semper, * et in sæcula sæculórum. Amen. | Au Seigneur appartient la terre, et tout ce qu’elle contient, toute la terre et tous ceux qui l’habitent. Car c’est lui qui l’a fondée au-dessus des mers, et établie au-dessus des fleuves. Qui est-ce qui montera sur la montagne du Seigneur ? ou qui s’arrêtera dans son lieu saint ? Celui dont les mains sont innocentes et le cœur pur ; qui n’a point pris son âme en vain, ni fait un serment faux à son prochain. C’est celui-là qui recevra du Seigneur la bénédiction, et miséricorde de Dieu, son Sauveur. Telle est la race de ceux qui le cherchent, de ceux qui cherchent à voir la face du Dieu de Jacob. Levez vos portes, ô princes ! et vous, portes éternelles, levez-vous, afin de laisser entrer le Roi de gloire. Qui est ce Roi de gloire ? Le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans les combats. Levez vos portes, ô princes ! et vous, portes éternelles, levez-vous, afin de laisser entrer le Roi de gloire. Qui est ce Roi de gloire ? Le Seigneur des armées est lui-même ce Roi de gloire. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint Esprit. Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. |
Antiphona. Hæc accípiet benedictiónem a Dómino, et miseri-córdiam a Deo salútari suo : quia hæc est generátio quæréntium Dóminum. | Antienne. C’est celle-là qui recevra du Seigneur la bénédiction, et miséricorde de Dieu, son Sauveur, car telle est la race de ceux qui le cherchent. |
Deinde, porrigens ad manum mulieris extremam partem stolæ, ex humero sinistro pendentem, eam introducit in ecclesiam, dicens : | Ensuite, plaçant l’extrémité de son étole, laquelle pend de son épaule gauche, sur la main de la femme, il l’introduit dans l’église en disant : |
Ingrédere in templum Dei, adóra Fílium beátæ Maríæ Vírginis, qui tibi fecunditátem tríbuit prolis. | Entre dans le temple de Dieu, adore le Fils de la bienheureuse Vierge Marie, qui t’a donné la fécondité d’être mère. |
Et ipsa, ingressa, genuflectit coram Altari et orat, gratias agens Deo de beneficiis sibi collatis ; tunc Sacerdos dicit : | Et elle, étant entrée, va s’agenouiller devant l’autel et prie, rendant grâces à Dieu des bienfaits qu’il lui a accordés ; alors le prêtre dit : |
Kýrie, éleison. Christe, éleison. Kýrie, éleison. | Seigneur, ayez pitié. Christ, ayez pitié. Seigneur, ayez pitié. |
Pater noster. secreto usque ad | Notre Père. En secret jusqu’à |
℣. Et ne nos indúcas in tentatiónem. ℟. Sed líbera nos a malo. | ℣. Et ne nous laissez pas succomber à la tentation. ℟. Mais délivrez-nous du mal. |
℣. Salvam fac ancíllam tuam, Dómine. ℟. Deus meus, sperántem in te. | ℣. Sauvez votre servante, Seigneur. ℟. Mon Dieu, elle espère en vous. |
℣. Mitte ei, Dómine, auxílium de sancto. ℟. Et de Sion tuére eam. | ℣. Envoyez-lui, Seigneur, votre aide depuis votre sanctuaire. ℟. Et de Sion, protégez-la. |
℣. Nihil profíciat inimícus in ea. ℟. Et fílius iniquitátis non appónat nocére ei. | ℣. Que l’ennemi n’ait aucune prise sur elle. ℟. Et que le fils d’iniquité n’ose point lui nuire. |
℣. Dómine exáudi oratiónem meam. ℟. Et clamor meus ad te véniat. ℣. Dóminus vobíscum. ℟. Et cum spíritu tuo. Orémus. Omnípotens sempitérne Deus, qui per beátæ Maríæ Vírginis partum fidélium pariéntium dolóres in gáudium vertísti: réspice propítius super hanc fámulam tuam, ad templum sanctum tuum pro gratiárum actióne lætam accedéntem, et præsta; ut post hanc vitam, ejúsdem beátæ Maríæ méritis et intercessióne, ad ætérnæ beatitúdinis gáudia cum prole sua perveníre mereátur. Per Christum Dóminum nostrum. ℟. Amen. | ℣. Seigneur, exaucez ma prière. ℟. Et que mon cri parvienne jusqu’à vous. ℣. Le Seigneur soit avec vous. ℟. Et avec ton esprit. Prions. Dieu éternel & tout-puissant, qui par la maternité de la bienheureuse Vierge Marie avez changé en joie les douleurs des fidèles qui deviennent mères : jetez un regard de bonté sur votre servante, qui, pleine de joie, vient dans votre saint temple pour rendre grâces ; faites qu’après cette vie, par les mérites et l’intercession de la bienheureuse Marie, elle obtienne, ainsi que son enfant, la joie de la béatitude éternelle. Par le Christ notre Seigneur. ℟. Amen. |
Deinde illam aspergit iterum aqua benedicta, dicens : Pax et benedíctio Dei omnipoténtis, Patris, et Fílii, † et Spíritus Sancti, descéndat super te, et máneat semper. ℟. Amen. | Ensuite il l’asperge à nouveau d’eau bénite, en disant : Que la paix & la bénédiction de Dieu tout-puissant, Père, & Fils, † & Saint-Esprit, descende sur toi et toujours y demeure. ℟. Amen. |
Source : https://schola-sainte-cecile.com/2015/02/02/benediction-des-relevailles/