Entrepreneur et auteur, ancien élève de l’école Polytechnique, converti à l’âge de 20 ans, Olivier Bonnassies est directeur depuis 2001 de l’association « Marie de Nazareth » qui œuvre pour l’évangélisation et la défense rationnelle de la foi. Il est notamment l’auteur avec Michel-Yves Bolloré de Dieu, la science, les preuves, ouvrage riche d’informations et à la large diffusion, dont nous avions donné ici le compte-rendu. Il nous fait l’amitié de nous donner ici cet article qui appelle tous les chrétiens à chercher les « 1000 raisons de croire » que Dieu a laissées pour susciter notre foi.
La Sagesse divine a manifesté sa présence, la vérité de son enseignement et de son inspiration par les preuves qui convenaient, en accomplissant de manière très visible, pour confirmer ce qui dépasse la connaissance naturelle, des œuvres très au-dessus des possibilités de la nature tout entière : guérison merveilleuse des malades, résurrection des morts, changement étonnant des corps célestes, et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes, telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint-Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence.
Devant de telles choses, mue par l’efficacité d’une telle preuve, non point par la violence des armes ni par la promesse de plaisirs grossiers, et, ce qui est plus étonnant encore, sous la tyrannie des persécuteurs, une foule innombrable, non seulement de simples mais d’hommes très savants, est venue s’enrôler dans la foi chrétienne, cette foi qui prêche des vérités inaccessibles à l’intelligence humaine, réprime les voluptés de la chair, et enseigne à mépriser tous les biens de ce monde.
Que les esprits des mortels donnent leur assentiment à tout cela, et qu’au mépris des réalités visibles, seuls soient désirés les biens invisibles, voilà certes le plus grand des miracles et l’œuvre manifeste de l’inspiration de Dieu. Que tout cela ne se soit pas fait d’un seul coup et par hasard, mais suivant une disposition divine, il y a, pour le manifester, le fait que Dieu, longtemps à l’avance, l’a prédit par la bouche des prophètes, dont les livres sont par nous tenus en vénération, parce qu’ils apportent un témoignage à notre foi. L’Épître aux Hébreux fait allusion à ce genre de confirmation : Celui-ci, le salut de l’homme, inauguré par la prédication du Seigneur, nous a été garanti par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et par diverses communications de l’Esprit Saint.
Cette si admirable conversion du monde à la foi du Christ est une preuve très certaine en faveur des miracles anciens, telle qu’il n’est pas nécessaire de les voir se renouveler, puisqu’ils transparaissent avec évidence dans leurs effets. Ce serait certes un miracle plus étonnant que tous les autres que le monde ait été appelé, sans signes dignes d’admiration, par des hommes simples et de basse naissance, à croire des vérités si hautes, à faire des œuvres si difficiles, à espérer des biens si élevés. Encore que Dieu, même de nos jours, ne cesse de confirmer notre foi par les miracles de ses saints[1]Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, Ie Partie, chapitre 6.
Dans le chapitre 6 de la première partie de la Somme contre les Gentils, qu’il écrit entre 1258 et 1265, saint Thomas d’Aquin explique qu’en « accomplissant de manière très visible » des œuvres « très au-dessus des possibilités de la nature », en inspirant les prédictions que les prophètes ont faites « longtemps à l’avance » et en permettant les « signes, miracles et prodiges » qui ont accompagné le témoignage des apôtres et qui sont encore « de nos jours » des confirmations nous parvenant à travers les saints, Dieu a donné toutes les preuves « qui conviennent » pour témoigner, manifester, confirmer et garantir la solidité de la foi chrétienne.
À l’inverse, ailleurs, les « fondateurs de secte » n’ont jamais « apporté de preuves surnaturelles », alors qu’elles sont « les seules à témoigner comme il convient de l’inspiration divine », ainsi tous ceux qui accordent foi à leurs paroles « croient à la légère »[2]« Les fondateurs de sectes ont procédé de manière inverse. C’est le cas évidemment de Mahomet qui a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse … Continue reading.
Saint Thomas et les « raisons de croire »
Parmi les différents types de preuves de la vérité du christianisme qu’il évoque, on relève d’abord les miracles, « œuvres très au-dessus des possibilités de la nature », accomplies de manière très visible par le Christ, qui « témoignent que le Père l’a envoyé » (Jn 5, 36 ; 10, 25). Changer l’eau en vin (Jn 2), multiplier les pains et les poissons (Jn 6), ressusciter les morts (Jn 11), chasser les démons, commander à la mer et au vent (Jn 6)…, tout cela devrait conduire à une prise de conscience. C’est en ce sens que le Christ adressait des reproches aux villes du bord de lac de Tibériade, où il s’était révélé par des paroles et des actes[3]« Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous … Continue reading.
Autre raison de croire : la sublimité de la parole du Christ et la sagesse qui l’inspire, qui « transparaît » dans la prédication des apôtres et des premiers chrétiens et qui a permis l’expansion miraculeuse du christianisme malgré les persécutions.
De même, le fait que Dieu, « longtemps à l’avance », a « prédit » tout cela « par la bouche des prophètes ».
Il y a encore le fait que le Seigneur, après avoir fait des « œuvres que nul autre n’a faites » (Jn 15, 24), a appuyé également le témoignage des apôtres et celui des saints de tous les temps de très nombreux « signes, miracles et prodiges » (Mc 16, 20 ; Ac 2, 22 ; 2, 43 ; Hb 2, 4) qui sont d’autres confirmations très importantes.
Signes, miracles et preuves au concile Vatican I
Le concile Vatican I parle de ces « signes si nombreux et si admirables », auquel il ajoute le signe que constitue l’Eglise elle-même :
C’est à l’Église catholique seule que se réfèrent tous ces signes si nombreux et si admirables disposés par Dieu pour faire apparaître avec évidence la crédibilité de la foi chrétienne. Bien plus, l’Église, à cause de son admirable propagation, de son éminente sainteté et de son inépuisable fécondité en tout bien, à cause aussi de son unité catholique et de son invincible fermeté, est par elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et un témoignage irréfutable de sa mission divine[4]Constitution dogmatique Dei Filius, DS3013.
Outre l’existence et l’histoire de l’Eglise, c’est plus généralement l’accord admirable de la foi et de la raison, ainsi que l’interpénétration par lesquelles elles s’éclairent mutuellement, qui constitue aussi pour le concile une preuve de véracité de la foi catholique :
Non seulement, la foi et la raison ne peuvent jamais être en désaccord, mais encore elles s’aident mutuellement. La droite raison démontre les fondements de la foi, et, éclairée par la lumière de celle-ci, elle s’adonne à la science des choses divines. Quant à la foi, elle libère et protège la raison des erreurs et lui fournit de multiples connaissances[5](DS3019.
« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20, 29), mais heureux pourtant, et aussi, ceux qui peuvent associer le travail de leur intelligence à l’adhésion de leur foi. L’Eglise reconnaît ainsi la validité et la nécessité des nombreux signes extérieurs par lesquels la Providence divine a voulu confirmer et soutenir la foi, depuis la geste divine dans l’épopée d’Israël jusqu’aux merveilles accomplies dans l’histoire des saints en passant par les miracles innombrables de l’évangile. Contre le rationalisme et le modernisme, qui rejetaient la religion dans le for strictement interne, considérant comme mythique ou légendaire tout récit extraordinaire, posant en principe que tout ce qui n’est pas scientifiquement explicable ne peut être cru, le concile Vatican I ajoute :
Si quelqu’un dit que la Révélation divine ne peut être rendue croyable par des signes extérieurs et que, dès lors, les hommes doivent être poussés à la foi uniquement par leur expérience intérieure personnelle ou par une inspiration privée, qu’il soit anathème[6]DS3033.
Si quelqu’un dit que les miracles ne peuvent jamais être connus avec certitude ni servir à prouver efficacement l’origine de la religion chrétienne, qu’il soit anathème[7]DS3034.
Lorsque ces erreurs reviendront de plus belle, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, Pie XII affirme à nouveau avec force :
Dieu a disposé un grand nombre de signes extérieurs éclatants qui nous permettent de prouver, de façon certaine, l’origine divine de la religion chrétienne avec les seules lumières naturelles de notre raison[8]Pie XII, Humani Generis, 1950, §4.
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique rappelle enfin que :
pour que l’hommage de notre foi fût conforme à la raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit soient accompagnés des preuves extérieures de sa Révélation. C’est ainsi que les miracles du Christ et des saints (cf. Mc 16, 20 ; He 2, 4), les prophéties, la propagation et la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité “sont des signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de tous”, des “motifs de crédibilité” qui montrent que l’assentiment de la foi n’est “nullement un mouvement aveugle de l’esprit”[9]Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°156.
Le chrétien face aux raisons de croire
L’archange Raphaël demande à Tobie de : « révéler les œuvres de Dieu et [de] les célébrer comme elles le méritent » (Tb 12,11). Grâce aux progrès de la connaissance et aux moyens de communication modernes, on peut affirmer qu’il n’y a jamais eu autant de preuves de l’existence de Dieu et de la vérité de la foi chrétienne. Il y a 1000 raisons de croire au Christ et rien ne peut être comparé à cela : il n’est pas inutile de le faire savoir largement dans ce monde occidental où toutes les courbes du christianisme se cassent la figure. C’est tout l’objet du projet des « 1000 raisons de croire » : il est urgent de découvrir, contempler et « publier les merveilles de Dieu » (Ps 25, 7 ; 95, 3 ; 144, 5) pour faire connaître largement la grande crédibilité de la foi chrétienne.
Lisez aussi notre article : Introduction à l’apologétique.
Et découvrez en plus avec cette présentation très claire et argumentée (en vidéo) de Matthieu Lavagna :
Références[+]
↑1 | Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, Ie Partie, chapitre 6 |
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↑2 | « Les fondateurs de sectes ont procédé de manière inverse. C’est le cas évidemment de Mahomet qui a séduit les peuples par des promesses de voluptés charnelles au désir desquelles pousse la concupiscence de la chair. Lâchant la bride à la volupté, il a donné des commandements conformes à ses promesses, auxquels les hommes charnels peuvent obéir facilement. En fait de vérités, il n’en a avancé que de faciles à saisir par n’importe quel esprit médiocrement ouvert. Par contre, il a entremêlé les vérités de son enseignement de beaucoup de fables et de doctrines des plus fausses. Il n’a pas apporté de preuves surnaturelles, les seules à témoigner comme il convient en faveur de l’inspiration divine, quand une œuvre visible qui ne peut être que l’œuvre de Dieu prouve que le docteur de vérité est invisiblement inspiré. Il a prétendu au contraire qu’il était envoyé dans la puissance des armes, preuves qui ne font point défaut aux brigands et aux tyrans. D’ailleurs, ceux qui dès le début crurent en lui ne furent point des sages instruits des sciences divines et humaines, mais des hommes sauvages, habitants des déserts, complètement ignorants de toute science de Dieu, dont le grand nombre l’aida, par la violence des armes, à imposer sa loi à d’autres peuples. Aucune prophétie divine ne témoigne en sa faveur ; bien au contraire, il déforme les enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament par des récits légendaires, comme c’est évident pour qui étudie sa loi. Aussi bien, par une mesure pleine d’astuces, il interdit à ses disciples de lire les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament qui pourraient le convaincre de fausseté. C’est donc chose évidente que ceux qui ajoutent foi à sa parole croient à la légère. » (Saint Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils, Ie Partie, chapitre 6. |
↑3 | « Malheureuse es-tu, Corazine ! Malheureuse es-tu, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, ces villes, autrefois, se seraient converties sous le sac et la cendre. Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins sévèrement que vous. Et toi, Capharnaüm, seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez toi avaient eu lieu à Sodome, cette ville serait encore là aujourd’hui. Aussi, je vous le déclare : au jour du Jugement, le pays de Sodome sera traité moins sévèrement que toi » (Lc 10, 13-15 ou Mt 11, 20-24). |
↑4 | Constitution dogmatique Dei Filius, DS3013 |
↑5 | (DS3019 |
↑6 | DS3033 |
↑7 | DS3034 |
↑8 | Pie XII, Humani Generis, 1950, §4 |
↑9 | Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°156 |