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Une eau baptismale qui n’en finit pas de nous purifier

« Toute la vie du chrétien doit être une préparation à cette grande action » aimait à dire le saint curé d’Ars au sujet de la réception de la sainte communion. L’Église partage les mêmes sentiments.
La grand-messe du dimanche commence, dans notre rite romain traditionnel, par une petite cérémonie destinée à nous « préparer » à assister aux saints mystères. Car il est bon et même nécessaire de se préparer à la messe.

L’Asperges me, c’est Pâques chaque dimanche !

On appelle cette cérémonie l’Asperges me, les premiers mots chantés par le prêtre lors de son accomplissement. Son origine semble remonter au temps de Charlemagne. Elle consiste en une procession où le célébrant revêtu de la chape asperge successivement d’un peu d’eau bénite l’autel, lui-même, ses ministres, et bien sûr les fidèles.

Cet Asperges me n’est en fait rien d’autre qu’une solennisation le dimanche de ce que nous accomplissons plus simplement en entrant dans l’église, quand nous prenons un peu d’eau bénite pour nous signer.

Cette eau bénite, mélange d’eau et de sel exorcisés et bénis, a pour vertu, par les prières de l’Église lors de sa confection, de nous protéger et de nous purifier, d’éloigner le démon, et d’effacer également – ainsi que le font tous les sacramentaux – nos péchés véniels. Selon nos dispositions. Cette eau bénite nous renvoie surtout à une autre eau : celle de notre baptême qui jadis nous a lavés du péché.

Si cette cérémonie préparatoire est importante, pourquoi alors ne l’accomplir que le dimanche ? Parce que ce jour est le jour du Seigneur ; le jour souvenir de sa résurrection. Un petit « Pâques » en quelques sortes. Et depuis les premiers temps de l’Église, la nuit de Pâques est aussi celle de l’administration des baptêmes solennels. Baptêmes auxquels, par son aspersion d’eau bénite, l’Asperges me nous renvoie chaque dimanche « solennellement ». Les autres jours de la semaine, il suffit de se signer à l’entrée de l’église.

Vidi aquam !

Les dimanches du temps pascal, l’Église nous offre, pour cette cérémonie préparatoire aux saints mystères, un chant différent de celui de l’Asperges me utilisé pour tous les autres dimanches de l’année. Ce chant est adapté à la saison liturgique de Pâques, toute remplie de la Résurrection du Seigneur et toute pénétrée là encore du souvenir des baptêmes solennels administrés lors de la vigile pascale.

Vidi aquam : « J’ai vu l’eau jaillir du côté droit du temple, alleluia ! Et tous ceux qui recevaient cette eau étaient sauvés ».

Ces paroles sont tirées de la fin du livre d’Ézéchiel[1]Ez 47, 1.9, d’une grande vision où le prophète découvre un temple nouveau, eschatologique, du côté duquel jaillit une source dont les eaux gonflent, recouvrent  et redonnent vie aux terres désolées de l’Orient. Ce cri de victoire, annonçant le triomphe du Seigneur et le retour en gloire de la Jérusalem céleste à la fin des temps, fait écho à l’origine biblique de notre antienne d’aspersion commune – l’Asperges me. Il s’agit cette fois d’un verset du psaume 50[2]Ps 50(51), 9, le célèbre Miserere, cri de détresse et de pénitence du roi David, implorant la miséricorde divine après son terrible péché (adultère et meurtre commis contre Urie, un de ses plus fidèles et vaillants soldats). Ces résonances bibliques de nos antiennes grégoriennes complètent ce que les rituels de l’Église détaillent des propriétés de l’eau bénite : eau de purification, mais aussi eau de vie et de renouvellement.

Comment ne pas voir surtout dans cette eau jaillissante du côté droit du temple un rappel de cette eau mêlée de sang sortie du côté de Notre-Seigneur sur la croix le vendredi saint ? L’eau et le sang symbolisant les sacrements en général, et le sacrement du baptême en particulier. Et comment ne pas voir encore dans le « tous ceux qui recevaient cette eau étaient sauvés » une allusion à la grâce baptismale ?

L’aspersion avant la messe est donc bien un rappel de notre baptême dont l’Église souhaite renouveler chaque dimanche en nos âmes les effets.

Redécouvrons la profondeur de la cérémonie dominicale de l’Asperges me (ou du Vidi aquam), comme de la simple signation de nous-mêmes avec de l’eau bénite lorsque nous entrons à l’église. Que cette aspersion sur notre corps, et par lui sur notre âme, contribue à attirer sur nous toujours davantage la protection du ciel ; et à rendre toujours plus propre cette robe blanche reçue le jour de notre baptême.

Références

Références
1 Ez 47, 1.9
2 Ps 50(51), 9
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