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Sainte Lucie : lumière de la vertu

16h54. Aujourd’hui, 13 décembre 2022, à 16h54 le soleil se couchera sur Paris, et ce sera la nuit, les ténèbres, le froid et l’obscurité. Outre cela, restrictions énergétiques obligent, nombre de communes songent à réduire la durée et l’intensité de l’éclairage public ; alors qu’en parallèle dans les foyers on cherche aussi à limiter l’augmentation des factures.

La vraie lumière

Tout cela nous ramène à une époque pas si lointaine, avant l’apparition de la fée électricité, époque où le rythme de vie de l’humanité était dicté par la lumière, où on en percevait peut-être mieux la valeur, la nécessité. Si la lumière naturelle du soleil est vitale, notre âme en a besoin d’une supérieure : Notre Seigneur Jésus Christ lui-même, « Lui qui [est] la lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme » (Jn 1, 8). Notre Dieu est notre lumière, et Il veut communiquer son rayonnement à ses amis, les saints : « vous êtes la lumière du monde », précise-t-il à ses apôtres (Mt 5, 14). Comment pouvons-nous éclairer le monde qui nous entoure ? La vie de sainte Lucie en est une belle illustration.

Lux, lucis, f. : la lumière.

Lucie est une jeune chrétienne de la ville de Syracuse, en Italie. Elle naît à la fin du IIIe siècle, dans une famille noble, et obtient comme prénom celui de « lumière », Lucie. Elle a la grâce de naître dans une famille chrétienne, et décide très tôt de suivre le Christ au plus près. Alors qu’elle entre dans la jeunesse, un drame vient endeuiller la famille : le père rend son âme à Dieu. Soucieuse d’assurer l’avenir de sa fille, sa mère Eutychie promet alors la main de Lucie à un jeune noble, un beau parti, qui pourra la protéger, alors qu’elle ne le peut guère. Il n’y a qu’un hic : le prétendant est païen. Et pour Lucie, c’est déjà un obstacle de taille : quitte à se marier, autant que ce soit avec quelqu’un qui partage les mêmes valeurs, surtout quant au plus important – le sens de notre existence, la raison de notre création, la définition de notre bonheur ! Outre cela, Lucie a décidé secrètement de n’avoir d’autre époux que le Christ. Elle souhaite rester vierge (il n’y avait pas encore de couvents à l’époque), et veut donc décliner l’offre de mariage qui lui est faite.

Ténèbres de l’entêtement

Bien que chrétienne, sa mère ne comprend point ce refus, et s’obstine dans son choix : pour son bien et sa sécurité temporelle, Lucie doit se marier, et il n’y a pas meilleur parti que celui choisi. Mais alors qu’elle tente de convaincre sa fille, la voilà tout à coup prise d’une étrange maladie. Les médecins s’avérant impuissants à la soigner, les deux femmes tournent leur espoir vers le Ciel, et pour obtenir la guérison souhaitée, mère et fille partent toutes deux en pèlerinage vers un lieu miraculeux : le tombeau d’une vierge martyre, sainte Agathe, en Sicile. Et c’est par l’intercession de cette vierge que la guérison s’opère : voilà qui permet à Lucie d’insister auprès de sa mère pour qu’elle aussi puisse renoncer au mariage, et vivre toute pour le Christ. Ce à quoi Eutychie consent : enfin Lucie pourra vivre sans crainte, priant et faisant de nombreuses aumônes grâce à sa fortune familiale, sans plus entendre parler de mariage… C’était sans compter cependant sur la persévérance du fiancé éconduit qui, blessé dans son orgueil, désire venger son nom de l’affront reçu. Et pour cela, il y a une solution toute trouvée !

Ténèbres de l’idolâtrie

Nous sommes en 303 après Jésus Christ, sous le règne de l’empereur Dioclétien. Dans dix ans à peine, l’empereur Constantin rendra le christianisme licite dans l’Empire Romain, mais pour l’instant ce sont le paganisme et l’idolâtrie qui déchaînent leur puissance, qui répandent les ténèbres de l’erreur. L’empire va mal, pour l’empereur la cause de ce mal est très simple : la société est rongée par une vermine, un ferment de destruction sociale. Cette vermine s’appelle le christianisme. Cette secte juive est cause de tout, car elle refuse d’adorer les dieux, ce qui explique leur colère, qu’ils retirent leur protection, et que peu à peu l’empire se délite. De plus, cette secte mine l’ordre social en affirmant une égalité de tous les hommes, qu’ils soient maîtres ou esclaves, hommes ou femmes. Il faut réagir rapidement et fermement, faire des exemples pour éviter le pullulement de la secte.

Combat de la lumière et des ténèbres

Dioclétien ordonne donc à tous les habitants de l’empire de venir adorer les dieux, en particulier le dieu qu’est le César, l’empereur lui-même. Comment ? Tout simplement en plaçant un peu d’encens à brûler devant l’effigie de Dioclétien. Une simple formalité. Le problème ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et non plusieurs ; ni Mars, ni Jupiter, ni Apollon, ni Dioclétien ne sont des dieux ! Ce sont pour les premiers des créations de l’imagination, pour le dernier un homme créé par Dieu. Adorer ces créatures, ce serait faire affront au Créateur : l’homme ne peut servir deux maîtres, il ne peut avoir plusieurs dieux, un vrai mis au même rang que des faux. C’est pourquoi les chrétiens refusèrent ce simple geste, qui correspondait ni plus ni moins à rejeter la foi au Dieu unique, à apostasier.

Revenons à Lucie, qu’a-t-elle à faire là-dedans ? Elle est chrétienne. C’est une religion interdite. Son prétendant outré la dénonce comme telle au préfet de Syracuse, Paschase. Lucie est donc conduite chez Paschase pour y accomplir, devant ses yeux, l’acte d’adoration de l’image de l’empereur. Ce que la jeune chrétienne refuse. Le préfet tente alors de la manipuler par le langage, mais Lucie, s’appuyant sur sa foi, évite toutes les embûches et répond si sagement à son juge que celui-ci finit par perdre patience. D’où lui vient cette sagesse, demande-t-il ; et elle de répondre en s’appuyant sur l’Évangile : « Lorsqu’on vous livrera, ne vous préoccupez ni de la manière dont vous parlerez, ni de ce que vous aurez à dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même.  Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10, 19-20). Pourquoi cet Esprit demeure-t-il en elle ? Parce qu’elle est pure et chaste, son corps est temple du Saint Esprit (cf. 1 Co 6,19).

Ténèbres de l’impureté.

La raison de sa résistance, c’est sa virginité consacrée à Dieu ? Pas de problème pour Paschase, il suffit de la lui faire perdre ! Une fois violée, Lucie ne serait plus « temple de l’Esprit », elle cédera ! Voilà le raisonnement cruel et purement matérialiste du païen Paschase.

En réalité, Dieu n’agit point ainsi : Il n’est pas chassé d’une âme par une quelconque action matérielle, mais ne peut l’être que par le péché, par un péché mortel. Ce que le Seigneur demande pour vivre en nos âmes, c’est notre volonté, notre bonne volonté : et même si, dans des circonstances terribles, des contraintes physiques viennent la brusquer, nous contraindre directement à faire ce que nous refusons intérieurement, tant que notre volonté rejette l’acte mauvais il n’y a pas de péché, nous ne mettons pas Dieu à la porte de notre âme. Le cas de la force physique l’illustre de manière éclatante, puisque celui qui la subit n’a ni liberté, ni volonté de commettre l’acte mauvais. Le préfet Paschase ne comprend pas cela, d’où une première condamnation : Lucie sera emmenée de force dans une maison close.

Victoire de la lumière.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Enfin, c’est ce qu’avait pensé le préfet et ceux de sa suite. Mais les choses ne se sont pas déroulées selon ce plan humain, qui s’opposait à un plan supérieur : le plan divin. Alors que des gardes s’empressent de Lucie pour la conduire dans un lieu de dépravation, impossible pour eux de la déplacer, de la transporter, de la faire bouger d’un centimètre. La frêle jeune fille voit son poids décuplé, si bien que les hommes présents n’arrivent pas à la soulever. On appelle plus de monde, mais le résultat est identique : c’est un échec. On va jusqu’à chercher des bœufs, animaux de trait, habitués des rudes labeurs : mais eux aussi échouent devant la force de la vierge.

Furieux, Paschase ordonne alors de tuer Lucie. On commence par la frapper, la rouer de coups, la  blesser, puis les bourreaux décident de la brûler, ce qui s’avère miraculeusement inefficace. C’est finalement en ayant la gorge tranchée que sainte Lucie remit son âme à Dieu, qu’elle parvint au Ciel, dans la Lumière qu’est le Christ, le 13 décembre 303.

Sainte de la lumière

« Si je deviens sainte, je serai sûrement une sainte des ténèbres », avait dit Mère Térésa, toute occupée à allumer sur terre la lumière de l’espérance. En sa compagnie au Ciel, sainte Lucie est une sainte de lumière : c’est de là-haut qu’elle peut maintenant nous éclairer sur terre, nous obtenant l’éclat de la virginité, nous éclairant dans la défense de la vérité, nous aidant à agir toujours selon la volonté de Dieu. À son exemple, « qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ! » (Mt 5, 14).

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