La vénérable Marguerite Parigot, en religion Marguerite du Saint-Sacrement, et la dévotion à la couronne du Saint-Enfant-Jésus.
Histoire d’une singulière dévotion
Née en 1619 à Beaune, Marguerite semble manifester dès les premiers mois de sa vie des prédispositions certaines pour la prière. Ayant perdu sa mère à onze ans seulement, elle demande à Notre-Dame de remplacer la défunte, et est admise quelques jours plus tard dans la « famille » de la Vierge, l’ordre du Carmel, récemment implanté en France. Elle tombe pourtant bientôt gravement malade, et doit être trépanée en 1631, deux jours seulement après sa prise d’habit. Demeurée aveugle, elle est miraculeusement guérie par l’application du camail du cardinal Pierre de Bérulle, l’un des principaux artisans de la fondation du Carmel de Paris en 1604.
Le 4 janvier 1632, solennité de l’Épiphanie, elle devient épouse du saint Enfant Jésus en sa crèche, marquant le début d’une participation singulière aux mystères de sa vie. Revivant les étapes de l’enfance du Sauveur, elle doit réapprendre à marcher, parler, à se nourrir… Son identification au Christ enfant est telle que Marguerite aurait gardé toute sa vie – aux dires des témoins – une taille d’enfant de douze ans environ (1m 33). Puis elle revivra les états douloureux et enfin glorieux de la vie du Seigneur.
Marguerite fait partie des témoins de la sollicitude divine pour la France et le couple royal de Louis XIII et Anne d’Autriche : elle avait même reçu en 1635 la promesse solennelle de la naissance d’un Dauphin pour le royaume. Après sa mort en 1648, son tombeau devient vite un lieu de pèlerinage, où se rendront même le jeune Louis XIV et sa mère. Son action pour répandre la dévotion à l’enfance du Sauveur est poursuivie par la puissante Compagnie du Saint-Sacrement et son fondateur Gaston de Renty.
Souvent confondue avec la dévotion au saint Enfant Jésus de Prague, le culte rendu au « Petit Roi de Beaune » fut diffusé par l’ordre du Carmel. Parmi les pieux exercices hérités de la vénérable Marguerite, la couronne du Saint-Enfant-Jésus : un chapelet « sur mesure, » qui permet de méditer et revivre les mystères de l’enfance du Sauveur.
L’objet lui-même est légèrement différent du chapelet classique : trois gros grains sont suivis à chaque dizaine par douze plus petits. On baise la médaille en disant « saint Enfant Jésus, bénissez-nous ! », puis sur chaque gros grain on récite un Pater pour honorer chacun des membres de la Sainte Famille, sur chacun des petits grains on dit enfin un Ave en mémoire des douze premières années de l’enfant Dieu.
Les méditations ci-dessous peuvent aider à contempler ces mystères en priant la petite « Couronne. »
Introduction à la couronne du Saint-Enfant-Jésus
On commence par l’invocation suivante : Divin Enfant Jésus, j’adore votre croix et j’accepte toutes celles qu’il vous plaira de m’envoyer.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Sur le premier gros grain :
Adorable Trinité, nous vous offrons toutes les adorations du cœur du saint Enfant Jésus.
Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Notre Père…
Sur le deuxième gros grain :
Très Sainte Trinité, nous vous offrons ce que vous avez opéré dans l’âme de la Sainte Vierge au moment de l’Incarnation.
Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Notre Père…
Sur le troisième gros grain :
Adorable Trinité, nous vous remercions des grâces dont vous avez comblé le glorieux saint Joseph, en vue de Jésus et de Marie.
Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Notre Père…
Les douze mystères de la sainte Enfance
1er Mystère – L’Incarnation de Notre-Seigneur.
Saint Enfant Jésus, nous adorons le moment de votre Incarnation.
Et le Verbe s’est fait chair, et Il a habité parmi nous. Je Vous salue Marie…
2e Mystère – Séjour dans le sein de sa sainte Mère.
Adorable Enfant, nous vous adorons résidant neuf mois dans le sein de Marie.
3e Mystère – Sa sainte Naissance.
Divin Enfant, nous vous adorons naissant dans une pauvre étable.
4e Mystère – Sa demeure dans l’étable.
Très aimable Enfant, précieux trésor du ciel et de la terre, nous vous adorons dans la crèche avec les anges et les bergers de Bethléem.
5e Mystère – Sa circoncision.
Dieu d’amour, qui êtes la Sainteté même, nous vous adorons prenant la marque du pécheur dans votre douloureuse Circoncision. Retranchez de nos cœurs tout ce qui vous déplait.
6e Mystère – Son Épiphanie.
Saint Enfant Jésus, nous nous prosternons à vos pieds sacrés avec les Mages. Soyez à jamais l’unique Roi de nos cœurs.
7e Mystère – Sa Présentation.
Adorable Enfant, offrez-nous à Dieu votre Père avec vous, et rendez-nous victimes de votre amour.
8e Mystère – Sa fuite en Égypte.
Saint Enfant qui, étant le Dieu fort, le Dieu des armées, fuyez devant l’impie Hérode, faites-nous fuir, plus que la mort, l’ombre du péché.
9e Mystère – Son retour d’Égypte.
Très puissant Enfant, arrachez-nous du milieu de ce monde corrompu figuré par l’Égypte, et que votre retour à Nazareth nous obtienne la grâce d’arriver en notre patrie véritable qui est le Ciel.
10e Mystère – Sa vie cachée à Nazareth.
Très aimable Enfant, faites-nous aimer la retraite, et que toutes nos délices soient de nous occuper de Dieu, de vous, de Marie et de Joseph.
11e Mystère – Ses voyages avec sa sainte Mère et saint Joseph.
Divin Enfant Jésus, sanctifiez tous nos pas. Puisque vous êtes notre unique trésor, que toujours notre cœur, et souvent notre corps, vous aillent chercher dans nos églises, pour vous y adorer et aimer comme notre Dieu.
12e Mystère – Son séjour au Temple au milieu des docteurs.
Admirable Enfant Jésus, en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont renfermés, prenez pour toujours votre résidence au milieu de nos cœurs. Soyez notre unique docteur, enseignez-nous votre volonté et donnez-nous la grâce de l’accomplir fidèlement et avec joie.
Amen.