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Saint Claude La Colombière, co-apôtre du Sacré-Coeur

Une vie offerte en holocauste d’amour

Claude La Colombière voit le jour le 2 février 1641 à Saint-Symphorien-d’Ozon (près de Grenoble), dans une famille chrétienne fervente. Plusieurs de ses frères et sœurs entreront également en religion. À dix-sept ans, malgré une « grande aversion » pour la vocation jésuite, il entre dans la Compagnie de Jésus, mû par un idéal de totale offrande à Dieu. Attaché à la spiritualité ignatienne, il désire « Ne vivre que pour Dieu, Le servir et Le glorifier » le principe de sa vie spirituelle.

Ordination, ministère et rencontre avec Marguerite-Marie Alacoque

Ordonné prêtre en 1669, il est nommé professeur de rhétorique à Paris, enseignant à des élèves issus des milieux les plus élevés, jusqu’à la famille de Colbert. Après la fin de ses propres études, en 1675, il est nommé supérieur de la résidence jésuite de Paray-le-Monial, où il devient le confesseur des Visitandines et sera pour ainsi dire le directeur spirituel de Marguerite-Marie Alacoque. Dès la première rencontre, il prend nettement position en sa faveur et la soutient auprès de sa supérieure. 

Dieu donc s’étant ouvert à la personne qu’on a sujet de croire être selon son cœur ( Ste Marguerite-Marie ) par les grandes grâces qu’il lui a faites, elle s’en expliqua à moi, et je l’obligeai de mettre par écrit ce qu’elle m’avait dit, que j’ai bien voulu décrire moi-même dans le journal de mes retraites, parce que le bon Dieu veut dans l’exécution de ce dessein se servir de mes faibles soins.[1]Claude La Colombière, Ecrits Spirituels, Paris, 1962, p. 165.

Claude était bien préparé à devenir à ses côtés l’apôtre du Sacré-Coeur, lui qui avait écrit déjà longtemps auparavant dans son propre journal spirituel : « Je veux que mon cœur ne soit désormais que dans celui de Jésus et de Marie, ou que celui de Jésus et de Marie soient dans le mien afin qu’ils lui communiquent leurs mouvements, et qu’il ne s’agite et qu’il ne s’émeuve que conformément à l’impression qu’il recevra de ces Cœurs. »

Jésus avait dit à Marguerite-Marie que « la personne qu’il lui envoyait était son “fidèle serviteur et parfait ami” ». Elle le reçoit donc comme un guide authentique qui l’aidera à orienter sa vie conformément à la volonté divine et à discerner l’authenticité de ses aspirations spirituelles et de ses apparitions.  

Adresse-toi à mon serviteur N. ( Claude La Colombière ) et lui dis de ma part de faire son possible pour établir cette dévotion et donner ce plaisir à mon divin Cœur ; qu’il ne se décourage point pour les difficultés qu’il y rencontrera, car il n’en manquera pas ; mais il doit savoir que celui-là est tout-puissant qui se défie entièrement de soi-même pour se confier uniquement à moi.[2]Claude La Colombière, Ecrits Spirituels, Paris, 1962, p. 167.

Le rôle du père Claude est décisif dans la naissance de la dévotion au Sacré-Cœur : il aide soeur Marguerite-Marie à formuler le message révélé, lui demande de le mettre par écrit, le diffuse dans ses retraites et encourage la communauté de Paray à le reconnaître.

En 1675 cependant, juste avant sa profession solennelle, une vision intérieure bouleversante s’était imposée à lui : il s’y voit « traîné en prison pour avoir prêché Jésus crucifié ». Malgré l’angoisse suscitée, il accepte ce présage comme une épreuve à vivre fidèlement, en esprit d’abandon.

Ministère en Angleterre et épreuve

En effet la période de Paray ne dure pas. Nommé en 1676 prédicateur de la duchesse d’York (future reine Marie-Béatrice de Modène), il exerce à la cour de Saint-James tout en gardant son charisme de jésuite. Son zèle spirituel gagne plusieurs âmes mais attire la suspicion et la jalousie.

En fin 1678, pris dans la vague anti-catholique du “Popish Plot”, soupçonné injustement, il est arrêté et détenu trois semaines à la prison de King’s Bench, dans des conditions très dures. Sa santé en sera profondément et durablement fragilisée. Il est finalement libéré grâce à l’intervention du roi de France, puis expulsé d’Angleterre.

Il rédige une prière lumineuse dans cette épreuve :

« Mon Dieu, je suis si persuadé que Vous veillez sur ceux qui espèrent en Vous … que j’ai décidé de vivre désormais sans aucun souci et de me reposer sur Vous de toutes mes inquiétudes. » 

Retour, déclin et mort à Paray-le-Monial

De retour en France dès 1679, il exerce comme directeur des novices à Lyon, tout en maintenant par lettre un lien spirituel vif avec Marguerite-Marie. En 1681, affaibli, il retourne à Paray. Il meurt le 15 février 1682, un « crachement de sang » (signe probable de tuberculose) précipitant son départ. Il a seulement 41 ans.

Héritage écrit et diffusion de la dévotion

Ses Œuvres — sermons, Réflexions chrétiennes, Retraites, Lettres spirituelles — deviennent des instruments majeurs de la propagation du Sacré-Cœur.

Claude La Colombière fut canonisé le 31 mai 1992 par Jean-Paul II, qui voit en lui un « vrai compagnon de saint Ignace. »

Vrai compagnon de saint Ignace, Claude apprend à maîtriser sa forte sensibilité. Il garde humblement le sens de “sa misère” pour ne s’appuyer que sur son espérance en Dieu et sur sa confiance en la grâce. Il prend résolument la voie de la sainteté.[3]Saint Jean-Paul II, Homélie pour la canonisation de saint Claude La Colombière.

Il rappelle que Dieu veut que l’amour dont Il nous a aimé soit en nous (Jean 17, 26) — une invitation à vivre l’unité, la réconciliation et la mission dans l’Église comme expression de ce Cœur aimant. Pour saint Jean-Paul II, saint Claude La Colombière est avec sainte Marguerite-Marie l’apôtre providentiel d’une dévotion particulièrement nécessaire à l’Eglise et au monde : l’amour du Coeur Sacré de Jésus.

La dévotion au Cœur du Christ sera un facteur d’équilibre et d’affermissement spirituel pour les communautés chrétiennes bientôt affrontées à l’incroyance qui progressera dans les siècles suivants: une conception impersonnelle de Dieu se répandra; l’homme, s’éloignant de la rencontre personnelle du Christ et des sources de la grâce, voudra être seul maître de son histoire et se donner à lui-même sa loi, jusqu’à se montrer impitoyable pour servir ses ambitions. Le message de Paray, accessible aux humbles comme aux grands de ce monde, répond à de tels égarements en éclairant la relation de l’homme avec Dieu et de l’homme avec le monde par la lumière qui vient du Cœur de Dieu: conformément à la Tradition de l’Église, il oriente le regard vers la Croix du Rédempteur du monde, vers “Celui qu’ils ont transpercé”.[4]Saint Jean-Paul II, Homélie pour la canonisation de saint Claude La Colombière.

Références

Références
1 Claude La Colombière, Ecrits Spirituels, Paris, 1962, p. 165.
2 Claude La Colombière, Ecrits Spirituels, Paris, 1962, p. 167.
3, 4 Saint Jean-Paul II, Homélie pour la canonisation de saint Claude La Colombière.
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