Rechercher
Rechercher
Rechercher
Rechercher

Qui a écrit les évangiles ? (Tradition de l’Eglise contre thèse de l’anonymat)

De nos jours, certains affirment que les évangiles ne sont pas historiquement fiables car ils seraient anonymes (c’est-à-dire écrits par des personnes inconnues bien après la mort des apôtres). Or cette thèse est contredite par toutes les données historiques à notre disposition. Nous allons montrer que l’attribution traditionnelle des évangiles est historiquement crédible, c’est-à-dire que les évangiles ont bien pour auteurs de véritables témoins oculaires (Matthieu et Jean) ainsi que de proches associés de ces témoins (Marc et Luc).  

Les 7 sources historiques externes

Plusieurs éléments peuvent être étayés pour montrer la véracité de l’attribution traditionnelle. Pour attester clairement de ce fait, nous avons sept sources historique primitives (dans les 150 ans après la rédaction des évangiles), de témoins différents et répandus à travers le monde, qui attestent que les évangiles sont bien de ces auteurs. C’est une chose excellente en matière d’authenticité. En comparaison, pour l’Histoire de la guerre du Péloponnèse, notre première source, qui nous dit que l’auteur est Thucydide, date d’environ 250 ans après sa rédaction et d’autres œuvres connues ont parfois leur auteur mentionné par une seule personne. En l’occurrence, pour les Annales, seul saint Jérôme atteste que Tacite en est bien l’auteur et ce, 300 ans après la publication de la version originale!

Sans plus tarder, voyons ces sept sources primitives sur l’attribution des évangiles.

1. Papias, évèque de Hierapolis (vers 125)

Vers l’an 125, Papias, évêque d’Hiérapolis ayant directement connu saint Jean écrivait : « Matthieu écrivit donc les oracles en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il put. Marc, devenu l’interprète de Pierre, écrivit avec exactitude, mais sans ordre, tout ce qu’il se rappelait des choses dites ou faites par le Christ. En effet, il n’a pas entendu le Seigneur et ne l’a pas suivi, mais après, comme je l’ai dit, il a suivi Pierre, qui adaptait son enseignement aux besoins de ses auditeurs, mais sans avoir l’intention de faire un compte rendu cohérent des discours du Seigneur, de sorte que Marc n’a pas commis d’erreur en écrivant ainsi certaines choses telles qu’il s’en souvenait. En effet, il a veillé à ne rien omettre de ce qu’il avait entendu et à n’en rapporter aucune fausseté. » (Histoire ecclésiastique III, 39)

2. Justin Martyr (Vers 150)

Vers l’an 150, saint Justin Martyr appelait les Évangiles « les mémoires des apôtres » et affirmait qu’ils avaient été composés par eux : « En effet, les apôtres, dans les mémoires qu’ils ont composés et qui sont appelés Évangiles, nous ont transmis ce qui leur était prescrit». (Première apologie, 66)

3. Fragment de Muratori (vers 170 AP. J.-C.)

Le fragment de Muratori, daté par la plupart des experts vers l’an 170 nous rapporte que Luc et Jean sont bien les auteurs des évangiles éponymes. Le texte que nous avons retrouvé est amputé au début et à la fin. Mais comme il parle, après une phrase incomplète, du troisième évangile comme étant celui de Luc, puis du quatrième évangile comme étant celui de Jean, les historiens admettent qu’il devait parler de ceux de Matthieu et de Marc juste avant.

[….]Le troisième livre de l’Évangile est celui de Luc. Luc, le médecin bien connu, après l’ascension du Christ, et alors que Paul l’avait emmené avec lui en tant que zélé pour la loi, le composa en son nom propre, selon la croyance [générale]. Cependant, il n’avait pas vu le Seigneur en chair et en os, et c’est pourquoi il a commencé à raconter l’histoire à partir de la naissance de Jean, puisqu’il était en mesure d’établir les événements. Le quatrième évangile est celui de Jean, l’un des disciples.

4. Irénée de Lyon (vers 180)

En l’an 180, saint Irénée, disciple de Polycarpe, lui-même disciple de saint Jean, donna précisément l’origine de l’ensemble des 4 évangiles: « Matthieu publia chez les Hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d’Évangile, à l’époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l’Église. Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l’interprète de Pierre, nous transmit lui aussi par écrit ce que prêchait Pierre. De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l’Évangile que prêchait celui-ci. Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l’Évangile, tandis qu’il séjournait à Éphèse. » (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, livre III, 1, 1.)

5. Clément d’Alexandrie (Vers 180-200)

Vers 180-200 Clément d’Alexandrie rapportait : « Marc, disciple de Pierre, alors que Pierre prêchait publiquement l’Évangile à Rome en présence de quelques chevaliers de César et qu’il rendait de nombreux témoignages sur le Christ, sur leur demande de lui laisser un enregistrement des choses qui avaient été dites, a écrit l’Évangile qui est appelé Évangile de Marc à partir des choses dites par Pierre, tout comme Luc est reconnu comme la plume qui a écrit les Actes des Apôtres et comme le traducteur de la Lettre de Paul aux Hébreux ». (Adumbrationes in Epistolas Canonicas)

6. Tertullien de Carthage (Vers 207)

Enfin, vers l’an 207, Tertullien mentionne que les évangiles ont pour auteurs les apôtres (Jean et Matthieu) ainsi que les hommes apostoliques (Luc et Marc): « J’affirme tout d’abord que les documents de l’Évangile ont pour auteurs les apôtres et que cette tâche de promulguer l’Évangile leur a été imposée par le Seigneur lui-même. . . . En bref, parmi les apôtres, Jean et Matthieu implantent en nous la foi, tandis que parmi les hommes apostoliques, Luc et Marc la réaffirment » (Contre Marcion IV, 2, 1-2)

7. Origène (185-253)

J’ai appris comme étant de la tradition, en ce qui concerne les quatre Évangiles qui sont les seuls incontestés dans l’Église de Dieu qui est sous le ciel, que le premier écrit est celui selon Matthieu, publicain d’abord, puis apôtre de Jésus-Christ ; il fut destiné à ceux qui avaient passé du Judaïsme à la foi, et fut composé en langue hébraïque. Le second est celui selon Marc, qui l’a fait selon les indications de Pierre; […] Le troisième est celui selon Luc, l’Évangile loué par Paul et composé pour les gentils. Après tous vient celui selon Jean. (Origène, cité par Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique VI, 25, 4-6)

Nous avons donc une confirmation externe précoce de nos quatre évangiles. On remarquera que ces preuves viennent d’endroits très divers : la Turquie, la Palestine, l’Italie, la France, la Tunisie et l’Égypte. C’est une chose excellente par rapport aux standards de l’époque ! Aucune tradition ou témoignage n’est venu contredire cette attribution, chose tout à fait improbable si les évangiles avaient écrites de manière anonyme. Même les ennemis du christianisme comme le païen Celse admettaient que les évangélistes étaient bien Matthieu Marc Luc et Jean.[1]«Les disciples de Jésus, n’ayant aucun fait incontestable sur lequel s’appuyer, ont imaginé la fiction qu’il avait tout prévu avant que cela n’arrive […] Les disciples de Jésus ont … Continue reading Personne, même les hérétiques, n’ont osé contester l’attribution des évangiles avant l’an 400 (Fauste le manichéen fut le premier).

Confirmation par les manuscrits

Ajoutons que tous les manuscrits les plus anciens confirment que les auteurs des évangiles sont bien Matthieu Marc Luc et Jean. Il n’existe tout simplement aucune copie anonyme des évangiles dans tous les manuscrits anciens existants. Brant Pitre, spécialiste du Nouveau Testament affirme : « Le plus gros problème avec la théorie des Évangiles anonymes est le suivant : aucune copie anonyme de Matthieu, Marc, Luc ou Jean n’a jamais été trouvée. Pour autant que nous le sachions, elles n’ont jamais existé. […]tous les manuscrits anciens – sans exception, dans toutes les langues – attribuent les quatre évangiles à Matthieu, Marc, Luc et Jean. »[2]Brant, Pitre, The case for Jesus, 2016, p.19-21.

L’historien Martin Hengels commente : «Si [les Évangiles] avaient d’abord circulés anonymement […] il en aurait nécessairement résulté dans une diversité de titres d’attribution, comme l’illustrent de nombreux exemples de l’antiquité….. Il n’y a aucune trace d’un tel anonymat »[3]Martin Hengels, The Four Gospels and the One Gospel of Jesus Christ, Trinity Press International, 2000.

Etant donné l’unanimité des manuscrits, Brant Pitre remarque avec bon sens : « Pensez-y une minute. Selon la théorie des Évangiles anonymes, l’Évangile de Matthieu était à l’origine l’Évangile « selon personne ». Ce livre anonyme aurait été copié à la main, recopié, et a circulé dans tout l’Empire romain pendant des décennies. De même, l’Évangile de Marc, qui était aussi à l’origine l’Évangile « selon personne », a été copié et recopié et a circulé et recopié pendant des décennies. Et ainsi de suite pour le troisième Évangile anonyme, puis le quatrième Évangile anonyme. Puis, au début du deuxième siècle de notre ère, les mêmes titres ont été ajoutés à ces quatre livres anonymes très différents, et non à un, deux ou trois, mais à tous […] alors que les quatre évangiles avaient déjà été diffusés dans tout l’empire romain : en Galilée, à Jérusalem, en Syrie, en Afrique, en Égypte, à Rome, en France, etc. Ce scénario est tout à fait incroyable. [….] Même si un seul Évangile anonyme avait pu être écrit et diffusé, puis miraculeusement attribué à la même personne par des chrétiens vivant à Rome, en Afrique, en Italie et en Syrie, suis-je vraiment censé croire que la même chose s’est produite non pas une fois, ni deux fois, mais avec quatre livres différents, encore et encore, dans le monde entier ? Comment ces scribes inconnus qui ont ajouté les titres ont-ils su à qui attribuer les livres ? Comment ont-ils communiqué entre eux pour que tous les exemplaires se retrouvent avec les mêmes titres ? »[4]Brant Pitre, The case for Jesus, p. 22.

La comparaison frappante : l’épitre aux Hébreux

S’il on prend en comparaison l’exemple de l’épitre aux Hébreux, on constate que l’auteur de ce livre était disputé dès les premiers siècles car il s’agissait d’un texte vraiment anonyme. Certains Pères l’ont attribué à Paul, d’autres à Barnabé, d’autres à Clément de Rome, ou encore à Timothée ; si bien qu’à la fin du deuxième siècle, Origène abandonna l’entreprise de trouver son réel auteur : « Quant à l’auteur de l’épitre aux Hébreux, seul Dieu le sait » (cité par Eusèbe de Césarée, Histoire Ecclésiastique 6,25,14).

Brant Pitre commente : « Voilà ce que vous obtenez avec un livre réellement anonyme: des manuscrits anonymes réels et des débats anciens réels sur l’identité de l’auteur. Mais c’est précisément ce que l’on ne trouve pas dans le cas des évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Pas de copies anonymes, et … pas de débat entre les anciens chrétiens sur l’identité de l’auteur des évangiles. … En bref, la théorie des évangiles anonymes souffre non seulement d’un manque de preuves manuscrites, mais aussi d’un manque de logique. »[5]Brant Pitre, The Case for Jesus, p. 22.

Un mensonge collectif ?

On peut ajouter un autre argument indépendant en faveur de l’attribution traditionnelle: l’impopularité des noms. En clair, si les premiers chrétiens avaient vraiment voulu mentir et inventer les auteurs des Évangiles, pourquoi ne leur avoir pas donné des noms plus populaires ? Pourquoi n’avoir pas remplacé Marc et Luc, des associés méconnus, par deux des douze apôtres qui avaient directement côtoyé Jésus ? Quant à Luc, compagnon de Paul, son nom n’est mentionné que trois fois dans tout le Nouveau Testament (Col 4, 14 ; 2 Tim 4, 11 ; Phm 24), faisant de lui un choix bien moins intéressant que d’autres disciples de Paul plus connus, tels Timothée, Tite ou Silas. Un faussaire n’aurait donc jamais eu l’idée d’attribuer à Luc l’écriture de l’Évangile ou des Actes des Apôtres, si cela n’avait pas été le cas. L’historien Craig Blomberg affirme : « Il est difficile de croire que les traditions les plus anciennes associent uniformément les deux premiers évangiles à Marc et à Luc sans une bonne raison historique, parce que ni l’un ni l’autre n’était considéré comme une figure importante du christianisme du premier siècle ».[6]Craig L. Blomberg, The Historical Reliability of the New Testament, p. 9.

On peut aussi imaginer que des faussaires auraient sûrement voulu prendre un autre nom que Matthieu, qui était l’un des apôtres les moins connus. D’ailleurs, son Évangile était spécialement écrit pour prêcher la Bonne Nouvelle aux Juifs. Or, Matthieu, en plus d’être un apôtre méconnu, était aussi un collecteur d’impôts (Mt 9, 9) : les collecteurs d’impôts étaient détestés des Juifs qui les considéraient comme des collaborateurs avec les Romains et comme des pécheurs (Mt 9, 11). Craig Blomberg commente « Matthieu était un apôtre bien sûr, mais après Judas qui a trahit Jésus, c’était probablement le moins aimé des douze dans les cercles Juifs parce qu’il avait travaillé pendant des années pour le camp ennemi en récoltant de l’argent pour Rome ».[7]Craig Blomberg, The Historical Reliability of the New Testament, p.10.

En somme, mis à part Jean, les noms des évangélistes ne sont pas ceux qui viendraient spontanément à l’esprit d’une personne qui voudrait inventer des titres, afin de renforcer le prestige et l’autorité de ces textes. Une liste avec des prénoms plus connus, comme Jean, Pierre, Thomas et Jacques, aurait été plus attrayante si quelqu’un avait voulu en inventer une. Il est donc raisonnable de penser que l’attribution traditionnelle est correcte.

Brant Pitre commente avec justesse : « Mettez-vous à la place des anciens scribes qui auraient sciemment ajouté les faux titres aux Évangiles. Si vous vouliez donner une autorité à votre livre anonyme, choisirez-vous Luc, qui n’était ni un témoin oculaire lui-même ni le disciple d’un témoin oculaire, mais un compagnon de Paul, qui n’a jamais rencontré Jésus durant sa vie terrestre ? […] Choisiriez-vous Marc, qui n’était pas lui-même un disciple de Jésus ? Si l’autorité est ce que vous recherchez, alors pourquoi ne pas attribuer votre Évangile anonyme directement à Pierre, le chef des apôtres ? Ou à André, son frère ? D’ailleurs, pourquoi ne pas aller directement au sommet et attribuer votre Évangile à Jésus lui-même ? »

Résumé des preuves externes

1) La tradition primitive est unanime sur l’attribution des évangiles (contrairement au cas de l’épitre aux Hébreux). Il existe 7 sources primitives différentes chez des Pères très éloignés géographiquement.

2) Tous les manuscrits que nous avons en toutes les langues comportent bien le nom des évangélistes: aucun n’est anonyme (contrairement à l’épitre aux Hébreux)

3) Personne n’aurait eu l’idée d’inventer les attributions à des personnes comme Matthieu Marc et Luc, s’ils n’étaient pas les auteurs.

Confirmation par des éléments internes

Même si les éléments externes suffisent amplement à justifier l’attribution traditionnelle des évangiles, nous pouvons aussi confirmer cette attribution en examinant des indices internes au texte lui-même. Par exemple, l’évangile de Matthieu mentionne les choses en rapport à l’argent de plus que tous les autres: « La didrachme » (Mt 17, 24-27), « payer l’impôt à César » (Mt 22, 17), « l’argent et l’impôt » (Mt 22, 19). [Voir aussi: Mt 5,26 ; 10,29 ; 18,28 ; 20,2.9.10.13]. Matthieu est aussi le seul évangéliste qui rapporte que Judas a trahi Jésus pour « 30 pièces d’argent ». Il est aussi le seul à mentionner l’argent donné aux gardes du tombeau (Mt 28,12). Au total, l’évangile de Matthieu fait référence à l’argent 44 fois, alors que Luc et Marc n’y font référence que 22 et 6 fois. Cela est tout à fait cohérent si l’auteur est un collecteur d’impôts !

Comme le remarque l’historien Edgar Goodspeed, « si l’on exige une signature de Matthieu le collecteur d’impôts, cela y ressemble beaucoup. … Nous sommes frappés par plusieurs caractéristiques de l’Évangile de Matthieu qui favorisent résolument la rédaction par un collecteur d’impôts ».[8]Edgar J. Goodspeed, Matthew: Apostle and Evangelist, p. 59-60.

L’évangile de Marc, quant à lui, mentionne le nom de Pierre plus que tous les synoptiques: 1 fois sur 432 mots (chez Luc, Pierre est mentionné seulement 1 fois sur 670 et chez Matthieu 1 fois sur 654). Cela colle parfaitement si Marc a reçu la prédication de Pierre comme l’indique la Tradition unanime.

En ce qui concerne Luc, il est décrit par Paul comme étant un médecin (Col 4, 14). Et comme par hasard, on retrouve dans son évangile des remarques d’ordre médical (plus que tous les autres !) : « Or, il y avait une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien pour les médecins, sans qu’aucun ait pu la guérir.»(Lc 8,43-44)« Et voici, un homme hydropique était devant lui » (Lc 14,2) « La belle-mère de Simon avait une violente fièvre » (Lc 4,38) « Médecin, guéris-toi toi-même » (Lc 4,23).

De plus, l’auteur de Luc était certainement connu car il s’adresse à son mécène Théophile au début de son évangile (Lc 1,2-4). Comme le remarque l’historien Richard Bauckham: « Il est inconcevable qu’un ouvrage adressé à quelqu’un de spécifique [Théophile] aurait pu être anonyme ».[9]Richard Bauckham, Jesus and the Eyewitnesses, p. 301.

Enfin l’évangile de Jean indique qu’il a été écrit par un témoin oculaire, le « disciple que Jésus aimait » (Jn 21, 20-24). Or ce disciple bien aimé était présent au dernier repas (Jn 13,13) qui rassemblait les douze apôtres (Mt 26,20). Donc le disciple bien aimé était bien l’un des douze. Mais qui parmi les douze? Etant donné que ce disciple se fait appeler « le disciple que Jésus aimait », il devait avoir un statut particulier parmi les douze. Il devait faire partie de la « garde rapprochée » de Jésus. En lisant les autres évangiles on remarque que la garde rapprochée de Jésus est Pierre et Jacques et Jean car ces derniers forment un trio très proche de lui (Mc 9,2 ; Mc 5,37 ; MC 14,33 ; Mt 17,1 ; Mt 26,37 ; Lc 8,51 ; Lc 9,28).[10]Pierre et Jacques et Jean forment un trio très proche de Jésus:« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute … Continue reading

Or, le disciple bien aimé ne pouvait pas être Pierre puisqu’il en est expressément distingué : « Pierre, s’étant retourné, vit venir après eux le disciple que Jésus aimait » (Jean 21,20). De plus, nous savons que Jacques est mort martyrisé pour sa foi par Hérode vers 42 (Actes 12,2) et que le 4ème évangile a été écrit bien plus tard (vers 90). Par conséquent, Jacques ne pouvait pas en être l’auteur. Par élimination, il s’ensuit que le disciple bien-aimé était probablement l’apôtre Jean, ce qui coïncide une fois de plus avec tous les éléments externes précédents.

Raymond Brown, spécialiste du Nouveau Testament avouait: « En fin de compte, la combinaison de preuves externes et internes associant le quatrième évangile à Jean le fils de Zébédée en fait l’hypothèse la plus solide, si l’on est prêt à accorder du crédit à l’affirmation de l’évangile d’être la source d’un témoin oculaire. »[11]Raymond Brown, The Gospel according to John, 2 vols, Anchor Bible; New York, Doudleday, 1966). A cause de son penchant libéral, il est à noter que Brown changea d’avis par la suite.

Conclusion

En conclusion, la thèse largement répandue selon laquelle « on ne sait pas qui a écrit les évangiles » est irrationnelle et refuse de prendre en compte les données historiques unanimes sur cette question. Les preuves à la fois externes et internes convergent pour montrer avec un haut degré de certitude que les évangiles ont pour auteurs deux témoins oculaires (Matthieu et Jean) ainsi que deux de leurs proches associés (Marc et Luc). Cela renforce considérablement leur crédibilité historique et démontre que les évangiles ne sont pas des mythes ou des légendes tardives, mais bien des biographies détaillées de la vie de Jésus ancrées dans le réel dont les informations sont de première (ou de seconde) main.

Références

Références
1 «Les disciples de Jésus, n’ayant aucun fait incontestable sur lequel s’appuyer, ont imaginé la fiction qu’il avait tout prévu avant que cela n’arrive […] Les disciples de Jésus ont écrit de tels récits à son sujet, afin d’atténuer les accusations qui pesaient sur lui » (Origène, Contre Celse, Livre II, 15-16). Celse aurait pu contester la crédibilité du christianisme en disant que les évangiles n’ont pas été écrits par les apôtres et leurs associés, mais il ne l’a pas fait !
2 Brant, Pitre, The case for Jesus, 2016, p.19-21.
3 Martin Hengels, The Four Gospels and the One Gospel of Jesus Christ, Trinity Press International, 2000.
4 Brant Pitre, The case for Jesus, p. 22.
5 Brant Pitre, The Case for Jesus, p. 22.
6 Craig L. Blomberg, The Historical Reliability of the New Testament, p. 9.
7 Craig Blomberg, The Historical Reliability of the New Testament, p.10.
8 Edgar J. Goodspeed, Matthew: Apostle and Evangelist, p. 59-60.
9 Richard Bauckham, Jesus and the Eyewitnesses, p. 301.
10 Pierre et Jacques et Jean forment un trio très proche de Jésus:
« Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il les conduisit seuls à l’écart sur une haute montagne. » (Mc 9, 2)
«  Et il ne permit à personne de l’accompagner, si ce n’est à Pierre, à Jacques, et à Jean, frère de Jacques. »(Mc 5, 37)
« Il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à éprouver de la frayeur et des angoisses » (Mc 14, 33)
« Et six jours après, Jésus prend avec [lui] Pierre et Jacques et Jean son frère, et il les fait monter sur une haute montagne, à l’écart »(Mt 17, 1)
« Lorsqu’il fut arrivé à la maison, il ne permit à personne d’entrer avec lui, si ce n’est à Pierre, à Jean et à Jacques »(Lc 8, 51)
« Environ huit jours après qu’il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier »(Lc 9, 28)
« Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée [Jacques et Jean] et il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses »(Mt 26, 37)
Paul mentionne que Pierre Jacques et Jean sont les « colonnes » de l’Eglise (Ga 2, 9)
=> Il est donc probable que le « disciple bien aimé » fasse partie de cette garde rapprochée.
11 Raymond Brown, The Gospel according to John, 2 vols, Anchor Bible; New York, Doudleday, 1966). A cause de son penchant libéral, il est à noter que Brown changea d’avis par la suite.
Retour en haut

Abonnez-vous à notre newsletter,
et soyez informés des derniers articles parus.