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Prier avec Marie et les Saintes Écritures

Albrecht Dürer - La Vierge Marie en Prière - 1518
Comment priait Marie ? C’est avec elle que Jésus a appris à prier, c’est en elle qu’est née la première prière de l’Église. Avec la discrétion qui la caractérise, la Vierge apparaît dans les Écritures comme un modèle de prière. Suivons-la sur ce chemin d’intériorité en reprenant quelques-unes de ses apparitions dans les Évangiles.

 

1 – Marie en prière

Les rares moments où Marie intervient explicitement dans l’Évangile sont des moments de prière : le « oui » de l’Annonciation[1]Lc 1, 26-38 ; le Magnificat de la Visitation[2]Lc 1, 46-56 ; le silence méditatif et le chant des anges à Bethléem[3]Lc 2, 19 ; l’Écriture Sainte convoquée pour éclairer l’adoration des mages et la fuite en Égypte[4]Mt 2, 6  ; Mt 2, 15  ; Mt 2, 17  ; Mt 2, 23 ; la prière d’obéissance et de sacrifice lors de la présentation au temple[5]Lc 2, 22 ; l’acceptation et l’intériorisation de la volonté divine lors du recouvrement à Jérusalem[6]Lc 2, 48-52, l’intercession à Cana[7]Lc 2, 48-52, l’exhortation à écouter et garder la parole lors de l’unique rencontre rapportée entre Jésus et sa mère durant la vie publique[8]Lc 8, 21 ; le silence de Marie au pied de la croix[9]Jn 19, 25, la résurrection, à la Pentecôte[10]Ac 1, 14.

2 – Silence

L’Écriture montre Marie entrant progressivement dans un silence de plus en plus intérieur, dans la méditation de la Parole de Dieu, à laquelle elle avait toujours été profondément ouverte et attentive mais qui se manifeste spécialement en Jésus. Les premiers épisodes des Évangiles sont ceux où la Vierge parle le plus : une fois prononcés les trois mots de Cana (oinon ouk echousin : « ils n’ont plus de vin »), elle entre dans un silence complet. Ces derniers mots de Marie se révèlent d’une profondeur insondable dès lors qu’on les rattache au vin nouveau, sang de la nouvelle alliance, que son Fils est venu verser pour la Rédemption du monde. De tous ses contemporains, Notre Dame est certainement celle qui médite le plus profondément et comprend le mieux Jésus, et paradoxalement elle ne l’exprime qu’en se taisant. Son silence est un silence d’intériorisation, d’acceptation de la volonté divine, même à l’instant suprême.

3 – Acceptation de la volonté divine, offrande intérieure

Sa prière est justement cela : une acceptation de la volonté divine, elle nous apprend à nous mettre par la prière au niveau de ce que Dieu attend de nous. Elle questionne, interroge : « comment cela se fera-t-il ? », « pourquoi nous as-tu fait cela ? » mais elle intériorise immédiatement la réponse divine, quelque déconcertante qu’elle puisse être. Elle intercède : « ils n’ont plus de vin » et prêche la confiance en Jésus, malgré la réponse apparemment abrupte : « faites tout ce qu’il vous dira. »

Sa prière est une prière d’offrande intérieure et silencieuse : les moments où elle donne le plus sont ces moments de silence : la naissance, la présentation au Temple, la croix… Cette prière n’a pas pris fin avec l’Assomption mais elle se perpétue au ciel, avec une efficacité certainement démultipliée : la théologie enseigne qu’elle a mérité toute grâce par son association à la Rédemption et qu’ainsi elle participe pour toute personne à sa distribution.

La prière de Marie accompagne la fondation de l’Église – elle est la première Église. Elle est d’abord la femme de l’écoute attentive de Dieu, qui résume en elle toute l’attitude des justes de l’Ancien Testament, dont le fiat exprime la fidélité profonde au long des âges, héritant de la tradition spirituelle des pauvres de Yahvé. Sa position à la charnière des deux alliances est présente au cœur du Magnificat : elle reprend les paroles d’Anne[11]Voir le « Cantique d’Anne », dont les échos se retrouvent dans le Magnificat, en 1S 2, 1-11, mais en une tournure qui est directement celle de la nouvelle alliance (plus de promesses de rétribution matérielle, de malédictions mais des accents de confiance filiale). Marie en nous donnant le Fils, nous apprend à prier comme fille, elle nous montre comment être des fils.

Par la suite sa prière s’imprègne de la mission de Jésus – messie certes, mais messie rejeté, humilié, souffrant : elle accepte de ne pas comprendre la profondeur des desseins divins, elle voit le bon grain grandir à côté de l’ivraie dans la prédication du Christ, elle mesure combien la parole divine peut être un glaive tranchant, ce glaive qui lui transpercera le cœur[12]Voir la prophétie de Siméon en Lc 2, 35.

4 – Entrée dans le silence de la foi, dispensation de la grâce

Alors que la mission de Jésus avance vers son sommet, Marie entre dans un silence qui n’est pas un retrait mais une présence plus intérieure : elle n’est pas prêtre mais elle offre réellement Jésus en s’unissant intimement à son offrande sacrificielle. Son acte silencieux d’union est le plus étroit qui se puisse concevoir. La mère debout au pied de la croix est la figure de prière la plus belle, digne et profonde qui soit : stabat mater dolorosa.

Marie accompagne enfin l’Église en formation : sa foi ne faiblit pas alors même que Jésus est au tombeau – et l’on dit ainsi que l’Église, durant les trois jours d’absence du Seigneur, est résumée et contenue en Marie. Elle est la première à croire au ressuscité : avant même d’en avoir eu la preuve (« heureux ceux qui croient sans avoir vu[13]Jn 20, 29 »). Elle est présente à la Pentecôte, elle est le centre de cette communauté apostolique qui dans son indigence formera le fondement de l’Église voulue par le Christ. Elle en sera le poumon spirituel sur terre jusqu’à l’Assomption, et bien plus encore aujourd’hui depuis le Ciel : pensons seulement au nombre incalculable de prières qui sont chaque jour adressées à Dieu par l’intermédiaire de cette Maman tout aimante, au nombre de « Je vous salue Marie » prononcés chaque jour dans toutes les langues. Elle est surtout la médiatrice de toutes les grâces : c’est elle qui nous a donné Jésus, l’humanité du Christ, instrument conjoint de sa divinité et chemin unique du salut ; c’est donc par elle que nous sont communiquées toutes les grâces qui, dans le plan de salut divin, sont christiques. Elle est même corédemptrice, associée si intimement à l’acte sacrificiel de Jésus, consommé une fois pour toutes sur la terre le Vendredi Saint, mais qui persévère au ciel depuis lors, dans l’alliance intime des volontés humaine et divine du Seigneur, qu’on peut dire qu’elle participe réellement à notre rachat, offrant Jésus qui s’offre pour nous.

Références

Références
1 Lc 1, 26-38
2 Lc 1, 46-56
3 Lc 2, 19
4 Mt 2, 6  ; Mt 2, 15  ; Mt 2, 17  ; Mt 2, 23
5 Lc 2, 22
6, 7 Lc 2, 48-52
8 Lc 8, 21
9 Jn 19, 25
10 Ac 1, 14
11 Voir le « Cantique d’Anne », dont les échos se retrouvent dans le Magnificat, en 1S 2, 1-11
12 Voir la prophétie de Siméon en Lc 2, 35
13 Jn 20, 29
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