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Pour bien vivre le temps pascal

Après quarante jours de préparation, la liturgie nous donne quarante jours de célébration du mystère pascal. Pour ne pas vivre ce temps comme un banal retour à l’ordinaire, prenons le temps de contempler le mystère de Pâques sous trois aspects complémentaires.
Revenons tout d’abord sur la résurrection du Christ, le miracle qui authentifie toute son œuvre rédemptrice. Puis montrons que la résurrection du Christ est à bon droit le gage de notre propre immortalité. Enfin, nous verrons que la résurrection du Christ exerce déjà son rayonnement sur le cours de notre vie chrétienne.

La résurrection en elle-même

Commençons donc par envisager la résurrection en elle-même. Qu’est-elle… sinon un miracle, et le plus grand qui soit ! Une œuvre proprement divine : Dieu seul en peut être l’auteur. Car Jésus est Dieu, ses paroles sont divines (et nous sont adressées par l’Église que Dieu a précisément établie pour continuer de porter à toutes les âmes de bonne volonté, siècle après siècle, la bonne nouvelle du salut). Ainsi, la vérité de l’Évangile est en quelque sorte confirmée par la résurrection de celui qui était mort, mais qui avait prophétisé qu’il triompherait de la mort et qui, par sa propre puissance, vit désormais d’une vie non seulement très réelle mais encore glorieuse, vie sur laquelle la mort n’a plus aucun empire !

Ainsi, le Christ était mort, et le voilà vivant. À l’appui de notre foi, le bon Dieu nous a laissé une relique insigne : le saint suaire de Turin : vous n’ignorez pas sans doute l’attestation d’un rayonnement sur ce suaire dont les moindres fibrilles sont marquées comme d’un brunissement plus ou moins prononcé, causé dit-on par ce jaillissement de lumière provenant du corps même qui avait été mis dans ce linge. Devant ce grand miracle, il n’est qu’une consigne qui soit de bon aloi : Venite adoremus !

Le gage de notre propre immortalité

Le Christ qui était mort vit désormais pour que nous aussi ayons la vie. Comme l’explique bien le cardinal Journet, en glosant saint Paul, dans un corps humain, une même vie unit et la tête et les membres. Or l’Église est un corps, le Corps mystique constitué d’une tête (c’est Jésus) et de membres nombreux, à savoir tous ceux que la grâce divine relie à lui : de Jésus passe en nous une même vie, cette vie si précieuse de la grâce. Et puisque Jésus est ressuscité, et que nous sommes-nous mêmes quelque chose de Jésus, nous ressusciterons avec lui. Tel est le fruit de la résurrection du Christ, notre tête, de sa victoire définitive sur la mort. La tête entraîne avec elle tout le corps dans sa victoire, dans la vie éternelle, non seulement pour l’âme mais aussi pour le corps.

Le grand Bossuet établit un très beau parallèle entre la mort du péché et la vie qui jaillit du Christ et nous sauve. Il l’expose en recourant au thème classique des « trois âges » de la vie chrétienne. Expliquons-nous : avec la faute de nos premiers parents, le péché est entré en ce monde : il nous a fait perdre l’innocence, la paix et l’immortalité. Eh bien… Jésus vient nous rendre tout cela, mais par étapes.

Avec le baptême, nous avons reçu la vie divine, cette vie d’amitié avec Dieu dont nous avions été privés en Adam (c’est l’innocence retrouvée, mais qui demeure jointe aux combats d’ici-bas pour demeurer fidèles à Dieu, car notre vie demeure marquée par la lutte de chaque jour contre ce que saint Paul nomme la convoitise, et qui forme au fond de notre âme comme un principe contraire à la vie divine).

Mais si nous sommes fidèles aux grâces du Seigneur, quand nous quitterons cette vie dans l’amitié du Christ, « en état de grâce », alors enfin nous connaîtrons la paix inamissible que les combats de ce monde ne nous permettent pas encore de goûter. Pourtant, même au Ciel, l’âme bienheureuse demeurera dans une certaine attente.

Toujours selon Bossuet, après le premier âge du combat spirituel, et le second âge de l’entrée de l’âme au ciel, viendra un troisième moment, définitif celui-là, quand notre corps ressuscitera. La sainteté de l’âme rejaillira sur cette partie essentielle de notre humanité, ce corps reçu de Dieu qui entrera à son tour dans la béatitude.

Et « l’aigle de Meaux » remarquait qu’à la différence de notre vie humaine qui comporte quatre âges : l’enfance, l’adolescence, l’âge mûr et le déclin de la vieillesse, il n’y aura pas au Ciel de quatrième âge… car chaque âme, unie au Christ glorieux jouira pour toujours de la maturité définitive qu’elle la sainteté consommée. Quelle belle perspective, si nous y réfléchissons, que celle de la résurrection de nos restes mortels au dernier jour. Voilà bien le doux fruit du mystère que nous célébrons ce matin : la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

La résurrection déjà en acte dans notre vie chrétienne

Nous avons donc expliqué en quoi cette résurrection de Jésus peut être regardée comme un miracle immense, puis comment, de ce miracle, il nous sera donné de prendre part de façon très concrète, à la fin des temps, lors de la résurrection de notre propre corps tombé en poussière. Mais faut-il attendre si longtemps pour prendre part à ce mystère ? Non, car notre âme dès maintenant peut profiter à plein de la résurrection du Seigneur.

Pour nous y rendre sensible, pensons à l’Église à ses débuts et à la mise en place de notre merveilleuse liturgie. En effet, dès les premiers âges chrétiens, les disciples du Seigneur se réunissaient pour offrir le saint sacrifice de la messe, et c’est le dimanche qui fut retenu comme le jour le plus opportun pour cela. Le dimanche, dominica, ce qui vient des mots latins dies Domini, « le jour du Seigneur ». Pourquoi cette appellation ? Non pas d’abord parce que c’est le jour que les chrétiens réservent pour le sanctifier et le consacrer à Dieu, mais plus fondamentalement, parce que c’est le jour où Jésus lui-même ressuscita, un dimanche, au petit matin de Pâques…

La victoire de Jésus, comme le chante en termes si touchants le Victimae paschali laudes, c’est la victoire de la vie véritable sur la mort du péché, une victoire de la grâce, qui, là encore, doit s’écouler de sa source vivificatrice qu’est le Cœur de Jésus, sur toutes les âmes de bonne volonté. Voilà le principe de notre résurrection spirituelle, non plus celle du corps – elle aura lieu à la Parousie –, mais celle de l’âme. Et voilà pourquoi, sans ce rendez-vous hebdomadaire qui nous ramène chaque dimanche matin aux pieds des saints autels, nous ne pourrions tout simplement pas vivre : ce serait nous tenir éloigné de la fontaine de vie divine.

En nous réjouissant avec toute l’Église du triomphe de Notre-Seigneur, objet de notre foi, et dans la bienheureuse espérance de la résurrection des corps, vivons sans plus attendre une vie de charité, cette vie que nous puiserons semaine après semaine dans de ferventes communions, de sorte que la grâce vivificatrice qui jaillit du Cœur de Jésus, nous donne de vivre toujours plus intensément de sa vie même qui est amour.

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