Chemin de carême avec Claves.org : Samedi des Quatre-Temps de carême
« Nous vous en prions, frères, reprenez ceux qui troublent l’ordre, consolez les pusillanimes, soutenez les faibles, usez de patience envers tous. Prenez garde à ce que nul ne rende à un autre le mal pour le mal ; mais toujours cherchez ce qui est bien, les uns pour les autres et pour tous. Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toutes choses rendez grâces : car c’est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à l’égard de vous tous. N’éteignez pas l’Esprit. Ne méprisez pas les prophéties ; mais éprouvez tout, et retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute apparence de mal. Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et que tout ce qui est en vous, l’esprit, l’âme et le corps, se conserve sans reproche jusqu’au jour de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Th 5, 14-23).
Saint Paul n’a pas pu passer beaucoup de temps à Thessalonique. À peine avait-il prêché pendant trois jours dans la synagogue, montrant que Jésus de Nazareth était le Christ annoncé par les prophètes, que les Juifs, mus par la haine, soulevèrent la populace contre l’Apôtre et envahirent la maison qui lui servait d’asile. Cette sédition le contraignit à quitter la ville et à se réfugier à Athènes. Craignant que les Gentils, qu’il avait nouvellement convertis, ne cédassent aux vexations des juifs et des païens, il leur envoya Timothée pour achever de les instruire. Cependant, malgré la venue de ce dernier, les Thessaloniciens manifestaient encore le besoin d’être consolés et affermis dans leur foi par l’Apôtre, d’où cette épitre.
Cette litanie d’exhortations, que nous venons de lire, s’inscrit dans ce contexte de persécutions et de doutes. Saint Paul cherche à affermir le courage de cette jeune communauté de Thessalonique sujet aux vexations. Or face à l’adversité, il s’agit en premier lieu de garder l’unité entre les membres de la communauté : « cherchez ce qui est bien les uns pour les autres ; prenez garde à ce que nul ne rende à un autre le mal pour le mal ; usez de patience envers tous. ». Le ciment de l’unité, c’est la charité. On ne peut résister aux attaques extérieures du monde s’il n’existe entre les membres d’un même corps une véritable charité qui est plus qu’une simple solidarité.
Mais ce n’est pas tout. Face aux difficultés certains chrétiens peuvent faillir. Dans les premiers temps de l’Église, comme aujourd’hui, tous n’étaient pas des héros ; beaucoup étaient faibles et timides, il fallait les consoler, les encourager à souffrir pour Jésus-Christ, leur montrer la couronne qui les attendait, et les assurer de la grâce de Dieu qui les ferait triompher de tous les périls, d’où l’exhortation : « consolez les pusillanimes, soutenez les faibles. »
Cependant, malgré l’adversité, ce n’est pas la tristesse qui doit prédominer, mais bien la joie et l’action de grâce : « Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toutes choses rendez grâces ; car c’est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à l’égard de vous tous. »
Comment est-il possible d’être toujours dans la joie, même au milieu des tribulations ? C’est que nos peines sont la source de nos mérites, le titre de nos récompenses, et la preuve de notre amour pour Jésus-Christ. Le chrétien ne s’afflige que d’une chose, du péché, car nous savons, du reste, que “tout concourt au bien de qui aime Dieu” (Rm 8, 28).
Notre principale préoccupation sera donc de chercher le bien et d’éviter le mal, suivre les inspirations de sa conscience à travers laquelle Dieu nous parle : « N’éteignez pas l’Esprit. Ne méprisez pas les prophéties ; mais éprouvez tout, et retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute apparence de mal. »
Face au péché, aucun compromis n’est possible. Même ce qui en a seulement l’apparence doit être évité. En toute chose, le chrétien doit rester dans la lumière, faire des œuvres de lumière, être un fils de lumière car, nous dit l’apôtre : « vous savez très bien vous-mêmes que le jour du Seigneur vient ainsi qu’un voleur pendant la nuit. Quand les hommes diront : ” Paix et sûreté ! ” c’est alors qu’une ruine soudaine fondra sur eux comme la douleur sur la femme qui doit enfanter, et ils n’y échapperont point. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. »
Comme les Thessaloniciens, nous devons, nous aussi nous préparer à l’avènement de Notre Seigneur en restant dans la lumière, nous préservant des œuvres de ténèbres, même apparentes. Et pourtant, ne faisons-nous pas parfois quelques compromis avec certaines œuvres obscures, comme des mauvaises musiques, de mauvais films, de mauvais divertissements ? Prenons la résolution en ce samedi des Quatre-Temps de carême, de retirer de notre vie ces petites choses qu’on n’assumerait pas de faire ou voir avec Notre Seigneur, ou plus simplement avec notre mère. Cherchons à la place des activités saines, belles, lumineuses qui conserveront notre esprit, notre âme et notre corps sans reproche, comme nous aimerions que Dieu nous trouve lors de son retour parmi nous.