Chemin de Carême avec Claves.org : mercredi des Quatre-Temps du carême
« Alors quelques-uns des scribes et des Pharisiens prirent la parole et lui dirent : “Maître, nous désirons que tu nous fasses voir un signe.” Il leur répondit : “Génération mauvaise et adultère ! Elle réclame un signe, et de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. De même, en effet, que Jonas fut dans le ventre du monstre marin durant trois jours et trois nuits, de même le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre durant trois jours et trois nuits. Les hommes de Ninive se dresseront lors du Jugement avec cette génération et ils la condamneront, car ils se repentirent à la proclamation de Jonas, et il y a ici plus que Jonas ! La reine du Midi se lèvera lors du Jugement avec cette génération et elle la condamnera, car elle vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon ! »
Un “signe” est un élément sensible, généralement visible, qui permet d’identifier quelque chose d’invisible, par exemple un sceau qui fait connaître une personne, un miracle qui témoigne de l’action de Dieu…
La demande des scribes et des Pharisiens est étonnante car Jésus avait déjà accompli de nombreux miracles, y compris en leur présence. Rappelez-vous de l’exorcisme de l’aveugle-muet qu’ils déclarèrent satanique : « Alors on lui présenta un démoniaque aveugle et muet ; et il le guérit, si bien que le muet pouvait parler et voir. Frappées de stupeur, toutes les foules disaient : “Celui-là n’est-il pas le Fils de David ?”. Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent : “Celui-là n’expulse les démons que par Béelzéboul, le prince des démons.” » (Mt 12, 22-24).
Alors que les âmes de bonne foi y voient un signe divin et reconnaissent en Jésus un envoyé de Dieu, les scribes et les pharisiens attribuent ces prodiges à des forces maléfiques.
On comprend alors mieux la réaction de Jésus qui décrit cette génération comme mauvaise et adultère. “Adultère” en référence aux infidélités du peuple juif vis-à-vis de Dieu depuis sa sortie d’Égypte jusqu’à son installation en Terre Promise, qui auront pour conséquence la déportation à Babylone et la perte de tous leurs biens. L’incroyance des Israélites, qui semble congénitale, les mènera à nouveau à tout perdre et en premier lieu à perdre leur Sauveur.
Pour saint Matthieu, le rejet des scribes et des pharisiens est inexcusable au vu de tous les miracles que Jésus a faits, et plus odieuse et inadmissible encore dans ce contexte leur demande péremptoire ” nous voulons voir un signe “. Pire, elle sera réitérée quelques temps après : « Les Pharisiens et les Sadducéens s’approchèrent alors et lui demandèrent, pour le mettre à l’épreuve, de leur faire voir un signe venant du ciel. » (Mt 16, 1).
Leur intention ne peut plus être cachée : ils ne veulent pas un signe pour croire en Jésus mais pour le tenter.
Alors qu’un signe est censé aider à croire en une personne ou en son message, le signe est voulu ici pour l’effet inverse : discréditer Jésus, trouver un motif pour l’accuser et le condamner. C’est le comble de la perversion que d’utiliser une chose à rebours de ce pour quoi elle est faite.
Le signe que Jésus donnera les corrigera par là où ils ont péché. Sa mort et sa résurrection, au lieu d’être un motif de foi supplémentaire, seront pour eux un motif de chute et de condamnation. Ils ont voulu un signe pour condamner le Christ, ils auront un signe qui sera leur propre condamnation. Grand mystère que l’aveuglement d’un cœur pervers.
Que ce contre-exemple des Pharisiens nous mette en garde car les chrétiens d’aujourd’hui sont parfois les scribes et les Pharisiens d’hier. Nous avons été témoins de signes auxquels les païens d’aujourd’hui n’ont jamais eu accès : longévité de l’Église, sainteté de sa doctrine, de certains de ses membres, nombreuses œuvres de charité opérées par son entremise, sans compter les nombreuses apparitions et miracles qui ont eu lieu depuis les premiers temps.
Et puis surtout, nous avons le signe de la divinité du Christ, sa mort et sa résurrection. Que ce fait historique ne devienne pas pour nous cause de chute comme il le fut il y a deux mille ans pour les scribes et les Pharisiens. Nous quémandons toujours des signes alors qu’une multitude a déjà été donnée. Au lieu que notre foi dépende d’évènements extraordinaires, commençons à croire réellement : “Heureux qui croit sans avoir vu” (Jn 20, 29) nous dit Notre-Seigneur.
En ce huitième jour de carême, rappelons-nous les motifs de notre foi. Apprenez par cœur, si ce n’est pas encore le cas, et récitez l’acte de foi de notre catéchisme : « Mon Dieu, je crois fermement toutes les vérités que vous avez révélées et que vous nous enseignez par votre Église, parce que, étant la Vérité même, vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous tromper. En cette foi, je veux vivre et mourir. Amen ».