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Jeudi de la première semaine de carême

Image par Thomas Müller de Pixabay
Carême 2024
Jeudi de la première semaine de carême
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Chemin de Carême avec Claves.org : jeudi de la première semaine du carême

« Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. » (Mt 15, 21-28)

Cet épisode de la vie de Notre-Seigneur choque nos esprits contemporains. L’attitude de Jésus semble manquer de charité, de compassion, envers cette femme dont la détresse est patente, et pourtant, c’est bien l’inverse qui est vrai. Comme toujours, pour comprendre ce récit de la Sainte Écriture, il faut le resituer dans son contexte.

Prêtons d’abord attention à la place de l’épisode dans l’Évangile de saint Matthieu : il arrive après celui du centurion demandant la guérison de son serviteur. Le lecteur ne peut donc pas penser que Jésus méprise les païens puisque, en plus d’avoir exaucé sa prière, il loue la foi de l’officier: « En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. » (Mt 8,10).

Mais alors pourquoi ce silence et ces refus successifs ?

Tout simplement pour éprouver la foi de la Cananéenne. Éprouver signifie : juger de la valeur intellectuelle ou morale de quelqu’un, de la réalité d’une qualité, d’un sentiment, au moyen d’un critère. La prière de la cananéenne est jugée à travers le critère de la foi et de la persévérance, face à un refus apparent. Il n’y a aucun péché à cela, au contraire : Dieu éprouve quelqu’un pour manifester davantage son mérite. Pensons que nous n’aurions pas été impressionnés de l’attitude de la cananéenne si le Seigneur ne l’avait pas éprouvée de cette manière.

Quant à la métaphore des enfants et des chiens, il est important de comprendre que le mot grec utilisé ne désigne pas tant le jeune ou le petit chien que le chien domestique. Dans l’Antiquité, les chiens de maison étaient aussi répandus et aimés à tous les niveaux de la société qu’à n’importe quelle autre époque. Si les gens jetaient parfois de la nourriture aux chiens errants et les chassaient ensuite, il allait de soi que l’on nourrissait les chiens domestiques avec les restes de la table. Il s’agit donc d’une image domestique qui n’a rien à voir avec celle de chiens sauvages méprisés.

Ce n’est d’ailleurs que dans ce cas de l’animal domestique que le contraste entre les chiens et les enfants prend tout son sens. Il ne s’agit pas d’une expression de mépris envers la femme, mais uniquement d’une hiérarchie dans les priorités. Les enfants sont nourris en premier, puis les chiens reçoivent les restes. C’est pourquoi la réponse de la femme n’est qu’une continuation de la métaphore de Jésus : même si les chiens sont sous la table, ils reçoivent quelque chose.

Rappelons que saint Mathieu écrit pour une communauté judéo-chrétienne à une époque où la séparation d’avec le reste d’Israël est déjà consommée. Cette parole vise davantage à la confusion des juifs réfractaires qu’à celle des païens. La faute que Jésus dénonce est grande : bien qu’ils fussent les enfants privilégiés de Dieu, les Juifs ont refusé la nourriture que leur donnait en priorité leur Père. Comme pour le centurion, le compliment envers la cananéenne sonne comme un reproche pour les Juifs.

Et nous aussi, enfants privilégiés de Dieu, prenons garde de ne pas mépriser la nourriture que Jésus nous donne. Nous avons la chance, comme les Juifs en leur temps, de connaître Dieu tel qu’il s’est révélé. Craignons que, comme autrefois, Jésus soit plus élogieux au dernier jour envers des personnes n’ayant pas accès à son Église, qu’envers nous, ses fils privilégiés. Car finalement l’attitude de Jésus dans cet épisode n’éprouve pas seulement la foi de la cananéenne, mais aussi celle de ses disciples et à travers eux la nôtre !

Cet épisode nous appelle ainsi à l’humilité et à la confiance en Dieu. On peut avoir l’impression lorsque l’on prie que Dieu ne nous écoute pas. Au contraire, Dieu est toujours prêt à nous exaucer, à condition que nous le lui demandions avec confiance et persévérance. Néanmoins, si nos prières ne sont pas matériellement exaucées, ne craignons pas toujours d’avoir mal prié ou de ne pas trouver grâce aux yeux de Dieu, croyons plutôt qu’Il nous a exaucé d’une autre manière que celle à laquelle nous nous attendions.

Comme effort de ce jour, je vous propose de reprendre ces prières que vous auriez arrêté de dire par manque de foi ou par lassitude, et de les présenter à nouveau à Dieu avec un grand élan de confiance. Parmi les prières qui demandent de la persévérance et un véritable abandon, il y a celles concernant la conversion d’une personne. À l’image de la Cananéenne, exerçons-nous à la prière confiante et persévérante dans une humilité exemplaire.

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