Chemin de carême avec Claves.org : mercredi de la troisième semaine de carême
« Ainsi parle le Seigneur : Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre que le Seigneur votre Dieu vous donnera. Vous ne tuerez point. Vous ne commettrez point d’adultère. Vous ne déroberez point. Vous ne porterez point de faux témoignage contre votre prochain. Vous ne désirerez point la maison de votre prochain ; vous ne désirerez point sa femme, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune de toutes les choses qui lui appartiennent ». (Ex 20, 12-24)
Dans les premiers temps de l’Église, c’est en ce jour que l’on dressait les listes des candidats au baptême. Considérés désormais comme catéchumènes, ils assistaient à l’avant-messe, d’où l’enseignement des lectures du jour sur les préceptes du décalogue.
Les catéchumènes qui vont frapper dans la nuit de Pâques à la porte de l’Église, pour demander qu’elle les prenne en son sein, doivent sans doute entendre résonner dans leur cœur cette question du jeune homme riche de l’Évangile : « que faire pour avoir en héritage la vie éternelle » ? Jésus lui répondra : « Observe les commandements ». Le jeune homme précisant qu’il les observait depuis son plus tendre âge, « Jésus le regarda et Il l’aima ».
Ces dix commandements ne sont en réalité qu’un rappel de la Loi Éternelle inscrite dans le cœur de tout être humain. Autrement dit, il s’agit de la notice ou du mode d’emploi de notre humanité voulue par Dieu. Les pratiquer revient donc à vivre en vérité et à correspondre au regard d’amour du Seigneur.
Oui, mais nous pourrions aussi, tels les pharisiens, nous demander, « quel est le plus grand commandement ? » et concentrer tous nos efforts dessus.
Il faut savoir qu’à l’époque de Jésus la tradition juive a répertorié 613 préceptes : 365 d’entre eux sont des interdits et correspondent à tous les jours de l’année, car le Seigneur doit être présent dans nos vies chaque jour de l’année. Et il y a 248 prescriptions ; les choses qu’il faut faire et qui correspondent aux 248 composants du corps humain tels qu’alors dénombrés, car c’est la totalité de la personne qui doit être saisie par Dieu. La question est donc piégée : tous les commandements semblent bien importants.
À cela, Jésus répond que l’amour est premier. De l’amour de Dieu, qui est le fondement de toute vie, découle nécessairement l’amour du prochain.
Rappelons-nous toujours que Dieu nous a aimés le premier ; cet amour s’est manifesté à travers les alliances de l’Ancien Testament mais plus encore quand Il a envoyé son Fils unique dans le monde en victime de propitiation afin que nous vivions par Lui.
Cet amour s’est manifesté au plus haut point sur la Croix quand Dieu s’est offert pour nous et que de son côté transpercé ont coulé les flots de la grâce dont la source ne tarit pas.
À cet amour divin infini, nous devons donner notre propre réponse. « La mesure d’aimer Dieu, c’est de L’aimer sans mesure », disait saint Bernard. Si nous répondons honnêtement à la question de saint Paul : qu’ai-je que je n’aie reçu ? se pose la question du psalmiste : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? »(Ps 115, 12).
Consumés alors par la charité nous pourrons enfin aimer notre prochain. La mesure de cet amour est l’amour de soi : “tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Dieu se fait-il le promoteur du narcissisme ? Certes non ! Il nous faut porter un regard juste sur nous-même car nous sommes notre premier prochain ; ne dit-on pas « charité bien ordonnée commence par soi-même »? Haïr, oui il faut haïr, mépriser ce qui est mauvais en nous-mêmes : ce moi orgueilleux, jouisseur, qui se prend pour le centre du monde. Et aimer, oui il faut aimer ce qui est bon en nous-mêmes car cette bonté intérieure à nous-mêmes nous vient de Dieu qui nous a créés et qui dans le Christ nous a recréés.
Alors oui, aimons-nous tout en glorifiant l’œuvre de Dieu en nous, et nous pourrons aimer notre prochain comme une créature aimable, créée elle aussi par Dieu. « Soyons ce que Dieu veut que nous soyons, alors nous mettrons le feu au monde » disait sainte Catherine de Sienne.
Profitons donc de cette journée pour reconnaître en toute humilité et vérité nos qualités, le bien que le bon Dieu fait à travers nous, nos différents talents, les grâces innombrables reçues, pour être à même de les contempler plus facilement chez le prochain. Choisissons une personne particulière à aimer pour mettre en œuvre cette charité qui nous anime. Sourire à quelqu’un, quel qu’il soit, c’est sourire à Dieu. Toute personne doit repartir plus riche de sa rencontre avec moi, plus riche de cet amour du Christ. Sursum corda !