Chemin de carême avec Claves.org : lundi de la deuxième semaine de carême
“En ces jours-là, Daniel adressa cette prière au Seigneur : Seigneur notre Dieu, qui avez tiré votre peuple du pays d’Égypte avec une main puissante, et qui vous êtes fait un nom tel qu’il est aujourd’hui, nous avons péché, nous avons commis l’iniquité. Seigneur, selon toute votre justice, je vous en conjure, que votre colère et votre fureur se détournent de votre ville de Jérusalem et de votre montagne sainte ; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et votre peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous environnent. Maintenant donc, écoutez, notre Dieu, les prières et les supplications de votre serviteur ; montrez votre face sur votre sanctuaire, qui est désert ; faites-le pour vous-même. Abaissez, mon Dieu, votre oreille et écoutez ; ouvrez vos yeux, et voyez notre désolation et cette ville sur laquelle votre nom a été invoqué ; car ce n’est pas à cause de notre justice que nous vous présentons humblement nos prières, mais à cause de vos nombreuses miséricordes. Exaucez, Seigneur, apaisez-vous, Seigneur ; soyez attentif et agissez ; ne tardez pas, mon Dieu, pour vous-même, parce que votre nom a été invoqué sur cette ville et sur votre peuple, ô Seigneur notre Dieu.” (Dn 9, 15-19)
Contempler la face de Dieu. Cela nous semble presque une banalité, car nous y sommes habitués. Le miracle du linceul de Turin (dont les études les plus récentes et sérieuses vont dans le sens de l’authenticité, comme la tradition l’a toujours soutenu), les multiples tableaux et statues du Christ nous ont habitués à vivre dans la proximité de l’image de Dieu. En contrepartie, il peut nous arriver d’oublier quel trésor nous avons reçu, et à quel prix.
Le passage du livre de Daniel jette une lumière inhabituelle : alors que tous les Hébreux savent, depuis Moïse, que nul ne peut voir Dieu sans mourir , et que même lors de la Transfiguration (récit que nous avons lu dimanche à la messe) les apôtres cachent leur visage contre terre, ici Daniel invite Dieu à se montrer. Dans les rares autres moments où l’Écriture parle de voir la face du Seigneur, il s’agit soit d’un futur, et nous nous réjouissons de voir Dieu un jour face à face, soit d’une expression désignant le Temple de Jérusalem, soit enfin du langage des psaumes, qui sont plus audacieux, car la prière doit toujours être audacieuse, c’est le propre de l’amour.
Voir la face de Dieu était quelque chose d’inaudible pour les juifs ; pas pour nous. Même plus, nous savons que la gloire du Paradis ne sera pas complète tant que nous n’aurons pas été réunis à nos corps glorieux, et que, d’une certaine manière encore inconnue, nous verrons la réalité divine avec nos yeux de chair glorifiés. Nous ne verrons pas l’essence infinie de Dieu – nul ne peut voir Dieu sans mourir -, mais nous verrons une partie de la gloire de Dieu.
Avant de contempler le Christ ressuscité, il faut le regarder dans son humiliation.
Vous avez compris que la progression à la suite du Christ est le thème du carême, mais plus encore le thème de cette deuxième semaine. Les diverses lectures des jours à venir le montreront (même si nous ne les lirons pas toutes). Cette progression se retrouve aussi dans la théologie simple de Loupio, une bande dessinée qui nous fait suivre un petit compagnon de saint François d’Assise. Dans le récit de l’Auberge, l’enfant part à la recherche du visage du Seigneur, qu’il trouvera, après quelques péripéties, dans un pauvre garçon, illustrant la parole d’Isaïe : « Il n’était ni beau, ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire ! Il était méprisé, abandonné de tous, familier de la souffrance… Et nous l’avons compté pour rien » (Is 53, 2). Et l’histoire se finit par ces paroles : « Maintenant, je connais mieux ton visage, Seigneur. »
Pour mon progrès :
Vous êtes invités à reprendre, pour votre oraison, une image de la sainte face (imprimée sur le voile de Véronique, lors du chemin de Croix).
À en faire une image aimée. Cette image, elle est souffrante, comme notre attente de Dieu. Ce n’est pas encore le temps de la gloire. – On peut tout aimer de la vie de Jésus. On peut méditer son enfance, ses miracles, ses enseignements en paraboles, l’institution des sacrements. Mais on ne peut jamais ignorer le Christ de douleur, qu’il s’agisse d’une image de la Sainte Face, ou de notre prochain.