Chemin de carême avec Claves.org : dimanche de la Passion
« Mes frères : Le Christ ayant paru comme grand prêtre des biens à venir, c’est en passant par un tabernacle plus excellent et plus parfait, qui n’est pas construit de main d’homme, c’est-à-dire, qui n’appartient pas à cette création-ci et ce n’est pas avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, qu’il est entré une fois pour toutes dans le saint des saints, après avoir acquis une rédemption éternelle. Car si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d’une vache, dont on asperge ceux qui sont souillés, sanctifient de manière à procurer la pureté de la chair, combien plus le sang du Christ qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant ? Et c’est pour cela qu’il est médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, sa mort ayant eu lieu pour le pardon des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis en Jésus-Christ Notre-Seigneur. » (He 9, 11-15)
Afin de bien saisir toute la portée de cette instruction de l’apôtre, il convient de se remémorer les rites de purification des péchés en usage sous l’Ancienne Alliance.
Vers la fin de l’année en effet, à l’équinoxe d’automne, on offrait à Dieu dans la tente du tabernacle ou plus tard dans le Temple : un taureau, un bélier et deux boucs. Après avoir recueilli le sang du taureau, le prêtre en faisait l’aspersion sur l’arche d’alliance et l’autel des holocaustes afin de purifier le sanctuaire de toute impureté. De la même manière, il aspergeait le peuple avec le sang d’un des deux boucs tandis que le second était symboliquement chargé de tous les péchés du peuple par le prêtre qui lui imposait les mains. Ce bouc était ensuite conduit au désert, d’où son nom de « bouc émissaire » où il était simplement abandonné.
Malgré l’efficacité de ces rites pour les hommes de l’Ancienne Alliance, ceux-ci n’étaient qu’une image annonciatrice du seul vrai sacrifice capable de nous obtenir les faveurs divines : celui du Fils de Dieu incarné. À la manière du bouc émissaire, chargé de nos péchés, il est crucifié en dehors de la ville. Lui qui, comme le bouc, est innocent, « lui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous » (2 Co 5,21) selon le mot de saint Paul afin que par lui, le péché soit écarté du peuple. Mais l’appropriation de ce pardon se faisait par l’aspersion du sang. Si nous pouvons être heureux aujourd’hui de ne plus être sous ce régime, n’en perdons pas moins le sens. N’entendrons-nous pas dans quelques jours le peuple proclamer prophétiquement : « que son sang soit sur nous et sur nos enfants » ? Vraiment « le sang du Christ purifie notre conscience des œuvres mortes » et ce d’une manière bien plus admirable !
Et puisque la Croix et la messe ne sont qu’une, nous retrouverons la plupart de ces éléments dans la liturgie, avec la purification par l’eau et par l’encens des lieux et des personnes. Pourquoi des lieux ? Parce que les péchés individuels n’ont pas seulement des conséquences personnelles : ils offensent notre Créateur et affectent l’ensemble de l’Église. Nos péchés abîment la présence de Dieu parmi les hommes, qui culmine dans le Saint-Sacrement de l’autel. L’aspersion des lieux et de l’autel, de même que l’encensement, nous invitent à considérer notre indignité pour demander la miséricorde divine. Et après l’autel, ce sont justement les personnes qui sont aspergées ou encensées.
Mais allons plus loin : le prêtre étend les mains sur les oblats comme autrefois sur le bouc, après que le peuple a confessé ses péchés.
Contemplons en ce dimanche avec admiration la cohérence et la perfection des rites qui nous sont donnés, prenons un soin particulier dans notre fréquentation des lieux saints. Vraiment « le Christ passe par un tabernacle plus parfait », « nous recevons l’héritage éternel qui nous a été promis par notre Seigneur ». Bannissons donc de notre conduite tout bavardage inutile dans la maison de Dieu, respectant ici le proverbe bien connu : « dans les églises on ne parle qu’à Dieu ou que de Dieu ». Prenons soin à notre tenue, vestimentaire bien sûr par le soin, la simplicité et la pudeur que nos vêtements doivent porter, mais aussi corporelle : interdisons-nous les mains dans les poches, ayons le regard modestement baissé, rangeons définitivement et fermement les téléphones, quand bien même ce serait pour un bon usage. Souvenons-nous de ce que nous dit ailleurs l’écriture : « ce lieu est terrible » : Dieu y habite et s’y livre pour nous !