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Marie, le chapelet et la France

Par Dennis G. Jarvis Wikimedia commons
Après la mort de son père en 1654, la petite Benoîte Rencurel, jeune paysanne de Saint-Etienne d’Avançon (Hautes-Alpes), se voit contrainte de travailler comme bergère. Avant de commencer à parcourir les montagnes avec ses troupeaux, elle demande à sa mère un chapelet. Puisqu’elle ne sait ni lire ni écrire, elle prie à longueur de journées et devient ainsi une vraie contemplative.
En 1664, au Vallon des Fours, puis sur l’alpage du Laus, une belle dame lui apparaît, qui lui confie un message de prière, de conversion et de miséricorde. C’est le début des apparitions du Laus, qui dureront plus de 50 ans, jusqu’à la mort de Benoîte en 1718.
Parmi les événements et épreuves de la voyante, on raconte ce fait : un jour de grand froid, le démon porta Benoîte jusque devant une petite chapelle (Notre-Dame de l’Érable). Son ange lui apparut, lui ouvrit la chapelle et, afin qu’elle puisse se remettre, commença à prier le chapelet de concert avec elle. L’ange commençait la salutation angélique (« Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous »), et Benoîte prenait le relais pour dire la parole d’Élisabeth lors de la Visitation (« Vous êtes bénie entre toutes les femmes… »).

Les apparitions mariales et le chapelet

Ce témoignage n’est que le premier d’une longue série : chacune des nombreuses apparitions par lesquelles Notre-Dame a honoré la France au cours des derniers siècles a été marquée par l’importance donnée au chapelet.

– Près de deux siècles après le Laus, alors qu’étaient encore vives les blessures de la parenthèse révolutionnaire, c’est en plein cœur de Paris, rue du Bac, en 1830, que Marie apparaît à une jeune novice bourguignonne, Catherine Labouré. Sur la médaille qu’elle lui demande de faire frapper, et dont elle lui montre le modèle précis, Notre-Dame porte quinze anneaux d’or aux doigts, sertis de joyaux dont émanent les rayons qui inondent la Terre de lumière. Ce sont les grâces obtenues ou à obtenir (car certains rayons ne descendent pas jusqu’au sol) par la méditation des mystères du chapelet. Par la suite sœur Catherine (qui vivra jusqu’en 1876) accordait une grande importance à la récitation fervente du chapelet. Elle le disait avec tant d’onction et de grâces que les religieuses se disputaient l’honneur d’aller le réciter en sa compagnie. « Aimez bien votre Mère du ciel, disait-elle, prenez-La pour modèle ; c’est la plus sûre garantie du Ciel » : le chapelet, c’est la méditation des actions de Marie, qui nourrit l’imitation de sa sainteté.

– Quelques années plus tard, dans la combe de La Salette (Isère), la Vierge apparaît en pleurs à deux bergers. Elle leur recommande la prière du Pater et de l’Ave, et porte trois couronnes de roses, comme les trois chapelets qui honorent Marie dans les mystères joyeux, douloureux et glorieux de sa vie et de celle de son Fils.

Lourdes : le chapelet de l’Immaculée

Grâce à la proximité de l’ancien sanctuaire de Betharram, devenu un lieu de pèlerinage important pour les régions avoisinantes, et près duquel étaient fabriqués de beaux chapelets en bois des montagnes, la jeune Bernadette Soubirous possédait son propre chapelet et avait l’habitude de le prier. Le jeudi 11 février 1858, alors qu’elle s’est laissée distancée par ses compagnes au moment de traverser le petit bras d’eau coulant devant la grotte de Massabielle, son attention est distraite par un coup de vent, et elle aperçoit une belle dame qui se tient dans une anfractuosité du rocher. La dame porte au bras un chapelet : Bernadette sort le sien, qu’elle commence à égrener ; « Aquero » (la dame) fait de même, silencieusement.

À plusieurs reprises, celle qui se fera bientôt connaître sous le nom d’Immaculée Conception priera le chapelet avec Bernadette, qui rapporte que lorsqu’elles priaient ensemble, elle n’entendait jamais la dame, mais voyait ses lèvres qui remuaient en certains instants : la petite Soubirous priait seule les paroles de l’Ave Maria, mais Marie se joignait à elle pour dire les Pater et les Gloria.

Jusqu’à la dernière apparition du 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, que Bernadette devra suivre depuis l’autre côté de la rivière, car la grotte a été fermée et interdite d’accès par les autorités, la dame et la voyante prieront ensemble le chapelet. Lourdes, la petite bourgade pyrénéenne devenue ville de l’Immaculée, est ainsi la ville du chapelet, récité tout au long de la journée par les innombrables pèlerins, malades et accompagnants, dans toutes les langues du monde.

 

Les années 1870 : Pontmain et Pellevoisin

Dans la détresse, les enfants recourent spontanément à leur mère, les chrétiens à Marie. Après la reconstruction de la France et de sa chrétienté au XIXe siècle, les années 1870, avec l’invasion prussienne, la terrible commune de Paris et les prémices du retour de l’anticléricalisme républicain, furent des années de doute et d’angoisse pour les catholiques. À deux reprises Marie vint rassurer ses enfants et les inviter, naturellement, à la prière.

Le 17 janvier 1871, alors que les canons allemands tonnaient à quelques kilomètres de Laval, dans le petit village de Pontmain, en Mayenne, plusieurs enfants voient une belle dame leur apparaître dans le ciel. Le phénomène, aperçu pour la première fois vers 18 heures, se prolonge dans la soirée, et le village se regroupe, malgré la neige, autour de la maison Guidecocq, une simple masure, au-dessus de laquelle apparaît la belle dame. Lorsqu’arrive monsieur le curé, l’abbé Guérin, il invite tout le monde à prier et entame la récitation du chapelet. Les enfants (qui seuls voient) témoignent alors que l’apparition grandit, et que des étoiles apparurent de plus en plus nombreuses sur sa robe et sous ses pieds. Les prières se continuèrent avec les litanies de Notre-Dame, l’inviolata, le salve regina, le cantique « mère de l’espérance »… À Pontmain, la dame ne parle pas, mais son message s’inscrit en lettres d’or sous ses pieds : « Mais priez, mes enfants, mon Fils vous exaucera en peu de temps ».

Quelques années plus tard seulement, à Pellevoisin, petit bourg du Berry, Estelle Faguette, jeune femme qui avait envisagé une vocation religieuse mais en avait été empêchée pour des raisons de santé, se trouve subitement guérie d’une péritonite tuberculeuse, après avoir fait déposer une supplique à Marie dans la grotte de Lourdes construite dans le parc d’un domaine voisin. Quelques jours auparavant, le 14 février 1876, alors qu’elle était aux portes de la mort, le diable était apparu à son chevet, immédiatement chassé par une apparition de Marie. Notre-Dame du Sacré-Cœur lui apparaîtra à plusieurs reprises jusqu’au mois de décembre suivant. À trois reprises au moins, c’est au moment où Estelle prie le chapelet que Marie lui apparaît. Comme à la Salette, la dame se présente entourée d’une couronne de roses.

« Embrassez la croix de mon chapelet » : L’Île Bouchard

En décembre 1947, alors que la France est paralysée par des grèves sans précédent, et que l’on en vient à craindre la menace d’une insurrection orchestrée par Moscou, trois jeunes filles du petit village de l’Île Bouchard (Indre) passent par l’église paroissiale pour visiter le Saint-Sacrement et prier une dizaine de leur chapelet devant l’autel de la Sainte Vierge, le jour de la fête de l’Immaculée Conception (lundi 8 décembre).

Alors qu’elles récitent le chapelet, elles voient une belle dame, avec à son côté un ange.

Retrouvez le récit détaillé des apparitions de l’Île Bouchard.

Le lendemain, quand les enfants retournent à l’église, Marie répète qu’il faut prier pour la France, et demande aux enfants de réciter une dizaine de chapelet. Elle donne à embrasser la croix de son chapelet.

Le jeudi 11 décembre, Notre-Dame continue de faire prier le chapelet à la paroisse rassemblée et formule une promesse extraordinaire : « je donnerai du bonheur dans les familles ».

Le samedi 13, Marie fait encore prier la foule à l’aide du chapelet chanté ou récité.

Le dimanche 14, c’est la dernière apparition, Marie embrasse les quatre bouquets de fleurs qu’on lui tend, les bénit et les rend, et demande de réciter une dizaine de chapelets les bras en croix. Un vif rayon de soleil intervient de manière inattendue, illuminant la scène, puis elle disparaît définitivement, avec l’ange qui l’accompagnait depuis la première apparition.

En 2033 : plus de la moitié des catholiques prieront-ils le chapelet ?

Les raisons ne manquent pas, aujourd’hui encore, de prier le chapelet, dont la dévotion, longtemps éclipsée par le mépris dans lequel furent malheureusement tenues les plus belles de nos dévotions populaires, revient aujourd’hui avec force.

En ce mois d’octobre, deux initiatives sont notamment à signaler et encourager :

– le mouvement « Ave Maria 2033 » regroupe de nombreux catholiques qui se donnent comme objectif de promouvoir cette prière pour arriver en 2033 à ce que plus de la moitié des catholiques de France récitent quotidiennement le chapelet. En priant et en encourageant ses proches, ses amis, ses voisins, à prendre peu à peu l’habitude de réciter les dizaines du chapelet tous les jours : une, puis deux, puis trois…

– en ce mois d’octobre, l’application Rosario, qui propose de prier ensemble le chapelet, avec le soutien de belles méditations et d’une communauté de priants, lance le « Défi de Pauline » (Jaricot) : inviter le plus possible de personnes à offrir leur coeur à Marie et à rejoindre la communion des catholiques qui récitent chaque jour leur chapelet.

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