Ayant rejoint le catholicisme au début de son âge adulte, le cistercien américain Thomas Merton retrace les étapes de sa conversion dans La nuit privée d’étoiles. L’extrait reproduit ici raconte les instants suivant sa première communion et son baptême. Nous le proposons au moment où beaucoup d’enfants se préparent à recevoir pour la première fois le corps du Christ.
Et ma première communion vint vers moi : j’étais seul à la table sainte : le Ciel était entièrement mien, ce Ciel que le partage ne divise ni ne diminue. Cette solitude me rappelait que le Christ, caché dans la petite hostie, se livrait pour moi seul, et à moi seul, et avec lui, la Divinité et la Trinité tout entière, – nouvel apport de force et compréhension plus grande de la présence divine inaugurée quelques minutes avant au baptistère.
Dans le temple de Dieu que j’étais devenu, le sacrifice unique, pur et éternel était offert à Dieu vivant en moi ; ce sacrifice de Dieu à Dieu, de moi-même sacrifié avec Dieu, incorporé à son incarnation. Le Christ né en moi, nouveau Bethléem, et sacrifié en moi, nouveau Calvaire, et ressuscité en moi ; m’offrant au Père en lui, et demandant au Père, mon Père et le sien, de me recevoir, dans son amour infini et particulier, – non pas l’amour qu’il ressent pour tout ce qui existe, car l’existence seule est une preuve de l’amour divin, mais l’amour des êtres qui sont attirés vers lui, dans et par la force de son propre amour pour lui.
Car j’étais entré maintenant dans le mouvement perpétuel qui est la vie même et l’esprit de Dieu : la gravitation de Dieu vers les profondeurs de sa propre nature infinie, de sa bonté infinie. Et Dieu, ce centre qui est partout et dont la circonférence n’est nulle part, me trouvant, par ma fusion avec le Christ, incorporé à ce mouvement immense et extraordinaire qui est l’amour, qui est le Saint-Esprit, m’aima, et, de son immense profondeur, m’appela.