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L’Immaculée Conception, trésor de vie spirituelle

En 1854, le pape Pie IX promulguait le dogme de l’Immaculée Conception, définissant solennellement ce mystère comme une vérité divinement révélée et enseignée infailliblement par le Magistère de l’Église.
En conséquence, depuis lors, ce qui avait pu être matière à discussion jusque-là entre théologiens est devenu une vérité de foi, dont la négation est une hérésie : péché grave contre cette même vertu de foi.
Le même nom d’Immaculée Conception fut par ailleurs mystérieusement employé pour la Vierge Marie pour se faire reconnaître lors des apparitions de Lourdes (le 25 mars 1858), comme pour ratifier la promulgation du dogme par le Souverain Pontife.  : « Que soy era Immaculada Councepciou. »

Qu’entend-on par « Immaculée Conception » ?

Attention, cette vérité n’est pas à confondre avec le dogme de la virginité perpétuelle de Marie, avant, pendant et après la naissance du Christ, ni avec celle de la conception miraculeuse de Jésus.

Lorsque l’on parle de la conception immaculée de Notre-Dame, on désigne l’absence en Marie de toute tache du péché originel, dès sa conception. En revanche, à la différence du Christ qui en fut préservé par nature, cette préservation fut reçue par grâce.

 L’âme de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le premier instant où elle a été créée et unie à son corps, a été, par un privilège et une grâce spéciale de Dieu, préservée et mise à l’abri de la tache du péché originel…[1]Pie IX, Bulle Ineffabilis Deus, 8 Novembre 1854.

Les raisons de l’Immaculée Conception

Cette vérité est de foi, donc révélée, et ne peut être atteinte par la seule raison. Cependant, puisque la foi est une vertu perfectionnant l’intelligence, qui nous fait adhérer à un objet intelligible (un contenu), il paraît opportun de considérer ici les raisons de convenance pour lesquelles la Vierge Marie a été préservée du péché originel.

– En premier lieu tout simplement, parce qu’il aurait été inconvenant que Marie soit marquée par le péché originel : étant destinée à être la Mère de Dieu, elle doit être d’une dignité sans pareille, d’une pureté qui convient à celui qui s’incarnerait en elle. Or, créature humaine descendant d’Adam et Eve, la Sainte Vierge aurait dû contracter par génération cette faute véritable bien qu’impersonnelle qu’est le péché originel. Pour en être préservée, il fallait qu’elle en soit rachetée, par les mérites du Christ. Ce rachat a cependant pu s’opérer par anticipation, appliquant comme par avance les fruits de la Rédemption. Dieu a ainsi voulu que Marie soit dès le premier instant exempte de péché, sans pour autant la séparer du reste de l’humanité : ce qui était parfaitement convenable, Dieu l’a fait en la rachetant par anticipation dans sa conception immaculée.

– Ce rachat aurait-il pu intervenir plus tardivement ? Lors de la naissance de Marie, lors de sa présentation au Temple, lors de l’Annonciation ? Les conséquences du péché originel blessent en profondeur la nature de l’homme depuis Adam et Eve : à la privation de la grâce (que le baptême viendra laver) s’ajoutent les blessures supplémentaires de l’ignorance, de la malice de la volonté, de la concupiscence… Marie aurait-elle pu être atteinte de ces infirmités puis ne plus les avoir ? Si elle avait été préservée de la faute originelle après sa conception, elle aurait connu comme une rupture dans son développement, voire un changement de personnalité, ce qui a amené la plupart des théologiens à conclure à la préservation radicale de Marie, dès sa conception. Cela explique que Marie jouit d’une sainteté spéciale et unique, puisqu’elle exclut toute tentation intérieure (concupiscence, faiblesse de l’appétit irascible…). Sa sainteté n’est cependant pas comparable à celle de Jésus, en qui sont hypostatiquement unies (dans la même personne) les natures divine et humaine. Les Pères de l’Église ont plutôt comparé Marie à Eve (avant le péché originel), la désignant souvent comme une « nouvelle Eve » devant coopérer à la Rédemption, recevant sur tous les hommes une maternité qui la fait devenir mère d’une humanité entièrement régénérée et purifiée après le péché originel.

Que nous enseigne Marie ?

Par son être même, Marie, nous enseigne que notre perfection vient de l’amour de Dieu : c’est elle seule qui, choisie pour être la mère de Jésus, devait être sans tache et immaculée. Conséquence de sa maternité, l’immaculée conception de la Vierge est le fruit d’un amour de prédilection de Dieu. Ainsi la bonté des êtres, leur sainteté, est l’expression de l’amour de Dieu (tandis que l’amour humain naît de la bonté des créatures) : aimant sa mère plus que toutes les autres créatures, il accorda à Marie le privilège insigne et unique de la préservation du péché originel.

Marie nous apprend aussi quelle doit être notre réponse à l’amour de Dieu : en se reconnaissant comme « la servante du Seigneur » elle montre une humilité confiante qui contraste avec l’orgueil qui fut au principe de l’acte de désobéissance de nos premiers parents. L’humanité sera sauvée de ce péché par l’humilité de la nouvelle Eve (Marie) et du nouvel Adam (Jésus). Nous ne serons pas jugés sur nos qualités, puisqu’elles ne peuvent être sujet de nous enorgueillir, mais nous seront jugés sur notre capacité à les avoir fait fructifier, comme Marie devint volontairement et librement la mère du Sauveur et la corédemptrice de toute l’humanité. Comme elle nous sommes appelés à mettre nos talents au service du Royaume de Dieu et à les associer à l’œuvre corédemptrice de Marie.

Mais arrêtons-nous à un mot : peut-on réellement dire que Marie est « librement » devenue la mère du Sauveur ? Oui, la Vierge était libre, et certainement la plus libre de toutes les créatures. Sa vie et sa vocation nous rappellent que la liberté n’est pas une capacité de choix indéfini entre le bien et le mal mais une propriété de notre volonté capable de poser des actes bons et méritoires sans être entravée ou influencée. Le privilège reçu de Dieu, la préservation des blessures d’ignorance, de malice, de concupiscence et d’infirmité, font des actes de Marie, et de son Fiat en particulier, des actes suprêmement libres car résolument et entièrement tournés vers Dieu.

Par son agir, Marie nous montre le chemin de la participation à notre Rédemption. Préservée du péché originel, rachetée par anticipation, elle devint corédemptrice. Sauvée par anticipation, elle est innocente du mal commis par les hommes qu’elle veut contribuer à racheter. Unie au Rédempteur par sa maternité divine et sa sainteté, son œuvre sacrificielle acquiert en lui une dimension infinie (proportionnée au dommage causé par l’offense qu’elle contribue à réparer). Constituée en grâce dès sa conception, elle est animée en tout instant par la charité et mérite par chacune de ses œuvres. Concrètement, en acceptant d’être mère du Sauveur, elle a permis l’Incarnation, condition de la Rédemption telle que voulue par Dieu, en partageant ses souffrances, elle offrit avec lui le sacrifice salvateur, en se faisant notre avocate auprès de lui, elle est la médiatrice de toutes les grâces et coopère à l’application des fruits de la Rédemption.

À son image, nous pouvons correspondre à notre qualité d’enfant de Dieu en étant corédempteurs avec Marie, spécialement par la prière et la pénitence. Notre-Dame l’a demandé en particulier à Lourdes et Fatima.

Pénitence, pénitence, pénitence. Priez pour les pécheurs[2]Huitième apparition de Lourdes, Mercredi 24 Février 1858.

Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’Il voudra vous envoyer, en réparation des péchés si nombreux qui offensent sa divine Majesté  ? Voulez-vous souffrir pour obtenir la conversion des pécheurs, pour réparer les blasphèmes ainsi que toutes les offenses faites au Cœur Immaculé de Marie  ?  […]  Vous allez donc avoir beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu vous assistera et vous soutiendra toujours[3]Première apparition de Fatima, 13 Mai 1917..  

Vois, ma fille, mon Cœur entouré d’épines que les hommes ingrats m’enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler et dis que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet, et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme[4]Apparition de Pontevedra à sœur Lucie, 10 décembre 1925.

La fête de l’Immaculée Conception inaugure donc le salut, puisqu’elle est l’événement annonciateur de l’Incarnation Rédemptrice, présage de notre salut et fondement de notre vocation corédemptrice. Au cœur du temps de l’Avent, elle nous invite à prendre des résolutions concrètes pour nous unir plus intimement à cette mission corédemptrice de Marie : en faisant pénitence, en priant pour notre salut et celui des pécheurs.

Références

Références
1 Pie IX, Bulle Ineffabilis Deus, 8 Novembre 1854.
2 Huitième apparition de Lourdes, Mercredi 24 Février 1858.
3 Première apparition de Fatima, 13 Mai 1917.
4 Apparition de Pontevedra à sœur Lucie, 10 décembre 1925.
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