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Les quatre parties de la pénitence (4/4) : la satisfaction

Nous terminons notre série d’articles sur les quatre parties du sacrement de Pénitence, en traitant aujourd’hui de la satisfaction.

Le mot « satisfaction » (qui vient du verbe latin satisfacere) signifie le fait d’acquitter une dette, ou d’offrir une réparation. Or, dans tout péché, il y a d’une part l’aversio a Deo (le fait de se détourner de Dieu)[1]Totalement, c’est le péché mortel ; le péché véniel ne nous détourne pas de Dieu mais ralentit notre marche vers lui. et la conversio ad creaturam (le fait de se tourner vers les créatures). C’est pourquoi, parce que le pécheur s’est tourné de manière désordonnée vers la créature, la justice réclame que ce désordre soit réparé par une peine temporelle : « il est juste en effet que celui qui a accordé à sa volonté plus qu’il ne devait, ait à souffrir quelque chose de contraire à sa volonté. C’est ainsi qu’il y aura égalité »[2]Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique (ST), tertia pars, q. 86, a. 4.

On pourrait objecter d’une part que la Passion du Christ nous a obtenu le pardon de tous les péchés et la remise de toute peine ; d’autre part que Dieu est miséricorde, et qu’il n’est pas nécessaire d’offrir une réparation pour nos péchés quand ils ont été pardonnés.

 

Faut-il encore faire pénitence ?

À la première objection, nous répondrons avec saint Thomas : oui, « la passion du Christ est par elle-même suffisante pour obtenir la rémission de toute la dette de peine[3]C’est-à-dire, la peine qui est due (d’où le mot « dette ») en raison du péché commis. (…) ». Mais c’est « dans la mesure où l’homme participe à la vertu de la passion du Christ, [qu]il reçoit aussi l’absolution de la dette de peine (…) ». Or, « dans la pénitence l’homme obtient le bénéfice de la vertu de la passion du Christ selon la mesure de ses actes propres, qui sont la matière de la pénitence, comme l’eau est la matière du baptême, nous l’avons dit. Voilà pourquoi toute la dette de peine n’est pas remise aussitôt par le premier acte de pénitence qui obtient remise de la faute, mais seulement quand tous les actes de pénitence sont accomplis[4]ST, 3, q. 86, a. 4, ad 3 ».

 

Si Dieu est miséricorde, faut-il encore faire pénitence

À la deuxième objection, nous dirons que la miséricorde de Dieu se manifeste davantage quand il nous donne la possibilité – avec sa grâce, et appuyés sur la réparation infinie offerte par Jésus-Christ – d’offrir réparation et de rétablir l’ordre blessé par le péché, que s’il nous remettait le péché sans nous faire offrir réparation. En effet, la miséricorde, c’est la volonté de remédier à la misère d’autrui. Or, le Bon Dieu manifeste qu’il veut remédier à la misère de sa créature, en lui donnant la possibilité de se conformer à sa Justice, et d’assumer sa responsabilité face à ses actes. Il faut donc offrir une satisfaction, une réparation pour les péchés, même après qu’ils ont été pardonnés[5] Cf. concile de Trente, 6e session, 13 janvier 1547, 30e canon sur la justification, DS 1580..

La satisfaction (ou la « pénitence » imposée par le confesseur), dans le cadre du sacrement de la confession, est donc « la compensation pour la peine temporelle due pour le péché, par les œuvres bonnes et pénales fixées par le confesseur et acceptées volontairement par le pénitent[6] Prümmer, Manuale theologiae moralis, t. 3, p. 270. ».

L’acceptation de la satisfaction, condition de validité

La satisfaction doit être acceptée par le pénitent pour que l’absolution soit valide : c’est-à-dire que si quelqu’un venait se confesser, sans accepter d’accomplir la pénitence imposée par le confesseur, ses péchés ne seraient pas pardonnés. Mais si la réalisation effective de la pénitence n’est pas nécessaire à la validité du sacrement (c’est-à-dire qu’à quelqu’un qui oublierait de faire sa pénitence, les péchés seraient néanmoins pardonnés), son absence rend le sacrement incomplet, et l’âme perd de nombreuses grâces.

Pourquoi ? Parce que la satisfaction, étant une partie du sacrement, en partage donc l’efficacité sacramentelle. Elle est donc bien plus efficace que les autres pénitences que le fidèle s’impose librement ; elle répare plus efficacement nos péchés. De plus, la pénitence imposée par le confesseur nous aide à comprendre que le péché est un mal, qui appelle une peine, et nous rend donc plus vigilants pour ne pas retomber dans le péché. La satisfaction a également un effet médicinal, elle nous aide à corriger nos mauvaises habitudes et à développer les bonnes. Enfin, elle rend l’âme conforme au Christ, en tant qu’il a offert satisfaction pour nos péchés.

Accomplissons donc nos pénitences sacramentelles avec esprit de foi et gratitude, conscients de contribuer à la réalisation de la justice et de la miséricorde de Dieu en nous et autour de nous. Et donnons une place aux œuvres de pénitence dans notre vie, conscients que nous devons porter de dignes fruits de pénitence (cf. Lc 3, 8), pour l’honneur de Dieu et le salut de nos âmes.

Références

Références
1 Totalement, c’est le péché mortel ; le péché véniel ne nous détourne pas de Dieu mais ralentit notre marche vers lui.
2 Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique (ST), tertia pars, q. 86, a. 4
3 C’est-à-dire, la peine qui est due (d’où le mot « dette ») en raison du péché commis.
4 ST, 3, q. 86, a. 4, ad 3
5 Cf. concile de Trente, 6e session, 13 janvier 1547, 30e canon sur la justification, DS 1580.
6 Prümmer, Manuale theologiae moralis, t. 3, p. 270.
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