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Exhortation à l’oraison fervente 2/3

Le Christ dans la maison de Marthe et Marie, Johannes Vermeer, 1654 / domaine public
Article précédent : L’oraison, un cœur à cœur avec Dieu
Face à la pratique de l’oraison, cher lecteur, tu vas peut-être m’opposer de nombreuses objections dont deux importantes : j’ai une vie très chargée, j’ai une famille à nourrir, je n’ai donc pas le temps ; et la deuxième c’est que j’ai essayé, c’est trop difficile, les distractions m’assaillent, à quoi bon ?

Tentations du démon

Disons-le tout de suite et aussi clairement que possible : ces objections comme toutes les autres sont des tentations du démon pour nous faire abandonner…

En es-tu convaincu cher lecteur ? Le démon qui vit dans la haine de Dieu et de l’homme – donc de toi cher lecteur ! – ne cherche qu’une seule chose : te détourner de Dieu et ce rendez-vous quotidien que tu as avec ton Seigneur lui est insupportable et il cherchera par tous les moyens à t’en détourner.

Comprends-tu ? En es-tu convaincu ? Vas-tu continuer à lui céder ? Vas-tu faire taire en toi ces objections, les rejeter avec force ? Ou vas-tu continuer à écouter ton ennemi, l’ennemi de ton âme qui veux te faire abandonner tes résolutions et t’enlever la paix intérieure ? Es-tu bien conscient aussi que le démon ne te laissera jamais tranquille ? Es-tu conscient que le démon est le prince de ce monde, le menteur et le diviseur ? Quand il te susurre à l’oreille ces objections, il te ment. Voyons pourquoi et répondons aux objections.

“Je n’ai pas le temps”

N’as-tu jamais entendu cette parole de Jésus : « Ne pouvez-vous pas veiller une heure avec moi ?[1]Mc 14, 37 » Dire que l’on n’a pas le temps de consacrer une demi-heure par jour à Jésus dans le silence et la solitude c’est, pardonne-moi cher lecteur, se moquer du monde. En effet, combien de temps passe-t-on devant la télévision et sur internet pour ne citer que ces deux activités chronophages ? Et pour voir quoi… ! Une retraitante me disait récemment en entretien spirituel : “Combien de fois ai-je hésité à aller à la messe en semaine car je me disais que j’avais tant de choses à faire à la maison et pourtant après y avoir été j’ai toujours été surprise de voir combien les choses se faisaient dans le calme et avec une rapidité surprenante.” Ce qui est vrai pour la messe l’est aussi pour l’oraison sachant que d’un point de vue pratique, l’oraison est souvent plus facile à mettre en place que l’assistance à la messe !

Mère Térésa de Calcutta que l’on ne peut soupçonner de n’avoir rien à faire ou de fainéantise disait la chose suivante :

Dans notre congrégation, nous avions l’adoration une fois par semaine. Nous avons décidé de l’avoir tous les jours. Nous avons beaucoup de travail, certes, mais nous avons tout de même décidé d’avoir l’adoration tous les jours. À partir de ce moment-là, j’ai trouvé que notre amour pour Jésus était plus profond, notre amour mutuel plus compréhensif, notre amour des pauvres plus rempli de compassion… […] Priez et votre service jaillira d’un cœur rempli de Dieu.

Si nous voulons donner Dieu aux autres et non notre pauvre humanité pécheresse, ne faut-il pas d’abord se remplir de Dieu ou mieux encore être transparent de Dieu ? Comment arriver à cela sans une intimité, une vie avec le Seigneur ?

Enfin, le dialogue entre Marthe et Jésus est éloquent à ce sujet et clôt définitivement le débat : Marthe, qui était occupée par maint service, se présenta, disant : “Seigneur, vous n’avez cure que ma sœur me laisse seule faire le service ? Dites-lui donc de m’aider.” Le Seigneur lui répondit : “Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous agitez pour beaucoup de choses ! Or il n’est besoin que de peu de choses ou d’une seule. Marie en effet a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée[2]Lc 10, 39-42.”

“C’est trop difficile”

Quant à la deuxième objection, celle de la difficulté à faire oraison, je l’attendais et je me réjouis que tu me la fasses car elle montre que tu n’es pas trop aveugle sur toi-même ! Cette objection est magnifique car elle nous montre ce que nous sommes devant notre Dieu invisible et caché : des nuls, incapables de le saisir, d’être attentifs à lui ! Voilà une humiliation qui fait du bien à notre orgueil ! Nous découvrons avec plus ou moins de frayeur que nous sommes incapables de ne pas avoir de distractions, de faire le silence dans notre imagination et que les bâillements, voire l’endormissement pur et simple, nous guettent… Nous avons honte de nous-même et Satan va alors en profiter et nous dire : “N’as-tu pas honte devant ton Seigneur ? Comment oses-tu être ainsi devant Dieu ? Ta prière, – qui n’en est pas une ! – … ne peut lui plaire ! Retourne à tes activités et fais les bien ! Ce sera plus utile à ton salut !”

La prière, comme toute activité ardue, demande du temps et de la persévérance. On ne devient pas chirurgien en quinze jours, ni un Karajan en un mois, pas plus que champion du monde de ski en trois semaines ! Toute activité se pratique avec assiduité et avec méthode sous le regard d’un guide. Et concernant les bâillements ou l’endormissement, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus nous rappelle qu’un enfant qui dort n’est pas moins aimé par ses parents que lorsqu’il est éveillé. Que cette évidence ne soit pas un prétexte pour venir à l’oraison précisément à l’heure de la sieste…

Quant au silence intérieur, là encore c’est petit à petit qu’il va nous envahir à mesure que la Parole de Dieu va nous nourrir toujours plus et faire taire en nous tout ce qui n’est pas Dieu ou de Dieu. Finalement, toutes ces impuissances ne sont-elles pas la preuve que nous ne sommes que des enfants devant Dieu ? Et il est bon que nous le restions puisque le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont redevenus comme des petits enfants. Oui dans la prière nous expérimentons que nous sommes toujours des débutants cherchant Dieu, un Dieu caché qui nous aime jalousement.

Cependant, nous sommes peut-être coupables de tant de sécheresses et de tant d’aridité si nous délaissons volontairement l’alimentation de notre cœur et de notre intelligence car notre foi doit être alimentée, nourrie par la lecture de la Parole de Dieu (la lectio divina), par la lecture de l’enseignement de l’Église, la vie des saints. Bref, regardons ce qui entre en nous, ce qui alimente notre intelligence et notre imagination : est-ce cela ou est-ce le “vingt heures” de TF1, les nouvelles plus ou moins people sur internet ? Oui, nous sommes responsables de ce que nous mangeons, au propre comme au figuré ! Alors allons toujours à l’oraison avec l’Imitation de Jésus-Christ ou les Évangiles en guise de filet contre les distractions…

Suite de l’article : L’oraison : pourquoi ? Pour qui ?
Source : Louis Baudon de Mony, « Exhortation à l’oraison fervente », TEP XVI, p. 116-122.
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Références

Références
1 Mc 14, 37
2 Lc 10, 39-42
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