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« La foi chrétienne pour les curieux et les débutants » (1/2)

La foi chrétienne pour les curieux et les débutants : derrière le titre du livre collectif qui paraît ces jours-ci aux éditions Artège on trouvera un résumé original et complet du contenu de la foi, destiné à ceux qui la connaissent peu, ou mal, ou pas.
La foi chrétienne n’est pas seulement un livre d’apologétique : à travers les 16 chapitres, rédigés par des auteurs d’horizons divers, laïcs, religieux, évêque et prêtres, se déploie un véritable témoignage de foi. Chacun des contributeurs a eu à cœur non seulement de donner les raisons de sa foi mais aussi de laisser s’épancher son cœur et de faire éclater son amour pour le Christ.
Débutant ou initié, chacun pourra trouver une vraie nourriture pour sa foi et son intelligence dans les pages de ce petit ouvrage, qui revisite et présente les grandes et belles vérités du message chrétien sous un jour souvent original et toujours passionné. 
Plutôt que d’entreprendre un résumé de ce beau « catéchisme des recommençants », on trouvera ci-dessous quelques extraits des 16 chapitres de cet ouvrage à la présentation résolument contemporaine et accessible, à mettre entre toutes les mains !

 

1. L’existence de Dieu (Frédéric Guillaud)

On se tromperait complètement si l’on pensait que la religion chrétienne suppose qu’il faut « avoir la foi » – c’est à dire être animé d’une sorte d’élan surnaturel – pour reconnaître l’existence de Dieu. C’est le contraire qui est vrai : la Bible elle-même affirme dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, que l’existence de Dieu est une vérité à laquelle tout homme peut accéder, indépendamment d’une quelconque adhésion à la Révélation judaïque ou chrétienne. (p. 15)

2. La Bible, un livre (abbé Henri Vallançon)

Pour faire part de leur mariage, inviter à la cérémonie et à la fête, les intéressés se plaisent toujours à faire des documents écrits particulièrement soignés. […]

L’écrit envoyé favorise aussi la réponse attendue des convives : « réponse souhaitée avant telle date… » Ne pas répondre ou ne pas respecter la date demandée pour la réponse est considéré comme indélicat, voire blessant pour celui qui invite. 

Nous pouvons aisément appliquer cet exemple à la Bible (qui appellerait cela « parabole ») : tout commence par la création de l’homme et de la femme et leur désir de s’attacher l’un à l’autre (Gn 1-3), et tout s’achève par les noces du Fils de Dieu, Jésus-Christ, avec l’Église fondée par lui. Sa célébration et le festin nuptial qui l’accompagne sont annoncés à la dernière page de la Bible : les noces de l’Agneau et de son Église (Ap 20-22).

Qui se marie avec qui ? L’identité de l’époux et de l’épouse, leurs origines, leurs familles sont abondamment décrites dans la Bible. (pp. 36-37)

La Bible nous interroge à longueur de pages, avec des accents bouleversants, sur ce mauvais instinct qui est au cœur de l’homme, capable de gâcher la beauté du monde, sa capacité d’aimer et de connaître. Ultimement, la grande énigme de cette force inouïe de mal que l’homme est capable de commettre expose sa puissance sur le corps de l’Innocent par excellence qu’est l’humanité du Fils du Dieu. (pp. 39-40)

La Bible est le Testament de Dieu, rédigé en deux fois : la première version est la promesse de l’héritage et son inscription notariale. La deuxième version, qui vient non pas annuler la première mais la compléter, réalise la donation effective de l’héritage par la mort du donateur – Dieu en Jésus – auprès des héritiers que sont tous ceux qui veulent devenir enfants de Dieu par le baptême. (p. 48)

3. Qui est Jésus (Matthieu Lavagna)

En réalité, Jésus nous oblige à faire un choix. On peut raisonner de la manière suivante :

  1. Jésus prétendait être Dieu.
  2. Soit il disait vrai, soit il disait faux.
  3. S’il disait faux, ou bien il savait qu’il disait faux, ou bien il ne le savait pas.
  4. Si Jésus savait qu’il disait faux, il était un menteur.
  5. Si Jésus ne savait pas qu’il disait faux, il était fou.
  6. Or il est très improbable que Jésus était un menteur.
  7. Il est très improbable que Jésus était fou.
  8. Donc il est très improbable que Jésus disait faux.
  9. Donc il est très probable que Jésus disait vrai.
  10. Donc il est très probable que Jésus était Dieu. (p. 69)

4. Rencontrer Jésus (Mgr André Léonard)

Je me méfie comme de la peste du mot « christianisme ». […] Dans ma vie d’évêque à Namur, durant dix- neuf ans, puis d’archevêque de Bruxelles, pendant six ans, j’ai visité des centaines d’écoles ou d’internats catholiques, plusieurs universités et cliniques catholiques et même des syndicats chrétiens. Mais quand, d’un air innocent, je demandais aux responsables de ces institutions : «En quoi consiste votre identité catholique ?», je recevais comme réponse, à quelques exceptions près : «Nous sommes catholiques, parce que nous respectons les gens tels qu’ils sont, cherchons à promouvoir la solidarité entre tous, en même temps que la liberté de chacun, etc. »

Bref, j’entendais mentionner les valeurs de la Révolution française et de la franc-maçonnerie, ce qui n’est pas mauvais en soi et a même un intérêt positif, mais n’est pas typique de la foi chrétienne. Rarement, j’entendais une réponse du genre : « Le Christ est le bienvenu dans notre maison. Nous chérissons la chapelle qui permet à notre public de se recueillir auprès de lui. Notre fierté est que nos élèves ou nos pensionnaires, nos membres ou nos malades, selon les cas, aient chez nous l’occasion de rencontrer la personne de Jésus, de le connaître et de l’aimer. » (p. 78)

Regarde donc Jésus à l’agonie. Contemple sa solitude. Tant de saints se sont convertis en méditant cette scène. Cela vaut la peine d’y consacrer du temps. La solitude de Jésus se creuse aussitôt après son dernier repas avec ses disciples. Parvenu au jardin des Oliviers, « il commence à ressentir effroi et angoisse et il leur dit : Mon âme est triste à en mourir » (cf. Mc 14,33-34). Étendu par terre, il prie : «Abba (littéralement: Papa), s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (cf. Mt 26,39). (pp. 80-81)

Car elle passera, la figure actuelle de ce monde. Sans paroles expresses à ce sujet, Jésus, par sa Résurrection, atteste que le cosmos présent disparaîtra pour faire place à ce que l’Apocalypse (Ap 21,1) appelle « un ciel nouveau et une terre nouvelle ». (p. 89)

Soyons prudents quand on nous demande ce que Jésus a à nous dire, quel est son message. Car Jésus n’a rien écrit. Les Évangiles nous ont répercuté ses paraboles, ses enseignements, ses discours. Mais il est lui-même le message en sa personne à la fois humaine et divine. Il est lui-même l’éternelle parole de Dieu qui s’est faite chair et habite parmi nous (cf. Jn 1,1-18). C’est ainsi que la pire inanité qu’on puisse entendre de la part d’un soi-disant chrétien, est la formule : « Je suis croyant, mais non pratiquant. » Comment donc ? Vous croyez fermement que Jésus, réalité unique dans l’Histoire, est à la fois vrai homme et vrai Dieu, que, innocent, il est descendu, par sa passion et par sa croix, dans les abîmes du péché et de la solitude de l’humanité et que, par sa Résurrection d’entre les morts, il a inauguré un monde nouveau où la mort n’existe plus. Et, puisque vous prétendez être croyant, vous croyez dur comme fer que Jésus, mort et ressuscité, est réellement présent parmi nous et pour nous dans la sainte eucharistie et, après cela, comme si de rien n’était, vous dites d’un ton faussement ingénu : « Je ne me déplace pas, je reste chez moi, je ne vais quand même pas raccourcir mon sommeil dominical pour le rencontrer, tout ressuscité qu’il soit ! » (p. 91)

5. Des vérités incroyables (abbé Guillaume de Menthière)

La Trinité n’est pas seulement un objet de spéculation mais « le mystère central de la foi et de la vie chrétienne », lit-on dans le Catéchisme de l’Église catholique (n°234). Pas simplement le mystère central de la foi, de la théologie, de la dévotion chrétiennes. Mais bien le cœur de la vie chrétienne. Nous ne faisons pas que compter trois personnes en Dieu, nous vivons de la vie trinitaire. (p. 102)

Ce mystère de l’enfantement virginal n’est-il pas figuré par le buisson ardent (Ex 3) ? De même que le buisson pouvait brûler sans se consumer, de même la Vierge peut enfanter sans que sa virginité en soit

altérée. Marie n’est-elle pas mystérieusement cette porte bien close par laquelle, sans l’ouvrir, Jésus est entré dans le monde ? « Cette porte restera fermée ; on ne l’ouvrira pas ; personne n’entrera par là ; car le Seigneur, le Dieu d’Israël, est entré par là ; elle restera fermée » (Ez 44,1-2). (p. 109)

La résurrection du Christ est à la fois un événement historique et transcendant. Elle a une face tournée vers l’éternité divine qui échappe à nos prises. Mais elle a aussi une face tournée vers notre temporalité, elle a eu lieu un jour repérable de l’histoire humaine, elle est un évènement réel qui a donné lieu à des manifestations historiquement constatées. (p. 111)

6. A-t-on besoin de l’Église (abbé Gérald de Sévigny)

Cette mission que Jésus est venu réaliser en ce monde, il la poursuit plus humblement encore par l’Église. « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jn 20,21), disait-il à ses Apôtres, leur enjoignant ainsi de prolonger le mystère de l’Incarnation et poursuivre l’œuvre de salut engagée. (p. 120)

Certes, ce que l’Église montre d’elle-même n’est pas toujours reluisant : en regardant les disputes, les désunions, les rivalités entre catholiques, en voyant les lourdeurs des hommes d’Église, d’hier et d’aujourd’hui, nous serions parfois tentés de nous indigner. Oui, c’est vrai, il y a tout cela dans l’Église car la misère humaine atteint aussi les disciples du Seigneur. Mais pourtant, en considérant sa longue histoire, nous pouvons nous demander : « Existe-t-il une société qui ait tant de témoins, tant de martyrs et tant de saints ? » (p. 121)

Comme l’écrivait le cardinal Journet : « Comment regarder l’Église ? » En effet, l’Église est une réalité dans ce monde qui se laisse voir de tous, mais tous ne la connaissent pas de la même manière. Et ces différences ne sont pas seulement affaire d’intelligence ou de culture, mais dépendent du regard que l’on y porte. (p. 126)

Une chose est sûre : dans ce monde vieillissant et désenchanté, l’Église ne cesse de questionner, d’intriguer, d’agacer peut-être. Et toi, ami lecteur, si tu parcours ces lignes, n’est-ce pas parce qu’elle vient, toi aussi, t’interroger ? Alors, libre à toi de lui répondre pour devenir, porté par l’enthousiasme de l’espérance chrétienne, un témoin de ce visage de l’éternelle jeunesse de Dieu ! (p. 131)

7. Peut-on avoir confiance en l’Église malgré tous les scandales ? (abbé Thibaud Guespereau)

Dans la Bible, le terme de scandale est une notion importante. Il évoque une réalité concrète : le piège qu’on met sur le chemin pour faire tomber, ou ce qui provoque la chute. L’émotion ressentie n’est donc pas ce qui est premier. Ce qui est essentiel est ce que cela provoque : la chute. Chute vis- à-vis de quoi ? De la confiance en Dieu. Le scandale est donc ce qui éloigne de Dieu. (p. 136)

Je voudrais citer cette lettre de sainte Catherine à un prêtre, dont on devine, à la lecture, qu’il vit dans la haine et dans la débauche. Elle professe à la fois sa reconnaissance à Dieu du don qu’il a mis en cet homme, elle ne le juge pas, comme elle l’exhorte vigoureusement à changer de vie pour son salut éternel, d’abord de façon indirecte, puis directement :

Ô Prêtre, que me rend cher l’auguste sacrement que vous avez à administrer, […] Dieu, dans sa miséricorde, vous a élevé si haut, que vous avez à administrer le feu de la charité divine, c’est-à-dire le corps et le sang de Jésus crucifié. Pensez, pensez que la nature angélique n’a pas cet honneur.

[…] Aussi vous devez porter votre dignité avec un ardent amour, une grande pureté d’esprit et de corps, et avec un cœur pacifique, arrachant de votre âme toute haine et tout désir de vengeance.

Hélas ! Hélas ! Où est la pureté des ministres du Fils de Dieu ? […] Hélas ! infortunée que je suis ! Nous voyons tous les jours le contraire de ce que Dieu demande. Ceux qui devraient être les temples de Dieu, et porter le feu de sa parole, [portent en eux tous les vices], […] Hélas ! Quelle confusion de voir ceux que le Christ a consacrés se livrer à tant de misères et d’iniquités ! […] Je ne sais pas comment vous osez célébrer. Je vous dis que si vous persévérez dans cette haine et dans vos vices, vous devez craindre la justice divine qui éclatera sur vous. » (Lettre 47)

Sachons, comme Catherine, pleurer le mal : c’est la façon de garder les yeux fixés sur la beauté du bien, sans lâcheté. Prions avec elle pour la sanctification des fils de l’Église, grands et petits, et de nous-mêmes en premier lieu. (pp. 151-152)

8. Qu’est-ce qu’être chrétien ? (abbé Jean-Baptiste Bienvenu)

Être chrétien, c’est rencontrer Dieu et se laisser rencontrer par lui. Le pape Benoît XVI commence dans le premier texte important de son pontificat (Deus Caritas est est sa première encyclique, une lettre adressée à tous les catholiques) par affirmer la primauté de cette rencontre :

 Nous avons cru à l’amour de Dieu : c’est ainsi que le chrétien peut exprimer le choix fondamental de sa vie. À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive.

Être chrétien, ce n’est donc pas d’abord choisir un système de valeurs morales (ce que Benoît XVI appelle « une décision éthique »), ce n’est pas non plus choisir un système intellectuel plutôt qu’un autre, une philosophie plus puissante qu’une autre (ce qu’il appelle « une grande idée »). Non. Être chrétien, c’est d’abord avoir rencontré Dieu comme on rencontre une personne vivante et c’est vivre toute sa vie à partir de cette rencontre (ce que le pape appelle « un nouvel horizon » et une « orientation décisive »). (pp. 158-159)

L’expérience de Dieu, intime ou collective, forte ou discrète, change l’horizon de la vie. Elle a ensuite besoin d’être accompagnée et enracinée. Elle a besoin d’être structurée et solidifiée dans le temps. Car le don de Dieu, son salut, appelle ensuite un autre chemin : notre conversion à la lumière de la Parole de Dieu, à la lumière de l’enseignement de l’Église, à la lumière des saints d’hier et des témoins d’aujourd’hui. (p. 161)

Rencontrer Jésus, c’est rencontrer le Fils du Père qui ne renie rien de toute l’œuvre divine. À travers le don de la Loi et des dix commandements, Dieu montre le chemin de la vraie vie aux hommes et leur défend aussi le chemin de la mort. Comme l’homme de ce dialogue, tout chrétien, tout disciple de Jésus est appelé à vivre les commandements de la Loi en continuité avec l’Ancien Testament. (p. 163)

Le chrétien cherche donc à se conformer aux dix commandements. Ils lui servent d’étalon objectif pour relire sa vie, pour éviter le piège de l’autojustification. Avec un texte aussi compact et objectif, il est impossible pour l’homme de dire qu’un mal est un bien. Pour le dire, il aurait besoin de contredire Dieu lui-même. (p. 166)

La Loi de Dieu fait connaître le péché sans donner les moyens de se sauver soi-même. Pour autant, elle n’apporte pas le désespoir, puisqu’il y a un Sauveur, puisque Dieu est Sauveur, puisqu’il donne son Fils pour la rémission des péchés.

L’incapacité expérimentée par chacun à devenir vraiment une bonne personne par ses seules forces crée une attente, une ouverture. Et quand le Sauveur vient en Jésus, nous sommes prêts à l’accueillir et à dépendre entièrement de lui. Tout chrétien est donc appelé à vivre une conversion dans sa propre conversion. (p. 167)

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