Les apôtres avaient-ils conscience de leur charisme d’inspiration ?
Le Christ a confié à ses apôtres la mission d’enseigner sa doctrine. C’est à eux qu’il a remis l’autorité régulatrice, c’est-à-dire le pouvoir de discerner ce qui est ou non conforme à son enseignement. Cette autorité, les apôtres en ont eu conscience dès le début :
« Ce n’est pas d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ. » (Ga 1, 12)
« Ainsi donc, frères, tenez ferme et gardez les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre. » (2 Th 2, 15)
« Mais si quelqu’un — même nous, même un ange venu du ciel — vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! […] Je le répète : si quelqu’un vous annonce un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Ga 1, 8-9)
« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. » (Ap 3, 22)
« Il était nécessaire de vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. » (Jude 3)
« Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres. » (Ac 2, 42)
L’autorité d’enseignement résidait donc dans les apôtres et ceux qu’ils avaient agrégés à leur ministère, comme ce fut le cas de Matthias, qui fut associé au collège apostolique :
Il faut que l’un d’eux devienne avec nous témoin de sa résurrection.
Ou encore de Timothée, avec saint Paul :
Ce que tu as entendu de moi […] confie-le à des hommes fidèles, capables à leur tour d’en instruire d’autres.
Peut-on dire que les disciples des apôtres jouissaient eux aussi d’un charisme d’infaillibilité ? Nous ne possédons aucun écrit canonique, à titre personnel, émanant de l’un de ces soixante-douze. Il nous est donc impossible de vérifier cette assertion dans les faits.
Le cas de saint Luc et de saint Marc est différent, car ils n’ont pas écrit en leur nom propre, mais au nom d’un apôtre : saint Paul pour le premier, saint Pierre pour le second. Ainsi témoigne saint Irénée de Lyon :
Les Apôtres, après avoir reçu, par l’Esprit Saint, la parfaite connaissance, sont partis jusqu’aux extrémités de la terre proclamer la Bonne Nouvelle des biens venant de Dieu, en annonçant la paix du ciel aux hommes. Eux tous — et également Matthieu — parmi les Hébreux, dans leur propre langue, mit par écrit un Évangile, pendant que Pierre et Paul annonçaient l’Évangile à Rome et y fondaient l’Église.
Après leur départ, Marc, le disciple et interprète de Pierre, nous transmit par écrit ce que Pierre avait prêché ; de même Luc, le compagnon de Paul, mit par écrit l’Évangile que celui-ci annonçait.
Ensuite, Jean, le disciple du Seigneur, celui même qui reposa sur sa poitrine, publia lui aussi l’Évangile, alors qu’il demeurait à Éphèse.
Ainsi, les Évangiles selon saint Luc et saint Marc, ainsi que les Actes des Apôtres, sont revêtus de l’autorité apostolique, et peuvent être regardés, en réalité, comme l’Évangile selon saint Paul et l’Évangile selon saint Pierre.
Ces considérations nous permettent donc de conclure en formulant deux critères primordiaux de canonicité : le critère d’apostolicité et le critère de transmission.
Histoire du canon du Nouveau Testament (2/4)
Nous avons rappelé dans un premier article (lire ici) ce qu’était un « canon », et pourquoi l’Église n’a pas pu « inventer » une liste des textes saints. Nous poursuivons notre réflexion en interrogeant le concept d’inspiration : les auteurs sacrés (les apôtres notamment) étaient-ils conscients d’être inspirés ? Comment les apôtres furent-ils les premiers dépositaires et transmetteurs de la Révélation ?
Dieu a-t-il voulu transmettre sa Parole par des auteurs inspirés ?
Le fait qu’existent des écrits datant du temps apostolique, relatant la vie du Christ, sa doctrine et celle des apôtres, est indéniable. La question que nous nous posons est celle de savoir s’ils furent rédigés sciens et volens, c’est-à-dire en pleine conscience de leur caractère inspiré et régulateur de la foi, et de savoir qui avait autorité pour mettre par écrit la Parole de Dieu, destinée à devenir norme de foi pour les générations présentes et futures ?
Si le point de départ évident est le Christ, la seule parole incontestée que nous ayons de lui, conférant à des tiers l’autorité d’enseigner en son nom, est celle adressée aux Douze qui, selon la Tradition, étaient encore présents à la Pentecôte (Matthias y avait remplacé Judas) :
Il semble donc qu’un charisme d’infaillibilité dans l’enseignement de la foi ait été donné à ceux qui reçurent l’Esprit-Saint le jour de la Pentecôte, puisque, au moment de son Ascension, Notre-Seigneur les envoie en mission avec cette promesse :
Mais l’Église est, dès son origine, une société hiérarchique, avec à sa tête le collège des apôtres, dont Pierre est la clef de voûte :
Les apôtres avaient-ils conscience de leur charisme d’inspiration ?
Le Christ a confié à ses apôtres la mission d’enseigner sa doctrine. C’est à eux qu’il a remis l’autorité régulatrice, c’est-à-dire le pouvoir de discerner ce qui est ou non conforme à son enseignement. Cette autorité, les apôtres en ont eu conscience dès le début :
« Ce n’est pas d’un homme que je l’ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ. » (Ga 1, 12)
« Ainsi donc, frères, tenez ferme et gardez les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre. » (2 Th 2, 15)
« Mais si quelqu’un — même nous, même un ange venu du ciel — vous annonçait un Évangile différent de celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! […] Je le répète : si quelqu’un vous annonce un Évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Ga 1, 8-9)
« Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux Églises. » (Ap 3, 22)
« Il était nécessaire de vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. » (Jude 3)
« Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres. » (Ac 2, 42)
L’autorité d’enseignement résidait donc dans les apôtres et ceux qu’ils avaient agrégés à leur ministère, comme ce fut le cas de Matthias, qui fut associé au collège apostolique :
Ou encore de Timothée, avec saint Paul :
Peut-on dire que les disciples des apôtres jouissaient eux aussi d’un charisme d’infaillibilité ? Nous ne possédons aucun écrit canonique, à titre personnel, émanant de l’un de ces soixante-douze. Il nous est donc impossible de vérifier cette assertion dans les faits.
Le cas de saint Luc et de saint Marc est différent, car ils n’ont pas écrit en leur nom propre, mais au nom d’un apôtre : saint Paul pour le premier, saint Pierre pour le second. Ainsi témoigne saint Irénée de Lyon :
Ainsi, les Évangiles selon saint Luc et saint Marc, ainsi que les Actes des Apôtres, sont revêtus de l’autorité apostolique, et peuvent être regardés, en réalité, comme l’Évangile selon saint Paul et l’Évangile selon saint Pierre.
Ces considérations nous permettent donc de conclure en formulant deux critères primordiaux de canonicité : le critère d’apostolicité et le critère de transmission.
Le critère d’apostolicité
Ce critère d’apostolicité était universellement reconnu dans l’Église primitive, y compris entre les apôtres eux-mêmes. Voici ce qu’écrit saint Pierre à propos des lettres de saint Paul, à destination de chrétiens qui hésitaient à les recevoir comme faisant partie des Saintes Écritures :
Deux générations plus tard, ce critère apostolique demeure vivace, comme nous le montre la réponse de Sérapion, évêque d’Antioche de 190 à 211, qui rejeta un pseudo-évangile attribué à saint Pierre :
Le critère de transmission
L’évêque d’Antioche ne reconnaît comme canonique que ce qui provient assurément d’un apôtre, et non seulement ce qui a pour origine un apôtre, mais aussi ce qui a été conservé et transmis sans interruption dans l’Église.
Saint Irénée de Lyon (v. 130–202) reçoit les mêmes critères :
Nous avons donc ici les deux critères avec lesquels l’Église va juger de la canonicité d’un écrit :
Ainsi, la Révélation se clôt bien avec la mort du dernier apôtre, qu’elle ait été transmise oralement ou par écrit.
Références[+]