Une nouvelle année liturgique a commencé. Et parce que l’année liturgique, c’est « la manifestation de Jésus-Christ, et de ses mystères dans l’Église et dans l’âme fidèle[1]Dom Guéranger, L’Année liturgique, t. 1 : l’Avent, Tours, Mame, 1920 (20e éd.), p. XVIII », elle commence par le commencement, c’est-à-dire la naissance de Notre-Seigneur. Mais comme toute naissance est attendue et préparée, de même celle du Christ est attendue et préparée par le temps de l’Avent.
« Avent » : la venue du Fils de Dieu
Le nom « Avent » vient du latin adventus, « venue, avènement ». C’est un temps de préparation à la venue du Christ. « (…) ce mystère de l’Avènement de Jésus-Christ », écrit Dom Guéranger, « est à la fois simple et triple. Il est simple, car c’est le même Fils de Dieu qui vient ; triple, car il vient en trois temps et en trois manières[2]Dom Guéranger, p. 9 ».
Le Fils de Dieu est venu une fois dans le temps, « dans la chair et l’infirmité[3]Cf. saint Bernard, 5e sermon sur l’Avent (cité dans Dom Guéranger) », par sa naissance corporelle. Pendant l’Avent, l’Église revit l’attente des justes de l’Ancienne Alliance, et s’unit à leurs prières, qui imploraient Dieu d’envoyer le Messie promis.
Le Fils de Dieu vient aujourd’hui pour naître dans les âmes, « avec esprit et puissance » (saint Bernard). Comme le dit magnifiquement Dom Guéranger : « en vain, le Fils de Dieu serait venu, il y a [vingt] siècles, visiter et sauver le genre humain, s’il ne revenait, pour chacun de nous et à chaque moment de notre existence, apporter et fomenter cette vie surnaturelle dont le principe n’est que de lui et de son divin Esprit[4]Dom Guéranger, p. 11-12 ». L’Avent offre un temps pour se préparer à la réception des grâces liées à la fête de Noël : (re)naissance ou croissance de la vie du Christ dans les âmes[5]Comme le dit saint Paul : « pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21).
Enfin, le Fils de Dieu « reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts » (Credo). L’Avent oriente nos regards vers ce dernier avènement du Christ, qui se fera « en gloire et majesté » (saint Bernard). D’une part, la liturgie cherche à inspirer la crainte salutaire que l’âme doit éprouver face au Juge qui rendra à chacun selon ses œuvres ; d’autre part, elle exprime le désir qu’a l’Église en pèlerinage sur la terre d’être définitivement réunie à son Époux dans l’éternité.
Une retraite à vivre au concret
Comment vivre concrètement cet esprit de l’Avent ? L’histoire et les particularités liturgiques de ce temps nous mettent sur la voie. Jadis, l’Avent était comme un « Carême de Noël », un temps de pénitence et d’ascèse : la couleur liturgique violette, l’absence du Gloria à la messe dominicale[6]Cette absence du Gloria s’explique aussi parce qu’il est le chant des Anges lors de la nuit de Noël, et qu’on attend que celle-ci ait eu lieu pour le chanter à nouveau. et de l’Alleluia les jours de férie en témoignent. Les pratiques du jeûne et de l’abstinence pendant l’Avent ont varié au cours de l’histoire[7]Voir par exemple le résumé que donne Dom Guéranger., et actuellement, l’Église ne prescrit rien en la matière pour les semaines préparatoires à Noël. Mais nous pouvons librement[8]Comme le dit saint Paul : « Que chacun donne, comme il l’a résolu en son cœur, non avec regret ni par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9, 7). nous inspirer de la pratique dont témoigne le Catéchisme de Saint Pie X[9]Texte de 1912, édition de la Doctrine chrétienne, réédition Courrier de Rome, 2003. : les vendredis et samedis de l’Avent étaient des jours de jeûne et d’abstinence, ainsi que le Mercredi des Quatre-temps d’hiver et la Vigile de Noël.
Parce que l’Avent, comme le Carême, peut être considéré comme une « retraite spirituelle », il est une occasion bienvenue, en notre société saturée de bruit et de distractions, de faire un « jeûne » des écrans (télévision, smartphone, internet) et de musique. Par exemple, nous pourrions nous fixer des périodes pendant lesquelles nous ne « consommons » pas d’écrans. Nous pourrions aussi nous limiter à écouter de la musique qui élève davantage l’esprit. Tout cela doit nous permettre de consacrer plus de temps à la prière et à la lecture spirituelle, et de trouver des moments de silence dans lesquels nous pourrons réveiller en nous le désir que vienne notre Sauveur.
Soyons généreux dans notre préparation à la venue de Notre-Seigneur : il comblera notre âme quand il viendra, à proportion de notre générosité.
Références[+]
↑1 | Dom Guéranger, L’Année liturgique, t. 1 : l’Avent, Tours, Mame, 1920 (20e éd.), p. XVIII |
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↑2 | Dom Guéranger, p. 9 |
↑3 | Cf. saint Bernard, 5e sermon sur l’Avent (cité dans Dom Guéranger) |
↑4 | Dom Guéranger, p. 11-12 |
↑5 | Comme le dit saint Paul : « pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 21) |
↑6 | Cette absence du Gloria s’explique aussi parce qu’il est le chant des Anges lors de la nuit de Noël, et qu’on attend que celle-ci ait eu lieu pour le chanter à nouveau. |
↑7 | Voir par exemple le résumé que donne Dom Guéranger. |
↑8 | Comme le dit saint Paul : « Que chacun donne, comme il l’a résolu en son cœur, non avec regret ni par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Co 9, 7). |
↑9 | Texte de 1912, édition de la Doctrine chrétienne, réédition Courrier de Rome, 2003. |