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Enfer : ce que dit vraiment l’Église

L’enfer éternel est-il incompatible avec la miséricorde de Dieu ?
L’enseignement de l’Église sur l’Enfer semble aujourd’hui totalement inaudible. La doctrine catholique peut-elle pour autant évoluer, aller jusqu’à oublier cet élément du catéchisme ?
Exposons les principaux éléments de la question en reprenant les enseignements de l’Écriture Sainte (Ancien et Nouveau Testament) et de l’Église.

Ce que dit la Bible sur l’Enfer

Les avertissements des prophètes au sujet du « Jour de Yahvé, » jour de colère et de châtiment pour le peuple infidèle, visaient des événements historiques (défaites, siège, prise et destruction de Jérusalem et du Temple, exil à Babylone). Toutefois la répétition des annonces leur donne une dimension eschatologique[1]qui se rapporte à la fin du monde, renvoyant à la parousie du dernier jour et aux fins dernières.

Ce jour-là, le Seigneur étendra sa main une seconde fois, pour racheter le reste de son peuple[2]Is 11, 11.

Car voici : Le Jour vient, brûlant comme un four. Ils seront de la paille tous les arrogants et malfaisants ; le Jour qui arrive les embrasera – dit Yahvé Sabaot – au point qu’il ne leur laissera ni racine ni rameau. Mais pour vous qui craignez mon Nom, le soleil de justice brillera, avec la guérison dans ses rayons[3]Ml 3, 19-20.

Ces prophéties sont assorties d’annonces claires concernant l’au-delà et les peines de l’Enfer :

La main de Yahvé se fera connaître à ses serviteurs et sa colère à ses ennemis. Car voici que Yahvé arrive dans le feu, et ses chars sont comme l’ouragan, pour assouvir avec ardeur sa colère et sa menace par des flammes de feu. Car par le feu, Yahvé se fait juge, par son épée, sur toute chair ; nombreuses seront les victimes de Yahvé […]. Et on sortira pour voir les cadavres des hommes révoltés contre moi, car leur ver ne mourra pas et leur feu ne s’éteindra pas, ils seront en horreur à toute chair[4]Is 66, 14-24.

À plusieurs reprises apparaît dans l’Ancien Testament la mention de la « Géhenne. » Désignant à l’origine une vallée proche de Jérusalem (la vallée de Ben-Hinnôm – du fils de Hinnom – ou ‘Guei-Hinnom’ – d’où « Géhenne »), où auraient eu lieu des crimes rituels (sacrifices d’enfants) appelant une sanction divine :

[…] ils ont construit les hauts lieux de Topheth dans la vallée du fils de Hinnom, pour brûler au feu leurs fils et leurs filles, ce que je n’avais point commandé, et ce qui ne m’était pas venu à la pensée. C’est pourquoi voici que des jours viennent, — oracle de Yahweh, où l’on ne dira plus ” Topheth, ” ni ” Vallée du fils de Hinnom “, mais ” Vallée du massacre “, et où l’on enterrera à Topheth, faute de place[5]Jr 7, 31-32.

Ce mot « Géhenne » fait le trait d’union avec le Nouveau Testament et les expressions fortes du Christ, qui reprend cette image à plusieurs reprises, comme les images du feu et des vers :

 Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point. Car tous seront salés par le feu[6]Mc 9, 48.

Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité. Ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents[7]Mt 13, 41-42.

Je vais vous apprendre qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ; oui, je vous le dis, craignez celui-là[8]Lc 12, 5.

Pour saint Jean, l’Enfer est la séparation définitive d’avec le Christ.

Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent[9]Jn 15, 6.

On retrouve la description de l’Enfer dans l’Apocalypse :

 Les lâches, les renégats, les dépravés, les assassins, les impurs, les sorciers, les idolâtres, bref, tous les hommes de mensonge, leur lot se trouve dans l’étang brûlant de feu et de soufre : c’est la seconde mort[10]Ap 21, 8.

Certains théologiens contemporains avancent toutefois que ces paroles du Christ seraient susceptibles de plusieurs interprétations : pour eux les descriptions de la Géhenne, du feu et des vers n’auraient qu’une valeur « parénétique » ou exhortative, c’est à dire qu’elles ne vaudraient que comme avertissement, voire comme menace[11]Nous répondrons en particulier à cette objection dans un article à venir : « L’Enfer est-il vide ? ».

L’enseignement de l’Église

Or dès les premiers siècles, l’Église enseigne invariablement et sans la relativiser la même réalité prêchée par le Christ.

Le Symbole « Quicumque » attribué au grand saint Athanase (vers 296-373) professe ainsi que le Christ : « viendra juger les vivants et les morts. À sa venue tous les hommes ressusciteront avec (dans) leurs corps et rendront compte chacun de leurs actes ; ceux qui ont bien agi iront dans la vie éternelle, mais ceux qui auront mal agi, au feu éternel[12]Symbole Quicumque, DS76. »

En 473 le concile d’Arles demande de « confesser également, que les feux éternels et les flammes de l’enfer sont préparés pour les péchés mortels ; car les fautes humaines qui demeurent jusqu’à la fin sont suivies à juste titre du jugement divin qu’encourent justement ceux qui n’ont pas cru cela de tout leur cœur[13]Concile d’Arles, DS342. »

Au début du second millénaire, le deuxième concile de Lyon (1274), préparé par saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure et dédié à la réconciliation avec les Orientaux séparés, professe :

 Pour les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel ou avec le seul péché originel, elles descendent immédiatement en Enfer, où elles reçoivent cependant des peines inégales[14]Concile de Lyon II, Profession de foi Michel Paléologue, DS858.

Cet enseignement est invariablement répété par l’Église dans les siècles qui suivent :

Nous définissons que selon la disposition générale de Dieu, les âmes qui meurent en état de péché mortel descendent aussitôt après la mort en enfer, où elles sont tourmentées de peines éternelles[15]Benoit XIII, Benedictus Deus, 1336 (DS1002)..

La doctrine invariable de l’Église

L’enseignement ferme du Catéchisme de l’Église Catholique n’est donc pas une invention d’une Église revancharde ou enfermée dans une doctrine surannée. La doctrine de l’Enfer est profondément enracinée dans la parole divine et ressort de l’enseignement constant des Pères et théologiens, des papes et du magistère, depuis les premiers siècles.

L’enseignement de l’Église affirme l’existence de l’enfer et son éternité. Les âmes de ceux qui meurent en état de péché mortel descendent immédiatement après la mort dans les enfers, où elles souffrent les peines de l’enfer, ‘le feu éternel’. La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été crée et auxquels il aspire[16]Catéchisme de l’Église Catholique, n°1035..

Références

Références
1 qui se rapporte à la fin du monde
2 Is 11, 11
3 Ml 3, 19-20
4 Is 66, 14-24
5 Jr 7, 31-32
6 Mc 9, 48
7 Mt 13, 41-42
8 Lc 12, 5
9 Jn 15, 6
10 Ap 21, 8
11 Nous répondrons en particulier à cette objection dans un article à venir : « L’Enfer est-il vide ? »
12 Symbole Quicumque, DS76
13 Concile d’Arles, DS342
14 Concile de Lyon II, Profession de foi Michel Paléologue, DS858
15 Benoit XIII, Benedictus Deus, 1336 (DS1002).
16 Catéchisme de l’Église Catholique, n°1035.
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