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Du bon usage des outils numériques (1/2)

Après avoir aidé dans un premier article à appréhender le caractère addictif et nocif des écrans, tout en reconnaissant que l’on ne peut s’en passer totalement, Xavier Lanne propose des solutions concrètes pour un usage raisonné des outils numériques. Dans cette première partie, il nous conseille au sujet des messageries instantanées.

Lire la deuxième partie de l’article (2/2)

Les messageries instantanées

Ce terme désigne ici les messageries qui permettent l’échange d’information sous forme de flux à une personne ou un groupe de personnes. Quelques exemples bien connus sont Whatsapp, les SMS ou encore Telegram. Mais l’analyse peut s’étendre également aux réseaux sociaux : Facebook, messenger, Instagram ou encore X (anciennement Twitter). Les messageries instantanées sont l’outil le plus communément adopté dans le quotidien, avec en moyenne 5 h 30 d’utilisation de Whatsapp par semaine et par personne. Ces outils sont conçus pour favoriser la réaction facile et l’échange dans l’émotion plutôt que la construction d’idées et la transmission de pensées claires et utiles. Une messagerie instantanée a néanmoins une utilité première qui répond à un besoin objectif : celui de transmettre facilement des informations.

La vertu de prudence doit guider l’usage de ces outils de communication, en refusant notamment les réactions trop faciles, trop peu réfléchies et en évitant les systèmes d’autosatisfactions (les « j’aime », ou « j’aime pas », réactions, etc.).

Il est par exemple préférable d’éviter de répondre immédiatement aux messages reçus sur le téléphone, dès leur réception, si la réponse n’est pas attendue de manière urgente, ce qui, avouons-le, n’arrive presque jamais. Pourquoi ne pas éteindre le son pendant ses activités afin de rester détaché de ses éventuelles impulsions à réagir précipitamment ?

Lire la réponse puis laisser du temps avant d’y répondre, à un moment plus tranquille et propice, ou à la fin de l’activité en cours, permet de se laisser le temps de réfléchir à la réponse. Ainsi, le tri entre l’information utile ou non se fera plus naturellement. Si la réponse est vraiment importante, il devrait être aisé d’y penser plus tard. Mais si le correspondant omet de répondre, c’est qu’il a peut-être discerné que l’objet de l’échange n’était guère essentiel, ou qu’il préfère en discuter avec la personne autour d’un apéritif réel. (Certains, à l’inverse, ont la mauvaise habitude de laisser des messages importants sans réponse. À ces personnes, on conseillera de se fixer un moment quotidien qui soit consacré à répondre aux messages).

Nous conseillons de désactiver la zone de notification donnant l’« aperçu » du contenu des messages. Elle permet notamment de lire les messages sans les marquer comme lus auprès des expéditeurs, afin de ne pas se sentir obligé d’y répondre plus vite. Il serait plus juste de renoncer à cette fonction. En effet, si nous utilisons ce stratagème, c’est dans le but que le correspondant ne sache pas si nous avons lu le message et se laisser du temps pour réfléchir et répondre. Dans ce cas, pourquoi laisser l’option active si ce n’est pour obtenir de son correspondant cette même information que nous refusons pourtant – et à juste titre – de donner ?

Dans le même ordre d’idées, l’indicateur de saisie permet de savoir quand un contact est en train d’écrire un message. Là encore, les utilisateurs savent faire preuve d’imagination pour le contourner, par exemple en tapant le message sur une autre application avant de le copier-coller pour l’envoyer… Le problème de cet indicateur de saisie est de pousser l’auteur à se sentir obligé d’envoyer le message plus rapidement, car son correspondant pourrait avoir vu qu’il lui écrivait. Il favorise donc l’envoi de séries de messages courts plutôt qu’un message constructif contenant tous les éléments nécessaires.

De façon générale, pourquoi ne pas désactiver les notifications des messageries ? S’il n’est pas nécessaire d’envoyer des messages à tout bout de champ, être sollicité par les applications aux moindres événements n’est pas non plus une bonne chose. Quelle joie de détacher son esprit de ce qui se passe sur son téléphone, et de s’appliquer pleinement à ce qui est réel, sous nos yeux ! Les notifications peuvent être désactivées de façon sélective, par application, ou par conversation. Ne garder que les notifications qui sont vraiment nécessaires permettra de se concentrer sur ce qui est réellement important[1]Les paramètres d’Android permettent de désactiver les notifications sur certains créneaux horaires. Dans les paramètres, chercher « Ne pas déranger », puis dans « Programmes » : … Continue reading. Cette option vous permettra par exemple de fixer le jour et l’heure à laquelle les notifications s’afficheront, et permettra de s’assurer de n’être pas dérangé le reste du temps.

Prendre le temps de rédiger

Toutes ces options conçues pour accélérer les échanges expliquent l’envoi de messages par série plutôt qu’un seul bien structuré : « Je passe justement dans ta rue, ça te dit de boire un verre ? » ; « Oups, oublie, j’avais oublié que j’avais un rendez-vous » ; « Ce sera pour une autre fois, ce serait chouette de se voir » ; « Au fait, j’espère que tu vas bien[2]Lionel Dricot (Ploum), Chapitre 4 : les messageries instantanées, 14 janvier 2022. ».

Prendre le temps de choisir les mots justes dans ce que nous rédigeons, c’est peut-être bien la clé principale pour garder une pleine maîtrise de nos échanges numériques. Il est bon de construire les réponses sous la forme d’un unique message, certes plus long, mais probablement plus utile. Envoyer moins, mais envoyer mieux. Voilà une habitude assez simple qui devrait nous rendre fiers et heureux plutôt que de culpabiliser lorsqu’un pavé, un message trop long, est envoyé à un ami.

Voici une règle efficace Pour réapprendre à envoyer des messages aussi bien construits que des lettres : terminer son message par une formule de clôture. Cela permet aux correspondants de passer à autre chose, de considérer la conversation comme close. Il n’est alors plus nécessaire d’y revenir. Le fait d’avoir clôturé la conversation évitera aussi de la relancer sans un objectif réel et bien défini.

Dans la continuité de cette idée, il est bon de discerner ce qui est vraiment utile de partager ou non (fichiers, photos, etc.). La personne est-elle réellement concernée par le partage ? Est-ce que cela lui apportera quelque chose, ou n’est-il pas préférable de lui en parler à la prochaine rencontre ? S’imposer ce genre de question réduira naturellement l’envoi d’informations inutiles.

Poser des limites à l’usage des outils numériques

Avoir un usage ordonné des technologies ne concerne pas que les messageries et les réseaux sociaux. Là encore, définir les réels besoins et objectifs de chaque outil doit permettre de déterminer leurs utilités et la juste place qu’ils méritent.

Apprendre à modérer/à éteindre

La facilité d’accès à l’information offerte par Internet n’en favorise pas une consommation raisonnable. Il n’est pas nécessaire, en effet, d’avoir une intelligence et une volonté de fer pour cliquer sur l’icône d’une application. En revanche, éteindre son téléphone en fin de journée afin de modérer sa passion de satisfaire ses envies, voilà qui demande davantage d’efforts.

Pourtant, cette simple action est très efficace : elle permet de fixer le moment de la journée où tout ce qui pourrait se passer sur l’écran est terminé et attendra le lendemain. Elle marquera réellement dans notre esprit cette coupure vis-à-vis du monde numérique. Elle dégagera du temps et de la disponibilité pour soi-même, pour les personnes de notre entourage.

Conserver les outils traditionnels

Il vaut la peine de conserver les outils traditionnels. Par exemple, pour prendre des notes lors d’une conférence, existe-t-il un outil plus adapté que le papier et le crayon ? Ni l’ordinateur, ni le smartphone ne permettent en une fraction de seconde de faire des flèches d’un côté à l’autre de la feuille. De même, aucun des deux ne permet de dessiner des schémas simples sur le coin de la page. L’usage de la feuille évite bien des distractions (notifications, fonctionnalités inutiles à la prise de note : gras, italique, titre, couleur, l’application qui se trouve à côté, etc.[3]En d’autres circonstances, certains auront peut-être besoin de prendre des notes lors de recherches sur un sujet. Le papier ne permet pas de garder facilement les liens hypertexte… Mais là … Continue reading).

Autre exemple, le réveille-matin. Sommes-nous capables de commencer la journée autrement qu’en glissant le doigt sur notre smartphone pour retarder le réveil de 10 minutes ? Récupérons (ou achetons) un vrai réveille-matin : il remplira la même fonction beaucoup plus simplement. Cela évite de se coucher et de se lever le smartphone à la main.

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Références

Références
1 Les paramètres d’Android permettent de désactiver les notifications sur certains créneaux horaires. Dans les paramètres, chercher « Ne pas déranger », puis dans « Programmes » : configurez-y vos règles.
2 Lionel Dricot (Ploum), Chapitre 4 : les messageries instantanées, 14 janvier 2022.
3 En d’autres circonstances, certains auront peut-être besoin de prendre des notes lors de recherches sur un sujet. Le papier ne permet pas de garder facilement les liens hypertexte… Mais là encore, plutôt que de se tourner vers des logiciels de rédaction (tel que Word), nous y préférerons des logiciels plus simples comme un « bloc note » qui évite les boutons inutiles. CherryTree semble être une solution bien conçue, qui permet de hiérarchiser les notes, en ayant quelques fonctionnalités utiles (liens, intégration d’images, etc.), sans multiplier sources de distractions. Ainsi, on peut se concentrer sur le contenu d’abord.
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