Rechercher
Rechercher
Rechercher
Rechercher

Charles de Foucauld par Pierre Sourisseau (2 sur 2)

La recherche de l’aventure : tel semble être le moteur de la vie de Charles de Foucauld, l’ermite du Hoggar : après l’armée, l’exploration, la conversion et la Trappe, notre marabout s’oriente vers une nouvelle voie.

 

Après la Trappe, dont il trouve la règle trop lâche et craint la mitigation, Charles s’établit comme ermite-jardinier auprès des sœurs clarisses de Nazareth. Durant les quelques années, qu’il passe en Terre Sainte, sa relation privilégiée avec la prieure de leurs consœurs de Jérusalem le conduit à prendre part à un étonnant projet : c’est au nom de sa sœur et de son beau-frère, à qui il a donné toute sa part d’héritage au moment de quitter le monde, que notre ermite acquiert le Mont des Béatitudes, à l’ouest du lac de Tibériade, avec l’idée qu’il leur serait prochainement racheté par la Custodie Franciscaine de Terre Sainte. Le projet, qui s’avérera bien plus compliqué que prévu, et tiendra en haleine sa famille pendant plus de dix ans, montre combien l’esprit de Charles reste traversé d’inspirations fulgurantes et diverses, témoignage que son esprit d’aventure ne l’a pas quitté, même sous la bure du trappiste ou l’habit composite de l’ermite de Galilée.

Le sacerdoce

Charles conserve toutefois en son cœur le désir de suivre le Christ dans la configuration particulière du sacerdoce. L’abbé Huvelin l’encourage dans cette voie et les trappistes de Notre-Dame des Neiges, bien qu’il ait quitté leurs rangs, acceptent de soutenir le projet. De retour en Ardèche, Foucauld recevra bientôt les ordres mineurs puis majeurs, sous le patronage de l’évêque de Viviers, à qui il restera attaché toute sa vie. Ordonné prêtre, il part vers l’Algérie, où il se sent appelé à établir une sorte d’ermitage apostolique auprès des populations touarègues, dans une région confiée aux Pères blancs mais largement dépourvue de missionnaires.

 

Retour au Sahara

S’avançant de plus en plus loin dans le désert, à Béni Abbès puis à Tamanrasset et enfin à l’Asekrem, Foucauld semble avoir enfin trouvé sa vocation. Auprès d’un peuple pauvre et délaissé, mais pas sans noblesse ni fierté, l’ancien explorateur des contrées marocaines poursuit et atteint l’apogée d’une aventure spirituelle qui ne laisse pas d’être également humaine et culturelle. Charles noue des amitiés profondes avec les Touaregs comme avec les militaires et fonctionnaires français en poste dans le Hoggar. Intéressé aux les questions linguistiques par sa rencontre avec le jeune interprète Motylinski, Foucauld se lance dans un chantier titanesque : après avoir pensé traduire les évangiles en langue touarègue, il entreprend la composition d’un dictionnaire et d’une grammaire, puis d’un recueil de poésie et de chansons.

Dernières années : le marabout du Hoggar

Le dilemme des quinze dernières années de la vie du saint, passées majoritairement (à l’exception de deux voyages en France) dans les solitudes du Sahara, est double. Lui qui désirait ardemment fonder une communauté et faire partager à d’autres la vie de « frère de Jésus » à laquelle il aspirait tant, restera désespérément seul, malgré ses nombreuses tentatives et prises de contact pour attirer auprès de lui l’un ou l’autre candidat (il aura notamment des échanges longs et pleins d’espoir avec un jeune islamologue prometteur : Louis Massignon). L’unique postulant effectivement arrivé jusqu’au Sahara fera long feu. Quant à l’efficacité apostolique de son action, Charles note en 1915 dans une lettre à sa cousine Marie de Bondy – figure spirituelle féminine marquante, à ses côtés tout au long de son chemin  : « Demain, dix ans que je dis la sainte messe dans l’ermitage de Tamanrasset, et pas un seul converti, il faut prier, travailler et patienter. »

Pierre Sourrisseau donne encore à voir une facette intéressante et inattendue de l’ermite du Hoggar lorsque survient la Première Guerre Mondiale : le soldat se réveille en Foucauld, qui se propose de rentrer en métropole pour servir comme aumônier ou brancardier sur le front. Décidant finalement de rester dans un Sahara troublé par diverses révoltes encouragées par les belligérants européens, et où sa présence est un véritable facteur de stabilité, il se lance dans la fortification de plusieurs postes français, notamment dans la construction du petit fort de Tamanrasset. Il s’il s’établira dans les derniers mois de 1916 et trouvera la mort devant ses murs.

 

Une belle biographie, une figure de sainteté à redécouvrir

La biographie de Pierre Sourisseau permet de redécouvrir la vie de Charles de Foucauld sous un angle nouveau. L’auteur n’a pas seulement à cœur de donner des faits un exposé aussi précis que possible, il prend périodiquement le temps de dresser de son protagoniste un portrait plus complet, qui permet de le voir évoluer au long des grandes étapes de sa vie. On retrouve ainsi les trois grandes aspirations spirituelles qui dessinent le personnage : désir de vie évangélique de Nazareth, dévotion à la Sainte Eucharistie, attrait pour l’Orient et l’Afrique.

 

Retour en haut

Abonnez-vous à notre newsletter,
et soyez informés des derniers articles parus.