Les dons du Saint-Esprit sont au nombre de sept, chiffre de perfection dans l’Écriture : conseil, crainte, piété, intelligence, force, science, sagesse. Après les avoir présentés en général et comparés aux vertus naturelles et surnaturelles, contemplons-les en particulier pour demander à Dieu de les infuser sans cesse plus profondément en nos âmes.
Lire les articles précédents ici :
À quoi servent les dons du Saint-Esprit (1/3) – Grâces, vertus, dons ;
À quoi servent les dons du Saint-Esprit (2/3) – Que sont les dons du Saint-Esprit ?
1. Le don de conseil
Le conseil est un don par lequel, dans les doutes et les incertitudes de la vie humaine, nous connaissons ce qui contribue le plus à la gloire de Dieu, à notre salut et à celui du prochain.
Le conseil soutient la vertu de prudence : aptitude à orienter toute sa vie par le choix de moyens proportionnés à notre fin (« je veux aller au Ciel, je dois en prendre les moyens »). Et nous avons quantité de choix à faire, de décisions plus ou moins importantes à prendre. Il faut ainsi être dociles aux conseils du Saint-Esprit. Il ne va pas décider à notre place, tel n’est pas le but, mais nous éclairer sur les bonnes décisions. Il agira dans la prière, à travers les conseils d’un prêtre, etc. Le don de conseil n’est donc pas le paravent de l’indécision mais un soutien surnaturel de la vertu de prudence.
2. Le don de crainte
La crainte de Dieu est un don qui nous fait respecter Dieu et craindre d’offenser sa divine Majesté, et qui nous détourne du mal en nous portant au bien.
La crainte de Dieu aide la volonté à ne pas aimer Dieu pour de mauvaises raisons. Elle n’est pas crainte servile (peur des châtiments divins) mais crainte filiale, c’est-à-dire la peur d’offenser Dieu parce qu’il est notre Père. C’est la perfection de l’amour que de vouloir ne pas causer le moindre déplaisir à celui dont nous savons qu’il est infiniment aimable envers nous. C’est ce que nous disons dans l’acte de contrition. Pourquoi crains-je de pécher ? « Parce que Dieu est infiniment bon et infiniment aimable et que le péché Lui déplaît ». Le don de crainte va donc soutenir notre élan vers le Ciel en nous faisant aimer le bon Dieu concrètement et efficacement pour les bons motifs.
3. Le don de piété
La piété est un don par lequel nous vénérons et nous aimons Dieu et les saints, et nous avons des sentiments de miséricorde et de bienveillance envers le prochain pour l’amour de Dieu.
La piété soutient la vertu de religion. À la messe, le Saint-Esprit prie avec nous, dit saint Paul, dans des gémissements inénarrables, pour nous faire reconnaître la majesté de Dieu. La piété est cette bonne habitude que les parents essayent naturellement de développer chez leurs enfants : sentiment de la reconnaissance et du devoir, du respect et de l’obéissance envers ceux auxquels nous devons quelque chose. Il en est de même pour Dieu. Nous devons lui rendre le culte, l’adoration qui lui sont dus. Et nous avons besoin pour cela d’entrer dans le sacrifice de Jésus-Christ car nos sacrifices et nos prières seuls seraient trop faibles et inefficaces. La piété s’exprime notamment au moment de l’offertoire : la petite goutte d’eau que l’on verse c’est ce don amoureux, filial, de tout nous-mêmes : l’offrande de notre être entier dans l’unique amour du Christ pour son Père.
4. Le don d’intelligence
L’intelligence est un don par lequel nous est facilitée, autant que c’est possible pour un homme mortel, l’intelligence de la Foi et des divins mystères que nous ne pouvons connaître par les lumières naturelles de notre esprit.
Le don d’intelligence ne rend pas intelligents les faibles d’esprit. Il sert à soutenir la vertu de foi. C’est encore très concret. La vertu de foi nous donne d’adhérer à ce que Dieu nous révèle : « ce que vous me dites est vrai ». Pourquoi est-ce vrai ? pas en raison de l’évidence du propos. La Sainte Trinité par exemple n’est pas évidente. Si je vous dis : « 1 + 1 = 3 », votre esprit est troublé. Alors pourquoi puis-je dire que les vérités de la Foi sont certaines ? Parce que celui qui me le dit ne peut pas se tromper : c’est le Christ, le Fils de Dieu lui-même. Adhérer à une vérité c’est une chose. En pénétrer la profondeur, plonger dans le mystère, cela ne peut être que l’œuvre du Saint-Esprit. Vous saisissez par exemple un point de la foi avec une acuité nouvelle alors que vous l’avez entendu des milliers de fois, d’où est-ce que cela vient ? Cela vient du don d’intelligence qui soutient la foi. Les saints saisissent ainsi la révélation avec plus d’acuité que les plus grands savants.
5. Le don de force
La force est un don qui nous inspire de l’énergie et du courage pour observer fidèlement la sainte loi de Dieu et de l’Église, en surmontant tous les obstacles et toutes les attaques de nos ennemis.
Le don de force est assez évident. Il soutient la vertu de force, qui n’est pas la force physique mais la force morale, nécessaire face aux épreuves, et notamment par rapport à l’épreuve majeur de notre vie : la mort. Tous les auteurs parlent de cette force d’âme nécessaire pour nous engager vers la sainteté et supporter chrétiennement les tribulations. Dans sa Passion par exemple, Notre-Seigneur nous montre l’efficacité et la plénitude du don de force. Le don ajoute ainsi à la vertu une dimension d’héroïcité, de renoncement à soi allant au-delà de ce qui est exigé de la disposition naturelle.
6. Le don de science
La science est un don par lequel nous apprécions sainement les choses créées, et nous connaissons la manière d’en bien user et de les diriger vers leur fin dernière qui est Dieu.
Le don de science nous fait voir les choses de la terre sous le regard de Dieu. Depuis le péché originel nous avons une tendance à voir les personnes, les événements, seulement à travers notre regard humain. Dans l’Évangile, les pharisiens ne voient la femme adultère[1]Voir Jn 8 qu’à travers un regard humain et demandent sa lapidation. Le Christ ne nie pas la réalité de son péché mais il la voit dans un regard plus haut, sous la lumière de Dieu lui-même. Le Saint-Esprit nous apprend ainsi à voir toutes choses avec « l’œil » de Dieu. Celui qui nous est antipathique, celui pour lequel on n’a pas beaucoup d’affection, n’est pas simplement cela : c’est une âme sauvée par le sang de Jésus-Christ. Ce païen, qui n’est peut-être pas encore chrétien, qu’est-ce qui nous empêche de l’aimer et de lui vouloir du bien ?! C’est possible si nous le voyons dans le regard de Dieu.
7. Le don de sagesse
La sagesse est un don par lequel, élevant notre esprit au-dessus des choses terrestres et fragiles, nous contemplons les choses éternelles, c’est-à-dire la vérité qui est Dieu, en qui nous nous complaisons et que nous aimons comme notre souverain bien.
Le don de sagesse, lié à la charité, nous fait goûter, savourer Dieu et les choses de Dieu (« sagesse » vient du latin « sapere » goûter, savourer). Le Saint-Esprit nous apprend ainsi à goûter comme le Seigneur est bon et comme toute chose est bonne en elle-même. La sagesse est le couronnement des dons comme la charité est la reine des vertus. Elle nous soutient dans la marche vers le Ciel, en répandant en nous et autour de nous la douce bonté de la miséricorde divine.
Conclusion
C’est la séquence de la Pentecôte (Veni sancte spiritus ) qui nous fait le mieux apercevoir l’action très concrète mais mystérieuse des dons. Tout se passe au fond de nos âmes pour peu que nous les ouvrions bien grandes au souffle de l’Esprit.
« Vous êtes le consolateur très bon, le doux hôte de l’âme, le doux rafraîchissement, le repos dans le travail, le soulagement dans les chaleurs, la consolation dans les larmes. (…) Lavez ce qui est souillé, arrosez ce qui est aride, guérissez ce qui est blessé. Assouplissez ce qui est raide, réchauffez ce qui est froid, redressez ce qui est faussé. (…) Donnez le mérite de la vertu, donnez le salut final, donnez la joie éternelle. »